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ETUDE VI
LE RETOUR DE NOTRE SEIGNEUR — SON BUT,
LE RETABLISSEMENT DE TOUTES CHOSES
LE second avènement personnel et prémillénaire de notre Seigneur. — Son rapport avec le premier avènement. — La sélection de l’Eglise et la conversion du monde. — Élection et grâce libre. — Les captifs de l’espérance — Témoignage prophétique concernant le rétablissement. — Le retour de notre Seigneur est manifestement l’espoir de l’Eglise et du monde.
« ET qu’il envoie celui qui vous a été prêché d’avance Jésus Christ, lequel il faut que le ciel reçoive, jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé par la bouche de tous ses saints prophètes de tout temps. » Actes 3 : 20, 21.
Notre Seigneur a voulu faire comprendre à ses disciples qu’il reviendrait dans un certain but, d’une certaine manière et à un certain temps ; c’est, nous le présumons, admis et cru par tous ceux à qui les Écritures sont familières. Il est vrai que Jésus a dit : « Voici, moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin de l’âge » (Matth. 28 : 20), et, par son esprit et par sa parole, il a été continuellement avec l’Eglise, guidant, dirigeant, réconfortant, et soutenant ses saints et les consolant au milieu de toutes leurs afflictions. Mais quoique l’Eglise ait su pour son bonheur que le Seigneur connaissait toutes ses voies et qu’il lui prodiguait constamment ses soins et son amour, elle désire pourtant vivement son retour personnel promis ; car s’il dit : « Et si je m’en vais… je reviendrai » (Jean 14 : 3), il fait certainement allusion à une seconde venue personnelle.
Certains croient qu’il faisait allusion à la descente du saint Esprit lors de la Pentecôte ; d’autres, à la destruction de Jérusalem, etc… ; mais selon toute apparence, ils ont fermé les yeux sur le fait que, dans le dernier livre
(P90) de la Bible, écrit quelque soixante ans après la Pentecôte et vingt-six ans après la destruction de Jérusalem, celui qui mourut, et qui vit, parle de l’événement comme étant futur encore, en disant : « Voici, je viens bientôt, et ma récompense est avec moi. » Et Jean, inspiré, répond : « Oui. viens, Seigneur Jésus ! » — Apoc. 22 : 12, 20.
Un assez grand nombre de chrétiens pensent que lorsque des pécheurs se convertissent, cela constitue une partie de la venue du Seigneur, et qu’il continuera à venir ainsi jusqu’à ce que tout le monde soit converti. Alors, d’après eux, il sera venu entièrement.
Evidemment, tous ceux-là perdent de vue, sur ce point, le témoignage des Ecritures qui déclarent le contraire de ce qu’ils attendent : que, à l’époque du second avènement de notre Seigneur, le monde se trouvera bien loin d’être converti à Dieu ; « que dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux. Car les hommes seront… amis des voluptés [des plaisirs] plutôt qu’amis de Dieu » (2 Tim. 3 : 1-4); que « les hommes méchants et séducteurs iront de mal en pis, séduisant et étant séduits » (v. 13). Ils oublient l’avertissement spécial du Maître à son petit troupeau : « Veillez sur vous-mêmes, de peur… que ce jour-là ne vous surprenne inopinément. Car il viendra comme un filet sur tous ceux qui habitent la face de toute la terre [et qui ne prennent pas garde] » (Luc 21 : 34, 35). Ensuite, nous pouvons être sûrs qu’aucune allusion n’est faite à la conversion des pécheurs, quand il est dit : « Toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui » quand elles le verront venir (Apoc. 1 : 7). Les hommes se lamentent-ils à cause de la conversion des pécheurs ? Bien au contraire, si ce passage se rapporte, comme presque tous l’admettent, à la présence de Christ sur la terre, il enseigne que tous sur la terre n’aimeront pas son apparition, ce qu’ils feraient certainement s’ils étaient tous convertis.
Certains attendent une venue et une présence réelles du Seigneur, mais ils reculent de beaucoup l’époque de cet événement, prétendant qu’il faut que le monde soit converti par les efforts de l’Eglise dans sa condition actuelle, et qu’alors l’Age millénaire
(P91) commencera. Ils prétendent que lorsque le monde aura été converti, et Satan lié, que la connaissance de l’Eternel aura rempli toute la terre et que les nations n’apprendront plus la guerre, alors l’œuvre de l’Eglise, dans sa condition présente, sera achevée ; et que lorsqu’elle aura accompli cette tâche difficile et grande, le Seigneur viendra pour clore les affaires terrestres, pour récompenser les croyants et condamner les pécheurs.
Quelques passages de l’Ecriture, pris séparément, semblent appuyer cette manière de voir, mais si la parole et le plan de Dieu sont considérés comme un tout, il se trouve que tous favorisent l’opinion contraire, c’est-à-dire que Christ viendra avant la conversion du monde et régnera en vue de sa conversion ; que maintenant l’Eglise est mise à l’épreuve ; que le salaire promis à l’Eglise après sa glorification consistera dans sa part du règne du Seigneur Jésus et que c’est la promesse de Dieu de bénir le monde par son moyen, et de faire arriver toute créature à la connaissance de l’Eternel. Telles sont les promesses de Dieu : « Celui qui vaincra, je lui donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône. » « Ils vécurent et régnèrent avec le Christ mille ans ».— Apoc. 3 : 21 ; 20 : 4.
