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ÉTUDE VI
L’ŒUVRE DE LA MOISSON
Caractère de l’œuvre de la moisson. — Rassemblement du froment. Rassemblement de l’ivraie. Sa mise en gerbes pour la brûler. — Provenance de l’ivraie, sa croissance prolifique. — Elle fut brûlée comme la paille lors de la moisson judaïque. — Parallélisme chronologique des deux moissons. — Le rejet, la chute graduelle et la destruction finale de Babylone. — Les serviteurs de Dieu marqués du sceau avant que les plaies descendent sur Babylone. — Le jugement ou épreuve frappe les individus et les systèmes ou organisations. — L’épreuve du système judaïque fut un type. — L’épreuve et le criblage du froment. — Séparation des Vierges sages d’avec les Vierges folles. — L’entrée au festin. — « Et la porte fut fermée ». — Second examen et rejet de certains. — Pourquoi et comment ? — Fin du Haut-Appel. — Le temps est court. — « Que personne ne prenne ta couronne ». -Les serviteurs et vainqueurs de la onzième heure.
LE terme « moisson » donne une idée générale du genre d’œuvre dont on devait attendre l’accomplissement entre 1874 et 1914. C’est une période pendant laquelle on récolte plutôt qu’on ne sème, un temps d’épreuve, d’estimation, de fixation et de rétribution. La moisson de l’Age judaïque étant un type de celle de cet Age, en observant et en comparant les diverses phases de la moisson judaïque, nous aurons des idées plus claires sur œuvre qui doit être accomplie pendant la moisson actuelle. Dans la première, notre Seigneur donna des instructions spéciales pour rassembler le froment, c’est-à-dire ceux qui en étaient déjà, puis séparer la balle de la nation juive d’avec le froment. Les doctrines du Maître devinrent aussi les semences de la nouvelle dispensation, qui commença (peu de temps après le rejet d’Israël) à la Pentecôte.
Lorsque, pendant son ministère, le Seigneur envoya ses disciples auprès de la nation-église juive,
(P134) il leur adressa les paroles suivantes que nous devons retenir avec soin car elles fournissent la preuve que le travail spécial des disciples était alors de moissonner et non de semer : « Levez vos yeux et regardez les campagnes, elles sont déjà blanches pour la moisson : celui qui moissonne, reçoit un salaire et assemble du fruit en vie éternelle » (Jean 4 : 35, 36). Lui-même était le Chef-moissonneur de cette moisson-là (comme il l’est aussi dans la moisson actuelle) ; il dit à ceux qui moissonnaient sous ses ordres : « Moi, je vous ai envoyés moissonner ce que vous n’avez pas travaillé d’autres [les patriarches, les prophètes et d’autres saints hommes d’autrefois] ont travaillé, et vous êtes entrés dans leur travail », pour moissonner les fruits de ces siècles de labeur et pour éprouver ce peuple par le message: « Le Royaume des Cieux est proche », et le Roi est présent : « Voici, ton Roi vient à toi ». Matth. 10 : 7 ; Jean 12 : 15 ; Zach. 9 : 9.
Pendant la moisson judaïque, le Seigneur ne chercha pas à transformer les boucs en brebis, il chercha les brebis perdues et aveuglées d’Israël, et appela toutes celles qui étaient déjà ses brebis afin qu’elles pussent entendre sa voix et le suivre. En observant le type, nous y trouvons des indications sur le caractère de l’œuvre qui doit s’accomplir pendant le temps actuel de la moisson ou fauchage. D’autres semailles beaucoup plus grandes auront bientôt lieu dans les conditions bien meilleures de l’Age millénaire et du Royaume. Nous pourrions même dire que les semences de la vérité relatives au Rétablissement, etc., semences destinées à produire la récolte millénaire, sont déjà déposées çà-et-là dans les cœurs avides de vérité. Mais ce dernier travail est seulement accidentel maintenant, car à l’image du type judaïque, la moisson actuelle est un temps pour moissonner la prétendue église (de celle qui s’intitule la Chrétienté), afin que les vrais saints, recueillis du milieu d’elle, soient exaltés et associés avec leur Seigneur, non seulement pour prêcher la vérité, mais aussi pour commencer l’œuvre considérable du rétablissement pour le monde.
Pendant cette moisson, le froment et l’ivraie doivent être séparés, mais avant la séparation, ces deux classes forment l’Eglise nominale. Le froment est formé des véritables enfants du
(P137) Royaume, des véritables consacrés, des héritiers, tandis que l’ivraie est formée par l’Eglise nominale qui n’est pas véritablement l’Eglise de Christ ou future Épouse. L’ivraie renferme la classe de chrétiens dont parle Jésus dans Luc 6 : 46 ; ceux-ci disent : « Seigneur, Seigneur », mais ils ne lui obéissent pas. Extérieurement, les deux classes se ressemblent quelque peu et il faut les observer de près pour les distinguer. Le « monde chrétien » ou « chrétienté », comme on l’appelle parfois, forme ce que la parabole désigne par l’expression « le champ, c’est le monde » ; c’est, en un mot, le froment et l’ivraie réunis (l’ivraie étant beaucoup plus nombreuse). L’ivraie est formée par des personnes fréquentant plus ou moins régulièrement les services religieux ; elles s’appellent des chrétiens, elles pratiquent certains rites et cérémonies ; elles font partie plus ou moins directement de quelque système religieux ; cette ivraie ressemble à des enfants consacrés de Dieu qui passent parfois pour être tels. Dans les prétendus «pays chrétiens », tous sont considérés comme des chrétiens à l’exception des Juifs et des incrédules. Le nombre total de ces chrétiens (y compris les quelques véritables consacrés, les saints) se monte approximativement à 180 millions de catholiques romains et grecs et 120 millions de protestants.
Notre Seigneur avait indiqué que, pendant l’Age de l’Évangile, il ne fallait pas essayer de séparer les véritables enfants du Royaume d’avec -ce qui n’était que de l’imitation ; car une séparation complète provoquerait un bouleversement général du monde (le « champ »), ainsi que le désarroi, aussi bien dans le froment que dans l’ivraie. Il avait donc dit : « Laissez-les croître ensemble jusqu’à la moisson ». Mais il avait ajouté : « Au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs [anges, messagers] : Cueillez d’abord l’ivraie et mettez-la en bottes peur la brûler, mais assemblez le froment dans mon grenier » (Matth. 13 : 30). Par suite, au temps de la moisson, nous devons nous attendre à une œuvre générale de séparation, œuvre qui avait été interdite auparavant. Les personnes symbolisées par le froment sont encouragées à demeurer fermes dans la liberté par laquelle Christ les a affranchies ; elles doivent éviter
(P138) de s’associer d’une manière quelconque avec les transgresseurs délibérés ou avec les loups en habits de brebis ; cependant, elles n’ont pas à tracer elles-mêmes la ligne de démarcation entre les véritables consacrés (le froment, les saints) et l’ivraie qui, à un certain degré, se réclame du nom et des doctrines de Christ, permet dans une certaine mesure à ces doctrines d’influencer sa conduite extérieure, mais dont les aspirations du cœur sont éloignées du Seigneur et de son service. Juger les cœurs et les mobiles du cœur est une œuvre qui ne nous appartient pas et que le Seigneur nous a recommandé de laisser entièrement de côté ; c’est pourtant cela même que les sectes se sont continuellement efforcées, de faire, essayant de séparer, de déceler le froment et d’éliminer comme ivraie ou hérétiques par de rigoureux credo de fabrication humaine, tous ceux se réclamant du christianisme et dont la foi ne cadrait pas exactement avec leurs diverses et fausses unités de mesure. Cependant, quelle faillite fut celle de toutes ces sectes ! Elles ont instauré des règles et des doctrines fausses et antiscripturales qui ont développé, en réalité, beaucoup d’ivraie et étouffé et isolé le froment, entre autres la doctrine du tourment éternel pour tous ceux qui ne sont pas membres de l’Eglise. Bien que grandement modifiée aujourd’hui, à la lumière croissante de nos jours, quelle multitude d’ivraie cette doctrine n’a-t-elle pas produite, et combien elle a étouffé, aveuglé et empêché le froment d’obtenir une connaissance convenable du caractère et du plan de Dieu ? Aujourd’hui, nous voyons quelle erreur commirent les différentes sectes en ne suivant pas le conseil du Seigneur de laisser croître ensemble le froment et l’ivraie, les saints et ceux qui prétendaient l’être, sans essayer de faire une séparation. Dans toutes les sectes, des cœurs honnêtes admettront que leur confrérie renferme beaucoup d’ivraie, de chrétiens de nom qui ne sont pas des saints et qu’en dehors de leur secte il y a beaucoup de saints. C’est ainsi qu’aujourd’hui, aucune secte ne peut prétendre ou ne prétend que tous ses membres sont du froment et qu’elle ne renferme point d’ivraie. Aucune organisation terrestre (à l’exception des Marnions et des Christadelphiens) n’oserait encore moins prétendre qu’elle renferme tout le froment. Dès lors, pourquoi donc toutes ces organisations, toutes ces barrières théologiques ? Aucune excuse n’existe de les établir. Elles n’arrivent pas à séparer le bon
(P139) grain d’avec l’ivraie, et rien ne peut accomplir complètement et entièrement cette séparation des cœurs, si ce n’est par le moyen que la Seigneur a choisi pour être employé au temps de la moisson. Ceci nous montre qu’il est nécessaire de savoir quand le temps est proche, et quand doit commencer le moment propre à l’œuvre da séparation de la moisson. Jésus, fidèle à sa promesse, ne nous a pas laissés dans les ténèbres, mais il nous donne la connaissance propre au temps actuel, à tous ceux, du moins, dont le cœur est prêt à la recevoir : « Vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres [ni endormis] pour que ce jour vous surprenne comme un voleur ». – 1 Thess. 5 : 4.
La vérité du temps convenable actuel est la faucille de cette moisson ; elle est analogue à celle qui fut employée dans la moisson judaïque. Les moissonneurs, les anges (Le mot « ange » signifie messager.) ou messagers, sont aujourd’hui les disciples du Seigneur ; au temps de la moisson judaïque, les moissonneurs étaient une classe exactement identique. Tout au long de l’Age de l’Évangile, il fut dit à d’autres de ne pas essayer de séparer le froment d’avec l’ivraie ; maintenant, ceux qui sont prêts, obéissants et dignes, reçoivent du Seigneur la connaissance de Son plan et de Son arrangement d’une manière si claire qu’ils reconnaissent sa voix qui dit au temps de la moisson : « Lancez la faucille » de la vérité présente et « assemblez-moi mes saints qui ont fait alliance avec moi par [un] sacrifice ». « Ils seront à moi, mon trésor particulier, dit l’Éternel des armées, au jour que je ferai (Ps. 50 : 5 ; Mal. 3 : 17).
Non seulement ce temps de la moisson est pour le rassemblement des saints par la vérité (dans l’unité avec leur Seigneur et avec leurs frères, évitant toute communion avec les chrétiens de nom, l’ivraie), mais c’est aussi le temps de nettoyer le champ en brûlant l’ivraie, la balle, les mauvaises herbes, etc., en prévision des nouvelles semailles. Dans un sens, le « froment » est rassemblé du milieu de l’ivraie — parce que l’ivraie est beaucoup plus nombreuse — comme quand le Seigneur dit : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple ». Cependant, dans un autre sens, la séparation est fort bien représentée par l’ivraie
(P140) éliminée du froment. En réalité, c’est le froment qui a droit à toute la place dans le champ ; ce dernier est un champ de froment et non un champ d’ivraie (le monde ou l’humanité est le soi hors duquel sortent et croissent le froment et l’ivraie), de sorte que l’ivraie n’est pas à sa place dans ce champ et doit en être enlevée. Le Seigneur mit en culture et ensemença le champ avec du froment, et le froment représente les Fils du Royaume (Matth. 13 : 38). Or le champ ou le monde doit leur être donné et leur appartient déjà par la promesse ; c’est pour cela que, selon la parabole, c’est l’ivraie qui est rassemblée, sortie du champ pour être brûlée, abandonnant au froment le champ et tout ce qu’il renferme. L’ivraie retourne dans le sol (le monde), d’où elle était sortie, et les prémices du froment sont rassemblées dans le grenier, afin que la terre soit préparée pour une autre récolte.
Le froment ne devait pas être bottelé : au début les grains avaient été plantés, séparés et indépendants les uns des autres pour être associés seulement comme une seule espèce dans des conditions semblables. Mais la parabole nous dit que l’un des résultats de la moisson consistera à rassembler l’ivraie, à la lier en bottes, avant de la jeter dans le feu ou « temps de détresse ». Cette œuvre se poursuit tout autour de nous ; de toutes parts, nous voyons surgir des syndicats ouvriers, des trusts capitalistes, des associations pour la défense des intérêts de toute sorte.
Le monde civilisé est le « champ » de la parabole. Pendant la Réformation, ce champ fut le théâtre de disputes religieuses en tous pays rassemblant pêle-mêle le froment et l’ivraie dans de grandes associations ou confessions religieuses qui poussèrent les uns dans une direction doctrinale, les autres dans une autre. Ceci assembla pêle-mêle froment et ivraie et fit disparaître en grande partie la, personnalité des individus. Les tempêtes doctrinales sont passées depuis longtemps, mais les divisions subsistèrent par la forcé de l’habitude, et. çà et là seulement, une tête de froment a essayé de s’élever elle-même vers la droiture malgré le poids de la masse.
Mais au temps de la moisson, le froment s’affranchit graduellement du fardeau et des entraves de l’ivraie. La faucille de
(P141) la vérité prépare cette classe à la liberté .par laquelle tous avaient été affranchis par Christ au début, alors que cette même faucille produit un effet opposé sur l’ivraie. L’esprit de cette dernière pousse ceux qui la forment à rechercher la grandeur et l’ostentation sectaires plutôt que l’Obéissance et la fidélité individuelles à Dieu. En conséquence, les vérités présentes dont elles découvrent de suite la tendance à condamner tout sectarisme et à éprouver chaque individu, sont énergiquement rejetées et combattues par elles. Et, bien que disposées à s’unir les unes aux -autres, toutes les sectes font bloc contre lés tendances désagrégeantes de la vérité présente, à telle enseigne qu’elles mettent leur emprise lentement, avec précaution, mais avec force autour de toute pensée et étude individuelle sur des sujets religieux, par crainte que leurs organisations ne tombent en ruine et que tout le froment s’échappe ne laissant plus que l’ivraie.
Chaque membre de la classe de l’ivraie est plus Ou moins conscient que, s’il subissait un examen personnel, il n’obtiendrait aucune part dans l’héritage du Royaume promis aux vrais- disciples de l’Agneau. Ceux qui constituent l’ivraie préféreraient voir les sectes jugées comme autant de groupements et en comparaison de l’une avec l’autre, espérant ainsi pouvoir se faufiler dans la gloire du Royaume d’après les mérites du froment avec lequel ils sont associés. Cependant, ceci ne saurait avoir lieu, car l’épreuve qui déterminera si nous sommes dignes des honneurs du Royaume sera individuelle : c’est une épreuve de fidélité individuelle envers Dieu et envers sa vérité et non pas une épreuve de sectes pour savoir laquelle est la vraie. A la lumière plus intense d’aujourd’hui qui dissipe les brumes du fanatisme et de la superstition, chaque secte semble discerner que les autres sectes ont autant (et aussi peu) de droits qu’elle-même de se proclamer la seule véritable Eglise. Ayant dû admettre ceci, elles ont cherché à persuader chacun qu’il était essentiel pour être sauvé de se joindre à l’une d’elles, peu importe laquelle. C’est ainsi qu’elles combinent la notion de responsabilité individuelle avec l’esclavage sectaire.
Voici un exemple d’un de ces liens populaires récemment serré par le sectarisme autour de ses adeptes.
(P142) Nous voulons parler des Leçons de l’Ecole du Dimanche Internationale, lesquelles ‘laissent l’impression d’une. coopération non sectaire à l’étude de la Bible parmi tous les chrétiens. Elles paraissent ainsi comme étant un grand pas en avant sur les anciennes méthodes d’enseignement des catéchismes des sectes. Ces leçons uniformes ont l’apparence d’abandonner le sectarisme et de réunir tous les chrétiens pour étudier la Bible à ‘sa propre lumière ce qui est, comme tous le reconnaissent la seule véritable manière d’étudier la Bible, mais que toutes les sectes refusent de faire d’une manière effective ; car, notons-le, ces Leçons de l’Ecole du Dimanche Internationale ont un caractère non sectaire, seulement en apparence ; c’est en apparence seulement qu’elles ont l’air de donner toute liberté à l’étude de la Bible. En réalité, chaque dénomination commente à sa manière les passages bibliques contenus dans les leçons. Le comité qui choisit ces leçons ayant pour but l’union et l’harmonie apparentes et extérieures des sectes, ne choisit que les passages bibliques où il n’y a guère de divergences d’opinions. Les passages et doctrines sur lesquels elles sont en désaccord, les seuls ayant le plus besoin d’être discutés afin que les erreurs et les vérités de chaque secte puissent être manifestées et qu’une véritable union puisse se faire sur la base d’ un seul Seigneur, d’une seule foi et d’un seul baptême », tout cela est ignoré dans les leçons, mais toujours fermement soutenu comme avant, par chaque secte.
L’effet de ces Leçons et d’autres méthodes similaires d’« union » est de rendre le Protestantisme plus imposant en apparence, et de dire aux gens, en fait sinon en paroles : il faut que vous fassiez partie d’une de ces sectes, -à défaut de quoi vous ne pourrez pas être un enfant de Dieu. Dans la réalité, il ne s’agit pas d’une union en une seule église, mais d’une combinaison d’organisations séparées et distinctes dont chacune est aussi préoccupée de garder sa propre organisation comme secte ou gerbe, mais chacune désireuse de s’allier avec les autres pour présenter aux yeux du monde une apparence plus grande et plus imposante. Cela ressemble à l’empilage des gerbes dans une meule. Chaque gerbe conserve son propre lien ou organisation ; l’enchaînement devient encore plus
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Le système des Leçons Internationales, ainsi que les méthodes modernes de « diriger » les Ecoles du Dimanche, contribuent grandement au développement de l’esprit de secte en empêchant toute croissance dans la connaissance de la vérité d’une manière différente. Une leçon, présentée en liaison avec les « exercices » de l’école, est si générale qu’il reste trop peu de temps pour examiner les questions réservées imprimées avec des réponses toutes préparées ; et aucun moment n’est laissé pour l’étudiant de la Bible affamé de vérité ou le moniteur zélé occasionnel pour soulever d’autres questions de plus grande importance et renfermant de la nourriture pour l’esprit et la discussion fructueuse. . Autrefois, des classes d’études de la Bible- avaient lieu pour approfondir certaines questions, elles n’étaient entravées que par les liens de leurs propres préjugés et superstitions ; les chercheurs studieux et sincères pouvaient toujours faire quelques progrès dans la vérité. Mais à présent, alors que la lumière augmente de toutes parts, éclairant tous les sujets, dissipant les brumes de la superstition et des préjugés, ce sont précisément les Leçons Internationales elles-mêmes qui l’empêchent de briller sur l’étudiant de la Bible tout en prétendant l’aider. Son temps réservé à l’étude biblique est habilement dirigé de manière qu’il ne puisse obtenir de nouvelles idées, mais qu’il soit si continuellement occupé à utiliser « le lait de la Parole » (Copieusement .dilué dans les traditions des hommes) qu’il en perde tout appétit pour la « nourriture solide » de la vérité plus avancée (Héb. 5 : 14). Dans ces classes, tout le temps et l’occasion de goûter, d’apprendre à apprécier la nourriture substantielle sont sacrifiés par l’obéissance à ces paroles : « Tl faut nous en tenir à notre leçon, car l’heure va bientôt sonner ». Pour comprendre la valeur des doctrines de Dieu, si nécessaires à notre croissance dans la grâce, dans la con¬naissance et dans l’amour de Dieu, combien il est nécessaire, selon le prophète et l’apôtre, de laisser de côté les premiers rudiments et de progresser vers la perfection après avoir été « sevrés du lait, ôtés de la mamelle » Héb. 6 : 1 ; Es. 28 : 9.
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Récemment, il est vrai, on a amélioré les méthodes des Ecoles du Dimanche, mais elles laissent encore beaucoup à désirer. Il y a dans ces milieux quelques enfants de Dieu et des plus dignes, qui s’efforcent de servir Jésus et sont plus ou moins perplexes devant le déploiement du nombre et de l’apparence de « l’œuvre pour le Seigneur ». Nous concédons que quelque bien est accompli, mais il a, ses compensations. Les personnes sincères sont détournées de leurs propres devoirs, empêchées de progresser, parce qu’elles font ce que Dieu avait chargé les parents de faire ; la négligence de ces devoirs fait du tort aux parents comme aux enfants. Quant aux personnes moins développées, elles trouvent que les courtes réunions et les « exercices » sont plus agréables que l’étude de la Bible. Elles en viennent à trouver qu’elles ont accompli un devoir ; elles se dédommagent d’ailleurs du sacrifice de quelques moments en s’occupant de bavardages mondains et du changement qu’ils procurent. Quant aux enfants, ils aiment mieux aussi, les exercices », les cantiques et mieux encore, les livres de contes, les pique-nique, les fêtes et les parties de plaisir. Les enfants, comme les mamans, éprouvent aussi une grande compensation à la peine qu’ils ont prise de s’habiller en ayant ainsi l’occasion de pouvoir étaler aux yeux de chacun leurs beaux habits. La responsabilité des parents dans l’éducation religieuse de leurs enfants à la maison est très généralement abandonnée en faveur de l’instruction fausse et mécanique de l’Ecole du Dimanche. On a donné avec raison à l’Ecole du Dimanche le nom de garderie d’enfants de l’église, et les petits ainsi élevés dans l’éducation et les conseils de l’esprit du monde sont les jeunes pousses pour l’abondante récolte d’ivraie qui infeste complètement la grande Babylone.
Partout, ici et là, où existe une réunion d’études bibliques pour adultes, si celui qui enseigne est assez, sincère et indépendant pour s’écarter des leçons prescrites et s’occuper de sujets plus importants, propres à faire luire la vérité qu’elle soit ou non favorable à la confession de la secte, il est certain que son pasteur ou son supérieur immédiat, le considérera comme un moniteur indigne de confiance. Il est vrai que ceux qui enseignent ainsi sont dangereux pour l’élément sectaire et bientôt on leur retire le droit d’enseigner. Il est certain que, s’il y avait beaucoup de personnes enseignant en toute indépendance et proclamant les vérités qu’elles ont reconnues,
(P145) elles ne tarderaient pas à couper les liens des gerbes sectaires et à disperser ces dernières. C’est pourquoi elles deviennent bientôt indésirables. On préfère en choisir d’autres capables de tenir en bride les pensées et les tendances des assemblées qu’ils dirigent. On les prive de la « nourriture solide », on les maintient à l’état de petits enfants non sevrés, trop faibles pour marcher seuls, obligés de se lier aux systèmes qu’ils ont appris à aimer, et croyant qu’ils seraient perdus s’ils n’étaient pas rattachés à eux. La véritable place de celui qui enseigne fidèlement, la place du véritable étudiant de la Bible est en dehors de tous les liens humains, là où l’on est libre d’examiner la bonne Parole de Dieu et de se nourrir de tout ce qu’elle contient, là où l’on est libre aussi de suivre l’Agneau partout où il va. Jean 8 : 36 ; Gal. 5 : 1.
Alors qu’on doit prendre en apparence la liberté individuelle en considération, comme jamais auparavant, nous voyons que jamais, à aucun moment, les liens n’ont été plus fortement serrés dans le but de lier ensemble le froment et l’ivraie dans les nombreuses gerbes. Jamais auparavant on n’avait mieux réussi qu’aujourd’hui à entraver et limiter les libertés individuelles. Chaque heure de loisir d’un sectaire zélé est consacrée à l’une des nombreuses réunions ou des nombreux projets de sorte qu’il ne reste aucun moment pour penser et pour étudier la Bible en toute liberté. Le but principal de ces réunions, distractions, etc., est de développer et de fortifier l’esprit sectaire ; le résultat final est d’amener l’asservissement dont nous avons parlé et qui empêche le véritable développement des enfants consacrés de Dieu, le froment. Ces liens ‘ deviennent de plus en plus forts, comme le prophète l’avait annoncé (Es. 28 : 22). Les gerbes sont formées par un peu de froment et beaucoup d’ivraie et chaque jour, il devient plus difficile d’en sortir.
Du fait que nous avons vu la petite quantité de froment vraiment consacré par opposition à la grande masse des « baptisés de profession » (suivant la description de la classe de l’ivraie qu’en avait donnée avec force un évêque Méthodiste) il est évident que l’embrasement de l’ivraie sera un événement d’importance. Beaucoup de personnes supposent que l’ivraie sera brûlée dans une fournaise ardente où il y aura des pleurs et des grincements de dents
(P146) (Matth. 13 : 42). C’est une erreur complète de croire qu’il s’agit d’un feu littéral, ou d’une détresse qui se prolongera au-delà de la vie présente. La parabole tout entière s’accomplit pendant l’âge présent. Non seulement ce feu est un symbole tout comme le froment et l’ivraie, mais il symbolise la destruction de l’ivraie, pendant le grand temps de détresse qui termine l’âge actuel et de laquelle, la Classe du froment a la promesse d’être épargnée (Mal. 3 : 17 ; Luc 21 : 36). _La fournaise ardente symbolise le « grand temps de la détresse » qui, à la fin de cette moisson, vient sur la classe indigne de l’ivraie de la Chrétienté.
La destruction de l’ivraie ne signifie pas non plus qu’il y aura une destruction individuelle, présente ou future de ceux qui composent cette classe. Ce sera plutôt la destruction des fausses prétentions de cette classe. Cas gens prétendent être chrétiens alors qu’ils sont toujours des enfants de ce monde. Quand ils seront brûlés ou détruits comme l’ivraie, ils seront reconnus sous leur vrai caractère, comme des gens du monde et ils n’imiteront plus désormais les chrétiens comme membres nominaux de l’Eglise de Christ.
Notre Seigneur explique que lui-même a semé la bonne semence du Royaume, la vérité, de laquelle sort toute la classe du vrai froment après avoir été engendrée par l’esprit de vérité. Par la suite, pendant la nuit, les âges de ténèbres, Satan sema l’ivraie. L’ivraie fut certainement semée de la même manière que l’a été le froment. Ceux qui la forment sont les fruits de l’erreur. Nous avons déjà vu comment l’adversaire, Satan, et ses serviteurs aveuglés souillèrent grandement le « sanctuaire » et « l’armée » et comment les précieux vases (doctrines) furent profanés et faussement utilisés par la Papauté, et ceci n’est qu’une autre démonstration de la même chose. Les fausses doctrines engendrèrent de fausses ambitions et aspirations dans le champ de blé de Dieu ; de ce fait beaucoup entrèrent au service de Satan pour semer des erreurs de doctrine et de pratique qui ont fait surgir l’ivraie en abondance.
Le champ paraît être splendide et florissant à beaucoup car ils dénombrent les centaines de millions de prétendus chrétiens qui le composent. En réalité, il y a bien peu de froment, et pour ce blé qui a été étouffé
(P147) et grandement entravé dans son développement par l’ivraie, il eût été préférable que l’ivraie animée de l’esprit du monde ne fût pas entrée dans l’Eglise, mais fût restée à sa place dans le monde en laissant les consacrés du « Petit Troupeau » comme seuls représentants de l’esprit et de la doctrine de Christ dans le champ. Alors il se serait bientôt manifesté une différence marquée entre l’Eglise et le monde et la croissance de l’Eglise, en apparence moins rapide, aurait été plus saine. Le grand succès apparent que manifestent le nombre, la richesse et la position sociale, desquels se glorifient un si grand nombre, cause en réalité un grand préjudice à l’Eglise et n’est en aucun sens une bénédiction ni pour elle, ni pour le inonde.
En examinant ce sujet, nous trouvons que beaucoup d’éléments de cette ivraie ne sont pas entièrement responsables de leur fausse situation d’imitation du froment. Beaucoup d’entre eux ne savent pas que l’ivraie n’est pas la véritable Eglise ; car ils considèrent le Petit Troupeau des consacrés comme des extrémistes et des fanatiques. Si l’on compare la grande masse de l’ivraie avec notre Seigneur et les apôtres et tout le froment, certainement ces derniers paraissent être des extrémistes, des fanatiques, si la majorité, l’ivraie a raison.
On a si souvent et si parfaitement affirmé à ceux qui constituent l’ivraie qu’ils sont des chrétiens que tous sont des chrétiens sauf les Juifs, les incrédules et les païens — qu’il serait difficile d’attendre d’eux qu’ils sachent que le contraire est la vérité. Les fausses doctrines leur ont enseigné qu’il n’y a que deux classes, et que tous ceux qui échappent au tourment éternel doivent être des cohéritiers avec Christ. Dans tous les services funèbres, sauf dans le cas d’individus notoirement débauchés ou malfaisants, on certifie aux amis et parents du défunt que ce dernier est entré dans la jouissance de la paix, de la joie et de la gloire célestes. Pour prouver la chose, on se sert de citations bibliques lesquels, d’après le contexte, ne s’appliquent qu’aux véritables consacrés, aux saints.
Naturellement enclins à se blâmer, niant consciemment être des saints et ne prétendant pas aux riches promesses des Écritures faites à ces derniers, ils sont persuadés
(P148) de les revendiquer par leurs compagnons ivraie, à la fois dans les chaires et sur les bancs. Ils ont conscience — et sont même certains — de n’avoir rien fait qui puisse les envoyer au, tourment éternel ; leur foi dans les fausses doctrines de la « chrétienté » les conduit à espérer et à prétendre qu’eux-mêmes et tous les gens moraux sont des membres de l’Eglise auxquels appartiennent toutes les riches promesses. Ainsi sont-ils de l’ivraie par le fait des fausses doctrines ; et non seulement leur situation spirituelle est fausse ; mais ils rabaissent le véritable idéal noble et élevé de la sainteté. Illusionnés par cette erreur, ils éprouvent un certain sentiment de sécurité et de satisfaction ; car en comparant leur conduite et leur vie avec celles de la grande majorité des membres de l’Eglise nominale, de leurs amis défunts dont on a dit tant de bien lors de leurs funérailles, ils sont persuadés qu’ils sont dans la bonne moyenne, peut-être même supérieure à celle de plus d’un prétendu chrétien. Cependant tous ont conscience de n’avoir jamais fait une véritable consécration de leur cœur, leur vie, leur temps, leurs moyens, leurs talents, leurs ambitions à Dieu et à son service.
Mais comme la classe de la « balle » de la nation juive fut consumée au terme de la moisson judaïque (Luc 3 : 17), il en sera de même de cette classe de l’« ivraie » à la fin de la moisson actuelle. Comme la balle perdit toute prétention à la faveur divine comme Royaume de Dieu triomphant avant que cette moisson se fût terminée dans le grand feu des disputes religieuses et politiques qui consuma ce système, ainsi en sera-t-il de la classe de l’ivraie de la prétendue « Chrétienté ». Ils seront consumés ; ils cesseront d’être de l’ivraie ; ils cesseront de se tromper sur eux-mêmes et les autres ; ils cesseront de s’approprier les très grandes et très précieuses promesses qui n’appartiennent qu’aux saints vainqueurs. Lorsque leurs divers royaumes dits chrétiens et leurs diverses organisations religieuses, déchirés par les discordes produites par la lumière croissante de la vérité, seront consumés par le feu déjà allumé, « le feu de la jalousie de Dieu » (le temps de détresse ‘qui termine l’âge actuel –
(P149) Soph. 3 :8, ils cesseront de revendiquer pour leurs systèmes mondains, le nom de « chrétienté ».
Après avoir parlé de la destruction de l’ivraie par le feu, la parabole poursuit : « Alors les justes [le froment] luiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père ». [Quel meilleur témoignage que celui-ci pourrions-nous avoir, que la véritable Eglise n’a pas encore été établie en puissance comme Royaume de Dieu, et qu’elle ne sera pas élevée ainsi à la gloire avant l’achèvement de la moisson ?] Alors se lèvera le soleil de justice (dont Christ-Jésus sera toujours le glorieux point central), portant la santé dans ses rayons, pour bénir, rétablir, purifier et nettoyer du péché et de l’erreur toute l’humanité, les pécheurs incorrigibles étant détruits dans la seconde mort.
Rappelons-nous que dans la moisson judaïque-type; les véritables Israélites ainsi que les Israélites de nom formaient ensemble la maison juive ou charnelle d’Israël. Seuls, les véritables Israélites furent choisis et rassemblés dans le grenier de la dispensation évangélique ; seuls, ils eurent l’honneur de recevoir les vérités appartenant à l’Age de l’Évangile. Tous les autres membres de cette nation (la « balle ») ne furent pas littéralement et physiquement détruits (bien qu’il y eût beaucoup de tués lors de leur détresse), mais ils furent dépouillés de toutes les faveurs du Royaume auxquelles ils avaient cru avoir droit antérieurement, et dont ils s’étaient même vantés. Nous pouvons dès lors délimiter l’événement parallèle et correspondant de la moisson actuelle’ et comprendre ce que sera le traitement de « l’ivraie » dans le temps brûlant actuel.
Dans la « moisson » actuelle, le Seigneur nous a non seulement montré les événements qui doivent survenir et comment nous devions y participer en nous séparant du monde et en employant comme des « moissonneurs » la faucille de la vérité pour aider les autres à arriver à la liberté en Christ et à se séparer aussi des faux systèmes et des liens humains, mais afin de , nous rendre doublement sûrs que nous sommes du bon côté et que le temps de séparation est arrivé, il nous a fourni des preuves sur l’année où commença l’œuvre de la moisson, sur sa durée et sur le moment de sa fin. Ces preuves, déjà examinées, montrent que la fin de 1874 marqua le commencement, comme la fin de 1914 marquera la
(P150) clôture de ces 40 ans de moisson, tandis que toutes les particularités relatives à l’ordre et au travail de cette moisson furent décrites dans celle de l’Age judaïque, son type. Nous allons examiner maintenant quelques détails remarquables relatifs au temps de cette moisson-type, et prendrons note des leçons qu’ils enseignent, actuellement applicables, et que notre Seigneur prépara évidemment dans ce dessein afin que nous ne puissions être ni dans le doute ni dans l’incertitude, mais que nous puissions connaître son plan et être capables d’agir en conséquence, avec force, comme co-ouvriers avec lui dans l’exécution de sa volonté révélée.
Tous les détails de temps se rattachant à la moisson judaïque (bien qu’ils aient parfois trait indirectement aux fidèles) concernaient directement la grande masse des Israélites de nom ; ils marquaient la durée du temps d’épreuve des Juifs, leur rejet, leur renversement et leur destruction en tant que système ou nation-église. Ainsi, en l’an 29 de notre ère, le Seigneur vint comme Époux et moissonneur, non seulement vers les véritables Israélites, mais aussi vers toute la masse de la nation (Jean 1 : 11). A ce moment-là, les progrès réalisés dans l’oeuvre de la moisson montrèrent qu’il y avait peu de grains de froment mûrs pour le grenier (la dispensation évangélique) et que la grande masse n’avait que l’apparence du froment, c’était en réalité de la « balle » seulement, ne contenant en elle aucun des véritables principes du froment. Lorsque, en l’an 33, soit trois ans et demi plus tard, notre Seigneur assuma la charge de Roi et permit au peuple (chose qu’il avait défendue auparavant, Jean 6 : 15) de l’installer sur un âne et de l’acclamer comme roi, cet événement servit à marquer, dans la moisson actuelle-antitype, un événement beaucoup plus important que celui du type. Comme nous l’avons vu, le parallèle de celui-ci montre que 1874 est le temps de la seconde présence de notre Seigneur comme Époux et Moissonneur, et qu’avril 1878 est celui où il commença à exercer en fait Sa charge de Roi des rois et Seigneur des seigneurs, cette fois comme Roi spirituel, présent dans toute sa puissance, quoique invisible aux hommes.
Les actes accomplis par notre Seigneur, rendant les quelques heures où Il agit typiquement
(P151) comme Roi d’Israël, ont une profonde signification pour nous, préfigurant incontestablement les événements correspondants actuels. Lorsque Jésus entra comme Roi à Jérusalem, monté sur le petit d’une ânesse, le peuple le vit chasser du temple avec un fouet, les changeurs d’argent. Cet acte pour nous est le type d’un événement correspondant actuel qui s’accomplit sur une échelle beaucoup plus grande, bien que le Roi, le fouet de cordes et la proclamation de son autorité royale soient manifestés maintenant d’une manière très différente, et aux yeux de la foi seulement. Mais le type judaïque sert à attirer notre attention sur cet accomplissement, qu’autrement nous n’aurions pas été capables d’apprécier. La première œuvre du roi-type fut de rejeter toute la nation-église d’Israël comme indigne de former son Royaume et d’être considéré plus longtemps comme son héritage spécial. Tout cela était contenu dans les paroles du Maître : « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes et vous ne l’avez pas voulu ! Voici, votre maison vous est laissée déserte » ! — Matth. 23 : 37-39.
Ceci, lorsqu’on l’applique à la moisson actuelle, enseigne que, de même qu’en l’an 33 ap. J.-C., après avoir été reconnu par Dieu comme son peuple pendant 1845 ans, par des faveurs, des châtiments, etc., Israël-type fut rejeté par le Roi parce que trouvé indigne après avoir été mis à l’épreuve et jugé pendant 3 ans ainsi dans la moisson actuelle, après un examen correspondant de 3 ans au terme d’une période de 1845 années de faveur et de châtiment, la chrétienté nominale serait rejetée par le Roi comme indigne de recevoir de Lui d’autres faveurs ou d’être reconnue par Lui, d’une manière quelconque.
Comme le rejet d’Israël nominal selon la chair n’impliqua pas le rejet individuel des « véritables Israélites » en qui il n’y avait point de fraude, mais plutôt une faveur plus grande encore poux: ces derniers (qui furent délivrés de leurs « conducteurs aveugles » et reçurent des enseignements directs et parfaits par les nouveaux canaux spirituels de Dieu — les apôtres), c’est ce à quoi nous devons nous attendre de nos jours. Les
(P152) faveurs spirituelles, accordées autrefois par Dieu aux masses nominales appartiennent désormais .aux seuls fidèles et obéissants. Désormais, la lumière venant au temps marqué, « la nourriture au temps convenable pour la maison de la foi », doit être attendue non plus des anciens canaux à un degré quelconque, mais par des individus fidèles n’appartenant à aucun des systèmes déchus et rejetés.
Pendant son ministère et jusqu’au moment où, en sa qualité de Roi, il rejeta le système judaïque, notre Seigneur reconnut les scribes et l’es pharisiens comme les instructeurs légitimes du peuple, malgré les sévères réprimandes qu’il adressa à ces hypocrites qui trompaient le peuple. Nous en voyons la preuve dans les paroles du Seigneur en Matth. 23 : 2 : « Les scribes et les pharisiens se sont assis dans la chaire de Moïse. Toutes les choses donc qu’ils vous diront, faites-les et observez-les ». Nous voyons aussi que, pendant quelque temps, les hauts dirigeants religieux de la chrétienté nominale, dans leurs synodes, leurs conférences, leurs conciles, etc., se sont assis dans une certaine mesure, dans la chaire de Christ, comme instructeurs du peuple comme jadis le Sanhédrin juif occupait la chaire de Moïse. Mais de même qu’après l’an 33, le Seigneur ne reconnut plus les scribes et les pharisiens comme ses serviteurs à un titre quelconque et que les véritables Israélites ne furent plus, dès lors, instruits et enseignés par eux, mais par Dieu lui-même, qui se servit d’autres instruments plus dignes, plus humbles et sans titres, qui furent choisis dans le peuple et spécialement enseignés de Dieu, ainsi c’est une chose analogue que nous devons attendre et que nous devons trouver aujourd’hui, dans la moisson parallèle actuelle.
La prise en charge de l’office royal par notre Seigneur, en l’an 33 et son premier acte officiel, le rejet de l’Eglise nationale d’Israël selon la chair considérés en rapport avec tous les parallèles frappants des deux âges, indiquent très clairement qu’au point parallèle de temps de la moisson présente, 1878, la Babylone mystique, autrement nommée Chrétienté, l’antitype du judaïsme, fut rejetée ; dès ce moment-là retentit le message : « Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande et elle est devenue la demeure de démons, et le repaire de tout esprit immonde et le repaire de tout oiseau immonde et exécrable ». — Apoc. 18 : 2.
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La chute, les plaies, la destruction, etc., de la Babylone mystique telles qu’elles avaient été annoncées, furent préfigurées par les grands bouleversements et la destruction nationale du peuple d’Israël selon la chair, événements qui finirent par la ruine complète de cette nation en l’an 70. La période de la chute correspond aussi, car depuis le moment où le Seigneur proclama que sa demeure serait laissée déserta, en l’an 33 jusqu’en l’an 70 il s’écoula 36 ans 1, ainsi, depuis 1878 jusqu’à la fin en 1914, il y a 36 ans L Et à la fin de [en octobre] 1914, ce que Dieu appelle Babylone, que les hommes appellent chrétienté aura disparu, comme la prophétie l’a déjà montré.
Le judaïsme était un type établi par Dieu du Royaume millénaire de Christ qui dirigera, ordonnera et surveillera toutes choses ; en conséquence le judaïsme était légitimement une union de l’Eglise et de l’Etat, — d’un gouvernement religieux et d’un gouvernement civil. Mais, comme nous l’avons déjà montré, l’Eglise de l’Évangile ne devait rien avoir de commun avec les gouvernements de ce monde, ni s’associer à eux jusqu’à ce que son Seigneur, le Roi des rois, vienne prendre en main les rênes du pouvoir, élève son Eglise comme épouse pour lui faire partager ce règne de la justice. Le grand système appelé Chrétienté, négligeant les avertissements du Seigneur, se conforma à la sagesse, aux théories et aux plans des hommes, comprit tous les gouvernements, toutes les confessions prétendant être de Christ (mais n’étant qu’une misérable contrefaçon du véritable Royaume de Christ), fut organisé avant le temps, sans le Seigneur, et avec des éléments tout à fait impropres. La chute de Babylone comme système impropre d’Etat-Eglise, et le rassemblement du bon grain correspond donc admirablement bien à la chute du judaïsme qui lui sert de type.
Primitivement, le terme Babylone signifiait portail de Dieu ; plus tard, par dérision, sa signification changea et désigna un mélange ou une
(P154) confusion Dans le livre de l’Apocalypse ce terme s’applique spécifiquement à l’Eglise nominale, laquelle, de portail à la gloire, devint un portail à l’erreur et à la confusion, à un pitoyable mélange renfermant surtout de l’ivraie, des – hypocrites, une masse confuse de gens du monde dans laquelle sont ensevelis les joyaux du Seigneur, et cachés Leur véritable beauté et leur éclat. Dans la prophétie symbolique, le terme Babylone désigne parfois seulement l’Eglise romaine, appelée « Babylone la Grande, la Mère des Impudiques ». Pendant des siècles, ce nom s’appliqua à l’Eglise romaine seule, car elle était alors le seul système de confusion existant qui n’en tolérait pas d’autres autour de lui. Dans la suite, d’autres systèmes ecclésiastiques qui ne furent pas aussi grands que la « mère », ni aussi mauvais, ni aussi radicalement faux surgirent de son sein à la suite de divers essais de réformes imparfaites. Les erreurs, l’ivraie et l’esprit du monde finirent également par y prédominer largement, c’est pourquoi le nom de Babylone est employé comme un terme général ou nom de famille pour désigner non seulement l’Eglise romaine mais les sectes protestantes. La Papauté étant le système-mère, obligation nous est faite de considérer les divers systèmes protestants qui sortirent d’elle, comme ses filles — fait très généralement admis par les protestants, et parfois avec orgueil.
Antérieurement au temps de la moisson, nombre d’enfants de Dieu dans la Grande Babylone découvrirent que son caractère prédominant était grossièrement antichrétien (notamment les Vaudois, les Huguenots et les réformateurs du seizième siècle). Ils attirèrent l’attention sur ce fait, puis ils se séparèrent du système-mère en entraînant avec eux beaucoup d’autres personnes qui étaient en grande partie de l’ivraie, ainsi que l’avait prédit le prophète disant que « plusieurs se joindraient à eux par des flatteries » (Dan. 11 : 34). Il y eut les divisions provenant des tempêtes politiques et doctrinales avant le temps de la moisson. Au milieu de ces tempêtes, l’ivraie toujours prédominante, forma de nouveaux systèmes babyloniens quoique d’un caractère moins critiquable.
Ainsi le froment, en essayant de temps à autre de s’affranchir de l’incube de
(P155) l’ivraie (et spécialement de se libérer des plus grossières erreurs qui engendraient l’ivraie et la faisaient prospérer) fut béni par ces efforts, mais il continua à subir l’influence de l’ivraie, à rester mêlé, l’élément ivraie prédominant. Cependant, grâce à ce froment, la faveur de Dieu se répandit même sur ces gerbes mélangées ou systèmes babyloniens. Ce ne fut qu’au temps marqué par Dieu — au temps de la moisson, en 1878 — qu’intervint une séparation complète et finale de tous ces systèmes complètement rejetés de toute faveur et condamnés à une destruction rapide, et que tous les enfants de Dieu furent explicitement et impérativement invités à sortir de ces systèmes. Au commencement même de l’Age de l’Évangile, le peuple de Dieu fut mis en garde contre les séductions de l’Antichrist ; il lui fut recommandé de se séparer de ce système. Cependant, dans le dessein d’éprouver ses enfants, de les mettre à l’essai, Dieu permit qu’ils fussent plus ou moins trompés par lui et plus ou moins mélangés avec lui. Chaque réveil à la constatation de principes, doctrines et actes antichrétiens qui conduisait à des mesures de réforme, mit à l’épreuve et établit la classe du froment, et aida ses membres à se purifier de plus en plus des souillures de l’Antichrist. Mais ce dernier appel positif d’épreuve, associé au rejet final de ces systèmes ne recevant plus la faveur divine (comme ils la recevaient à cause du froment qui se trouvait en eux), a pour objet de séparer définitivement la classe du froment de tous les systèmes et principes antichrétiens. Toutes les vérités que possédaient autrefois ces systèmes en sont emportées rapidement, étant remplacées par des théories des hommes, subversives de tout élément de la vérité divine ; la piété vivante et l’amour des choses divines s’évanouissent rapidement aussi et font place à l’amour des plaisirs et à l’esprit du monde.
En même temps que la déclaration de la chute de Babylone, tous les enfants de Dieu, qui sont encore en elle, reçoivent aussi l’ordre d’en sortir : « J’entendis du ciel une autre voix qui disait : Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés, et que vous ne receviez pas de ses plaies » (Apoc. 18 : 4). Dans l’expression : « Elle est tombée, Babylone… Sortez du milieu d’elle mon
(P156) peuple »,y a deux pensées distinctes dont il faut se rappeler qu’on voit tout d’abord qu’à un moment donné Babylone n’était pas tombée, déchue de la faveur divine, car, pendant un certain temps, elle conserva une mesure de faveur, malgré son caractère de mélange ; que, malgré la grande proportion d’erreur qu’elle renfermait, malgré le peu d’esprit de Christ qu’elle possédait, elle n’était pas encore totalement rejetée loin de la faveur divine, car la séparation complète ne devait avoir lieu qu’au temps de la moisson. La proclamation indique qu’à un moment donné Babylone serait soudainement et entièrement rejetée quand toute faveur divine lui serait à jamais retirée, quand les jugements suivraient leur cours — accomplissant le rejet qui eut lieu, comme nous l’avons vu, au temps marqué, en 1878. Elle montre également qu’au moment du rejet de Babylone, cette dernière renfermerait beaucoup d’enfants de Dieu encore associés avec elle, car c’est après le rejet de Babylone, après qu’elle est tombée, déchue de la faveur que ceux-ci sont appelés par ces mots : « Sortez du- milieu d’elle, mon peuple ».
Il y a lieu de discerner clairement le contraste existant entre les nombreux mouvements de réforme graduelle des quatre derniers siècles et la séparation finale d’aujourd’hui : ces mouvements furent des tentatives de réformer Babylone, tandis que cette dernière montre que tout espoir de réformer Babylone est perdu : « Babylone a été une coupe d’or dans la main de l’Éternel, enivrant toute la terre. Les nations ont bu de son vin, c’est pourquoi les nations sont devenues insensées [intoxiquées par ses erreurs]. Subitement Babylone est tombée, et elle a été brisée : « Hurlez sur elle, prenez du baume pour sa douleur ; peut-être qu’elle guérira ! Nous avons traité Babylone mais elle n’est pas guérie ; abandonnez-la, et allons-nous-en, chacun dans son pays [la vraie Eglise ou le monde, suivant le cas, selon que chacun se prouve être du froment ou de l’ivraie] car son jugement atteint aux cieux et s’est élevé jusqu’aux nues ». Jér. 51 : 7-9 ; comparez avec Apoc. 17 : 4 ; 14 : 8 ; 18 : 2, 3, 5, 19.