Il y a deux textes auxquels en appellent principalement tous ceux qui prétendent que le Seigneur ne viendra qu’après le Millénium. L’un est : « Cet Evangile du Royaume sera prêché par toute la terre en témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin » (Matth. 24 : 14). Ils prétendent que cela se rapporte à. la conversion du monde avant la fin de l’Age de l’Evangile. Mais témoigner au monde n’implique pas la conversion du monde. Le texte ne dit rien concernant la façon dont le témoignage sera reçu. Ce témoignage a déjà été donné. Les rapports des sociétés bibliques démontrèrent en 1861 que l’Evangile avait été publié dans toutes les langues de la terre quoique tous les millions d’habitants de la terre ne l’eussent pas reçu. Non, pas même la moitié
(P92) des seize cents millions d’êtres humains vivants n’a jamais entendu le nom de Jésus. La condition du texte est néanmoins accomplie : l’Evangile a été prêché dans le monde entier pour servir de témoignage — à chaque nation.
L’apôtre (Actes 15 : 14) raconte que le but principal de l’Evangile dans l’Age présent, c’est « de tirer un peuple », pour le nom de Christ, — l’Eglise triomphante, qui sera unie avec lui lors de son second avènement et recevra son nom. Le témoignage au monde durant cet Age-ci est un but secondaire.
L’autre texte est celui-ci : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds. » (Ps. 110: 1). L’idée vague et indéfinie sur ce texte paraît être celle que Jésus s’assied sur un trône matériel, quelque part dans les cieux, jusqu’à ce que l’œuvre de l’assujettissement de toutes choses soit accomplie pour lui par l’Eglise, et qu’alors il viendra pour régner. C’est une conception fausse. Le trône de Dieu dont il est question, n’est pas un trône matériel, mais signifie son autorité et sa domination suprêmes ; et le Seigneur Jésus a été élevé pour avoir part à cette domination. Paul déclare que « Dieu a souverainement élevé [Jésus] et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom ». Il lui a conféré une autorité qui surpasse toute autre autorité, sauf celle du Père. Si Christ s’asseyait sur un trône matériel jusqu’à ce que ses ennemis fussent faits son marchepied [tous subjugués,] alors, naturellement, il ne pourrait venir que lorsque toutes choses lui auraient été assujetties. Mais si la « droite » dans ce texte ne signifie point endroit ou siège fixe, mais, comme nous le prétendons, puissance, autorité et domination, il s’ensuit que le texte que nous examinons, ne s’oppose nullement à l’autre passage biblique : que Jésus vient « s’assujettir toutes choses » (Phil. 3 : 21), en verte du pouvoir dont il est revêtu. Pour illustrer cela : nous disons que l’empereur. Guillaume est assis sur le trône d’Allemagne, et cependant nous ne pensons pas à son siège royal, qu’il occupe, en effet très rarement. Si nous disons qu’il est sur le trône, nous entendons par là qu’il règne sur l’Allemagne. La droite signifie la place principale, une position d’excellence
(P93) ou de faveur, la plus rapprochée de l’altesse régnante. Ainsi le prince Bismarck fut élevé ou établi à la droite du pouvoir par l’empereur d’Allemagne, et Joseph fut à la droite de Pharaon dans le royaume d’Egypte — non au sens littéral, mais suivant l’expression courante. Les paroles de Jésus à Caïphe s’accordent avec cette idée : « Désormais vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance, et venant sur les nuées du ciel » (Matth. 26 : 64). Il sera à la droite lors de sa venue, il restera à la droite durant l’Age millénaire et pour toujours.
En examinant plus à fond les plans révélés de Dieu, nous aurons une plus large vue sur l’objet du premier et du second avènements ; et nous devons nous souvenir que les deux événements sont en rapport comme des parties d’un seul et même plan. L’œuvre spécifique du premier avènement était de racheter le genre humain ; et celle du second est de rétablir, de bénir et de délivrer les rachetés. Ayant donné sa vie en rançon pour tous, notre Sauveur monta au ciel pour présenter ce sacrifice au Père, faisant ainsi la réconciliation pour l’iniquité humaine. Il attend et permet que « le prince de ce monde » prolonge l’empire du mal jusqu’à ce que le choix de « l’Epouse, la femme de l’Agneau », soit terminé ; car il faut que chacun de ses membres triomphe des influences du « présent monde mauvais », afin de pouvoir être digne d’un tel honneur. Alors l’heure de commencer l’œuvre de distribuer à tout le genre humain les grandes bénédictions acquises par son sacrifice sera venue, et Christ, sortira pour bénir toutes les familles de la terre.
Assurément, le rétablissement et la bénédiction auraient pu commencer tout de suite, lorsque le prix de la rançon fut payé par le Rédempteur : alors la venue du Messie n’aurait été qu’un événement unique; le règne et la bénédiction commençant sur le champ, comme les apôtres s’y attendaient en premier lieu (Actes 1 : 6). Mais Dieu avait en vue « quelque chose de meilleur pour nous » — l’Eglise chrétienne — (Héb. 11 : 40) ; c’est donc dans notre intérêt qu’il y a un intervalle de dix-neuf siècles entre le règne de Christ et les souffrances de la Tête (du Chef).
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Cette période entre le premier et le second avènements, entre la rançon pour tous et la bénédiction de tous, est assignée pour l’épreuve et le choix de l’Eglise, qui est le corps de Christ ; autrement il n’y aurait eu qu’un seul avènement, et l’œuvre qui se fera durant la période de sa seconde présence, dans le Millénium, aurait suivi la résurrection de Jésus. Ou bien, au lieu de dire que l’œuvre du second avènement aurait suivi immédiatement l’œuvre du premier, disons plutôt que si l’Eternel n’avait pas formé le dessein de choisir le « petit troupeau », « le corps de Christ », le premier avènement n’aurait eu lieu au temps où il eut lieu en fait, mais serait survenu au temps du second avènement, et ainsi il n’y en aurait eu qu’un seul. Car, de toute évidence, Dieu a fixé la permission du mal pour six mille ans, de même que la purification et la restitution de toutes choses seront accomplies dans le septième millénaire.