Babylone incurable est maintenant condamnée à la destruction : le système tout entier, système de systèmes, est rejeté, et tous les enfants de Dieu qui ne peuvent accepter ses fausses doctrines et
(P157) pratiques sont maintenant invités à se séparer d’elle. Le prophète indique pourquoi Babylone est rejetée et il montre que certains manqueront de le comprendre. Il dit :
« Même la cigogne dans les cieux connaît sa saison ; et la tourterelle et l’hirondelle, et la grue, prennent garde au temps où elles doivent venir, mais mon peuple ne connaît pas le jugement de l’Éternel. [On ne reconnaît pas qu’un temps de moisson, de séparation complète et totale du froment d’avec l’ivraie doit venir. En ceci, les hommes montrent moins de discernement que les oiseaux migrateurs]. Comment dites-vous : Nous sommes sages et la loi de l’Éternel est avec nous [quand vous êtes incapables de discerner le temps de la moisson et le changement de dispensations maintenant à échéance] ? Mais voici, la plume menteuse des scribes [en] a fait une fausseté [parce que la Parole de l’Éternel par ses prophètes et ses apôtres est rendue nulle, mise de côté négligemment, et que les confessions de foi des « âges des ténèbres » sont les lanternes sans lumière de ceux qui marchent dans les ténèbres]. les sages (?) [savants] sont couverts de honte, ils ont peur [par suite de la faillite de leurs plans humains favoris] et sont pris ; voici, ils ont méprisé la Parole de l’Éternel, et quelle sagesse ont-ils [aujourd’hui] ? [Comparer avec Esaïe 29 : 10]. C’est pourquoi je donnerai leurs femmes [leurs églises] à d’autres, et leurs champs [de travail] à ceux qui les posséderont ; car depuis le petit jusqu’au grand [d’entre eux], ils sont tous adonnés au gain déshonnête ; depuis le prophète [l’orateur] jusqu’au sacrificateur [au ministre], tous usent de fausseté [Comparez Esaïe 56 : 10-12 ; 28 : 14-20]. Et ils ont pansé la plaie de la fille de mon peuple [Sion nominale, Babylone] légèrement, disant : Paix, Paix ! et il n’y avait point de paix [quand son système tout entier est malade et a besoin d’être nettoyé à fond avec le remède de la Parole de Dieu, la vérité]. Avaient-ils honte, parce qu’ils avaient commis l’abomination ? Ils n’ont eu même aucune honte, et ils ne savent pas ce que c’est que d’être confus ; c’est pourquoi ils ceux qui enseignent] tomberont avec ceux qui tombent ; au temps de leur visitation [ou inspection, au temps de la « moisson »],
(P158) ils trébucheront, dit l’Éternel. Je les ôterai entièrement, dit l’Éternel. Il n’y aura plus de raisins à la vigne, ni de figues au figuier, et les feuilles se flétriront ; ce que je leur avais donné [tous les privilèges et faveurs] leur échappera » — Jér. 8 : 7-12, D. et 13 – S.
Le verset suivant montre que beaucoup de ceux qui ont été rejetés se rendront compte des bouleversements qui s’approchent, cependant ils resteront aveuglés quant à leur cause réelle. Ils diront : Assemblons-nous et entrons dans les villes fortes [gouvernements], et là, nous garderons le silence. Ils comprendront quelque peu que ni la raison ni l’Ecriture ne soutiennent leurs fausses doctrines, et que la méthode la plus sage est de garder le silence, à l’ombre des vieilles superstitions et sous la protection des prétendus gouvernements chrétiens. Ils sont représentés ici comme disant très opportunément : « L’Éternel nous a réduits au silence et nous a fait boire de l’eau de fiel ». Le seul rafraîchissement qu’ils puissent avoir est la coupe dans laquelle ils ont fait le mélange (du poison de l’erreur amère, la « doctrine des démons », avec l’eau pure de la vie, la vérité de la Parole de Dieu). Ceux qui appartiennent à Babylone, qui l’aiment et ne désirent pas obéir au commandement : « Sortez du milieu d’elle », ne seront-ils pas obligés de boire la coupe qu’ils ont eux-mêmes préparée ? Ne seront-ils pas obligés d’admettre la fausseté de leurs doctrines ? Assurément, et ils en seront eux-mêmes profondément écœurés. Le verset suivant parle de la ruine de leurs espérances qui étaient que leurs doctrines amères (eau empoisonnée) auraient converti le monde et amené le millénium. Ils disent : « On attend la paix, et il n’y a rien de bon, — le temps de la guérison et voici l’épouvante ! » — La maladie de la Sion nominale empirera rapidement dès le temps de sa visitation et de son rejet, lorsque les « véritables Israélites », obéissant à l’appel divin, commenceront à sortir des systèmes nominaux.
Certains se demandent pourquoi le Seigneur n’inaugure pas une réforme d’une plus grande envergure que toutes celles du passé qui eurent des résultats assez maigres et de peu de durée. Ils demandent : Pourquoi Dieu n’accorde-t-il pas
(P159) une bénédiction à toutes les grandes sectes et ne les fusionne-t-il pas en une seule, ou encore pourquoi ne purifie-t-il pas l’une d’entre elles de toutes ses scories et n’attire-t-il pas toutes les autres dans celle-là. Mais demandons-nous : Pourquoi ne pas amalgamer tous les royaumes de la terre en un seul et le purifier ?
Quant à tous les enfants de Dieu, il doit leur suffire de savoir qu’un tel programme n’est pas celui que Dieu a révélé comme étant Son Plan. Un peu plus de réflexion nous montre combien une telle suggestion serait peu sensée, peu conforme à la Parole de Dieu. Considérez le nombre des adhérents de l’Eglise soi-disant chrétienne (400 millions) et demandez-vous : Combien y a-t-il parmi eux de véritables consacrés, corps et âme au Seigneur et au service de son Plan ? A votre constatation personnelle vous arriverez à la conclusion qu’en séparant le froment d’avec l’ivraie en enlevant celle-ci, il ne resterait dans la plupart dos cas que bien peu de fidèles, même dans les plus vastes cathédrales ou temples.
Dieu ne veut pas purifier les systèmes nominaux parce qu’aucune purification ne pourrait amener la masse des non-consacrés de la Chrétienté ainsi que leurs organisations civiles et ecclésiastiques à être utilisés dans l’œuvre du Seigneur qui va bientôt commencer sur la terre. Pendant les dix-huit siècles écoulés, Dieu a choisi les véritables consacrés, peux qui étaient jugés dignes, et, tout ce qui reste à faire maintenant est de choisir, parmi les vivants, ceux de la même classe — et ils sont peu nombreux — car seuls quelques-uns manquent pour compléter le nombre préordonné des membres du corps de Christ.
Dieu met donc de côté toutes les organisations humaines, et ne réforme même pas les moins mauvaises pour y faire entrer les membres des autres systèmes. La raison de ce mode d’action est indiquée par la ligne de conduite observée par le Seigneur à l’égard des diverses sectes juives pendant la moisson qui termina leur dispensation ; alors, commune aujourd’hui, toutes furent rejetées, et les « véritables Israélites » furent appelés à en sortir pour aller à la liberté et pour être instruits sur la volonté et le Plan de Dieu par divers vases choisis par Dieu lui-même.
(P160)
Illustrant ce sujet aux Juifs par deux paraboles, Jésus expliqua la sagesse de sa manière de faire : (1) qu’un morceau d’étoffe neuf pour réparer un très vieux vêtement ferait seulement ressortir davantage l’usure de ce dernier et amènerait une déchirure plus grande ; (2) qu’en versant du bon vin nouveau dans de vieilles outres qui n’ont plus ni force ni élasticité, il en résulterait un dommage plutôt qu’un avantage, car non seulement les vieilles outres ne tarderaient pas à se, rompre, à être détruites, mais il résulterait la perte du précieux vin nouveau.
Les nouvelles doctrines de notre Seigneur étaient le vin nouveau, tandis que les sectes juives étaient les vieilles outres. Que serait-il arrivé si notre •Seigneur s’était associé à l’une de ces sectes et avait commencé à la réformer ? Il est certain que les nouvelles vérités, si elles avaient été acceptées, auraient démoli complètement cette secte. La force de son organisation reposant en grande partie sur l’orgueil sectaire, cimenté par des erreurs, des superstitions et des traditions humaines, se serait effondrée et les nouvelles doctrines auraient été délaissées, considérablement entravées par les vieilles erreurs et traditions de cette secte, et tenues par le monde en général pour responsables des faits connus du passé de cette secte.
Pour les mêmes raisons, dans la moisson actuelle, en présentant la lumière plus grande de la vérité, à l’aube de l’Age millénaire, le Seigneur ne veut pas rapiécer aucun des vieux systèmes, ni mettre du vin nouveau dans de vieilles outres. En premier lieu, aucun de ces systèmes n’est en mesure d’être rapiécé ou de recevoir de nouvelles doctrines ; en second lieu, si ces systèmes avaient reçu les nouvelles vérités, ces dernières auraient commencé leur œuvre et auraient développé une force qui aurait disloqué et brisé toutes les sectes, si parfaitement organisées et enchaînées qu’elles fussent. Si l’on mettait à l’essai toutes les sectes, les unes après les autres, le résultat serait le même et en définitive le vin nouveau (doctrines) ne trouverait plus un récipient ou secte qui pût le contenir et le conserver.
(P161)
La meilleure ligne de conduite qui convînt fut celle que suivit notre Seigneur à sa première venue. Il fit un vêtement entièrement neuf avec de la nouvelle étoffe et Il mit le vin nouveau dans de nouvelles outres, c’est-à-dire qu’Il appela à Lui les véritables Israélites (non sectaires) et Il leur confia la vérité du temps marqué. Ainsi en est-il : ceux qui ont faim de vérité sont aussi appelés par Lui à sortir d’Israël spirituel nominal et ils sont heureux d’accepter la vérité selon les voies du Seigneur, heureux de collaborer de tout cœur avec Lui dans l’exécution de son Plan, sans s’inquiéter de savoir lesquelles, ou combien, des anciennes outres (sectes) sont laissées de côté et rejetées comme étant indignes de contenir le vin nouveau. Réjouissez-vous, plutôt, d’avoir été jugés dignes de recevoir le témoignage de ce vin nouveau de la vérité présente, et dès qu’il est reconnu authentique, acceptez-le et agissez joyeusement d’après lui.
A la première venue, ceux qui attendirent de connaître l’opinion des principaux des sectes d’alors et qui demandèrent : « Aucun d’entre les chefs ou d’entre les pharisiens a-t-il cru en lui ? », ne reçurent pas la vérité parce qu’ils suivaient les hommes plutôt que Dieu. Des membres les plus considérés des sectes d’alors n’acceptèrent pas les enseignements de Christ, et aujourd’hui comme alors et depuis, ceux de cette même classe sont les pires aveugles des conducteurs d’aveugles. Au lieu d’accepter la vérité et d’en être bénis, ils « tombent » au moment de leur épreuve. Le vieil habit et les vieilles outres sont tellement hors d’état qu’ils sont complètement impropres à tout usage futur.
Puisque c’est le Seigneur qui appelle son peuple à sortir de Babylone, nous ne pouvons douter que tous ceux qui en sont vraiment entendront son appel, quels que soient les moyens employés pour le faire retentir. Cet appel est pour eux une première épreuve non seulement de leur obéissance, mais également de leur amour pour Babylone et ses erreurs. S’ils approuvent ses doctrines, ses méthodes, etc., au point de regretter de la quitter, ils montreront qu’ils sont indignes de la vérité présente et ils mériteront d’avoir part à ses fléaux futurs. Mais les termes de l’appel indiquent que les membres du vrai peuple de Dieu dans Babylone
(P162) ne doivent pas être considérés comme impliqués dans les péchés d’esprit du monde de cette dernière, ainsi qu’à son ignorance de la vérité jusqu’au marnent où ils apprendront que Babylone est tombée, a été rejetée. Dès ce moment, s’ils restent en elle, ils sont considérés comme lui appartenant, dans le sens qu’ils approuvent ses méfaits et ses fausses doctrines du passé et du présent. Ils seront considérés comme participant à ses péchés et mériteront, de ce fait, d’avoir part à son châtiment, aux fléaux qui viennent sur elle. — Voir Apoc. 18 : 4.
Combien est forte l’expression : « Elle est devenue la demeure de démons, et le repaire de tout esprit immonde, et le repaire de tout oiseau immonde et exécrable ». Comme cela est vrai que les plus exécrables de la société recherchent et arborent les dehors de la profession et du cérémonial chrétiens dans certaines des différentes divisions ou sectes de Babylone. Chaque principe et chaque doctrine impurs sont plus ou moins représentés en elle. Elle est une « cage » qui retient bien enfermés non seulement les douces et affectueuses colombes du Seigneur, mais aussi un grand nombre d’oiseaux impurs et odieux. Parmi tous ces transgresseurs et séducteurs d’hommes et de femmes combien sont de prétendus membres de l’Eglise de Christ ! Combien d’entre eux se servent même du titre de chrétien comme d’un manteau sous lequel ils poursuivent de mauvaises intrigues ! Il est bien connu que la majorité même des criminels les plus endurcis que l’on exécute meurent dans la communion catholique romaine.
Babylone a renfermé, à la fois, le meilleur et le pire, la fleur et la lie de la population du monde civilisé. La fleur est le petit nombre des vraiment consacrés tristement mélangé à la grande niasse des prétendus chrétiens et de la lie des souillés, des criminels. Mais pendant la moisson actuelle, dans des conditions favorables, la classe, la fleur, sera séparée du reste afin d’être préparée pour sa glorification.
Pour se rendre compte de la proportion des oiseaux impurs et odieux qui sont dans et hors de Babylone, examinons le rapport officiel qui suit sur l’état de la société dans une partie du champ de blé où orthodoxie » s’est vantée, pendant des siècles, de posséder
(P163) un froment d’une qualité et d’une pureté supérieures et peu d’ivraie, et où « l’Eglise » — ainsi appelée a été associée au gouvernement pour élaborer les lois et gouverner le peuple :
ETAT DE LA SOCIÉTÉ EN ANGLETERRE ET AU PAYS DE GALLES
Rapport présenté au Parlement en 1873
(P164)
La Parole indique la cause d’un pareil état de choses en déclarant : « Babylone a abreuvé tous les peuples du vin [esprit, influence] de sa prostitution » — de son association avec le monde (Apoc. 18 : 3). De faux enseignements sur le caractère et la mission de l’Eglise et la prétention que le temps de son élévation et de son règne en puissance était venu (spécialement après ses prodigieux succès temporels et mondains au temps de Constantin quand elle prétendit être le Royaume de Dieu établi pour régner en puissance et en gloire), amenèrent dans Babylone beaucoup de personnes qui n’y seraient jamais entrées si elle avait continué à suivre le chemin étroit du sacrifice. L’orgueil et l’ambition amenèrent l’Eglise primitive à s’emparer de la puissance mondaine. Pour arriver au pouvoir il était nécessaire d’avoir le nombre et les influences du monde. Pour obtenir le nombre, lequel n’aurait pas été attiré dans les conditions présentes par la vérité, de fausses doctrines furent fabriquées qui, finalement, prirent l’ascendance sur toutes les autres, et même les vérités retenues furent défigurées et tordues. Le nombre augmenta, il atteignit même des centaines de millions, et la véritable Eglise, le froment qui n’était toujours qu’un « petit troupeau », fut cachée au milieu de ces millions d’individus formant l’ivraie. Dans un tel milieu, comme des brebis parmi les loups dévorants, le véritable Royaume de Dieu en formation souffrit la violence ; les violents le prirent de force. A l’image de leur Sauveur dont ils suivaient les traces, les vrais disciples furent méprisés, rejetés des hommes, hommes de douleur habitués à la souffrance.
Mais aujourd’hui, aux premiers rayons du Matin millénaire, les erreurs doctrinales de la sombre nuit du passé sont dévoilées, les véritables joyaux de la vérité sont mis en lumière, c’est pourquoi une séparation complète doit intervenir entre le froment et l’ivraie. Et comme de fausses doctrines produisirent le développement anormal et impropre, ainsi le développement de la vérité dans la lumière de la moisson produira la séparation. Toute l’ivraie et quelques-uns du froment sont cependant dans l’appréhension. Il leur semble que l’écroulement de Babylone va amener le renversement de l’œuvre de Dieu,
(P165) la faillite de sa cause. Il n’en est rien ; jamais l’ivraie ne fut du froment, et Dieu n’a veut pas l’accepter comme tel. Il permit simplement au froment et à l’ivraie de croître ensemble jusqu’à la moisson. C’est de la « cage » des oiseaux impurs de Babylone que les enfants de Dieu sont appelés à sortir, afin de jouir à la fois de la liberté et d’avoir part à la lumière et à l’œuvre de la moisson, et de montrer qu’ils sont complètement affranchis des erreurs de doctrine et de pratique et d’échapper ainsi à Babylone, à ses châtiments — aux fléaux qui vont s’abattre sur tous ceux qui demeurent en elle.
Ces fléaux, ou troubles, préfigurés par ceux qui s’abattirent sur la maison juive rejetée, sont dépeints dans le livre de l’Apocalypse par des symboles tellement sombres que beaucoup de chercheurs se sont fait des idées très exagérées et désordonnées à ce sujet et, par suite, ne sont pas préparés pour les réalités tout à fait imminentes actuellement. Ils interprètent souvent à la lettre les symboles et, de ce fait, ne sont pas à même de les voir s’accomplir comme ils le seront, par des mouvements, controverses, soulèvements, réactions, révolutions, etc., religieux, sociaux et politiques.
Mais, un autre détail se présente ici. Entre le rejet et la déchéance de Babylone, en 1878, jusqu’au moment où les fléaux ou troubles descendront sur ce système, il y a un bref intervalle pendant lequel les fidèles enfants de Dieu sont tous informés à ce sujet et rassemblés hors de Babylone. Ceci est clairement indiqué dans le même verset, car, avec le message « Babylone est tombée », est lié l’appel : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que… vous n’ayez point de part à ses fléaux [qui viennent] ». Il est aussi parlé en symbole dans Apoc. 7 : 3 de ce même laps de temps et de cette même œuvre qui doit s’accomplir pendant sa durée. Le messager de la colère reçoit l’ordre suivant : « Ne nuisez point à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons SCELLE au front les esclaves de notre Dieu ». La marque du sceau sur le front indique que cette empreinte ou ce sceau est une compréhension mentale de la vérité qui séparera et distinguera les serviteurs de Dieu d’avec les serviteurs et les
(P166) adorateurs de Babylone. Ceci est d’accord avec le témoignage de Daniel disant : « Aucun des méchants [infidèles à leur alliance] ne comprendra, mais les sages [de ton peuple] comprendront » (Dan. 12 : 10). Ainsi, les classes d’individus doivent être marquées et séparées avant que les fléaux s’abattent sur Babylone, rejetée, déchue.
Cette connaissance est à la fois un instrument de scellement et de séparation comme cela est clairement impliqué dans le verset précédemment considéré, car il y est dit tout d’abord : « Babylone est tombée », et certains fléaux ou châtiments viennent sur elle avant qu’il soit attendu des enfants de Dieu qu’ils obéissent au commandement : « Sortez du milieu d’elle », basé sur cette connaissance. Nous savons en effet que tous doivent être bien « marqués au front » — avoir été informés intelligemment du Plan de Dieu — avant d’apprécier exactement ce commandement et d’y obéir.
N’est-il pas apparent que cette œuvre même consistant à sceller les serviteurs de Dieu progresse rapidement ? N’avons-nous pas la marque du sceau sur nos fronts et cela également au propre temps ? Ne sommes-nous pas conduits pas à pas, par la propre main de Dieu – par sa Parole — à une appréciation de la vérité et des choses en général, selon sa manière de voir, changeant nos anciennes opinions et idées de provenances diverses sur maints sujets ? N’est-il pas vrai que ce scellement ne provient pas des enseignements des sectes ou confessions de Babylone qui nous ont entravés, et ont retardé son plus rapide accomplissement ? N’en voyons-nous pas la convenance et celle de la déclaration du Seigneur qu’une séparation du froment et de l’ivraie, doit s’accomplir pendant la moisson ? Ne voyons-nous pas que son plan est de révéler toutes ces choses à ses fidèles, et alors de s’attendre à les voir démontrer leur ardente sympathie pour ce plan en y obéissant promptement ? Qu’importe si, pour obéir et sortir nous devons perdre la considération des hommes, un salaire important, des appuis financiers dans nos affaires, notre paix domestique et d’autres choses encore ?
(P167) Que craindrions-nous donc ? Celui qui nous dit : « Viens ! » est le même qui dit à Pierre « Viens ! » quand il marchait sur la mer. En obéissant à cet ordre, Pierre aurait sombré si le bras du Seigneur ne l’avait retenu ; or, c’est ce même bras qui maintenant soutient tous ceux qui, à son ordre, sortent de Babylone. Ne regardons pas à la mer agitée des difficultés mais regardons directement au Seigneur et ayons bon courage.
Le commandement est, viens, et non pas, va ; parce qu’en sortant de notre esclavage aux traditions, aux credo, aux, systèmes et aux erreurs des hommes, nous venons directement à notre Seigneur pour être enseignés et nourris par Lui, pour être fortifiés et façonnés afin de faire toute sa volonté, et pour rester debout et pour ne pas tomber avec Babylone.
La Parole de Dieu montre que l’Eglise nominale, après être tombée et déchue de la faveur et de son rôle de porte-parole (Apoc. 3 : 16), tombera graduellement dans une condition d’incrédulité ; en fait, la Bible finira par être mise entièrement de côté bien que nominalement on la conservera toujours ; et les spéculations philosophiques de toute nature deviendront les véritables articles de foi. Seuls les fidèles marqués du sceau échapperont à une telle chute, car ils seront « estimés dignes d’échapper à toutes ces choses qui doivent arriver, et de tenir » — de ne pas tomber au temps de la présence du Seigneur (Luc 21 : 36). Il est certain que beaucoup de personnes sont déjà dans une triste situation spirituelle ; elles ont conservé quelque forme d’un culte superficiel, une certaine foi en un Créateur et en une vie future, mais elles considèrent toutes ces choses principalement au travers de philosophies et de théories humaines personnelles ou autres et ne voient pas que la Bible est l’instructeur infaillible des desseins de Dieu. Tout en conservant la Bible, elles ne croient plus à ses récits, et spécialement à celui d’Eden et de la chute. Ces gens s’attachent encore au nom de Jésus, elles l’appellent le Christ et le Sauveur, mais elles le considèrent simplement comme un homme exemplaire, excellent mais non infaillible, et rejettent totalement son sacrifice pour notre rançon — sa croix. Soutenant que la paternité de Dieu s’étend aux pécheurs, elles repoussent à la fois la malédiction et le Rédempteur.
On a, d’une manière générale, omis d’observer qu’au premier avènement,
(P168) le ministère de Jésus, durant trois ans et demi, jusqu’au rejet de la nation judaïque (leur Eglise et leur nation étant une) fut une épreuve ou un test de cet Etat ou système dans son ensemble plutôt que de ses membres individuels. La classe ecclésiastique des sacrificateurs, pharisiens et scribes, représentait l’ensemble de ce système. Eux-mêmes pré¬tendaient ainsi représenter le judaïsme (Jean 7 : 48, 49), et le peuple admettait la chose ; aussi comprenons-nous toute la force de la question suivante : « Y a-t-il quelqu’un des chefs ou des pharisiens qui ait cru en lui ? » Notre Seigneur les reconnaissait ainsi. Il réprimanda rarement le commun, peuple de ne pas l’accepter, mais à maintes reprises, il en rejeta la responsabilité sur les « conducteurs aveugles » qui ne voulaient ni entrer dans le Royaume, ni permettre non plus au peuple, qui, autrement, aurait accepté Jésus comme Messie et comme Roi, de le faire.
Notre Seigneur chercha constamment à éviter la publicité ; il ne voulait pas que ses miracles et ses enseignements soulevassent le peuple, de peur qu’il ne le prît de force et ne le fît roi (Jean 6 : 15). Toutefois c’est au clergé juif que Jésus présenta constamment les témoignages ou preuves de son autorité et de sa qualité de Messie, jusqu’au moment où leur mise à l’épreuve comme nation-église étant terminée, leur maison — ou système — fut rejetée, « laissée déserte ». A partir de ce moment-là, sous sa direction et sous les enseignements des apôtres, tous les efforts se portèrent vers le peuple individuellement, et le système-église rejeté et ses chefs furent, comme tels, totalement ignorés.
Comme preuve que, durant son ministère et jusqu’à ce que leur système fût rejeté, les docteurs de la loi et les sacrificateurs le représentaient, remarquons l’attitude du Seigneur vis-à-vis du lépreux purifié, telle que la définit Matthieu 8 : 4. Jésus lui dit : « Prends garde de ne le dire à personne ; mais va, montre-toi au sacrificateur et offre le don que Moïse a ordonné, pour qu’il LEUR serve de témoignage, ». La preuve, ou témoignage, devait être cachée un certain temps au peuple ; par contre, elle devait être donnée de suite à leurs « chefs » qui représentaient l’Eglise judaïque dans l’épreuve en cours.
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Nous devons noter spécialement le but et les résultats de l’épreuve de l’Eglise juive en tant que système, à cause de leur répercussion comme types sur l’épreuve actuelle de l’Eglise de l’Évangile, et de leur apparentement avec tout le plan de Dieu. Conformément aux promesses de Dieu, les Juifs prétendaient être le peuple préparé pour recevoir le Messie, peuple qu’il organiserait, auquel il donnerait le pouvoir, le dirigera et dont il se servirait comme son « propre peuple » pour bénir toutes les autres nations de la t’erre en les amenant toutes à une pleine connaissance de Dieu et à ses possibilités de rentrer en harmonie avec ses justes lois. Dieu savait d’avance qu’Israël selon la chair ne serait pas digne de la haute position offerte dans cette grande œuvre. Néanmoins, Dieu leur accorda toutes les occasions et tous les avantages comme s’Il avait ignoré les résultats. Dans l’intervalle, Il révéla sa prescience dans des exposés prophétiques qu’ils ne pouvaient pas comprendre, de peur que nous supposions qu’il avait échoué dans ses transactions avec le peuple juif.
Aussi longtemps qu’Israël, comme nation-église, prétendit être prêt et désireux d’accomplir sa part dans le programme divin, il n’était que juste qu’il, fût mis à l’épreuve, avant que l’étape subséquente du plan de Dieu prenne effet. Lorsque la postérité charnelle d’Abraham eût échoué dans son épreuve perdant le principal honneur qui lui avait été promis et qu’elle recherchait, alors commença la partie suivante du plan de Dieu, celle de l’élection ou sélection, pendant l’Age de l’Évangile, de quelques individus dignes du grand honneur d’être la postérité promise d’Abraham et cohéritiers avec le Messie dans le Royaume promis, dont l’œuvre serait de régénérer et de bénir toutes les familles de la terre. — Gal. 3 : 16, 27-29, 14.
Les « soixante-dix semaines » (490 ans) de faveur divine promises au peuple juif devaient s’accomplir ; c’est pourquoi, ni Gentils, ni même Samaritains, ne pouvaient être invités à devenir des disciples, ni à être associés en aucune façon au Royaume que Christ et les apôtres prêchaient (Act. 3 : 26). « C’est à vous premièrement qu’il fallait annoncer la Parole de Dieu [ou
(P170) invitation d’avoir part au Royaume] », déclara Paul aux Juifs (Act. 13 : 46). Le Maître avait déjà dit lors qu’Il envoya ses disciples : « Ne vous en allez pas sur le chemin des nations et n’entrez dans aucune ville de Samaritains ; mais allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël ! » Et encore : « Je ne suis envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël ». Matth. 10 : 5 ; 15 : 24.
Christ mourut au milieu de la « soixante-dixième semaine » de sept ans qui commença avec le début de son ministère et se termina le jour où Pierre fut envoyé prêcher à Corneille, le premier Gentil converti. Cette semaine avait été spécialement disposée dans l’arrangement de Dieu pour l’épreuve d’Israël. Mais au lieu d’éprouver la nation dans son ensemble (comme nation-église) pendant ces sept ans, l’épreuve fut « abrégée en justice », autrement dit, non à leur désavantage, mais à leur avantage. Il est certain, en effet, qu’aux yeux de Dieu et des hommes, ce furent les pharisiens, les sacrificateurs et les scribes qui, non seulement rejetèrent Jésus, mais finirent même par le haïr et cherchèrent à le faire mourir ; c’est pourquoi, quand le temps fut venu pour Jésus de se présenter publiquement comme Roi, s’avançant vers eux sur le petit d’une ânesse, il ne fut pas accepté par les représentants de la nation-église ; alors le Roi désavoua vite ce système, bien que le commun peuple l’eût accepté avec joie, voulant Le reconnaître comme Roi (Marc 12, : 37). C’est donc à ce moment-là que le Seigneur abrégea la première épreuve, devenue inutile, afin que le reste de la « soixante-dixième semaine » fût consacré spécialement et exclusivement à l’épreuve du peuple, des individus de ce système rejeté, avant que les ministres de la nouvelle dispensation puissent aller porter l’Évangile aux nations. Et il en fut ainsi, car après sa résurrection, notre Seigneur avait déclaré à ses disciples que leurs efforts ne seraient plus désormais limités aux Juifs seuls, mais seraient exercés au bénéfice de « toutes les nations », ajoutant particulièrement « en commençant par Jérusalem » (Luc 24 : 47). Il savait bien que les conceptions juives de ses disciples les empêcheraient d’aller vers d’autres que les Juifs, avant
(P171) qu’Il eût ouvert la voie, au temps marqué, comme Il le fit à la fin de leur faveur par l’envoi de Pierre vers Corneille. Depuis ce moment-là, les Juifs et les païens ont eu à titre individuel, le privilège d’avoir une part égale à la faveur de Dieu, étant devenus, les uns et les autres, acceptables par Dieu, en et par Christ ; car, dans le présent appel, il n’y a pour Dieu « aucune différence », la différence défavorable au Juif étant son propre préjugé contre l’acceptation, comme un don par Christ, des bénédictions qui lui avaient été offertes autrefois à la condition d’obéir réellement à l’esprit et à la lettre de la loi de Dieu, ce qu’aucun humain déchu ne pouvait faire.
Cette « soixante-dixième semaine », avec toutes les particularités de l’épreuve d’Israël selon la chair, servit non seulement à éprouver ce système, mais aussi et spécialement à nous donner une représentation typique d’une épreuve analogue de l’Eglise nominale de l’Age de l’Évangile, ou Israël selon l’esprit appelé la « chrétienté » et « Babylone », pendant sept années correspondantes qui commencèrent la moisson de l’Age de l’Évangile, période allant d’octobre 1874 à octobre 1881. La « Chrétienté » ou « Babylone » prétend connaître la faillite de son prototype, Israël selon la chair. Elle prétend être la véritable semence spirituelle d’Abraham, être prête et désireuse de convertir le monde païen, de gouverner selon la justice, d’enseigner toutes les nations et de les bénir, toutes choses que le système judaïque prétendait aussi faire. L’âge actuel est semblable à l’âge typique, également, dans le fait que les conducteurs d’alors avaient en général, fini par considérer les promesses de la venue d’un Messie comme des expressions figurées ; seule la partie la plus commune du peuple attendait un Messie personnel. Les gens instruits parmi eux ne croyaient pas à un Messie individuel ; ils espéraient que leur nation-église triompherait des autres, grâce à ses lois supérieures, et ils croyaient que, de cette manière, pourrait s’accomplir tout ce que le commun peuple pensait devoir être accompli par un Messie personnel. (le point de vue est encore celui des Juifs « cultivés » d’aujourd’hui ; les éducateurs juifs, ou rabbins, interprètent les
(P172) prophéties messianiques en les appliquant à leur nation-église, et non à un Sauveur individuel du monde. Ils croient même que les prophéties qui ont trait aux souffrances de Christ s’appliquent en réalité à leurs propres souffrances comme peuple). Mettant à exécution leur théorie, les Juifs envoyèrent des missionnaires dans le monde pour le convertir à la loi de Moïse ; c’est ainsi qu’ils croyaient arriver à « bénir toutes les familles de la terre », sans le secours d’un Messie personnel. Ils étaient allés si loin dans ce domaine que notre Seigneur leur en fit la remarque disant : « Vous parcourez la mer et la terre pour faire un prosélyte ».
Aujourd’hui, la théorie de la « chrétienté » nominale est analogue à celle des Juifs. Lorsqu’on attire l’attention dés gens du peuple sur le fait que notre Seigneur a promis de revenir et que les apôtres et les prophètes ont prédit que le Millénium ou Temps du Rétablissement de toutes choses (Act. 3 : 19-21), serait le résultat de la Seconde venue du Seigneur, ils sont tout disposés à accepter la vérité et à s’en réjouir, exactement comme le fit une classe similaire à la première venue. Mais, aujourd’hui, comme il y a dix-huit siècles, les conducteurs spirituels et les dirigeants du peuple ont des idées plus avancées (?). Ils prétendent (que les promesses de félicité millénaire, de paix sur la terre et de bonne volonté parmi les hommes, peuvent être et seront réalisées par leurs efforts, leurs missions, etc., sans la venue personnelle du Seigneur Jésus ; et ainsi annulent-ils les promesses du second avènement et du Royaume qui vient.
Les principaux prêtres et conducteurs spirituels d’aujourd’hui, le « clergé » de la « chrétienté » se trompent eux-mêmes et trompent le peuple ; ils prétendent et, en apparence, croient que les efforts de leurs missions sont sur le point de réussir et qu’ainsi, sans le Seigneur, ils ne tarderont pas à apporter dans le monde toutes les bénédictions millénaires dépeintes dans les Écritures.
Le fondement de cette chimère repose en partie sur le fait que l’augmentation de la connaissance et le « courir » çà et là sur la terre qui accompagnent le « Jour de Sa préparation » ont
(P173) favorisé tout spécialement le commerce des nations civilisées et accru la prospérité du monde. Babylone s’attribue froidement le mérite de ces progrès, déclarant qu’ils proviennent de ses influences christianisantes et vivifiantes. Babylone montre avec fierté la « nation chrétienne » de Grande-Bretagne et elle déclare que sa richesse et sa prospérité sont dues à ses principes chrétiens. Mais quels sont les faits ? Tous les progrès accomplis par cette nation ou par n’importe quelle autre nation, l’ont été dans la mesure où elles se sont efforcées de rejeter le joug de l’oppression de Babylone. Plus la Grande-Bretagne s’est débarrassée des chaînes de l’asservissement papal et plus elle a prospéré ; et dans la mesure où elle continua à soutenir et à être influencée par elles, les doctrines papales de l’union de l’Eglise et de l’Etat, de l’autorité oppressive divinement instituée du roi et du clergé, et de se soumettre à la tyrannie de l’égoïsme et de la rapacité, dans cette mesure, elle se dégrada.
La soif de l’or, l’ambition de la puissance amenèrent par force l’ouverture à regret des .ports des pays païens au commerce des nations soi-disant chrétiennes. L’Angleterre et l’Allemagne purent ainsi exporter leur rhum et leur opium et les Américains leur whisky et leur tabac. L’amour de Dieu et la bénédiction des nations païennes ne tenaient aucune place dans ces efforts. Voici à cet égard un petit fait d’histoire courante qui devrait réveiller la conscience des prétendues nations chrétiennes, si toutefois elles en ont une. L’Emir mahométan de Nupé, dans l’Afrique occidentale, a envoyé récemment le message qui suit à l’évêque Crowther, de la mission du Niger :
« Ce que j’ai à dire est court ; il s’agit du barasa [rhum]. Le rhum, le rhum, le rhum ! Il a ruiné notre pays, il a beaucoup ruiné nos gens, il les a rendus fous. Je vous en supplie, Malam Kip, n’oubliez pas ce message, car nous vous en prions, qu’il [Crowther] demande aux grands prêtres [le Comité de la Société des Missions de l’Eglise anglicane]
(P174) de prier la reine d’Angleterre [qui est le chef de l’Eglise anglicane] d’interdire l’introduction du barasa dans ce pays.
« Pour l’amour de Dieu, pour l’amour du prophète ! Au nom de Dieu et du prophète qui est son messager, il doit nous aider dans une telle situation, dans cette question du barasa ! Dites-lui que Dieu le bénisse dans son œuvre ! Voilà le message qui sort de la bouche de Maliké, Emir de Nupé. »
Commentant ceci un journal baptiste remarque :
« Cet humble monarque nègre manifeste dans sa lettre qu’il porte à ses sujets un intérêt tel que n’en ont jamais porté des monarques et des gouvernements chrétiens. En effet, aucun chef d’Etat, européen et chrétien, aucun président des Etats-Unis, n’ont jamais adressé un appel aussi émouvant en faveur de leur peuple. Dans tous les discours d’ouverture des Parlements, dans tous les messages présidentiels, on n’a jamais rien trouvé de semblable. Nos dirigeants chrétiens devraient en être honteux ! Le lucre, la maudite soif de l’or, voilà la loi des exportateurs, et ces derniers sont les favoris et les maîtres des gouvernements. »
Nous nous demandons alors : Pourquoi ces gouvernements se disent-ils chrétiens ? Le gouvernement des Etats-Unis ne fait d’ailleurs pas exception à cette règle bien que tant de gens persistent à le dénommer gouvernement chrétien alors que, avec raison, il ne reconnaisse pas ce titre immérité, malgré que des sectaires zélés l’engagent à le faire. On exporte continuellement de Boston d’énormes cargaisons de rhum pour l’Afrique ; le gouvernement ne s’y oppose nullement, il le permet entièrement ; n’accorde-t-il pas d’ailleurs à des milliers de personnes des licences pour fabriquer et vendre à ses propres citoyens eux-mêmes la terrible « eau de feu » rendue doublement nuisible et séduisante par ce qu’on appelle la rectification, c’est-à-dire par son mélange légal avec les poisons les plus violents ? Ces choses et beaucoup d’autres sont approuvées et autorisées par des hommes d’Etat « chrétiens » et par des monarques de nations prétendues chrétiennes dans le but d’obtenir des revenus, car c’est une des méthodes les plus aisées pour faire contribuer le peuple aux dépenses nécessaires du gouvernement. Une telle manière d’agir est certainement une prostitution du degré le plus bas et le plus vil. Tout homme qui réfléchit doit comprendre combien le terme chrétien est déplacé lorsqu’on l’applique même au meilleur des gouvernements actuels. Le fait d’avoir voulu
(P175) appliquer le nom de chrétien aux caractères des « royaumes de ce monde », dirigés par le « prince de ce monde », par Satan, et imprégnés de « l’esprit du monde », a rendu perplexes tous les vrais cœurs chrétiens, par l’erreur de supposer que les gouvernements actuels du monde sont à un titre quelconque le Royaume de Christ.
Voici ce que nous lisons dans la Contemporary Review, sous la signature du chanoine Farrar :
«-La rapacité de la traite des esclaves d’autrefois a été suivie par la rapacité plus avide et plus ruineuse du vendeur d’alcool. Nos pères avaient délivré l’Afrique du joug du fouet ; nous, nous avons soumis les races nègres à un joug de scorpions. Nous avons ouvert —au commerce les fleuves de l’Afrique uniquement pour y déverser des torrents d’alcool dévastateur et aucun des fleuves de l’enfer n’est davantage teinté de sang ou maudit. La conscience de la nation est-elle morte ? »
Non ! répondons-nous. La nation ne fut jamais chrétienne et, par conséquent n’eut jamais une conscience chrétienne ou un esprit chrétien. Le plus que l’on peut dire, c’est que la lumière des véritables enfants consacrés de Dieu a éclairé, affiné le sentiment public des nations dans lesquelles ils « brillent comme des flambeaux » et cela a conduit à une certaine mesure de réforme morale.
D’une manière analogue, on a vu les mêmes gouvernements chrétiens (?) imposer à la Chine et au Japon un hideux trafic analogue, malgré les protestations de ces derniers. En 1840, la Grande-Bretagne entreprit une guerre appelée « Guerre de l’Opium », avec la Chine pour obliger le gouvernement chinois qui souhaitait protéger son peuple de ce terrible fléau, à recevoir cet article. Le résultat de la guerre fut favorable au parti de Satan dans cette affaire. Les navires de guerre britanniques détruisirent des milliers de vies et de maisons, et obligèrent les hommes d’Etat de la Chine païenne à ouvrir leur empire à la mort lente de l’opium — le poison toxique de la Chine. Le revenu net de cette drogue pour le gouvernement britannique, déduction faite des gros frais de recouvrement, totalisait, d’après les rapports officiels publiés en 1872
(P176) plus de 37.000.000 de dollars pour l’année précédente. Ces 37.000.000 de dollars annuels étaient la cause inspiratrice de cette guerre, le contraire même de l’amour du bien-être présent ou futur des Chinois. La clause du traité prévoyant la protection des missions chrétiennes, n’était qu’un morceau habilement jeté pour apaiser les consciences des gens amis de la justice — pour faire paraître un grand crime comme une grâce obligeamment accordée. Le traité signé à la fin de la guerre ouvrit librement certains ports au commerce britannique ; des traités semblables avec d’autres nations suivirent, et certains effets bénéfiques en découlèrent. L’un de ceux-ci fut l’ouverture de la Chine aux influences de la civilisation. Mais si quelques véritables chrétiens vinrent enseigner aux Chinois certains principes de justice, il ne faut pas imputer ce fait au crédit de la nation britannique qui n’avait qu’un objectif, le commerce, et qui, par amour de l’or, et non pour le bien des Chinois ou pour la gloire de Dieu, avait entrepris une guerre injuste et impie contre un peuple moins habile dans l’art diabolique.
En même temps que d’autres vices, la « chrétienté » a enseigné aux païens les pires formes de l’idolâtrie de soi-même, l’idolâtrie de la richesse et de la puissance pour lesquelles des hommes et des nations se prétendant chrétiens n’hésitent pas à se dépouiller les uns les autres, à se nuire, et même à s’entre-tuer. La chrétienté a aussi, dans toutes les langues, appris aux païens le blasphème et le sacrilège, car chaque équipage de navire de toutes les nations dites chrétiennes, blasphème le nom de Christ. Cependant, si telle a été l’influence des prétendues nations chrétiennes, de leur sein sont sortis de nobles missionnaires de la croix, certains de vrais serviteurs de Dieu, et aussi d’autres moins nobles, en petit nombre, il est vrai, serviteurs des hommes pour annoncer Christ aux païens et leur montrer la véritable civilisation.
Ce ne sont pas les véritables missionnaires mais plutôt les chefs optimistes des sociétés missionnaires résidant en Europe qui n’ont souvent qu’une faible idée de la véritable situation en pays étrangers, qui ne s’en intéressent souvent que bien peu et dont les opinions sont basées surtout sur le chiffre des grandes
(P177) sommes collectées et dépensées annuellement. Ils pensent que le monde païen est près d’être converti et que leurs efforts vont finir par amener les bénédictions millénaires promises, sans la seconde venue du Seigneur. Les missionnaires qui sont allés dans le champ même montrent souvent un grand découragement, sauf ceux qui conservent opiniâtrement une espérance hors de toute proportion avec les résultats acquis et avec le sobre sens. Ainsi, un de ces derniers — le Rév. J. C. R. Ewing, D.D. qui avait travaillé neuf ans comme missionnaire aux Indes, reconnut au cours d’un discours à l’Association chrétienne de Jeunes Gens de Pittsburg (Pie.) qu’actuellement la civilisation et le travail missionnaire non seulement abattaient les religions païennes mais détruisaient aussi toute foi religieuse, transformant les païens en, incrédules. Mais ce missionnaire espérait fortement que la prochaine étape amènerait les incrédules au christianisme. Cette espérance est certainement déraisonnable, comme nous le voyons par la longue expérience acquise ici dans les pays civilisés. Voici un extrait de son discours tiré de la presse :
« L’Inde doit plus aux influences directes et indirectes du christianisme qu’à toute autre chose. Ce dernier a fait beaucoup pour détrôner la vieille idée de dieux matériels, et pour édifier à la place l’idée d’un seul Dieu suprême, telle que l’ont les peuples de l’Occident [Europe et Amérique]. [Cet exposé serait plus exact en déclarant qu’ils reçoivent l’idée, commune à l’athéisme, que la Nature est le seul Dieu suprême].
« Parmi les 263.000.000 de gens de ce pays, il y a 10.000.000 de jeunes gens qui parlent la langue anglaise et sont instruits dans les idées qui nous sont enseignées en Occident. Ceux de la caste la plus élevée sont tout à fait experts dans la littérature, la religion et les sciences qui sont la base de la culture des gens de ce pays. La vieille idée d’un Dieu vengeur qu’il faut apaiser par de nombreux dons et beaucoup de prières, a fait place à l’esprit moderne d’incrédulité. Les hommes instruits de l’Orient ne croient plus dans les dieux de leurs pères. Ils les ont abandonnés pour toujours, et les ont remplacés par les enseignements du colonel Robert G. Ingersoll,
(P178) de Paine, de Voltaire, de Bradlaugh et de tous autres instructeurs athées et panthéïstes. Cet âge sceptique disparaîtra bientôt, et de même que l’Occident a donné à l’Inde ses idées, il lui donnera sa religion du Dieu chrétien.
« Les jeunes gens de l’Inde sont bien instruits, observateurs sagaces, intelligents, bien informés dans toutes les affaires des autres, nations, et, aussi étrange que cela puisse paraître, bien au courant de notre Bible. En vérité, ils la connaissent si bien que seul un homme parfaitement versé dans ses enseignements et avec la théologie chrétienne peut espérer répondre avec succès à toutes les objections qu’ils lui opposent. L’idée populaire qu’un missionnaire est assis à l’ombre d’un arbre et enseigne des sauvages nus, rassemblés autour de lui est passée de mode. Dans l’Inde le missionnaire rencontre des gens intelligents et instruits, et il doit être bien compétent pour les influencer. Outre leur intelligence, ils sont beaux, aimables, courtois, distingués, et traitent tous les étrangers avec la plus grande considération et le plus grand respect. »
Les faits constants que ce monsieur cite n’autorisent certainement pas ses espérances déraisonnables. Il est certain que l’expérience a prouvé que les arguments embrouillés des sectes dont les erreurs défigurent et vicient toute vérité qu’elles possèdent ont rarement converti les sceptiques honnêtes ou railleurs. Il n’y a que des aveugles qui ne peuvent voir sûrement que si le milliard de païens de la terre était converti à la condition des quatre cent millions (De ces 400 millions, les catholiques romains et grecs en revendiquent 280, tandis que les protestants en revendiquent pour eux 120.) d’âmes de la prétendue chrétienté, la question resterait ouverte comme elle l’était à la fin de l’âge judaïque (Matth. 23 : 15), à savoir s’ils ne seraient pas deux fois plus propres à la destruction qu’ils ne l’étaient dans leurs superstitions païennes primitives. Aucune personne saine d’esprit ne pourrait sûrement prétendre que la conversion du monde à la condition de la chrétienté répondrait à la description faite de la paix et de la bonne volonté prédites
(P179) par les prophètes pour le Millénium et brièvement résumées dans la prière « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Luc 11 : 2.
Il ne faut donc pas être surpris que le Seigneur ait désavoué cette masse de quatre cent millions d’individus, qui prétendent constituer l’Eglise de Christ, qui disent être son Royaume ou la « chrétienté », laquelle est appelée par le Seigneur du nom plus, approprié de Babylone (mélange, confusion). Il n’est pas étonnant non plus qu’avec leurs conceptions du Royaume de Christ, sur le mode de son établissement et sur les effets qu’il aura sur le monde, ce dernier ne soit pas préparé pour le véritable Royaume, soit mal disposé, peu désireux de recevoir le nouveau Roi ; c’est pour des raisons analogues que les dirigeants de la maison-type ne furent pas préparés à la première venue. On ne peut non plus douter que ces empereurs, ces rois et ces princes qui actuellement emploient leur influence et leur pouvoir pour leur gloire personnelle et qui équipent et maintiennent des millions d’hommes armés pour se protéger et se permettre de continuer leurs extravagances impérialistes et conserver leurs positions seigneuriales préféreraient vair massacrer des millions d’individus, voir d’autres millions de femmes et d’enfants devenir respectivement veuves et orphelins plutôt que de renoncer à leurs avantages et à leurs privilèges actuels, Il n’est donc pas étonnant que tout ce monde-là ne désire pas, n’attend pas le Royaume, tel qu’il ,est promis dans les Écritures ; ils n’y croient pas ; comment peuvent-ils admettre un Royaume dans lequel les grands, les orgueilleux, les puissants seront abaissés et les humbles élevés jusqu’au niveau général convenable assigné aux humains dans ce Royaume ? Il n’y a rien d’étonnant que ceux qui ont une sympathie quelconque pour l’oppression sous toutes ses formes, politique, capitaliste, patronale ou socialiste soient lents à croire à un Royaume de justice, dans lequel toute injustice et tout abus seront interdits, car ces gens espèrent conserver et obtenir encore d’injustes avantages et privilèges sur leurs semblables. Pouvons-nous donc être étonnés si tous ceux-là sont lents à croire au Royaume qui est proche, à nos portes ?
Est-il surprenant que les grands, les principaux prêtres et les conducteurs de la « chrétienté », qui tous dans leur secte ou quartier respectif cherchent à satisfaire leur intérêt (Ésaïe 56 : 11), ne reconnaissent pas
(P180) le présent Roi spirituel et le rejettent comme le firent les instructeurs de la maison d’Israël selon la chair. Le Seigneur rejeta alors Israël selon la chair, lui enleva sa faveur, jeta dans un feu de détresse la plupart des « branches naturelles de l’olivier, ne conservant comme branches que les seuls véritables Israélites. Ne voyons-nous pas dans la moisson de l’âge actuel, la même sagesse mettre à l’épreuve « les branches sauvages » (Rom. 11 : 21, 22), et retrancher de sa faveur et de la graisse de la racine [la promesse abrahamique] la grande masse de branches nominales dont le caractère, les aspirations et les dispositions sont étrangers à Dieu, sauvages même, n’ayant rien de commun avec la promesse et le Plan de Dieu représentés par la racine ?
Il n’est pas étrange que, dans la moisson actuelle, se produise la séparation entre les véritables et les prétendus chrétiens, comme cela eut lieu dans la moisson judaïque lorsque les vrais Israélites furent séparés des Israélites de nom seulement. C’est bien cela et cela seulement que nous pouvions raisonnablement voir s’accomplir, même s’il n’y avait eu aucune révélation de Dieu pour nous dans Sa Parole exposant le fait du rejet de la masse comme Babylone. — Comparer Rom. 11 : 20-22 et Apoc. 3 : 16 ; 18 : 4.