Ainsi l’on voit que la venue de Jésus, comme sacrifice et rançon pour les pécheurs, précéda le temps de bénédiction et de restauration d’assez longtemps pour permettre le choix de son « petit troupeau » de « cohéritiers ». Cela expliquera à certains le retard qu’en apparence Dieu apporte à la distribution des bénédictions promises après que la rançon la rendit possible. Ces bénédictions viendront au temps convenable conformément au plan, bien que, pour un dessein glorieux, le prix fût pourvu bien avant le temps espéré par les hommes.
L’Apôtre nous apprend que Jésus a été absent de la terre — dans le ciel — durant tout l’intervalle compris entre son ascension et le début des temps du rétablissement de toutes choses, ou de l’Age millénaire, — « lequel il faut qu’il retienne jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses », etc… (Actes 3 : 21). Puisque les Ecritures enseignent que le but du second avènement de notre Seigneur est le rétablissement de toutes choses, et qu’à l’époque de son apparition les nations seront si loin d’être converties qu’elles seront irritées (Apoc. 11 : 18), et en opposition les unes avec les autres, il nous faut admettre,
(P95) ou bien que l’Eglise faillira à sa mission et que jusque-là le plan de Dieu aura échoué ; ou, comme nous le prétendons et l’avons démontré, que la conversion du monde dans l’Age présent n’était pas attendue de l’Eglise, mais que sa mission a été celle de prêcher l’Evangile pour servir de témoignage, et de se préparer sous la direction divine pour son œuvre grandiose future. Dieu n’a nullement épuisé sa puissance de convertir le monde. Non ! Que disons-nous ? Il n’a pas même encore essayé la conversion du monde.
Cela peut paraître à plusieurs une parole étrange, mais réfléchissons un peu : si Dieu a réellement tenté une telle œuvre n’a-t-il pas échoué d’une manière évidente ? car, comme nous l’avons déjà constaté, parmi les milliards d’êtres humains, une petite fraction seulement a entendu parler intelligemment du seul nom par lequel tous doivent être sauvés. Nous n’avons fait qu’exprimer un peu fortement les vues et les doctrines de quelques-unes des sectes principales (des baptistes, des presbytériens et d’autres), à savoir, que Dieu élit ou choisit maintenant un « petit troupeau », une Eglise hors de ce monde. Ils croient que Dieu ne fera rien de plus que de choisir cette Eglise, tandis que nous trouvons que l’Écriture enseigne quelque chose de plus dans le plan divin : une RESTITUTION qui sera accomplie pour le monde par le moyen de l’Eglise élue, aussitôt qu’elle sera complétée et glorifiée. Le « petit troupeau » (les vainqueurs) de cet Age de l’Evangile, n’est que le corps de « la postérité » (ou « la Semence »), en laquelle ou par laquelle toutes les familles de la terre doivent être bénies.
Combien il doit être difficile pour ceux qui maintiennent que l’Eternel tente depuis six mille ans de convertir le monde et qu’il échoue toujours, de faire concorder de pareilles vues avec la Bible, qui nous assure que tous les desseins de Dieu seront exécutés, et que sa Parole ne retournera pas à lui sans effet, mais qu’elle prospérera dans les choses pour lesquelles elle fut envoyée (Esaïe 55: 11). Le fait que le monde n’a pas encore été converti, et que la connaissance de l’Eternel n’a pas encore rempli la terre, nous prouve que cette Parole n’a pas encore été envoyée pour cette mission.
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Cela nous amène à deux doctrines qui ont divisé les Chrétiens pendant des siècles, à savoir : élection et grâce libre. Aucun lecteur sérieux de la Bible ne niera que ces deux doctrines aient un fondement biblique, malgré leur contraste apparent. Ce fait devrait nous faire supposer tout de suite que les deux doivent être vraies en quelque sorte ; mais elles ne peuvent être mises en harmonie que par l’observation de la loi céleste, l’ordre, et par « la juste dispensation de la parole de la vérité » sur ce sujet. Cet ordre, si nous l’observons ainsi qu’il est représenté dans le plan des Ages, nous montre clairement que, tandis qu’une élection a eu lieu dans l’Age présent et dans les Ages passés, Dieu pour ce qui est du monde en général, pourvoit durant l’Age millénaire à ce qui, pour éviter la confusion, est appelé la grâce libre. Si les traits distinctifs des époques et des dispensations, traits qui ont été esquissés dans un chapitre précédent, sont encore présents à la mémoire du lecteur, et si tous les passages qui ont rapport à l’élection et à la grâce libre sont examinés et classés, on trouvera crue tous ceux qui traitent de l’élection sont applicables aux Ages passés et à l’Age présent, tandis que ceux qui enseignent la grâce libre s’appliquent complètement à l’Age prochain.
L’élection, toutefois, comme la Bible l’enseigne, n’est point une cœrcition arbitraire, ou du fatalisme, comme on le croit généralement et comme ses défenseurs l’enseignent, mais elle est un choix conforme à ce qui est favorable et propre au but que Dieu s’est proposé pendant la période assignée à cet effet.
La doctrine de la grâce libre, soutenue par les Arminiens, est de même une manifestation de la grâce abondante de Dieu bien plus grandiose que ce que les plus zélés de ses défenseurs aient jamais enseigné. La grâce ou la faveur de Dieu en Christ est toujours libre en ce sens qu’elle est imméritée ; mais, depuis la chute de l’homme dans le péché jusqu’au temps présent, certaines des faveurs de Dieu sont restreintes à des personnes, classes et nations particulières, tandis que dans l’Age prochain tout le monde sera invité à participer aux faveurs offertes, à des conditions
(P97) qui seront alors portées à la connaissance de tous ; « que celui qui [alors] voudra de l’eau vive, en prenne gratuitement » Apoc. 22 : 17.
Si nous portons nos regards en arrière, nous remarquons le choix ou l’élection d’Abraham et de certains de ses descendants qui furent comme des canaux par lesquels devait venir celui qui doit bénir toutes les familles de la terre, la Semence promise (Gal. 3 : 29). Nous remarquons aussi Israël choisi d’entre toutes les nations par Dieu, la seule en laquelle Dieu illustra d’une manière typique comment s’accomplirait le grand travail pour le monde ; — sa délivrance d’Egypte, son Canaan, ses alliances, ses lois, ses sacrifices pour les péchés, pour l’effacement de sa culpabilité et pour l’aspersion du peuple ; et son sacerdoce pour accomplir tout cela, était une image en petit et une représentation typique du vrai sacerdoce et des vrais sacrifices pour la purification de toute l’humanité. Dieu dit à ce peuple : « Je n’ai connu que vous d’entre toutes les familles de la terre » (Amos 3: 2). Ce peuple seul fut reconnu jusqu’à ce que Christ vînt ; et il fut reconnu encore après, car le ministère de Christ était limité à lui, et Jésus ne permit pas d’abord à ses disciples d’aller chez d’autres peuples, disant en les envoyant : « Ne vous en allez pas sur le chemin des nations et n’entrez dans aucune ville de Samaritains. » — Pourquoi Seigneur ? Parce que, leur explique-t-il, « Je ne suis envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » (Matth. 10 : 5, 6 ; 15 : 24). Tout son temps jusqu’à sa mort fut dévoué à ce peuple, et c’est là que s’accomplit sa première œuvre pour le monde, la première manifestation de sa grâce libre et surabondante, et qui, « au temps marqué », sera en vérité une bénédiction pour tous.
Ce don, le don le plus sublime de Dieu, ne fut point limité à une nation ou à une classe. Il n’était point pour Israël seul, mais pour tout le monde ; car Jésus-Christ, par la grâce de Dieu, goûta la mort pour chacun (Hébr. 2 : 9).
Et maintenant aussi, dans l’Age de l’Evangile, une certaine élection a lieu. Certaines parties du monde sont plus favorisées que d’autres par
(P98) l’Evangile (qui est libre pour tous ceux qui l’entendent). Jetez un coup d’œil sur une mappemonde et voyez comme elle est petite la partie illuminée ou bénie à un degré appréciable par l’évangile de Christ. Comparez-vous, avec tous vos privilèges et toutes vos connaissances, aux millions d’hommes qui, en ce jour, sont encore dans les ténèbres païennes, qui n’entendirent jamais l’appel et qui par conséquent •ne furent jamais appelés. Quand la troupe appelée (à être fils de Dieu, héritiers de Dieu et cohéritiers de Jésus Christ notre Seigneur, — tous ceux qui auront affermi leur vocation et leur élection) sera complète, alors seulement le plan de Dieu pour le salut du monde commencera.
Jusqu’à ce qu’elle ait été choisie, développée et élevée à la puissance, la semence ne brisera pas la tête du serpent. « Le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds » (Rom. 16 : 20 ; Gen. 3 : 15). L’Age de l’Evangile prépare la chaste vierge, l’Eglise fidèle, pour l’Epoux qui vient. Et à la fin de l’Age, lorsqu’elle est « préparée » (Apoc. 19 : 7), l’Epoux vient et celles des vierges qui sont prêtes entrent avec lui aux noces, — le second Adam et la seconde Eve deviennent un, et alors le travail glorieux de rétablissement commence. Dans la dispensation prochaine (les nouveaux cieux et la nouvelle terre), l’Eglise ne sera plus la vierge fiancée, mais l’Epouse ; et alors « l’Esprit et l’Epouse diront : Viens. Et que celui qui a soif vienne ; que celui qui voudra prenne gratuitement de l’eau de la vie ». Apoc. 22 : 17.
L’Age de l’Evangile, bien loin d’être la fin de la mission de l’Eglise, n’est que la préparation nécessaire pour le grand travail futur. La création tout entière soupire après cette bénédiction promise et souffre les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce jour ; elle attend la révélation des fils de. Dieu (Rom. 8 : 22, 19). C’est là une précieuse vérité : la grâce libre a été prévue dans le plan de notre Père dans la mesure la plus complète, non pas simplement pour les vivants, mais aussi pour ceux qui sont morts, telle
(P99) sera l’opportunité bénie de l’Age qui vient.