Le rejet de Babylone (la « chrétienté »), en 1878, fut le rejet de la niasse des prétendus chrétiens — de « l’armée », selon l’expression de Daniel, qui les différencie ainsi d’avec le sanctuaire ou classe du temple. La classe du sanctuaire ne sera pas abandonnée, ni laissée déserte. Non, grâces soient rendues à Dieu, le sanctuaire sera glorifié ; la gloire de l’Éternel est de remplir son temple, lorsque sa dernière pierre vivante aura été polie, acceptée et mise en place (1 Pi. 2 : 5, 6). Nous avons vu comment une telle classe du sanctuaire a existé pendant tout l’âge, comment elle fut souillée, ses vases précieux (doctrines) profanés, et comment elle fut purifiée graduellement de l’erreur. C’est cette classe qui avait toujours été la véritable Eglise même lorsque, dans une certaine mesure, les systèmes nominaux étaient encore reconnus et utilisés quelque peu. Après le rejet des systèmes nominaux, cependant,
(P181) maintenant comme dans la moisson judaïque, la véritable Eglise ou classe du sanctuaire est seule reconnue et utilisée par Dieu pour être son porte-parole. Caïphe, un souverain sacrificateur d’Israël selon la chair, fut employé par Dieu pour enseigner aux Juifs une grande leçon qui était aussi une prophétie, quelques jours seulement avant le rejet de ce système (voir Jean 11 : 50, 51, 55 ; 18 : 14). Par contre les Écritures ne disent nullement qu’après son rejet, Dieu se servit encore de cette nation-église, de ses dirigeants et représentants, ni qu’Il les reconnut. IL en est de même à l’égard de Babylone. Elle a été « vomie de la bouche » du Seigneur, et ni la voix de l’Époux, ni celle de l’épouse ne seront plus jamais entendues chez elle. — Apoc. 18 : 23.
C’est en vain que certaines personnes essaient de plaider la bonne cause de leur quartier (ou secte) de Babylone, et tout en admettant l’exactitude de la description de Babylone dans ses grandes lignes, elles prétendent que leur secte ou leur assemblée particulière, fait exception au caractère général de Babylone ; et que, par suite, il n’est pas possible que l’Éternel puisse les inviter à en sortir formellement et publiquement, comme elles y étaient entrées autrefois.
Que ceux-là considèrent que nous sommes aujourd’hui au temps de la moisson, ou de la séparation, et se souviennent que notre Seigneur nous dit expressément de sortir de Babylone « afin que vous ne participiez point à ses péchés ». Considérez, encore, pourquoi Babylone est ainsi nommée : évidemment, à cause’ de ses nombreuses erreurs de doctrine lesquelles, mélangées à quelques éléments de vérité divine ont amené une grande confusion, et à cause du mélange des adeptes attirés par ce mélange de vérités et d’erreurs. Du fait qu’ils retiennent les erreurs au prix du Sacrifice de la vérité, cette dernière est rendue vaine et sans signification. Ce péché, consistant à garder et à enseigner l’erreur en sacrifiant la vérité, est commun à toutes les sectes de l’Eglise nominale ; elles en sont toutes coupables sans exception. Où est la secte qui vous aidera à sonder diligemment les Écritures pour croître par elles en grâce et en
(P182) connaissance de la vérité ? Où est la secte qui ne gênera pas votre croissance, et par ses doctrines et par ses pratiques ? Où est la secte dans laquelle vous pouvez obéir aux paroles du Maître, et laisser briller votre lumière ? Nous n’en connaissons point.
Si certains enfants de Dieu qui sont dans ces systèmes religieux ne s’aperçoivent pas des liens qui les emprisonnent, c’est parce qu’ils n’essaient pas de faire usage de leur liberté, parce qu’ils sont endormis à leur poste du devoir, au lieu d’être des intendants actifs et des sentinelles fidèles (I Thess. 5: 5, 6). Qu’ils s’éveillent et essayent de se servir de la liberté qu’ils croient posséder ; qu’ils montrent aux autres membres de leur secte les points de leurs doctrines contraires au divin plan ; qu’ils leur montrent comment Jésus-Christ, par la grâce de Dieu, goûta la mort pour tous, comment ce fait et les bénédictions qui en découlent seront donnés en témoignage à tout homme « au temps marqué », comment, aux « temps de rafraîchissement », les bénédictions du rétablissement seront déversées sur toute la race humaine ; qu’ils montrent également le haut-appel de l’Eglise de l’Évangile, les conditions rigides imposées pour faire partie de ce corps, qu’ils montrent la mission spéciale de l’Age de l’Evangile qui devait permettre à Dieu de se choisir un peuple particulier « qui portât son nom » afin qu’au temps marqué il soit glorifié et règne avec Christ. Ceux qui essaieront ainsi de se servir de leur liberté pour prêcher cette bonne nouvelle de l’Évangile dans les synagogues de notre époque, ou bien convertiront des assemblées entières, ou bien soulèveront une tempête d’opposition. Ils vous chasseront sûrement de leurs synagogues, vous élimineront de leur société et diront faussement de vous toute sorte de mal à cause de Christ. Ce faisant, beaucoup d’entre eux croiront rendre service à Dieu. Mais si vous êtes fidèles, vous serez réconfortés au-delà de toute expression par les précieuses promesses d’Esaïe 66 : 5 et Luc 6 : 22: « Ecoutez la Parole de l’Éternel, vous qui tremblez à sa Parole : vos frères qui vous haïssaient, qui vous rejetaient à cause de mon nom, disaient : Que l’Éternel soit glorifié [par nos actes en son honneur] ! Mais il
(P183) apparaîtra à votre joie et eux seront confus ». « Heureux serez-vous quand les hommes vous haïront et quand ils vous chasseront et qu’ils vous insulteront, rejetteront votre nom comme mauvais, à cause du Fils de l’homme ! Réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillez de joie, car voici votre récompense est grande dans le ciel ; car leurs pères ont fait de même aux prophètes ». Mais, « malheur à vous, lorsque tous les hommes diront du bien de vous, car leurs pères en ont fait de même aux faux prophètes ! »
Si ceux qui se réunissent avec vous pour le culte sont des saints, si tous sont du froment, s’il n’y a point d’ivraie parmi eux, vous avez là une assemblée remarquable, qui acceptera avec joie les vérités de la moisson. Si tel n’est pas le cas, vous devez, vous attendre à ce que la vérité présente sépare l’ivraie d’avec le froment, et de plus, vous, avez le devoir de présenter ces vérités mêmes qui accompliront la séparation.
Si vous voulez devenir un des saints qui vaincront, vous devez être maintenant un des « moissonneurs qui lancent la faucille de la vérité. Si vous êtes fidèles au Seigneur, si vous êtes dignes de posséder la vérité, dignes d’avoir part à l’héritage avec lui dans la gloire, vous serez heureux de- travailler ‘avec le Chef moissonneur dans la moisson présente — même si, par nature, vous êtes enclins à vous laisser vivre à votre aise dans le monde.
Si, dans l’assemblée dont vous faites partie, il y a de l’ivraie, comme c’est toujours le cas, la situation dépendra de la majorité. Si le froment est plus nombreux, la vérité présentée avec amour et sagesse plaira à tous ceux qui en font partie et l’ivraie finira assez rapidement par s’en aller. Mais si la majorité de l’assemblée est formée par l’ivraie — comme le sont généralement les- neuf dixièmes ou même davantage la présentation la plus soignée et la plus bienveillante de la vérité de la moisson soulèvera néanmoins de l’amertume et une forte opposition. Si vous persistez à annoncer la bonne nouvelle, à dévoiler les erreurs depuis longtemps établies, vous serez bientôt « rejetés », mis à la porte pour le bien de la cause sectaire,
(P184) ou bien vos libertés seront si entravées, que vous ne pourrez pas faire luire votre lumière dans cette assemblée. Dans ce cas, votre devoir est clair et net : Donnez pleinement votre témoignage d’amour, montrant la bonté et la sagesse du Seigneur manifestées dans son grand plan des âges, puis retirez-vous d’eux publiquement en exposant vos motifs avec sabre bon sens et avec humilité.
Les diverses sectes de Babylone (de la chrétienté) sont asservies à des degrés divers. Certains de ceux qui repousseraient avec indignation l’esclavage absolu de la conscience et de la raison individuelles dans l’Eglise romaine, sont tout à fait disposés à se laisser enchaîner par les confessions de foi et les dogmes de l’une ou l’autre des sectes protestantes et désireuses d’amener d’autres personnes dans ces mêmes liens. Il est vrai que leurs chaînes sont moins lourdes et moins longues que celles de Rome et des âges des ténèbres c’est déjà un progrès — une réformation en Vérité — un pas de plus vers la pleine liberté, vers la condition de l’Eglise du temps des apôtres. Mais pourquoi porter encore des chaînes ? Pourquoi lier et limiter nos consciences ? Pourquoi ne pas demeurer fermes dans la pleine liberté par laquelle Christ nous affranchit ? Pourquoi ne pas rejeter tous les efforts d’humains faillibles, qui veulent enchaîner notre conscience et empêcher toute recherche ? — non seulement les efforts d’un passé lointain, des âges des ténèbres, niais les efforts des divers réformateurs •d’un passé plus récent ? Pourquoi ne pas vouloir en revenir à ce qu’était l’Eglise des apôtres ? — libre de croître . en connaissance, aussi bien qu’en grâce et en amour lorsque « le temps marqué » du Seigneur révèle de plus en plus pleinement son plan gracieux ?
Chacun sait certainement qu’en s’unissant à une de ces organisations humaines, en acceptant sa Confession de Foi il s’engage ‘à croire ce qui est exprimé dans cette confession, rien de plus, rien de moins. Si malgré l’esclavage ainsi accepté volontairement, il voulait penser pour soi-même et recevoir là lumière d’autres sources, et plus développée que la lumière dont jouit la secte à laquelle il s’est joint, ou bien il doit se prouver malhonnête à l’égard de celle-ci et envers son alliance avec elle de ne rien croire de contraire à sa Confession, ou bien
(P185) il doit en toute honnêteté abandonner et rejeter la Confession qu’il a dépassée et sortir d’une telle secte. Pour faire cela, la grâce est nécessaire et les efforts sont coûteux, entraînant souvent la rupture de relations agréables, et le chercheur honnête de la vérité se voit, sottement accusé d’être un « traître » à sa secte, un « renégat », un « mal affermi », etc. Lorsque quelqu’un se joint à une secte, son esprit est censé s’abandonner entièrement à elle et il ne lui appartient plus. La secte se charge de décider pour lui ce qui est vérité et ce qui est erreur et s’il veut être un membre fidèle, sincère et zélé, il doit accepter les décisions de sa secte, dans le futur comme dans le passé, sur toute question religieuse ; il doit ignorer ses opinions personnelles, éviter de faire des recherches personnelles, car il ne doit pas croître en connaissance, de peur que sa secte ne perde un membre de plus. Cet esclavage de la conscience, à une secte, à une confession est souvent admirablement dépeint lorsque quelqu’un déclare qu’il « appartient » à telle secte.
Loin d’être considérés comme des fers et des entraves, ce qu’ils sont en réalité, ces liens sont estimés et portés comme des marques de respect et des signes de caractère. La tromperie a été si forte que beaucoup d’enfants de Dieu seraient honteux d’être connus comme dépourvus de quelques-unes de ces chaînes légères ou pesantes, longues ou courtes en ce qui concerne la liberté personnelle accordée. Ils ont honte d’avouer qu’ils ne sont esclaves dans aucune secte ou confession, mais qu’ils « appartiennent » à Christ seulement.
C’est pourquoi nous voyons parfois un enfant de Dieu honnête et chercheur de vérité qui progresse graduellement, passant d’une secte à l’autre, comme un enfant passe de classe en classe dans une école. S’il est dans l’Eglise romaine, lorsque ses yeux commencent à s’ouvrir il en sort, pour tomber probablement dans quelque branche des systèmes méthodiste ou presbytérien. Si sa soif de la vérité n’est pas complètement apaisée, si ses sens spirituels ne sont pas engourdis par l’esprit du monde, vous pouvez le trouver quelques années plus tard dans quelqu’une des branches baptistes ;
(P186) et s’il continue encore à croître en grâce et en connaissance, et aime la vérité, s’il apprend à apprécier la liberté par laquelle Christ nous a affranchis, il se peut que vous le trouviez bientôt en dehors de toute organisation humaine, associé simplement au Seigneur et à ses saints, lié seulement par les liens tendres mais solides de l’amour et de la vérité, comme l’Eglise primitive. — 1 Cor. 6 : 15, 17 ; Eph. 4 : 15, 16.
Le sentiment de malaise et d’insécurité, s’il n’est pas lié par les chaînes d’une secte quelconque, est général. Il provient, à l’origine, de la fausse idée romaine, promulguée par la papauté, qu’il est nécessaire, vital même, d’être membre d’une organisation terrestre si l’on veut plaire au Seigneur et obtenir la vie éternelle. Ces diverses organisations terrestres et humaines, si différentes des simples associations sans entraves, du temps des apôtres, sont considérées involontairement et presque inconsciemment par les chrétiens comme autant de compagnies d’assurance pour le ciel ; l’on croit qu’il faut régulièrement payer, consacrer à l’une de ces compagnies, quelque argent, un peu de temps et de respect, etc., pour obtenir le repos du ciel et la paix après la mort. Avec des idées aussi fausses et aussi ancrées dans le cœur, la plupart des gens qui sortent d’une secte n’ont rien de plus pressé que de s’enchaîner à une autre secte, comme si, à l’expiration d’une police d’assurance, il fallait se dépêcher de la renouveler auprès d’une autre compagnie respectable.
Il n’appartient cependant à aucune organisation terrestre de garantir un passeport pour la gloire céleste. Même le sectaire le plus bigot (en dehors du catholique romain) ne prétend pas que le fait d’appartenir à sa secte procurera la gloire céleste. Tous sont forcés d’admettre que la véritable Eglise est celle dont les membres ont leur nom inscrit dans les cieux et non sur la terre. Les systèmes religieux trompent le monde en prétendant qu’il est nécessaire de venir à Christ par eux, qu’il est nécessaire de devenir membre de quelque corps ou organisation sectaire pour devenir membre du « corps de Christ », la véritable Eglise. Au contraire, si le Seigneur n’a jamais refusé d’accepter aucun disciple qui vint à Lui en passant par une secte, il n’a jamais renvoyé à vide .un véritable chercheur de la vérité,
(P187) et il nous dit que nous n’avons pas besoin de telles entraves, que nous aurions pu venir à Lui directement et beaucoup plus aisément. Il dit : « Venez à moi ». « Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi » ; « mon joug est doux et mon fardeau léger, et vous trouverez du repos pour vos âmes ». Nous aurions dû avoir écouté ses avertissements plus tôt, nous aurions évité les lourds fardeaux de ces sectes, leurs impasses du désespoir, leurs châteaux du doute, leurs foires de vanité, leurs lions de l’esprit du monde, etc.
Beaucoup de personnes, ayant toujours vécu dans les différentes sectes, sans s’informer sur ces systèmes, ne sont cependant pas entièrement asservies, elles sont restées libres de cœur et, inconsciemment, elles ont franchi les limites et les liens des confessions auxquelles elles déclarent appartenir et qu’elles appuient de leurs moyens et de leur influence. Un petit nombre de ces personnes ont reconnu les avantages de la pleine liberté ou les entraves de l’asservissement sectaire. La pleine séparation n’avait jamais été ordonnée aux fidèles avant le temps de la moisson actuelle. Maintenant on entend retentir les paroles du Seigneur : « Sortez du milieu d’eux, purifiez-vous (de toute fausse doctrine, de toute œuvre mauvaise) vous qui portez les vases (les vérités, doctrines) de l’Éternel. — Es. 52 : 11.
Déjà la cognée est mise à la racine du système chrétien nominal — Babylone, la « chrétienté » — comme elle le fut pour le système judaïque nominal au premier avènement. Ce grand système, que les «oiseaux du ciel » habitent et souillent profondément, est devenu en fait le repaire de tout oiseau impur et odieux (Luc 13 : 18, 19 ; Apoc. 18 : 2) ; il va être abattu et ne trompera plus le monde. A sa place, il y aura le véritable olivier, dont les racines sont les promesses de Dieu, dont les branches sont les vrais et fidèles consacrés de l’Age de l’Evangile dont les noms sont « écrits dans les cieux » ; chacun verra qu’ils sont les seuls véritables cohéritiers et la femme de l’Agneau. — Apoc. 17 : 14.
(P188)
L’ÉPREUVE ET LE CRIBLAGE DE LA CLASSE DU SANCTUAIRE
Sortir de Babylone est un pas et un long, vers la victoire complète, mais ce n’est en aucun sens le dernier et gardons-nous de nous reposer sur nos lauriers après chaque pas en avant dans cette voie.
« Au gain tu ne dois croire,
Au repos te livrer,
Tant que ton front, de la victoire,
N’ait porté le laurier.
« Toute une foule de témoins
Vigilamment te garde :
Le chemin fait importe moins,
Mais, devant toi, regarde ! »
La sortie de Babylone a été généralement précédée par d’autres étapes d’obéissance, qui avaient à leur tour exercé et fortifié le caractère en vue des batailles et des victoires subséquentes. D’autres possibilités, d’autres épreuves suivent encore pour• que nous ayons la possibilité d’en triompher. Paul dit à cet égard : « Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant ; tenez-vous donc fermes et ne soyez pas de nouveau retenus sous un joug de servitude » (Gal. 5 : 1). Toute personne qui comprend ce qu’est la liberté des enfants de Dieu et l’affranchissement complet des liens de Babylone, doit s’attendre à ce que le grand adversaire essaie de le mettre dans d’autres chaînes ou de le faire trébucher. Le Seigneur permet ces dures épreuves afin que la classe qu’Il choisit maintenant puisse être manifestée et préparée pour son service dans le Royaume de gloire.
Dans la moisson judaïque, il y a un bel exemple de cette épreuve et de ce criblage préfigurant ce que nous pouvons attendre au temps actuel. Au premier avènement, notre Seigneur et ses disciples représentaient le temple ou le sanctuaire duquel il dit : « Vous n’êtes pas tous purs ». Lorsque Israël nominal eût été rejeté, en l’an 33, alors une dure épreuve vint frapper ceux qui représentaient le temple de Dieu, afin de séparer les purs d’avec les impurs.
(P189) Pierre fut criblé et fut sur le point de succomber (Luc 22 : 31 ; Matth. 26 : 74, 75 ; Jean 21 : 15-17), mais comme il était, « pur », honnête de cœur, il put finalement triompher. Judas également fut éprouvé, montra qu’il était impur, disposé à vendre la vérité pour un avantage terrestre, qu’il était prêt à renier son. Maître pour de l’argent, alors même qu’il l’embrassait pour faire croire qu’il l’aimait.
Il y a précisément ici dans cette moisson, un sanctuaire purifié auquel sont étroitement associés quelques éléments impurs. Depuis le rejet de Babylone en 1878 et l’appel qui fut adressé aux fidèles encore en elle- pour en sortir, une œuvre d’épreuve et de criblage s’est poursuivie parmi ceux qui sont sortis d’elle. Sans aucun doute, Pierre et Judas étaient des types des classes correspondantes dans la moisson actuelle, parmi ceux qui sont sortis de Babylone et ont été purifiés de beaucoup de ses souillures doctrinales — une classe de ceux qui restent fidèles au Seigneur et à la vérité, et une autre classe dont les membres se prouvent infidèles et ne cherchent plus à connaître le Seigneur, mais s’engagent dans de mauvaises et fausses doctrines, souvent pires que celles d’où ils sont sortis autrefois.
Cette épreuve et ce criblage de ceux qui forment le temple dans la moisson actuelle, depuis 1878, furent préfigurés par l’œuvre-type de purification accomplie par notre Seigneur dans le temple-type d’Israël, après être entré comme Roi à Jérusalem et après avoir annoncé le jugement contre l’Eglise juive nominale. Après avoir déclaré à Israël que sa maison lui serait laissée déserte, Jésus se rendit au temple, qui était un type du temple véritable ou sanctuaire, il prit un fouet de cordes, chassa les changeurs d’argent et renversa les tables de ceux qui vendaient des colombes.
Le fouet de cordes employé dans cet acte-type représentait les diverses vérités qui, dans la moisson actuelle, corrigent, éprouvent ceux qui forment la classe du temple afin de séparer les éléments impurs. Les vérités, qui maintenant se manifestent, révèlent avec clarté la parfaite volonté de Dieu, l’importance d’une pleine consécration à son service ainsi que les difficultés du chemin qu’il faut
(P190) parcourir pour suivre les traces du Maître ; ceux qui se sont associés aux véritables consacrés avec des mobiles impurs sont continuellement flagellés par la vérité, jusqu’à ce qu’ils soient forcés de se séparer de la classe du sanctuaire.
Bien que plusieurs des paraboles de notre Seigneur montrent la séparation générale de la classe du « sanctuaire » de « l’armée » ou la grande masse de la prétendue chrétienté, il y en a deux qui vont plus loin et montrent une nouvelle séparation, l’épreuve et le criblage ultérieurs de ceux qui forment le sanctuaire, la séparation des vainqueurs qui hériteront le Royaume (Apoc. 3 : 21), d’avec d’autres des consacrés honnêtes qui, vaincus par l’esprit du monde, ont négligé de sacrifier les présents avantages et honneurs des hommes en faveur des honneurs plus élevés de. Dieu.
La parabole des Dix Vierges montre, il est vrai, la classe consacrée tout entière ou des vierges, séparée d’avec Babylone, mais elle montre surtout une épreuve et une séparation qui doivent intervenir aussi dans cette classe : des vierges sages, remplies de foi, d’un amour ardent et de l’esprit de prompte obéissance d’avec les vierges folles qui laissent refroidir leur premier amour, leur esprit de zèle ardent et, par suite, Se réduire leur foi et leur promptitude à obéir. Les sages vivant en pleine harmonie avec leur alliance d’entière consécration à Dieu, et veillant avec vigilance en ce qui concerne le retour promis du Seigneur, sont prêtes à apprécier le joyeux message de la moisson, à reconnaître les indications prophétiques de la présence du Maître, et à supporter toutes le; épreuves que le Seigneur juge bon de leur imposer pour prouver le degré de leur loyauté et de leur fidélité. Ces vierges sages qui veillent, entendent le Maître frapper à la porte à travers les paroles des prophètes annonçant sa présence ; elles acceptent avec foie les pertes et les croix actuelles et les supportent humblement à cause de la vérité, les considérant comme des indices précurseurs d’une paix, d’une joie, de la gloire et de la bénédiction à venir plus durables.
Lorsque lé frappement de la prophétie fut entendu annonçant la
(P191) présence du Seigneur en automne 1874, il commença presque immédiatement à être reconnu et rapidement le cri fut poussé : « Voici l’Époux ! allez à sa rencontre ». Ce cri retentit toujours et retentira jusqu’à ce que toute la classe des vierges consacrées aient entendu et jusqu’à ce que leur foi et leur loyauté aient été éprouvées par lui. Les sages, avec leur lampe (la Parole de Dieu) préparée et allumée, et de l’huile (le saint esprit) dans leur vase (leur cœur), reconnaîtront toutes la présence de notre Seigneur. Disposant leurs affaires et leur conduite en accord avec leur foi, elles iront à la rencontre de l’Époux bien-aimé et elles prendront place avec lui au festin des noces.
La coutume du mariage chez les Juifs constituait une belle illustration des fiançailles et du mariage de l’Eglise avec Christ, son Seigneur. Les fiançailles étaient un contrat formel réciproque avec de solennels sarments de fidélité de part et d’autre. La femme demeurait chez son père jusqu’au moment où elle était conduite à la demeure de son époux, soit environ une année après les fiançailles ou mariage. La consommation de l’union consistait dans la, réception de la femme par l’époux dans la demeure préparée pour elle par ce dernier ; on la célébrait par une grande fête qui durait plusieurs jours qu’on appelait la Fête Nuptiale. A une heure déterminée, l’époux allait chercher son épouse, qui l’attendait, prête à le recevoir, à le suivre dans leur future demeure et à participer à la fête qu’il avait préparée, suivie de ses compagnes qui étaient d’autres vierges portant des lampes et tous les apprêts nécessaires.
Dans la parabole, il n’est pas parlé de l’épouse, mais il est dit que l’Époux vient pour les « vierges sages » et que celles-ci l’accompagnent et entrent avec Lui dans la salle des réjouissances préparées. Combien cette figure est appropriée et nécessaire ; en effet, l’épouse de Christ est composée de nombreux membres ou personnes fort bien représentées par les vierges sages. Les vierges folles qui recevront la lumière et
(P192) l’expérience plus tard, mais ne pourront obtenir l’élévation glorieuse des « sages », la classe de l’épouse fidèle, formeront la classe mentionnée dans le Ps. 45 : 14, 15 (D.), comme les vierges ses compagnes qui la suivent et qui, au temps marqué, seront favorisées, mais moins hautement par le Roi.
L’attitude des vierges sages prêtes, veillant et attendant la venue de l’Époux, représente à propos la seule attitude convenable de la fiancée du Seigneur, l’Eglise vraiment consacrée. Une épouse qui négligerait ses préparatifs pour l’événement le plus important de sa vie, montrerait qu’elle n’est pas digne de cet honneur ; il en est de même pour l’Eglise : « Quiconque a cette [si grande] espérance en lui se purifie », s’efforce d’être dans une attitude de cœur et de vie agréable à l’Époux, et attend et désire ardemment l’union et la fête bénies promises par celui qui a dit : ( Je vais vous préparer une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi ».
Dans cette parabole, deux choses sont évidentes : tout d’abord que cet aspect spécial de la vérité (la connaissance de la présence de l’Époux) n’est pas destiné au monde en général; ni à l’Eglise nominale en général, mais seulement aux vierges ou classe consacrée ; ensuite, il est évident que ce message de la présence de l’Époux causera la séparation qui éprouvera chaque membre de la classe des vierges et manifestera les sages, les fidèles et les dignes d’avec les vierges folles, infidèles.
Oh ! que de trésors de grâce sont renfermés dans ce glorieux message : « Voici l’Époux ! » Jusqu’ici, c’est un grand secret connu seulement des saints, car le monde ne peut pas le recevoir. C’est une folie pour lui et il en sera ainsi jusqu’au moment où toutes les vierges auront entendu l’appel et où les sages parmi elles seront toutes entrées dans la salle des noces jusqu’à ce que « la porte soit fermée » et que « le feu dévorant » du grand temps de détresse qui s’ensuivra fasse voir (reconnaître) à chacun que le Seigneur est présent et son règne commencé.
Avec quelle grâce royale le message de Jéhovah vient à
(P193) ses humbles serviteurs et servantes : « Ecoute, fille !- et vois et incline ton oreille, et oublie ton peuple et la maison [la parenté, les espérances, les ambitions, les projets humains] de ton père [d’Adam]. Et le Roi [le Seigneur Jésus] désirera ta beauté ; car il est ton Seigneur, adore-le » (Ps. 45 : 10, 11-D.). Quels sont donc ceux qui recevront une telle faveur ? Ce sont « les appelés, et élue, et fidèles ». « La fille du Roi [la fille de Jéhovah car tel est le titre possédé par l’épouse de Christ] est toute gloire à l’intérieur ». Sa beauté est celle de la sainteté. Extérieurement, aux yeux du monde, elle n’est pas glorieuse et comme son Seigneur dans son humiliation, elle est méprisée et rejetée des hommes. Mais il n’en sera pas toujours ainsi, et comme son Seigneur, l’ayant suivi dans l’humiliation, elle aura aussi part à sa gloire. Comme nouvelle créature, elle sera au propre temps revêtue de sa nature divine. « Son vêtement [quand elle sera glorifiée] est de broderies d’or » — l’or étant le symbole de la nature divine. « Elle sera amenée au Roi en vêtements de brocart » — dans la simple robe blanche de la propre collection du Seigneur, la robe de sa justice, sur laquelle elle aura brodé avec beaucoup de soin les magnifiques ornements des grâces chrétiennes. Grande sera la joie dans les cieux et sur la terre lorsque l’entrée dans le palais du Roi lui sera richement accordée (2 Pi. 1 : 5-8, 11). Plusieurs diront: « Réjouissons-nous et tressaillons de joie et donnons-lui gloire ; car les noces de- l’Agneau sont venues et sa femme s’est préparée » (Apoc. 19 : 7). « Et, avec une offrande, la fille de Tyr [les puissants de la terre], les plus riches du peuple rechercheront ta faveur… Je rappellerai ton nom dans toutes les générations : c’est pourquoi les peuples te célébreront à toujours et à perpétuité. — Ps. 45 : 12-17 – D.).
Combien se prouveront véritablement « sages » les consacrés qui,- laissant de côté les attraits du monde, les espérances et les valeurs terrestres, attendant le
(P194) Bien-aimé et le désirant de tout leur cœur, seront prêts et jugés dignes de la grandiose élévation promise comme l’Épouse, la femme de l’Agneau.
« Oh ! puissions-nous, Épouse de l’Agneau
Avoir une part de tes charmes. »
Puisque prendre leur lampe et suivre l’Époux, signifie pour eux tout abandonner pour suivre Christ au temps actuel de sa présence, cela équivaut à quitter Babylone où, jusqu’alors, les vierges étaient principalement demeurées ; car la vérité manifestée à la lumière de la moisson indique clairement cette séparation du froment d’avec l’ivraie. Une préparation soigneuse de la lampe révèle ce fait aux vierges sages qui possèdent le saint esprit de consécration et d’obéissance. Celles qui possèdent cette « huile » auront aussi la lumière et, appréciant leur privilège, suivront joyeusement et promptement « l’Agneau partout où il va ».
Les vierges folles, au contraire, manquant d’huile, n’obtiennent pas une claire lumière au sujet de la présence de l’Époux ; et étant surchargées par les soucis et les plans, etc., de la vie présente, n’approfondissent pas pleinement ce sujet, et, en conséquence, s’arrêtent, hésitent à quitter Babylone, et sont, dans une certaine mesure, indifférentes, ne croyant guère à la présence de l’Époux. Si d’autres les pressent d’accélérer le pas, elles partent avec regret ; telle la femme de Lot, elles sont constamment disposées à regarder en arrière. C’est à celles-là que le Seigneur dit : « Souvenez-vous de la femme de Lot » (Luc 17 : 32). Il leur dit encore : « Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, n’est pas propre au Royaume de Dieu ».
Dans la parabole, rien n’indique que les vierges folles se rendent compte de leur « bêtise », jusqu’au moment où il n’est plus possible d’entrer au festin. Alors elles comprennent toute leur sottise d’avoir pu croire que le Seigneur voulait les reconnaître comme des membres de son épouse, des cohéritiers, alors qu’elles étaient tout au plus .des disciples tièdes et indifférents. Beaucoup de gens, aujourd’hui, « hautement estimés des hommes » et connus pour leurs « miracles », seront au nombre des désappointés.
(P195)
ET LA PORTE FUT FERMÉE
La proclamation de la présence de l’Époux, le départ pour aller à sa rencontre, l’entrée avec lui dans la salle des noces, se poursuivent toujours et se poursuivront jusqu’à ce que toutes les vierges sages soient « marquées du sceau sur leurs fronts » par une connaissance suffisante de la vérité de la moisson pour les séparer de Babylone, et pour les rendre capables d’entrer avec l’Époux au festin préparé. A ce moment-là, lorsque toutes les vierges auront été éprouvées par cette vérité présente, la porte de l’opportunité sera fermée, et personne désormais ne pourra entrer au festin, car dit le Maître, je suis celui « qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul n’ouvrira » (Apoc. 3 : 7). Et lorsque les vierges folles viendront frapper à la porte après sa fermeture, cherchant à entrer, elles diront : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ». Il leur répondra : « Je vous le dis en vérité, je ne vous connais pas. » De ceux qui ont honte du Maître et de sa Parole maintenant et sont en somme indifférents à leur égard, il aura aussi honte d’eux lorsqu’il paraîtra en gloire et en puissance, avec tous ses saints et fidèles messagers, les vierges sages élevées et glorifiées avec lui.
La porte fermée, comme on le voit, ne concerne en rien les gens du monde. C’est la porte du banquet des noces ; elle ne fut jamais ouverte qu’à des consacrés, à la classe des vierges. Aucune autre classe ne fut jamais invitée à y entrer et la porte se ferme lorsque les vérités de la moisson ont criblé et séparé tous les bouillants et les sincères qui ont observé leur contrat d’alliance des froids, des tièdes, de ceux qui sont surchargés de soucis et qui négligent de remplir les obligations de leur contrat. Grâce à Dieu, cette porte n’est pas celle de la miséricorde divine, ni même la porte de toute faveur, mais c’est la porte d’accès à la plus haute et unique faveur du cohéritage avec Christ comme son Épouse. Mais lorsque cette porte se ferme pour ne plus jamais s’ouvrir à leur frappement devant les vierges folles, bien qu’elles restent ainsi au dehors, exposées à la grande tribulation du « mauvais jour », où il y aura des pleurs, des lamentations et des grincements de
(P196) dents, elle les laisse toujours dans les bras de l’amour et de la miséricorde de Dieu et même dans sa faveur et à son soin spécial ; car les grandes tribulations par lesquelles elles passeront sont destinées à purifier et à nettoyer ces vierges alors repentantes et par là, à les rendre propres comme vases d’honneur pour l’usage du Maître, mais pas du principal honneur auquel elles avaient été appelées à l’origine mais duquel elles se montrèrent indignes. Participant à un certain degré à l’esprit de. Babylone, lui accordant une certaine mesure, si petite soit-elle, de leur influence, Dieu les reconnaît comme ayant part à ses péchés et, de ce fait, comme indignes d’échapper aux •plaies qui viennent sur elle. Ces plaies sont nécessaires non seulement pour la destruction de Babylone, mais aussi pour la purification et la séparation du « froment » imparfaitement mûr jusqu’ici restant en elle, les vierges folles, intoxiquées et accablées à un certain degré par le vin de Babylone.
L’entrée avec le Seigneur dans, la salle des noces fut magnifiquement illustrée par le joyeux cortège nuptial qui escortait l’épouse juive jusqu’à la demeure de son époux, au son de la musique, les lampes allumées au milieu des démonstrations de joie. C’est ainsi que l’épouse entrait dans la joie de son Seigneur et au festin qu’il avait préparé pour elle. C’est ainsi que les vierges sages y entrent maintenant. Leur joie commence lorsqu’elles apprennent pour la première fois la présence de l’Époux. Dès lors elles abandonnent avec joie toute autre chose pour jouir de sa compagnie et du festin préparé. Par la foi elles jouissent déjà du festin qui vient où l’Époux présent leur fait savoir ce que sont les très grandes et très précieuses choses qu’Il a, en réserve pour son Épouse élue et leur révèle la grande œuvre consistant à bénir et à rétablir le monde à laquelle l’Épouse aura le privilège de participer. Certainement, alors que nous pénétrons dans la salle de réception et que nous voyons ce que sera le festin des faveurs du Royaume, nous entrons déjà dans les joies de notre Seigneur. Déjà, nous avons un avant-goût des bonnes choses à venir. Déjà, nous nous délectons par la pensée, des riches trésors de sa grâce.
(P197) Par la foi, nous sommas déjà assis à la table du Maître, et lui-même, selon sa promesse (Luc 12 : 37) est venu et nous sert.
Ce festin par la foi dans les vérités précieuses découvertes dans cette moisson, commença en 1875, à la fin des 1335 jours (Dan. 12 : 12), au début de la moisson. Il est la félicité prédite par le prophète disant : « Bienheureux celui qui attend et parvient à mille trois cent trente-cinq jours ! »
L’ÉPREUVE DE LA ROBE DE NOCE
Une autre des paraboles de notre Seigneur (Matth. 22 : 1-14) montre une épreuve plus poussée encore de la classe du sanctuaire, une épreuve et une séparation même parmi ceux qui ont entendu et reconnu le message de la moisson. Les « vierges sages », d’une des paraboles, qui entrent aux noces avec l’Époux et les « invités » de cette parabole sont la même classe de consacrés qui, jusque là, sont restés fidèles et obéissants. En fait, cette classe est représentée sous de nombreuses figures différentes dont chacune a sa propre force particulière d’illustration. Ils sont représentés comme des vierges sages, comme des serviteurs attendant le retour des noces de leur Maître, comme des convives à une noce, et comme une épouse. Ils sont, le Corps de Christ, l’épouse future de Christ, les soldats de Christ sous la direction de leur Chef, des sarments en Christ, le cep, des rameaux d’olivier en Christ, des pierres vivantes du temple dont Christ est la principale pierre angulaire, des élèves dont Christ est le Maître, des brebis dont est le Berger, etc. En examinant ces figures, nous devons nous souvenir que toutes sont des illustrations distinctes entièrement indépendantes les unes des autres, et nous devons chercher à découvrir dans chacune l’enseignement qui y est contenu. Si nous essayons- de mélanger ces figures, de nous demander comment une pierre dans le temple peut être un sarment de cep, comment des brebis peuvent être des soldats, ou comment des convives d’une noce peuvent être
(P198) les serviteurs, ou l’épouse, nous n’arriverons jamais à les Comprendre. En réalité, nous ne sommes pas appelés à être des convives au banquet des noces de l’Agneau, ni des serviteurs attendant son retour des noces, mais nous sommes appelés à être l’épouse, quoique, à certains égards, nous dussions être comme des serviteurs et comme ces convives — comme de fidèles serviteurs par notre vigilance, par notre zèle attentif, et comme des convives à d’autres égards.
Cette parabole sert à montrer ce qui ne pourrait pas être bien illustré sous là figure de l’épouse qui représente l’Eglise élue dans son ensemble comme la cohéritière de Christ. Cette parabole montre à la fois le caractère de la préparation requise ainsi que l’inspection personnelle des convives, inspection par laquelle quelques-uns sont éliminés et d’autres acceptés, Ceux qui sont ainsi inspectés sont représentés comme étant déjà dans la salle des invités. Ils sont le froment rassemblé ou séparé de l’ivraie, les vierges sages séparées d’avec les folles. Ils ont entendu et accepté les vérités de la moisson, et par la foi ils se réjouissent à l’avance de la gloire et de la bénédiction qui feront suite à leur union complète avec le Seigneur. Jusqu’à ce ‘moment-là ; ils ont tous bien couru, mais jusqu’à ce qu’ils aient atteint la fin de cette course : « Que celui qui croit être debout, prenne garde de tomber ».
Dans cette parabole, la condition imposée pour être accepté, pour être reconnu prêt est symbolisée par la robe de noces. Dans les noces juives, l’hôte, selon la coutume, fournissait à tous les convives l’habit de cérémonie — des robes blanches de lin. Le convive qui aurait mis de côté la robe de noces offerte par l’hôte et se serait présenté dans ses propres vêtements, aurait commis une grave inconvenance, faisant preuve d’orgueil et de manque de respect à l’égard de son hôte.
Comme symbole, la robe ou habit de noces illustre clairement la justification de Christ à laquelle notre hôte, Jéhovah Lui-même (Rom. 8 : 30-34), a pourvu ; elle est imputée à tous ceux qui croient en Lui ; sans elle, nul ne peut être accepté aux
(P199) noces de l’Agneau, et bans elle aucun convive ne sera admis. L’invitation et la robe de noces sont toutes deux nécessaires et la parabole montre que, seuls ceux qui sont ainsi attirés sont admis même dans l’antichambre de la préparation spéciale, dans la lumière de la vérité où l’épouse se prépare définitivement (Apoc. 19 : 7). La robe et l’invitation, reçues et acceptées, ces convives passent le court laps de temps (le temps de la moisson) qui précède le festin du mariage, à ajuster leurs robes et à se donner mutuellement les dernières retouches. Pendant qu’ils sont ainsi au travail, ils se délectent déjà, par la foi, de la perspective qu’ils ont devant eux. L’Époux, la grande œuvre future, leur héritage glorieux et leur travail de préparation actuel, sont les thèmes constants de leurs pensées et de leur conversation.
Dans cette antichambre (ce temps et cette condition de faveur), brillamment illuminée par l’exposition claire de la vérité divine maintenant du temps marqué, à la fois les facilités et les suggestions en vue de la pose finale de la parure et de la mise au point complète pour le festin de noces sont accordées. Néanmoins malgré’ ces conditions spécialement favorables, la parabole indique que quelques-uns, sous la figure d’« un homme » feront affront à leur hôte, le Roi, en méprisant et en enlevant leur robe de noces.
L’enseignement clair de cette parabole est alors que l’épreuve générale et finale de ces « vierges sages » qui, jusqu’alors, avaient été prêtes et dignes de leur appel, qui avaient donc eu accès à une grande partie de la lumière de la moisson, sera une épreuve de l’appréciation qu’elles ont du fait souvent rappelé dans les Écritures, à savoir qu’elles sont acceptées au festin non dans leur propre mérite, uniquement, mais, en premier lieu parce que leur nudité et leurs nombreuses imperfections sont couvertes par le mérite de celui qui donna sa vie pour leur rançon, et dont la justice imputée, telle une robe, leur permet seule d’être présentables et acceptables devant le Roi. Toutes doivent porter la robe. Chacun peut broder la sienne avec de bonnes œuvres.
(P200)
N’est-il pas remarquable et significatif que cette épreuve soit l’épreuve générale, la plus importante et la dernière ? Notre Père Céleste veut évidemment que personne ne fasse partie de la phalange épouse de Son Fils si, auparavant il ne se rend parfaitement compte de sa propre nullité, et s’il ne discerne pas clairement que le grand Époux est son Rédempteur, comme aussi son Seigneur et son Instructeur.
Il semble étrange, aussi, que quiconque a bien couru jusqu’ici dans la lice, puisse tomber lorsqu’il est à la veille de voir ses espérances se réaliser ; pourtant, quand on est averti qu’une telle possibilité existe, il appartient à tous les consacrés de veiller et de prier, de peur de tomber dans la tentation ; car dans ces derniers jours, il y aura les temps, périlleux prédits par l’Apôtre , (1 Tim. 4 : 1 ; 2 Tim. 3 : 1 ; 4 : 3-5). Néanmoins le danger ne sera pas tel que la grâce divine soit incapable de soutenir tous ceux qui s’appuient avec confiance sur le Bras Tout-Puissant. En effet, ceux qui suivent humblement la voie étroite du sacrifice ne furent jamais mieux soutenus qu’en ces derniers temps, ou mieux équipés avec toute l’armure de Dieu. Cependant, .aussi étrange que cela puisse paraître, les abondantes faveurs divines, la révélation claire des plans gracieux de Dieu (en vue d’employer l’Eglise à bénir toutes les familles de la terre pendant le Millénium), au lieu de les conduire à l’humilité et à une plus grande appréciation du merveilleux prix de rançon par lequel la libération de la condamnation est accomplie et notre appel à la nature divine et au cohéritage avec Christ assuré, paraissent avoir un effet opposé sur certains. Ceux-ci perdent de vue leur indignité personnelle aussi bien que la perfection sans tache du Seigneur ; au lieu de comprendre qu’ils sont tout au plus des « serviteurs inutiles », ils semblent voir dans leurs petits renoncements personnels pour la cause de la vérité, quelque chose de remarquable l’équivalent de ce que fit notre Seigneur Jésus — et trouvent qu’autant que lui ils sont devenus indispensables à l’exécution du grand plan des âges révélé. par les Écritures. Ceux-là sont coupables de ne pas « tenir ferme la tête » (Col, 2 : 19 D. note — trad.) et sa grande œuvre de rédemption
(P201) dans un respect convenable. Ils sont condamnés parce qu’ils ont « tenu pour profane le sang de l’alliance par lequel ils ont été sanctifiés » (et acceptés) (Héb. 10 : 29). Ils méprisent l’esprit même de la faveur divine lorsqu’ils rejettent le « chemin » — le seul chemin — et le seul nom donné sous le ciel et parmi les hommes, par lequel nous devons être sauvés de la condamnation adamique et pleinement réconciliés avec Dieu.
Ces gens sont représentés dans la parabole par celui qui fut lié, empêché de faire un pas de plus vers le banquet des noces, ou même vers plus d’appréciation de sa valeur et de ses bénédictions et joies. Ils seront, en fin de compte, entièrement rejetés de- la lumière et tomberont dans les « ténèbres du dehors » du monde et participeront à l’inquiétude et aux désagréments du grand temps de détresse. C’est pourquoi les vérités mêmes qui se développent maintenant en vue de notre bien et de notre développement deviennent pour eux une occasion de chute du fait qu’ils ne les exercent pas droitement. De même qu’Israël si longtemps spécialement favorisé par Dieu devint orgueilleux, commença par se croire réellement digne de ces faveurs, et indispensable au plan divin, de sorte que Dieu lui retira toute faveur, il en sera de même de ceux qui, aujourd’hui, après avoir bien couru an certain moment, ne restent plus humbles, commencent à se croire dignes de se présenter devant Dieu dans leur propre justice et prétendent avoir le droit de participer aux noces sans la robe de noces de la justice imputée de Christ.
Si particulièrement triste qu’il soit, ce trait prophétique montré dans la parabole que nous examinons maintenant, nous le voyons s’accomplir actuellement et être avec beaucoup d’autres une nouvelle preuve du fait que nous sommes dans la « moisson ». Certains de ceux qui jouissaient des présentes faveurs spirituelles ont ainsi dédaigné et mis de côté la robe de noces ; ils parlent toujours de Christ comme le Seigneur, mais ils méprisent et renient l’importance et l’efficacité de l’acte même par lequel il devint leur Seigneur, et par
(P202) lequel ils furent jugés dignes de recevoir une invitation au mariage (Rom. 14 : 9 ; 5 : 2). Ils prétendent impudemment n’avoir pas besoin de Rédempteur ; puis, par des sophismes subtils et des textes bibliques tordus, ils se persuadent et persuadent d’autres qu’ils peuvent entrer dans la bergerie par une autre porte que par celle de la rançon, se revêtent de leur propre justice que les Écritures appellent un « vêtement souillé » ; et certains prétendent qu’ils n’ont besoin ni d’Avocat ni de rançon, mais qu’ils ont été immuablement élus par Dieu à la gloire céleste.
L’enlèvement de la robe de noces par le rejet de la valeur du sacrifice — rançon payée par Christ, fit son apparition pour la première fois au cours de l’été 1878 parmi ceux qui étaient dans la lumière de la vérité présente. Depuis ce moment-là, tous ceux qui sont entrés dans la lumière de la chambre des convives, la lumière de la moisson, ont été mis à l’épreuve sur ce point-là. En présence même de l’Époux, l’erreur a pris pied et quelques-uns rejettent les robes de noces indispensables. Quel émoi parmi les convives ! quelle division ! quel criblage ! Ceux qui rejettent la robe désirent que d’autres fassent de même ; ils contestent quand les fidèles font des remontrances et la division continue dans la chambre même des convives et, sans doute, se poursuivra jusqu’à la dernière heure avant le mariage.
Pendant ce temps, le Roi-Époux invisible, mais présent, marque du sceau les fidèles méritants qui prendront part à son festin ; et il permet cette épreuve finale que, dans la parabole, il avait prédite. Le Roi s’informe auprès de chacun de ceux qui ont abandonné la robe, disant : « Mon ami [camarade], comment est-tu entré ici sans avoir un-habit de noces ? » C’est là un rappel bienveillant mais énergique à savoir que le port de la robe était la condition même de son admission aux faveurs reçues, et qu’il avait été fourni gratuitement. Nous mettons au défi ceux qui, aujourd’hui, nient la valeur de la mort de Christ comme leur rançon, de dire qu’ils sont arrivés à la lumière actuelle — la connaissance de la
(P203) présence du Seigneur et les autres choses profondes de Dieu, vues si clairement aujourd’hui — sans avoir été revêtus de la robe au moment de leur entrée dans la vérité. Personne n’a jamais pu entrer sans la robe : les autres ne peuvent pas voir les choses profondes de Dieu (1 Cor. 2 : 7-14). Aujourd’hui, comme dans la parabole, si l’on pose la question à ceux qui ne portent plus la robe, ils restent « la bouche fermée ». Ils ne peuvent nier que c’était pendant qu’ils portaient la robe qu’ils furent admis, et ils n’aiment pas avouer cela.
« Alors le Roi dit aux serviteurs : Liez-le pieds et mains, emportez-le et jetez-le dans les ténèbres du dehors ». Les « ténèbres du dehors » sont celles qui enveloppent les sages de ce monde, les ténèbres du raisonnement humain qui n’est pas guidé par la Parole de Dieu, et qui n’est pas réglé par son Plan révélé de la rançon et du rétablissement. Les chaînes ou entraves dont ils sont liés font de ceux-là un exemple pour les consacrés, et cela aide tous ceux qui sont vraiment fidèles à voir plus clairement la nécessité et la valeur de la robe aux yeux du Roi. Les serviteurs chargés de lier le serviteur sans robe sont ceux qui possèdent la vérité sur le sujet, et qui peuvent lier l’influence de telles gens au moyen des témoignages des Écritures sur la valeur et la nécessité du précieux sang et de la robe de justice qu’il a achetée pour nous. En luttant contre ces arguments des Écritures, ceux qui ont ôté la robe sont poussés hors de la lumière et jetés dans « les ténèbres du dehors » par leurs propres arguments et par leurs tentatives de se justifier eux-mêmes. Pour eux, comme pour le monde, la croix de Christ est désormais une pierre d’achoppement et une folie ; mais pour les fidèles, pour les consacrés, par contre la croix est toujours « la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu ».
Ne perdons cependant pas de vue que ceux de la parabole qui sont « liés » et « jetés dans les ténèbres du dehors », doivent d’abord avoir été dans la lumière de la vérité de la moisson, et qu’ainsi, leur responsabilité et leur châtiment sont plus grands que la responsabilité et le châtiment de personnes n’ayant jamais possédé une telle faveur. Dans l’église nominale, des milliers suivent les
(P204) enseignements de leurs principaux conducteurs spirituels et mettent de côté toute foi dans l’efficacité du précieux sang de Christ, qui est le prix de la rançon du pécheur ; ces personnes-là ne sont pas entièrement responsables de la chose, parce qu’elles n’ont pas été suffisamment éclairées sur ces questions-là.