Quelques-uns de ceux qui peuvent discerner quelque chose des bénédictions attendues à cette seconde venue, et qui savent apprécier dans une certaine mesure le fait que le Seigneur vient pour répandre la grande bénédiction achetée par sa mort, n’arrivent pas à voir cette dernière proposition, à savoir que ceux qui sont dans leurs tombes ont tout autant d’intérêt à ce glorieux règne du Messie que ceux qui, à ce moment-là, ne seront pas aussi complètement dans les liens de la corruption — de la mort. Pourtant, aussi vrai que Jésus mourut pour tous, aussi sûrement faut-il que tous reçoivent les bénédictions et les occasions favorables qu’il a rachetées par son précieux sang. Il s’ensuit donc que, dans l’Age millénaire, nous devons attendre des bénédictions pour tous ceux qui sont dans la tombe aussi bien que pour ceux qui n’y sont pas ; et nous trouverons d’abondantes preuves sur ce point, si nous pénétrons plus avant dans le témoignage du Seigneur à ce sujet. C’est justement parce que, dans son plan, l’Eternel a décidé de les relâcher, que ceux qui sont dans la tombe sont appelés « les captifs de l’espérance. »
On estime à peu près à cent quarante-trois milliards le nombre des êtres humains qui ont vécu sur la terre dans les six mille ans écoulés depuis, la création d’Adam. D’après l’estimation la plus large qui puisse se faire, le nombre des saints de Dieu ne compterait pas même un milliard d’entre eux. De cette large estimation il resterait l’immense multitude de cent quarante-deux milliards (142.000.000.000) qui s’en .sont allés dans la mort sans foi et sans espoir dans le seul nom, donné sous le ciel ou parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. Oui, la grande majorité d’entre eux n’a jamais connu Jésus ni entendu parler de lui, elle ne put donc croire en Celui dont elle n’avait jamais entendu parler.
Nous nous demandons ce qu’il est advenu de cette vaste multitude d’hommes dont les chiffres ne donnent qu’une idée imparfaite ? Quel est, et quel sera leur sort ? Dieu ne pourvut-il à rien pour ceux de la vie desquels il doit avoir prévu les conditions et les circonstances ?
(P100) Ou conçut-il dès la fondation du monde, des projets inhumains et cruels pour les tourmenter éternellement, comme nombre de ses enfants le prétendent ? Ou a-t-il encore, en réserve pour eux, dans la hauteur et la profondeur, dans la longueur et la largeur de son plan, une occasion favorable pour tous d’arriver à la connaissance du seul nom, et en devenant obéissants à ses ordonnances, de jouir de la vie éternelle ?
A ces questions, que chaque chrétien réfléchi se pose et qu’il souhaite voir résolues sincèrement et en harmonie avec le caractère de l’Eternel, diverses réponses sont faites :
L’athéisme répond : Ils sont morts pour toujours : il n’y a point de vie à venir : ils ne reviendront jamais à la vie.
Le calvinisme répond : Ils ne furent point élus pour être sauvés. Dieu les préordonna et les prédestina à la perdition pour qu’ils aillent en enfer, — et ils y sont maintenant, se tordant dans la souffrance, – et pour y rester à tout jamais, sans aucun espoir.
L’arminianisme répond : Nous croyons que Dieu excusera beaucoup d’entre eux en tenant compte de leur ignorance. Ceux qui firent de leur mieux seront certains d’appartenir à « l’Eglise des premiers-nés », même s’ils n’ont jamais entendu parler de Jésus.
Cette dernière conception a l’assentiment de la majorité des chrétiens de toutes confessions (encore que les dogmes de quelques dénominations disent le contraire), ce qui provient du sentiment que toute autre manière de voir serait incompatible avec la justice de Dieu. Mais les Ecritures appuient-elles cette dernière conception ? Enseignent-elles que l’ignorance est une base de salut ? Non ; le seul fondement du salut mentionné dans les Ecritures repose sur la foi en Christ, comme notre Rédempteur et Seigneur. « Vous êtes sauvés par grâce, par la foi » (Eph. 2: 8). La justification par la foi est le principe fondamental de tout le système du christianisme. Lorsque leur fut posée la question : Que faut-il faire pour être sauvé ? Les apôtres répondirent : « Crois au Seigneur Jésus-Christ ». « Car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés »
(P101) (Actes 4 : 12) ; et « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. »— Rom. 10 : 13.
Cependant, Paul conclut qu’un homme doit entendre l’Evangile avant qu’il puisse croire, en disant : « Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru ? Et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler ? — Rom. 10: 14.
Plusieurs prétendent que Paul enseigne que l’ignorance sauvera les hommes quand il dit que : « Les païens, qui n’ont point la loi, se tiennent lieu de loi à eux-mêmes. » (Rom. 2 : 14). Ils concluent de cela que la loi prescrite par leur conscience suffit pour les justifier. Mais ceux-là comprennent Paul très mal. Il veut justement prouver par là que tout le monde est coupable devant Dieu (Rom. 3 : 19) ; que les nations,, qui n’ont point la loi écrite, furent Condamnées et non justifiées par la lumière de la conscience ; laquelle, soit qu’elle les accusait, soit qu’elle les défendait, prouvait que les Gentils n’ont pas atteint la perfection et sont indignes de la vie, de même que les Juifs furent condamnés par la loi écrite qu’ils avaient : « Car c’est la loi qui donne la connaissance du péché » (Rom. 3 : 20). La loi donnée au Juif révélait les faiblesses de ce dernier, et avait pour but de lui montrer qu’il était incapable de se justifier lui-même devant Dieu ; « car nulle chair ne sera justifiée devant lui par les œuvres de la loi„». La loi écrite condamnait les Juifs ; les Gentils possédaient assez de lumière de la conscience pour qu’elle les condamnât ; et ainsi aucune bouche ne peut s’ouvrir pour réclamer le droit de vie, et tout le monde est reconnu coupable devant Dieu.
Si nous nous rappelons la déclaration de Jacques (2 : 10) : que quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous et ne peut réclamer aucune bénédiction promise par l’alliance de la Loi, alors nous apprécions qu’en vérité « il n’y a point de juste, pas même un seul » (Rom. 3 : 10). Et ainsi les Ecritures ferment toute porte à l’espoir sauf une, montrant que pas un seul des condamnés n’est capable de s’assurer la vie éternelle par des œuvres méritoires, et qu’il est également inutile d’alléguer l’ignorance
(P102) comme base de salut. L’ignorance ne peut pas donner à quelqu’un le droit à la récompense de la foi et de l’obéissance.
Beaucoup de chrétiens, peu disposés à croire que tant de millions d’enfants et de païens ignorants seront éternellement perdus (ce qui, leur a-t-on enseigné, signifie qu’ils seront envoyés dans un lieu de tourment éternel et irrémédiable) insistent, malgré les déclarations de la Bible, et avancent que Dieu ne condamnera point les ignorants. Nous admirons la générosité de leur cœur et leur appréciation de la bonté de Dieu, mais nous les prions de ne pas trop hâtivement rejeter ou feindre d’ignorer les enseignements de la Bible. Dieu a des bénédictions pour tous, et par une meilleure voie que par celle de l’ignorance.
Pourtant, ces chrétiens agissent-ils conformément à ce qu’ils prétendent croire ? Non : tout en professant leur croyance que les ignorants seront sauvés à cause de leur ignorance, ils continuent à envoyer des missionnaires chez les païens et dépensent des milliers de précieuses vies et l’argent par millions. Si tous, ou du moins la moitié d’entre eux, étaient sauvés par l’ignorance, alors on commet positivement une injustice à leur égard en leur envoyant des missionnaires pour les instruire en Christ : car environ un seulement sur mille devient chrétien, quand les missionnaires vont vers eux. Si cette idée était correcte, il vaudrait bien mieux les laisser dans l’ignorance, car alors un plus grand nombre serait sauvé. En poursuivant le même ordre d’arguments, n’en pourrions-nous pas conclure que tous les hommes seraient sauvés, si Dieu Tes avait tous laissés dans l’ignorance ? Si c’était le cas, la venue et la mort de Christ auraient été inutiles, ainsi que la prédication et les souffrances des apôtres et des saints, et le prétendu Evangile au lieu d’être une bonne nouvelle serait une très mauvaise nouvelle. L’envoi de missionnaires aux païens par ceux qui partagent les vues des calvinistes ou des fatalistes sur l’élection, c’est-à-dire qui croient que la destinée de chaque individu est déterminée d’une manière immuable avant sa naissance est encore plus absurde et plus déraisonnable.
Au contraire la Bible, qui est pleine d’esprit missionnaire, n’enseigne point qu’il y a plusieurs chemins de salut, — l’un par
(P103) la foi, un autre par les œuvres et un troisième par l’ignorance. Elle ne nous enseigne pas non plus la doctrine du fatalisme, qui déshonore Dieu. Tout en montrant toutes les autres portes fermées à l’espoir, elle ouvre toute grande l’unique porte, et proclame que quiconque le veut, peut avoir par là la vie ; elle montre que tous ceux qui ne voient ou n’apprécient pas maintenant le privilège béni d’y entrer, seront amenés au temps fixé à l’apprécier en pleine connaissance. Le seul chemin par lequel toute la race condamnée peut venir à Dieu, n’est point celui des œuvres méritoires ni celui de l’ignorance, mais celui de la foi dans le précieux sang de Christ, qui ôte le péché du monde (1 Pierre 1 : 19 ; Jean 1 : 29). C’est là l’Evangile, la bonne nouvelle de grande joie, « qui sera pour TOUT LE PEUPLE ».
Voyons maintenant ce que Dieu nous en dit et laissons Dieu se justifier lui-même. Eh bien, qu’est-il advenu des cent quarante deux milliards d’êtres qui ont vécu sur la terre ?
Quoi qu’ils puissent être devenus, nous sommes sûrs qu’ils ne sont pas maintenant dans un état de souffrance, parce que’ les Ecritures enseignent non seulement que l’Eglise ne reçoit pas son plein et complet salaire avant la venue de Christ, où il rendra à chacun selon ses œuvres (Matth. 16 : 27), mais encore parce que les injustes ne recevront aussi leur punition qu’alors. Quelle que puisse être leur condition présente, elle ne peut consister dans leur pleine rétribution, car Pierre dit : « Le Seigneur sait réserver les injustes pour être punis au, jour du jugement » (2 Pi. 2 : 9), et c’est aussi ce qu’il fera.
Cependant la pensée que tant de nos semblables pourraient être perdus parce qu’il leur manquait la connaissance nécessaire pour leur salut, serait vraiment horrible pour tous ceux qui ont une étincelle de charité ou de pitié. D’ailleurs, il se trouve de nombreux passages de l’Ecriture qu’il semble impossible de faire concorder avec cette interprétation. Voyons un peu : Si nous admettons que cette vie est le seul temps de salut (en laissant de côté toute espérance d’une restitution dans l’Age qui vient),
(P104) comment devons-nous alors, à la lumière du passé et du présent, comprendre les passages suivants : « Dieu est amour », et « Dieu a tant aimé le mondé, qu’il a donné son fils unique engendré, afin que quiconque croit en lui ne périsse point »? (1 Jean 4 : 8 ; Jean 3 : 16). Ne semble-t-il pas que si Dieu a tant aimé le monde, non seulement il aurait pris des précautions pour que les croyants puissent être sauvés, mais aussi pour que tous puissent ouïr l’Evangile afin de croire ?
De même, si nous lisons : « Cette lumière était la véritable, qui éclaire tout homme venant au monde » (Jean 1 : 9), notre raison nous dit : Non, tous les hommes n’ont pas été éclairés, autant que nous puissions en juger, notre Seigneur n’a éclairé qu’un bien petit nombre des milliards d’habitants de la terre. Même de nos jours où la lumière est plus répandue, des millions de païens ne donnent pas plus signe d’une telle illumination que n’en donnaient les Sodomites et des myriades d’autres païens dans les Ages passés.