Des milliers de prétendus chrétiens n’ont jamais cru en Christ comme étant leur rançon ou comme celui qui se substitua à eux pour payer leur dette à la justice divine qui les condamnait à mort ; ces gens-là n’ont jamais porté la robe de sa justice imputée, aussi n’est-il pas question d’eux dans la parabole. Dans cette dernière en effet, il est parlé uniquement de personnes qui avaient auparavant clairement apprécié la valeur de la rançon et qui, de ce fait, avaient obtenu la grâce d’entrer dans la lumière spéciale du temps de la moisson — temps de la présence du Roi, juste avant le festin des noces. Avec quel soin ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances de l’âge à venir, devraient-ils se garder de la moindre suggestion à s’engager dans une voie qui est celle de la déloyauté, de l’injustice et de la destruction, — Héb, 10 : 26-31 ; 6 : 4-8.
Dans l’étude de ces paraboles, nous ne devons pas commettre l’erreur de supposer que toutes les vierges sages sont déjà entrées pour le mariage — qu’elles ont pénétré dans la chambre des convives où s’achèvent les derniers préparatifs spéciaux ; n’allons pas croire, non plus, que la porte est fermée avant que l’inspection générale dont parle la parabole ait commencé. La porte de l’opportunité reste encore ouverte à tous les consacrés, revêtus par la foi de la robe de noces de la justice de Christ, car le message « voici l’Époux ! » retentit toujours ; les vierges sages sortent encore à la rencontre de l’Époux et entrent avec Lui pour le mariage ; quant aux vierges folles, elles ne sont pas encore de retour avec de l’huile dans leurs vases. Mais, depuis le moment où le « Roi entra » (depuis 1878, date parallèle correspondant à celle où notre Seigneur prit possession de ses fonctions de Roi des Juifs — Matth. 21 : 1-13), l’inspection des convives et leur mise à l’épreuve relativement à la manière dont ils apprécient leur robe de noce, se sont poursuivies sans interruption. De nouvelles vierges sages apprennent encore que
(P205) l’Époux est présent et se rendent joyeusement à la fête. Par contre, quelques-unes de celles qui étaient déjà entrées dans la salle, ont montré qu’elles étaient indignes de rester dans cette chambre des convives et ont été liées pieds et poings. On s’aperçoit, en effet, que leur connaissance et leur compréhension de la vérité présente — de la présence du Seigneur, de son œuvre présente et future — commencent par devenir toujours plus vagues ; ces personnes sont de plus en plus entraînées dans de faux raisonnements reposant sur des bases fausses, elles retombent graduellement ou rapidement, selon leur tempérament, dans la manière de voir et les conceptions du monde ; ce sont bien là les « ténèbres du dehors » du monde lorsqu’on les compare à la lumière intérieure, maintenant accessible aux saints décemment vêtus de la robe de noces. Il est certain que toutes les vierges qui entrent doivent être mises à l’épreuve sur ce point fondamental. Ils sont heureux et sans crainte pendant cette épreuve, ceux qui peuvent dire du fond du cœur :
« Mon espoir a son édifice
Sur Jésus, son sang, sa justice ;
Je ne me fie en rien de plus
Qu’au sûr et seul nom de Jésus. »
« Je tiens sur Christ le Roc puissant,
Autre sol est sable mouvant. »
Et ceux-là peuvent chanter avec allégresse :
« Le Prince de ma paix est présent,
Sur moi son visage rayonne ;
Bien-aimé, dit-il attendrissant,
Ma douce paix, je te la donne ! »
« La croix couvre ma misère,
Le passé est sous le sang ;
En Jésus, ma foi est entière :
Et j’obéis au Dieu vivant. »
LA FIN DU HAUT-APPEL N’EST PAS LA FERMETURE DE LA PORTE
Les Écritures n’indiquent pas la date exacte à laquelle la porte du festin des noces sera fermée ; elles montrent cependant avec clarté que la fermeture n’aura pas lieu avant que toutes les « vierges » aient
(P206) eu une occasion d’entrer, et après que toutes les vierges « sages » ou prêtes seront entrées.
Une « porte » ouverte symbolise une occasion d’avoir accès à certaines conditions, à certains privilèges ; une porte fermée représente la fin, le terme de ces privilèges ou opportunités. Le privilège, l’invitation ou l’opportunité de l’Age de l’Évangile accordant, sous certaines conditions, aux croyants en Christ, l’entrée dans un héritage commun avec lui dans le Royaume céleste et à la nature divine constitue la « porte » par laquelle nous « avons accès à cette grâce [faveur], dans laquelle nous demeurons fermes », à savoir, l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu (Rom. 5 : 2). Cette porte, qui est restée ouverte pendant l’Age tout entier, doit se fermer à un moment donné, et la parabole des vierges marque cette fermeture ; — la fin de toutes ces faveurs et opportunités. Cette parabole des vierges dépeint simplement les événements qui se déroulent à la fin de l’Age actuel parmi les membres de la véritable Eglise vivant à ce moment-là. La « porte » dans cette parabole représente certains privilèges spéciaux, l’accomplissement final et le but de toutes les faveurs de l’Age de l’Évangile, seront ouverts aux « vierges sages » au temps de la moisson ; la fermeture de la porte, lorsque tous les membres de cette classe auront eux-mêmes profité de ces privilèges, représente la cessation de toute la faveur et de tous les privilèges de l’Age de l’Évangile, car le festin représente en totalité les avantages et privilèges de l’Évangile, étant une figure de la grande consommation à laquelle toutes les autres faveurs aboutissent — les gloires promises du Royaume.
‘Considérez cette « porte » d’occasion et de privilège qui doit bientôt se fermer. Notre Seigneur l’appela une porte, et déclara que, pendant l’Age de l’Évangile, il serait difficile de la trouver et d’y entrer; il nous recommanda de faire tous nos efforts pour ‘y entrer, si nous voulons avoir part à l’immortalité et aux honneurs du Royaume auxquels elle mène, car nulle autre porte n’y conduit. « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. Car, beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer, et ne le pourront pas quand le Maître de la
(P207) maison se sera levé et aura fermé la porte » (Luc 13 : 24, 25). Comme nous l’avons déjà vu (vol. 1. p, 203.), la voie étroite est celle du sacrifice de soi-même au service et du plan et de l’œuvre de Dieu. Ce chemin est rendu étroit par les circonstances du temps actuel, par l’opposition de l’esprit du monde contre la vérité et la justice, de sorte que tous ceux qui veulent suivre les traces de notre Conducteur et Précurseur trouveront le chemin étroit ou difficile et doivent souffrir la persécution. Suivre les traces de notre Seigneur dans cette voie étroite implique non seulement une conformité passive à sa disposition ou esprit, mais aussi déployer un zèle actif et énergique pour proclamer sa vérité en toute circonstance. Tous ceux qui suivent ce chemin étroit, qui sont fidèles comme le fut Jésus, jusqu’à la mort, participent à ses souffrances et, au temps marqué, ils auront part à sa gloire lors du festin des noces, dans la gloire qui sera révélée à son apparition et à son Royaume. — Phil. 3 : 10 ; I Pi. 4 : 13.
Lorsque nous contemplons son achèvement glorieux, l’occasion de marcher dans le chemin étroit du sacrifice de soi-même pour la cause de la vérité est la plus grande faveur qui fût jamais offerte à une créature quelconque. Le privilège de souffrir avec Christ et pour sa cause après l’avoir d’abord reconnu comme notre Rédempteur, est donc la porte et la seule porte d’accès par laquelle la gloire future réservée à l’épouse et cohéritière de Christ peut être atteinte.
La fermeture de cette porte pourrait être indiquée de trois manières : tout d’abord par une déclaration définie de la Bible indiquant la date exacte ; secondement par un changement complet du sentiment public à l’égard de la vérité, changement qui ferait cesser toute opposition à la vérité et supprimerait toute souffrance avec Christ pour la cause de la vérité (Rom. 8 : 17) ou troisièmement, par un état de choses
(P208) survenant dans le monde et empêchant toute occasion d’un tel travail, ne permettant plus à des candidats d’entrer dans l’œuvre, de développer et de prouver leur amour et leur fidélité par leur activité et leur endurance.
Bien que nous soyons informés avec précision que la porte se fermera à un certain moment au cours de cette période de la moisson ou fin de l’Age, la Bible n’en fixe pas la date exacte ; et bien qu’après le grand temps de détresse, il y aura un grand changement du sentiment public à l’égard de la vérité et de la justice, cependant, nulle part il n’est indiqué qu’un tel état de choses sera réalisé avant l’achèvement complet de la moisson. Nous avons cependant tout lieu de croire que la porte sera fermée par le temps de grande détresse, car, selon les Écritures, avant que le jour millénaire soit véritablement levé, il y aura une sombre nuit où personne ne peut travailler : « Le matin vient et la nuit aussi ». — Es. 21 : 12. Voir aussi Vol. 2, chap. 8.
Le chemin étroit qui nous est ouvert est le privilège et l’occasion de travailler avec notre Seigneur maintenant, pendant que la mise en pratique de son esprit de douceur, de zèle et de fidélité envers Dieu et la vérité nous coûtera nos avantages terrestres, pendant que la défense de sa cause et des vérités qu’il enseigna, nous rendront, pour dire le moins, impopulaires, pendant que nous serons blâmés, censures, calomniés et persécutés sous une forme ou sous une autre, parce que nous nous serons efforcés d’honorer son nom, de bénir nos semblables par la vérité, de faire luire notre lumière. Si la porte étroite ouverte indique le privilège de tout sacrifier fidèlement jusqu’à la mort, il s’ensuit que la fermeture de toute opportunité semblable d’une telle communion dans le service et la souffrance doit être aussi la fermeture de la porte, la fermeture du chemin étroit qui conduit à la gloire et au cohéritage futurs, notre règne avec Christ étant conditionné par notre fidélité à son service qui, aujourd’hui, signifie souffrir avec Lui. — Rom. 8 : 17 ; 6 : 8.
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Souffrir avec Christ, nous l’avons vu, n’a rien de commun avec les souffrances ordinaires qui sont le partage de tous les humains déchus ; il s’agit seulement des souffrances qui résultent, plus ou moins directement, du fait de suivre l’exemple de Christ, en proclamant des vérités impopulaires et en démasquant des erreurs populaires. Telles furent les causes des souffrances de Christ, et telles seront les causes des persécutions, des souffrances et des pertes qu’éprouveront tous ceux qui suivent ses traces. Ils auront part à ses souffrances maintenant et, à la fin, ils seront jugés dignes d’avoir part à la récompense d’une telle fidélité au principe. Pendant tout l’Age de l’Évangile, c’est avec une telle fidélité qu’ils ont semé et arrosé la bonne semence des doctrines de Christ par un travail de sacrifice et ont fait preuve d’endurance sous l’opprobre. De nos jours, à la fin de l’âge, ils doivent faire preuve d’une fidélité et d’une endurance analogues dans l’œuvre de la moisson qui suit son cours, à savoir, donner leur vie, soit selon les exigences d’une manière graduelle jusqu’à l’épuisement complet au service du Maître, une mort journalière, soit d’une manière plus rapide, une mort soudaine en martyrs.
Le mérite pour l’Eglise vierge de devenir l’épouse, la femme de l’Agneau, consiste non simplement dans l’innocence quoiqu’elle sera sainte et « sans tache, ni ride, ni rien de semblable » (Eph. 5 : 27), rendue « plus blanche que la neige » dans la source débordante de l’amour qui rachète, le mérite de son Rédempteur. Ceci est nécessaire à tous ceux qui seront jugés dignes d’obtenir la vie éternelle, sur quelque plan que ce soit, Cependant, pour être l’épouse de l’Agneau, l’Eglise doit être non seulement une vierge par sa pureté, elle doit être non seulement débarrassée de toute alliance et intimité coupables avec le monde, mais elle doit être plus, beaucoup plus que tout cela : elle doit ressembler de si près à son Seigneur, et suivre ses traces et ses enseignements si complètement qu’elle acceptera à cause de cela de souffrir, de subir le martyre comme le fit Jésus en défendant les mêmes principes de vérité et de justice. Elle doit prouver qu’elle est animée d’un amour dévorant pour l’Époux, faire preuve d’un dévouement infatigable au service de son nom et de ses principes,
(210) jusqu’à être méprisée, rejetée par le monde comme Il le fut pour avoir obéi à ses doctrines.
Pour former un tel caractère et le rendre manifeste, il faut qu’elle soit mise à l’essai et éprouvée. Sa confiance, son endurance, sa fidélité au Seigneur, dans l’ignominie comme dans la bonne réputation, doivent être établies et manifestées. Ceux-là seulement qui auront atteint un tel développement, subi de telles épreuves et auront été trouvés fidèles, seront pour toujours possédés et reconnus comme l’épouse et la cohéritière du Seigneur, l’héritier de toutes choses. Il est écrit en effet : « Heureux l’homme qui supporte patiemment la tentation ; car après avoir été [ainsi] éprouvé, il recevra la couronne de vie que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment » — à un tel degré. Ainsi, si nous avons une juste compréhension de ces choses, nous devrions accepter avec joie toute mise à l’épreuve de notre fidélité, la considérant comme une nouvelle occasion de montrer à l’Époux la profondeur et la force de notre amour, et aussi une autre preuve que nous sommes dignes de son amour, de sa confiance et de la glorieuse élévation qu’il nous a promise. Ceux qui auront part avec le Seigneur à la gloire à venir doivent non seulement être appelés et acceptés, mais également fidèles jusqu’à la mort. — Apoc. 17 : 14.
Ainsi, la porte de l’opportunité de s’engager, avec Christ notre Seigneur dans l’œuvre de l’Age de l’Évangile, sera fermée quand viendra la nuit « où personne ne peut plus travailler ». Alors, tous ceux dont le caractère n’aura pas été suffisamment développé par un service fidèle, qui n’auront pas fait la preuve de leur affection, de leur dévouement, de leur amour et de leur zèle envers le Seigneur et sa vérité ne pourront plus le faire (Matth. 10 : 37 ; Marc 8 : 38). Selon l’indication de la parabole, ils montreront qu’ils sont des « vierges folles », car ils ont laissé échapper la grande et glorieuse occasion de souffrir avec lui et pour la cause de celui avec lequel ils auraient été heureux de régner. A ce moment-là, le nombre complet, prédestiné par Dieu, de ceux qui doivent constituer et compléter l’Eglise aura été atteint, tous ceux qui seront compris dans ce nombre auront été appelés, choisis et auront démontré, dans les épreuves, qu’ils sont fidèles et « semblables à l’image de son. Fils » (Rom. 8: 29). La moisson sera alors achevée, la saison de l’été de faveur sera terminée, et il ne restera plus qu’à brûler l’ivraie, à nettoyer le champ (le monde, l’humanité) et à le
(P211) préparer complètement pour les semailles millénaires beaucoup plus grandes.
La fermeture par cette nuit, arrêtera évidemment tout travail de diffusion de la vérité ; le public, en général, ne la comprenant pas, l’accusera probablement d’être la cause principale de l’anarchie et de la confusion qui règneront alors, au lieu de la voir sous son jour véritable, comme un signe précurseur de la pensée et de la révélation divines concernant les prochains troubles du monde et leurs vraies causes. Nous ne pensons pas non plus que la venue de la nuit et la fermeture de la porte seront soudaines, mais plutôt que l’œuvre de la moisson se terminera par le fait, d’empêchements et d’obstacles graduels.
Le temps présent est consacré à la marque du sceau sur le front des serviteurs de Dieu avant les bourrasques de la tempête (Apoc. 7 : 2, 3). Chaque vierge sage devrait apprécier le privilège de ce temps présent qui lui permet à la fois d’être marquée du sceau intellectuel de la vérité présente et de s’engager dans l’œuvre de la moisson qui consiste à sceller d’autres personnes appartenant à la classe du froment, à les réunir dans le grenier de la sécurité, avant que la nuit soit arrivée et que la porte de toute occasion de travail soit fermée.
Que l’opportunité favorable actuelle soit très courte, cela est manifeste du fait qu’il ne reste qu’une période de vingt-quatre ans pour que la moisson soit achevée ; lorsqu’elle sera complètement terminée, le règne du mal aura pris fin et le glorieux jour millénaire sera inauguré. Après cette période, nous verrons descendre la sombre nuit et la plus grande détresse du monde aura lieu. Les ténèbres épaisses qui doivent précéder le jour glorieux s’approchent : « Le matin vient et la nuit aussi » ; ce sera « un temps de détresse telle qu’il n’y en a point eu depuis qu’il existe une nation ».
Observons que lorsque la nuit viendra, lorsque les moissonneurs devront cesser leur travail, cela prouvera que l’œuvre finale de l’Age de l’Évangile est achevée, que les membres de l’Épouse de Christ au nombre élu ont tous été « scellés » et « rassemblés »
(P212) dans une condition de séparation d’avec le monde, dans la condition du grenier (Matt. 13 : 30). Dieu ne permettra pas à quoi que ce soit d’entraver son œuvre avant qu’elle soit finie. A ce moment-là, tous les vrais et fidèles serviteurs de Dieu auront été scellés sur leur front, l’œuvre de l’Age de l’Évangile étant terminée, personne ne pourra plus désormais entrer dans cette œuvre ou récolter sa riche récompense prédite dans les « très grandes et très précieuses promesses » comme devant être la récompense des fidèles qui entrent pendant que la «porte » est ouverte. 2 Pier. 1 : 4.
Mais il ne faudrait pas conclure de ceci que tous les élus entreront en possession de leur récompense dès qu’ils auront fait preuve de leur fidélité. Il est possible que plusieurs d’entre eux soient appelés à vivre jusqu’à une heure avancée dans la nuit sombre de la détresse, bien que nous pensions plutôt le contraire. « Ici est la patience des saints ; [ici], ceux qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus ». Ayant revêtu toute l’armure de Dieu, ayant résisté hardiment à l’erreur en présentant et en défendant courageusement la vérité pendant le mauvais jour, lorsque de gigantesques erreurs s’étalent effrontément partout, l’exhortation adressée aux saints est de « tenir ferme après avoir tout surmonté », étant recouverts de l’armure complète, munis de l’épée de l’esprit toujours prête à la défense, en veillant, en persévérant et en priant pour tous les saints. Tous auront besoin de patience, afin qu’après avoir accompli la volonté de Dieu, ils obtiennent ce qui est promis. — Apoc. 14 : 12 ; Eph. 6 : 13 ; Héb. 10 : 36.
Il doit être clairement compris que la fin du haut-appel invitant au cohéritage avec notre Seigneur Jésus dans le Royaume de Dieu n’est pas la fermeture de la porte de la parabole des vierges. L’« appel » général, à cette faveur prit fin il est vrai, en 1881, néanmoins, la « porte » est encore ouverte. L’appel est l’invitation générale adressée par Dieu à tous les justifiés croyant au Rédempteur ; ils sont invités à suivre Jésus dans ses pas de sacrifice de soi-même jusqu’à la mort et à montrer ainsi qu’ils sont dignes de régner avec Lui dans la gloire. Cette faveur commença à un moment bien déterminé : les disciples qui étaient dans l’attente y furent admis le jour de la Pentecôte en l’an
(P213) 33 de notre ère. Cette faveur prenait fin, comme nous l’avons déjà vu à un moment déterminé, en octobre 1881 (Voir Vol. 2, Chapitre VII.).
D’autre part, dans la parabole de Matth. 25, la fermeture de la « porte » indique la fin de toute opportunité, même pour les « appelés », d’obtenir encore le prix du haut-appel. C’est la fin de toute occasion de prouver sa dignité au prix par la fidélité dans le service, car, dans la « nuit » où personne ne peut travailler (Jean 9 : 4), toute occasion de service cessera. On voit par là que la porte, ou l’occasion d’affermir notre vocation et notre élection, ne se ferme pas nécessairement quand l’appel, ou invitation générale pour entrer adressé à tous les croyants, cesse d’être proclamé. Pendant que la porte reste ouverte, elle indique que tout croyant désireux d’entrer et de remplir les conditions peut entrer bien que l’« appel » général, ou invitation ne soit plus adressé. C’est un fait positif que la porte ou l’occasion de travailler, de se sacrifier n’est pas encore fermée, n’est pas passée, bien que l’appel général ait cessé en 1881.
L’Age de l’Évangile fut le temps de l’appel, tout d’abord pour appeler des pécheurs à la repentance et à la foi en Christ le Rédempteur et, secondement, pour appeler ces justifiés au privilège considérable du cohéritage avec Christ dans son Royaume, à la condition de suivre maintenant sa voie du sacrifice de soi-même jusqu’à la mort, car telle est la condition à remplir pour avoir part à l’œuvre et aux honneurs du Royaume dans l’âge millénaire. Le Seigneur nous ayant indiqué que la fin de l’âge serait un temps de moisson, ce fait nous indique clairement un changement radical — des semailles à la moisson, de l’appel à l’épreuve des appelés et à l’achèvement de l’œuvre commencée par l’appel.
Pour illustrer le changement caractéristique de l’œuvre à la fin de l’Age de l’Évangile, notre Seigneur se servit de la parabole du filet (Matt. 13 : 47-50) : « Le Royaume des
(P214) cieux est semblable à une seine jetée dans la mer et rassemblant des poissons de toute sorte ; et quand elle fut pleine, ils [les pêcheurs] la tirèrent sur le rivage et s’asseyant, ils mirent ensemble les bons dans des vaisseaux et jetèrent dehors les mauvais. Il en sera de même à la consommation du siècle (âge) [de la moisson, Matth. 13 : 39] : les anges [les messagers, les serviteurs de Dieu] sortiront et sépareront les méchants du milieu des justes et les jetteront dans la fournaise de feu [le grand temps de détresse] ; là seront les pleurs et les grincements de dents ».
Dans cette parabole, le filet jeté dans la mer, le monde, représente l’Eglise chrétienne nominale comme le royaume de Dieu nominal en perspective ; le filet recueillit des poissons (des hommes — Matt. 4 : 19) de toutes espèces (de véritables chrétiens, des chrétiens à demi-trompés et dupés et une multitude d’hypocrites). Lorsque le filet est rempli (à la plénitude du temps de Dieu), il est amené sur le rivage. On voit alors que « toutes les espèces » de poissons réunies dans l’Eglise nominale ne sont pas propres au Royaume, quelles que soient d’ailleurs leurs aptitudes à d’autres égards ; on voit aussi qu’à la fin de l’âge au temps de la moisson — l’appel ou l’invitation à avoir part au Royaume cesserait, selon l’arrangement de Dieu, ce qui est représenté par le filet tiré sur le rivage. Les pêcheurs commenceraient alors un travail tout différent, ils feraient une œuvre de séparation, réunissant les poissons de l’espèce désirée, puis rejetant les autres, ceux qui sont indignes de la faveur à laquelle ils avaient été appelés, car il y a « beaucoup d’appelés, mais peu d’élus ». — Matt. 22 : 14.
L’œuvre séparatrice de cette parabole est la même que celle de la parabole du froment et de l’ivraie ; elle nous enseigne qu’il y aura un arrêt complet dans les semailles (l’appel), qu’il y aura un changement dans le travail, la moisson ayant succédé aux semailles. Les serviteurs du Seigneur qui, sous sa direction, changeront ainsi de travail sont, dans les deux paraboles, appelés des anges, c’est-à-dire des messagers spéciaux de Dieu. Ce sont ses disciples fidèles qui, marchant humblement près de leur Seigneur, s’efforçant avec
(P215) sincérité de connaître son plan et de collaborer à son œuvre, ne sont pas laissés dans les ténèbres au sujet des temps et des saisons de Dieu (Matt. 13 : 11 ; 1 Thess. 5 : 4 ; Jér. 8 : 7-12). Naturellement, cette moisson — ce rassemblement — ne concerne que ceux qui vivent au temps de la moisson et non ceux qui moururent auparavant. Chacun de ces derniers, au terme de sa course, fut noté, mis à part, en attendant sa position convenable dans le petit troupeau glorifié, le Royaume proprement dit, ou en dehors. — 2 Tim. 4 : 8.
Le filet n’était pas destiné à recueillir tous les poissons de la mer. Notre Seigneur, le grand Pêcheur en Chef, voulait attraper un certain nombre de pois¬sons d’une espèce particulière, sans s’inquiéter de toutes les autres variétés qui entreraient dans le filet avec eux. Lorsque le nombre des poissons de l’espèce particulière désirée fut au complet et entré dans le filet, ce dernier fut tiré au rivage afin de trier et de séparer les poissons. Nous devons comprendre que la mission donnée au commencement de l’âge de jeter le filet dans la mer (Matt. 28 : 19 ; 24 : 14) est terminée au moment où l’ordre est ainsi donné de l’amener sur le rivage. Tous ceux qui veulent travailler encore avec le Seigneur doivent maintenant obéir à ses directives et ne plus s’occuper de la pêche en général, mais, par contre, prendre part à l’œuvre actuelle de sélection et de rassemblement. Comme la vérité d’alors fut l’agent de l’appel, de nos jours, ainsi c’est la vérité, la « vérité présente », la vérité de la moisson qui est l’agent du Seigneur pour éprouver et séparer.