Nous lisons que Jésus Christ, par la grâce de Dieu, souffrit la mort « pour tous » (Hébr. 2 : 9). Mais s’il souffrit la mort pour ces cent quarante-trois milliards et que pour une cause quelconque ce sacrifice ne devint efficace que pour un milliard seulement, la rédemption n’était-elle pas relativement un échec ? Et dans ce cas, la déclaration de l’Apôtre n’est-elle pas trop large ? Si, également, nous lisons : « Je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple, le sujet d’une grande joie » (Luc. 2: 10), et si, regardant autour de nous, nous nous apercevons que ce ne fut une bonne nouvelle que pour un « petit troupeau » et non pour tout le peuple, cela ne doit-il pas nous étonner fortement et nous faire supposer que les anges avaient peut-être exagéré la bonté et la largeur de leur message, et surestimé l’importance de l’œuvre à accomplir par le Messie qu’ils annoncèrent ?
Un autre passage : « Il y a un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Christ Jésus qui s’est donné lui-même en rançon pour tous » (1 Tim. 2 : 5, 6). Une rançon pour tous ?
(P105) Alors pourquoi tous n’auraient-ils pas quelque bénéfice de la mort de Christ ? Pourquoi tous ne devraient-ils pas arriver à la connaissance de la vérité, afin qu’ils puissent croire ?
Que ces expressions paraissent obscures et inconséquentes sans la clef ! Mais si nous trouvons la clef du plan de Dieu, tous ces textes, d’une voix unanime, déclarent : « Dieu est amour. » Cette clef se trouve dans la dernière partie du texte que nous venons de citer : « qui s’est donné lui-même en rançon pour tous, LE TEMOIGNAGE EN SON PROPRE TEMPS ». Dieu a pour toute chose un temps convenable. II aurait pu le témoigner à tous ceux-là, lors de leur vivant ; mais puisqu’il ne le fit pas, cela prouve que leur « temps convenable » est encore futur. Pour ceux qui feront partie de l’Eglise, de l’Epouse de Christ, et qui participeront à l’honneur du royaume des cieux, le temps présent est le temps convenable pour ouïr, que celui qui a maintenant des oreilles pour ouïr, entende et soit attentif, et il sera béni en conséquence. Bien que Jésus paya notre rançon avant que nous fussions nés, notre « temps convenable » pour ouïr ne vint que longtemps après, et seule l’appréciation de cet événement entraîna 1a responsabilité, et cela dans la mesure de notre capacité et de notre appréciation. Le même principe s’applique à tous : au temps déterminé par Dieu, il sera témoigné à tous, et tous auront alors l’occasion favorable de croire et d’être bénis par ce moyen.
L’opinion dominante est celle que la mort met fin à toute épreuve ; mais il n’y a aucun passage qui l’enseigne ainsi ; fous ceux que nous venons de citer et plusieurs autres, seraient insignifiants ou pires, si la mort mettait fin à toute espérance pour les masses ignorantes du monde. Voici le seul passage qu’on cite pour prouver cette manière de voir communément soutenue : « Si un arbre tombe vers le midi ou vers le septentrion, en quelque lieu qu’il soit tombé, il y demeurera » (Eccl. 11 : 3). Si ce verset a un rapport quelconque avec l’avenir de l’homme, il indique que, en quelque condition qu’il descende dans la tombe, aucun changement n’aura lieu jusqu’à sa résurrection : cela est aussi l’enseignement unanime de toutes les Ecritures qui traitent de ce sujet, comme on le montrera dans les chapitres suivants. Puisque Dieu n’a aucunement l’intention de sauver l’homme en raison de son ignorance,
(P106) mais « qu’il veut que tous les hommes soient sauvés, et qu’ils parviennent à la pleine connaissance de la vérité » (1 Tim. 2 : 4) ; puisque la masse de l’humanité mourut dans l’ignorance ; et puisque « dans le sépulcre, où l’homme va, il n’y a ni œuvre, ni combinaison, ni connaissance, ni sagesse » (Eccl. 9 : 10), Dieu a, en conséquence, pourvu au réveil des morts, pour qu’ils puissent parvenir à la connaissance, à la foi et au salut. Son plan est donc que « comme tous en Adam meurent, de même tous en Christ revivront, mais chacun en son propre rang », — l’Eglise de l’Evangile, l’Epouse, le corps de Christ d’abord ; ensuite, durant l’Age millénaire, tous ceux qui deviendront siens pendant les mille ans de sa présence (Version de Lausanne.) (traduit à tort par venue), le temps convenable du Seigneur, où tous le connaîtront depuis le plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux. —1 Cor. 15 : 22.
Comme la mort est venue par le premier Adam, ainsi la vie vient par Christ, le second Adam. Tout ce que l’humanité perdit par le premier Adam sera restitué à ceux qui croiront au second Adam. Quand les hommes seront ramenés à la vie, avec l’avantage de l’expérience du mal, qui faisait défaut à Adam, ceux qui accepteront avec reconnaissance la rédemption comme le don de Dieu, pourront continuer de vivre éternellement en se conformant à la condition originelle d’obéissance envers Dieu. Sous le juste règne du Prince de la paix une parfaite obéissance sera exigée, mais la capacité parfaite de pouvoir obéir sera aussi donnée. C’est en cela que consiste le salut offert au monde.