Aussi, lorsque les serviteurs du Seigneur entendent sa voix par sa Parole, déclarant qu’il est temps d’arrêter les semailles et de commencer la moisson, d’arrêter la pêche et de commencer le triage des poissons, de cesser l’appel et de prêcher le message de la moisson, dont le temps est arrivé, à ceux déjà appelés, c’est avec joie et promptitude qu’ils suivront cet ordre s’ils sont fidèles. Dès lors, ceux que le Maître a instruits touchant son plan des âges, ne sont pas dans les ténèbres quant aux temps et aux saisons dans lesquels nous vivons aujourd’hui ; ils ne devraient donc plus désormais chercher à semer la bonne semence du Royaume dans le champ, dans le monde,
(P216) niais devraient « donner la nourriture au temps convenable » à la famille de la foi » répandant parmi ceux qui prétendent être des enfants du Seigneur, la ‘bonne nouvelle du Royaume tout proche, et de la grande joie et des bénédictions qu’il va bientôt apporter à tout le peuple.
Il est étrange de dire que c’est ce message des mesures d’amour prises par Dieu, dans la rançon, pour le rétablissement de toutes choses par et au moyen du Christ Jésus et de son corps glorifié, l’Eglise, le Royaume de Dieu (ce message qui devrait réjouir, rafraîchir et unir tous les tendres cœurs chrétiens) qui doit développer et rassembler dans l’union de cœur ceux de la classe fidèle seulement pour les éprouver et les séparer de la masse nominale.
La moisson sera bientôt terminée; alors celui qui sème et celui qui moissonne se réjouiront ensemble. Aujourd’hui, les moissonneurs doivent se hâter dans leur travail dont l’achèvement doit leur tenir tant à cœur, qu’ils prieront le Seigneur de la moisson, le Moissonneur en Chef d’envoyer plus d’ouvriers dans sa moisson. Bientôt, le laboureur de la nouvelle dispensation (la grande détresse annoncée qui préparera le monde pour les semailles millénaires atteindra le moissonneur de la dispensation actuelle. — Amos. 9 : 13.
LA SOIXANTE-DIXIÈME SEMAINE D’ISRAËL EST UNE FIGURE DE LA FIN DE LA FAVEUR DE L’AGE DE L’ÉVANGILE
On se souviendra que la « soixante-dixième semaine » d’Israël. — les sept dernières années de leur temps de faveur — fut très exactement marquée à son début, à son milieu et à sa fin ; nous croyons qu’il en fut ainsi afin que nous eussions des dates précises à la fin de l’Age de l’Évangile de faveur à l’égard d’Israël spirituel. Nous avons vu que le commencement de cette semaine fut pour Israël charnel la date du commencement de son épreuve pendant sa moisson en l’an 29. Elle commença par le baptême de notre Seigneur, lorsqu’Il fut reconnu comme le Messie au Jourdain ; le travail de la moisson commença à ce moment-là, le parallèle étant la reconnaissance de la présence du Seigneur en 1874, au commencement de la moisson actuelle.
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Le milieu de cette semaine d’alliance, l’an 33, fut la date à laquelle Israël fut rejeté comme système ou nation-église ; ce point chronologique fut marqué par la mort de notre Seigneur sur la croix, et par les paroles qu’il prononça quelques jours avant sa mort : « Votre maison vous est laissée déserte ». L’événement correspondant actuel est le rejet, la fin de la faveur et la chute des systèmes sectaires appelés la chrétienté ou « Babylone », en 1878.
La seconde moitié de la semaine d’alliance d’Israël charnel (3 ans 1/2, de l’an 33 à l’an 36) ne fut pas une période de faveur nationale ou sectaire, mais une période de faveur individuelle, accordant aux Israélites (non plus comme auparavant par les canaux de l’Eglise nominale, mais individuellement à qui, personnellement, désirait les recevoir), toutes les faveurs et les privilèges spéciaux de l’alliance abrahamique jusqu’à la fin des soixante-dix semaines symboliques qui étaient le terme de leur faveur marqué par le don de la faveur à Corneille et aux nations (Gentils) en général. Ainsi, dans le parallèle d’aujourd’hui, les 3 ans 1/2 depuis avril 1878 (date du rejet de la prétendue chrétienté ou « Babylone »), conduisant à octobre 1881, furent le terme de la faveur du haut-appel limité aux croyants individuellement [dans Babylone]. Ainsi « l’appel » général (la faveur de cet Age de l’Évangile) cessa en octobre 1881, exactement comme cela avait eu lieu à la date correspondante, en octobre de l’an 36, lorsque la faveur judaïque prit fin.
La faveur judaïque consistait dans l’offre (exclusive) du Royaume à Israël, l’appel aux enfants charnels d’Abraham à profiter des privilèges et des opportunités qui leur avaient été accordés sous l’alliance de la loi. Cet appel, faveur ou privilège cessa totalement et définitivement au terme de leur semaine d’alliance. La faveur de l’Évangile consistait dans l’offre du Royaume (faite exclusivement) aux croyants en Christ — le « haut appel » de tous ceux qui étaient réconciliés avec Dieu sous l’alliance de la grâce, qui pouvaient profiter de l’occasion ainsi offerte (et devenir des membres de la « postérité » d’Abraham qui doit bénir le monde) en s’associant avec Christ Jésus, leur Rédempteur, dans son alliance par le sacrifice de soi-même, épreuve
(P218) qui doit démontrer s’ils sont dignes d’avoir part à l’œuvre et à la gloire à venir de Christ. C’est cette faveur, cet « appel » ou invitation qui, nous l’avons vu, cessa complètement et pour toujours en octobre 1881, point de temps parallèle à la fin de l’appel ou faveur judaïque.
Il faut noter que la fin de la faveur ou appel judaïque fut suivie par un autre appel général qui ne tenait plus compte des Juifs et de leur faveur passée, mais qui comprit néanmoins dans la suite, ceux des Juifs qui voulurent profiter de cet appel mondial en devenant des croyants, en se rendant dignes de l’honneur du Royaume. La fin de leur faveur passée était aussi réelle que s’ils n’avaient été invités à quoi que ce soit après la fin de leur faveur ; tout aussi réelle que s’ils avaient été invités après cela à une faveur inférieure ; mais elle est moins remarquable du fait que l’appel général de l’Évangile, qui ne les excluait pas, était le même appel élargi et approfondi, rendu applicable à tous les croyants en Christ, de toutes les nations.
La fin de la faveur ou « appel », en 1881, est suivie ou plutôt chevauchée par l’appel général de toute l’humanité aux bénédictions et aux faveurs millénaires à des conditions de foi et d’obéissance volontaires (non pas cependant un sacrifice jusqu’à la mort). Cet appel est toutefois d’une nature inférieure, c’est une faveur inférieure à celle qui venait de prendre fin, un appel à jouir des bénédictions sous le Royaume, mais ce n’est plus un appel à faire partie de la classe ointe du Royaume. Ce changement — cet arrêt de la faveur élevée et ce commencement d’une faveur inférieure sera peu remarqué au temps présent, parce que le grand prix du Royaume et le cohéritage avec Christ comme participants à la nature divine, ont été généralement perdus de vue dans l’Eglise. La conception la plus haute des chrétiens relativement à la récompense future, consiste généralement depuis des siècles, à croire qu’à leur résurrection il leur sera donné des corps parfaits et qu’alors, affranchis de la maladie, des douleurs et des tristesses, ils jouiront de la faveur de Dieu et auront la vie éternelle. Cette conception, quoique bien éloignée des véritables
(P219) privilèges offerts par le « haut-appel » de l’Age de l’Évangile, est en réalité une juste conception des privilèges bénis qui seront accordés à l’humanité en général pendant l’âge millénaire, à tous ceux des humains qui voudront obéir et rentrer en harmonie avec Dieu.
Il est un fait certain, c’est que les seuls qui voient clairement les traits élevés et importants de l’appel de l’Age de l’Évangile, les seuls qui pourraient annoncer ou exposer cet appel, sont ceux-là mêmes qui voient dans la Parole de Dieu que la limite du temps de cet appel fut atteinte en octobre 1881. D’autres, qui citent les paroles de l’apôtre au sujet d’un « haut-appel de Dieu en Christ », expliquent en réalité l’appel inférieur qui appartient à l’âge millénaire. Il en résulte que l’appel général de l’Évangile, le vrai, est terminé ; personne ne peut le prolonger, les uns parce qu’ils ne le comprennent pas et ne peuvent l’exposer, les autres parce qu’ils savent qu’il doit avoir une fin.
Mais, si l’« appel » général est terminé, la « porte » n’est pas encore fermée, car la fin de l’« appel » et la fermeture de la « porte » sont deux faits distincts et séparés. La « porte » reste ouverte pour permettre à certains d’entrer dans la course pour le grand prix du cohéritage dans le Royaume après que l’« appel » général a cessé. Dieu avait fixé d’avance le nombre de ceux qui devaient former l’Eglise, le « corps de Christ ». Il n’y aura donc ni un membre de plus ni un membre de moins (ceci est enseigné dans les type décrits en Lév. 21 : 17-23). Dieu ne pouvait donc appeler ou inviter à cet honneur plus de personnes que celles qui devaient compléter le nombre fixé d’avance. En octobre 1881, sa Parole le montre, ce nombre était au complet. Depuis cette date cependant, certains de ceux qui avaient répondu à l’appel général et fait alliance avec Dieu, ont manqué d’observer leur contrat ; ils n’ont pas couru de manière à obtenir le prix. La « porte » reste donc ouverte après la fin de l’appel général, pour permettre à quelques-uns d’entrer dans la course, de se sacrifier au service de la vérité, afin de
(P220) remplacer ceux qui, pendant l’inspection, peuvent rejeter la robe de noce de la justice de Christ ; et aussi pour en remplacer d’autres qui, après avoir fait l’alliance du sacrifice personnel dans le service, aiment le présent monde et se laissent accaparer par ses préoccupations ou ses plaisirs, et manquent d’observer les clauses de leur alliance.
On remarquera encore que la fin de l’appel, en 1881, ne supprima en rien les privilèges des milliers de gens qui avaient déjà accepté l’appel, et étaient devenus des serviteurs consacrés de Dieu : cette fin d’appel ne mit à la porte aucun de ceux qui étaient déjà entrés ; elle n’implique pas davantage que personne ne peut plus entrer : ce fut simplement l’arrêt de l’invitation générale de Dieu.
Si, depuis peu seulement, vous êtes arrivé à une connaissance très nette des très grandes et très précieuses promesses des Choses que Dieu a en réserve pour ceux qui l’aiment, cela ne prouve pas que vous n’avez pas été appelé et accepté comme un coureur pour ce grand prix, longtemps avant que vous eussiez compris la grandeur et la magnificence de ce prix. Il est certain que personne, acceptant cet appel, ne comprend au début toute la rugosité et l’étroitesse du chemin, ni la grandeur du prix à obtenir au bout du chemin. La clarté de notre compréhension des promesses est pour nous la puissance de Dieu travaillant en nous, pour nous fortifier et nous rendre capables de surmonter les épreuves et les obstacles présents. Les très grandes et très précieuses promesses nous sont dévoilées graduellement au fur et à mesure de notre fidélité et de nos progrès afin que, par la force et par le courage qu’elles nous donnent, nous devenions capables de courir pour obtenir le prix. — 2 Pier. 1-: 4.
La classe des personnes qui obtiendront le prix est non seulement appelée et choisie (acceptée), mais aussi fidèle. Bien que l’appel général ait cessé, il est évident que l’épreuve de la fidélité des appelés n’est pas encore achevée. Les fidèles sont scellés et séparés de ceux qui ne sont pas fidèles à leur alliance de sacrifice de soi-même. Les vierges sages sont séparées
(221) d’avec les folles dont la folie consiste à supposer qu’elles peuvent courir pour les récompenses d’honneur, de richesses du monde, etc., et en même temps courir fidèlement pour obtenir le grand prix de gloire, d’honneur et d’immortalité — conditions mêmes qui rendent impossible une telle double course : « L’homme dont le cœur est partagé est inconstant [instable] dans toutes ses voies » ; « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon ». — Jacq. 1 : 8 ; Matth. 6 : 24.
Lorsque toutes les fidèles « vierges sages » auront achevé leur épreuve avec succès, et seront entrées dans la joie du Seigneur, la « porte » de l’opportunité de faire partie de cette classe sera fermée, et personne ne pourra plus entrer. Lorsque toutes les sages seront entrées, le nombre prédestiné sera au complet ; alors le Maître se lèvera et fermera la porte (Luc 13 : 24, 25 ; Matth. 25 : 10). Notre Seigneur lui-même nous dit qu’à ce moment-là beaucoup de gens commenceront à voir les choses différemment — elles verront quels privilèges et quelles occasions elles avaient autrefois de sacrifier et qu’elles ont perdus. Lorsqu’elles chercheront à entrer, le Maître leur dira : Je ne vous reconnais pas comme mon Épouse ; elle est au complet et je n’en ai qu’une seule. Cependant, grâces à Dieu, d’autres textes des Écritures montrent que les vierges folles, bien que rejetées du haut-appel, leur conduite durant l’épreuve les en ayant prouvées indignes, seront néanmoins favorisées et seront reconnues dans une plus humble capacité dans la famille du Seigneur.
C’est pourquoi, avant que la porte se ferme, avant que le nombre déterminé des fidèles soit au complet, que chacun s’efforce d’affermir son appel et son élection. A cette fin laissons le Seigneur produire en nous par ces précieuses promesses et ces paraboles explicatives le vouloir et le faire selon son bon plaisir.
Quelques-uns diront peut-être : « Je crains de ne pas être l’un de ces appelés avant la fin de l’appel général, en 1881, car, à ce moment-là, non seulement j’ignorais totalement les choses profondes de Dieu, mais plus encore : j’étais absolument un étranger pour Dieu, et même j’étais un de ses ennemis, ne désirant nullement faire alliance avec Lui et entrer à son service. Depuis peu seulement
(P222) je connais Dieu, depuis peu j’ai pris sur moi le joug de Christ pour apprendre de lui ; et plus récemment encore, j’ai appris le privilège de souffrir avec Christ, maintenant dans le renoncement à soi pour son service, et j’ai appris aussi que seuls ceux-là seront faits cohéritiers avec lui dans l’œuvre glorieuse du Millénium. Et maintenant, après avoir contemplé ces gloires, admiré ces précieuses choses, après m’être disposé à courir cette course pour ce merveilleux prix, dois-je conclure que ces merveilles ne sont pas pour moi parce qu’il y en a déjà suffisamment d’autres déjà appelés pour compléter le nombre fixé ? Je ne penserais certes pas à contrarier l’arrangement divin, ou à demander qu’un autre nombre soit ajouté au-delà de la limite déterminée par la sagesse divine, mais je ressentirais douloureusement mon infortune.
A ceux-là nous répondons : Courez ! Votre cas n’est pas aussi désespéré que vous le pensez. La « porte » n’est pas encore « fermée ». N’oubliez pas que si tous ceux qui avaient accepté l’appel lorsqu’il se termina étaient restés fidèles à leur alliance, il n’y en aurait pas un de trop, mais juste assez. Souvenez-vous aussi que votre observation, aussi bien que les Écritures, indiquent que si beaucoup ont accepté l’appel, peu seront choisis parce qu’il n’y a qu’un petit nombre seulement qui reste fidèle à l’alliance pendant l’épreuve. Au fur et à mesure que des appelés deviennent infidèles, leurs opportunités, leurs places de travail et leurs couronnes de récompense sont transférées à d’autres. L’une de ces places de labeur et l’une de ces couronnes de récompense peuvent être transférées à vous-même, et votre nom peut être inscrit dans le livre de vie comme membre-candidat de l’Épouse de Christ en remplacement d’un autre effacé comme indigne. — Voir Apoc. 3 : 5 ; Héb. 12 : 23.
Ceux qui peuvent saisir ces précieuses promesses et qui désirent travailler dans la vigne, ont une forte preuve qu’ils ont été engendrés de l’esprit (Voir Vol. I, p. 226.) ; en effet, l’esprit humain, même justifié, ne peut saisir les choses profondes que Dieu destine à ceux-là seuls qui se sont
(P223) consacrés et ont été acceptés (1 Cor. 2 : 6-16). Le Seigneur est trop plein d’amour, trop juste pour laisser germer dans n’importe quel cœur des espérances irréalisables. L’engendrement de l’esprit par la Parole de vérité est un fait qui logiquement doit être suivi plus tard d’une naissance à la nature spirituelle, à moins toutefois que la personne qui a été engendrée ne devienne indigne, infidèle : «N’abandonnez donc pas votre confiance, qui doit avoir une si grande récompense ».
LA ONZIÈME HEURE
Matth. 20 : 1-16
Cette parabole paraît avoir été donnée spécialement pour enseigner une leçon pour le temps actuel. Les ouvriers sont les sérieux enfants consacrés de Dieu qui, pendant tout l’Age de l’Évangile — le « jour » de la parabole — emploient fidèlement leur temps et leur énergie au service de Dieu et non au service de leur propre personne, au service de Mammon. Seuls les fidèles sont donc représentés par les ouvriers qui, Es tous, obtiennent la même récompense, les honneur du Royaume figurés dans la parabole par le « denier ».
Les quatre appels ou invitations montrent qu’il y avait bien un appel général et qu’il fallait des ouvriers. Il y eut un appel le matin de bonne heure, puis un second à neuf heures, un troisième à midi, et enfin un quatrième à trois heures de l’après-midi. Quant à la compréhension exacte, claire de ce que serait le salaire, c’est seulement au début du jour qu’il devait en être parlé : le Maître de la maison « convint » alors de leur donner un denier pour le service. Ceci nous explique pourquoi l’Eglise primitive comprit très bien la promesse du Royaume, mais plus tard celle-ci fut en général perdue de vue e confusément énoncée. Les membres vivants de l’Eglise de Christ travaillant dans la vigne au cours de l’Age de l’Évangile, représentent tous les ouvriers. La parabole montre, comme trait particulier, une classe de serviteurs qui entrent au service du Seigneur quand le travail de la journée est à peu près terminé, — la « onzième [ou dernière] heure ». Ils sont représentés par quelques-uns désireux d’entrer au service du Maître ; mais trop tard, l’appel général étant
(P224) terminé. Ils disent : « Personne ne nous a loués », nous sommes arrivés trop tard pour entrer au service pendant l’appel.
Le Maître leur répond que la porte de l’opportunité de servir et de souffrir à son service n’est pas encore « fermée », car cette fermeture n’aura lieu qu’à la venue de « la nuit où personne ne peut travailler », mais il ne dit rien de ce que sera la récompense, bien que pendant l’appel général, il ait dit aux autres ouvriers : « Et je vous donnerai ce qui sera juste » (Les plus anciens manuscrits grecs, celui du Sinaï et celui du Vatican, omettent de Matth. 20 : 7 les mots : « et vous recevrez ce qui sera juste ».) une partie du salaire « convenu » au début.
Ainsi, au cours de l’Age de l’Évangile, notre Seigneur par l’organe de ses porte-parole dans l’Eglise a invité tous les croyants à entrer à son service. La récompense complète — la nature divine et les gloires du Royaume — fut nettement indiquée et parfaitement comprise au début ; mais bien que répétée au cours de l’âge, elle n’a pas depuis lors été clairement comprise à cause du grand abandon de la vérité. Mais à présent nous sommes parvenus à la fin du jour de travail de l’Age de l’Évangile, – à la « onzième heure ». Le temps est passé pour appeler des ouvriers pour ce jour-là ; cependant quelques-uns sont là sur la place disant : Nous n’avons pas été appelés à ce travail, « personne ne nous a loués »; personne ne nous offre du travail, ni un salaire au cas où nous en trouverions ; l’appel est terminé, l’œuvre du jour est presque achevée, il y a suffisamment d’ouvriers sans nous. Mais, le Maître fait dire à ceux-là par nous ses porte-parole : « Allez aussi à ma vigne »; je ne vous promets rien, car l’appel général est terminé, le temps est court, on ne Dent bientôt plus travailler, « la nuit vient où personne ne peut travailler »; entrez cependant, montrez votre amour et votre zèle, confiez-vous à ma générosité en ce qui concerne votre salaire.
Et c’est là tout ce que nous pouvons dire ; la seule espérance que nous pouvons présenter, est que tout homme qui a travaillé pour notre Maître recevra beaucoup plus qu’il ne pourrait demander ou espérer.
(P225) Nous savons aussi qu’un certain nombre de places dans l’œuvre deviendront vacantes, parce que plusieurs ne resteront pas fidèles et que les couronnes ou récompenses qui leur étaient destinées seront données à d’autres qui, par leur fidélité, par le sacrifice d’eux-mêmes, se prouveront dignes de l’œuvre et de la récompense.
Si donc quelqu’un a appris récemment à connaître et à aimer notre Seigneur, s’il désire le servir, lui et sa vérité, qu’il ne se décourage pas du fait que le haut-appel prit fin en 1881. Si vous voyez la « porte » de l’opportunité, de l’occasion de vous sacrifier, de servir le Seigneur ouverte devant vous, entrez-y, mais entrez rapidement, car bientôt une nuit de ténèbres et d’opposition intense à la vérité descendra sur nous et vous empêchera d’entrer dans le service. « Le matin vient et la nuit aussi ! » « La nuit vient, où personne ne peut travailler ». Quand ces faits seront devenus une réalité, vous pourrez savoir que la porte est fermée, que toutes les vierges sages sont entrées, que toutes ont été éprouvées et que toutes les places vacantes ont été pleinement remplies. Tous les « serviteurs » spéciaux « de Dieu » ayant été « marqués du sceau sur leur front » (auront eu une compréhension intellectuelle du plan de Dieu), les quatre vents seront déchaînés (Apoc. 7 : 1-3), amenant le formidable « tourbillon » de détresse au milieu duquel les derniers membres de la classe d’Elie seront « changés » et élevés à la gloire du Royaume.
Quelle grande leçon il y a là pour ceux qui se sont engagés par leur alliance avec le Seigneur, à le servir premièrement, par-dessus toutes choses et qui négligent son œuvre pour consacrer leur temps, leurs pensées et leurs moyens aux joies passagères et aux récompenses futiles que le monde offre. Le Seigneur adjure chacun disant : « Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie ». « Celui qui vaincra [qui triomphera de l’esprit du monde, qui est en lui] sera revêtu de vêtements blancs ; je n’effacerai point son nom, du livre de vie, mais je confesserai son nom devant mon Père et devant les anges ». « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne ». Apoc. 2 : 10 ; 3 : 5, 11.
(P226)
SORTONS ! Héb. 13 : 13
« Silencieusement, la démarche rapide
Voyageurs aux reins ceints de la campagne aride,
Nous sortons, empruntant la porte au large accès
De ce monde, en tournant le dos à ses excès ;
Nous suivons à grands pas l’étroite et rude voie
Qui nous conduit vers Dieu, vers la vie et la joie. »
« Nous ne pouvons ni ne voulons faire de pause ;
Nous craignons le filet que l’adversaire pose
Et voulons fuir bien loin des soucis, des péchés,
Fermement résolus d’obtenir le succès.
Nous savons le péril, mais notre œil considère
La splendeur du grand prix proposé par le Père. »
« Plus un instant à perdre en sommeil, en paresse ;
A l’œuvre du chrétien tenons-nous sans faiblesse ;
Pas de recul dans le combat désespéré,
De désir de se rendre ou de fuir apeuré ;
Et pas d’amour du gain ou de l’aisance même,
Ni de recherche à plaire à l’homme ou à soi-même. »
« Pour le renom perdu point de peine mentale
Ni de peur que le nom soit couvert de scandale ;
Pas de frayeur devant le dur mépris mondain
Et pas d’essai de rendre au dédain le dédain ;
Nulle haine ne peut anéantir la haine,
Mais la flamme d’amour la renverse sans peine. »
« Pas de soupir non plus pour le rire qui grise,
Le stérile plaisir que disperse la brise ;
Pas de regard tourné vers Sodome et son ciel,
Ni d’oreille tendue aux échos de Babel,
De larmes pour l’Egypte et ses chants et son faste,
Ni de soif pour son Nil au cours puissant et vaste. »
« Qu’est-ce donc ? Serions-nous frappés de lassitude ?
Après un peu de temps viendra la quiétude ;
Et ce cœur affaibli et ce brûlant cerveau
Seront vite calmés et fermes de nouveau.
La nuit est avancée et l’aube se libère :
Du matin sans nuage apparaît la lumière. »
« Plus qu’un petit moment et s’annoncera l’heure
De recevoir le prix, la gloire et la demeure.
Un temps plus ou moins long nous est encore offert,
Et nous aurons franchi les pistes du désert.
Alors trêve à l’effort ; le repos se précise ;
La bataille est finie et la victoire acquise ».
(D’après H. BONAR)