Considérons maintenant un autre texte qui est généralement ignoré de tous, excepté des universalistes ; car, sans être universalistes, nous prétendons avoir le droit d’employer et de croire chaque témoignage de la parole de Dieu et de nous en réjouir. On lit : « Nous espérons au Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, principalement de ceux qui croient » (1 Tim. 4 : 10). Dieu veut sauver tous les hommes mais il ne sauvera principalement (entièrement : jusqu’à l’achèvement ; voir note D. Hébr. 7 : 25) que ceux qui viendront à lui par Christ. Le salut de Dieu pour tous les hommes n’est pas tel, qu’il doive se heurter contre leur libre arbitre ou contre leur libre choix, en leur donnant la vie contre leur volonté : « J’ai mis devant toi la vie et la mort… Choisis la vie, afin que tu vives. ».
(P107)
Siméon mit en contraste ces deux saluts lorsqu’il dit : « Mes yeux ont vu ton salut,… la lumière qui doit éclairer les nations, et la gloire de ton [vrai] peuple d’Israël. » Cela est en harmonie avec la déclaration de l’Apôtre : que le fait que Jésus-Christ, le médiateur, se donna lui-même en rançon pour tous, doit être témoigné à tous en son PROPRE TEMPS. C’est ceci qui doit parvenir à la connaissance de tous les hommes, sans égard à la foi et à la volonté de leur part. Cette bonne nouvelle d’un Sauveur sera pour tout le peuple (Luc 2: 10, 11), mais son peuple seul (Matth. 1 : 21) sera sauvé du péché et de la mort, ceux-là seulement qui croient en lui ; car nous lisons que la colère de Dieu continue à demeurer sur l’incrédule. — Jean 3 : 36.
Nous voyons donc que le salut général, qui doit parvenir à chaque individu, consiste dans la lumière venant de la vraie lumière et dans l’occasion favorable de choisir la vie ; comme la plus grande partie de la race est dans la tombe, il sera nécessaire de l’en faire sortir, afin que la bonne nouvelle d’un Sauveur puisse lui être témoignée. Nous voyons de même que le salut spécial, dont les croyants jouissent maintenant en espérance (Rom. 8: 24), et dont la réalité sera aussi révélée dans l’Age millénaire à ceux qui « auront cru en ce jour-là », est une pleine délivrance de l’esclavage du péché et de la corruption de la mort, en la liberté glorieuse des enfants de Dieu. Mais avant d’accorder toutes ces bénédictions, Dieu exigera une soumission du cœur aux lois du royaume de Christ, — la rapidité avec laquelle chacun atteindra la perfection, indiquera son degré d’amour envers le Roi et envers sa loi d’amour. Si quelqu’un, éclairé par la vérité, parvenu à la connaissance de l’amour de Dieu et rétabli dans la perfection humaine (que cela soit réel ou considéré comme tel), devient « craintif » (Réf. Strong 1169: « Sans foi ».) et « se retire » (Héb. 10 : 38, 39), celui-là sera exterminé du milieu du peuple (Actes 3 : 23), avec les incrédules, dans la seconde mort. Apoc. 21 : 8.
Nous voyons ainsi que tous les passages, paraissant si difficiles jusqu’ici, s’expliquent facilement par la déclaration, — « le témoignage en son propre temps. » Au propre temps, cette vraie lumière éclairera tous les hommes qui sont
(P108) venus au monde. Et ces passages ne peuvent être expliqués en aucune autre manière sans être tordus. Paul présente cet ordre d’arguments avec beaucoup d’énergie dans Rom. 5 : 18, 19. Il conclut que, de même que tous les hommes furent condamnés à la mort par la transgression d’Adam, ainsi, de même, la justice et l’obéissance de Christ jusqu’à la mort sont devenues une base de justification ; et que, de même que tous perdirent la vie par le premier Adam, ainsi tous, malgré leur démérite personnel, peuvent recevoir la vie en acceptant le second Adam.
Pierre nous dit qu’il a été fait mention de ce rétablissement par la bouche de tous les saints prophètes (Actes 3 : 19-21). Tous l’enseignent. Ezéchiel parle de la vallée d’ossements fort secs : « Ces os sont toute la maison d’Israël. » : « Mon peuple, voici, je vais ouvrir vos sépulcres, et je vous tirerai hors de vos sépulcres, et je vous ferai rentrer dans la terre d’Israël. Et vous, mon peuple, vous saurez que je suis l’Eternel, quand j’aurai ouvert vos sépulcres, et que je vous aurai tirés hors de vos sépulcres. Et je mettrai mon esprit en vous, et vous revivrez, et je vous poserai sur votre terre ; et vous saurez que moi, qui suis l’Eternel, aurai parlé et que je l’aurai fait, dit l’Eternel. » — Ezéch. 37 : 11-14.
Avec ceci s’accordent les paroles de Paul (Rom. 11 : 25-26 — Darby). « C’est qu’un endurcissement (ou aveuglement) partiel est arrivé à Israël jusqu’à ce que la plénitude des nations [le peuple élu, l’épouse de Christ], soit entrée ; et ainsi tout Israël sera sauvé, [ou ramené de son état d’être rejeté] ; » car « Dieu n’a point rejeté son peuple qu’il a préconnu » (vers. 2). Les Israélites ont été rejetés de sa faveur pendant que l’épouse de Christ était en voie de sélection, mais ils seront réinstallés aussitôt que cette œuvre sera accomplie (vers. 28-33). Les prophètes abondent en descriptions, montrant comment Dieu les replantera et ne les arrachera plus. « Ainsi a dit l’Eternel, le Dieu d’Israël : Je les regarderai d’un œil favorable, et je les ferai retourner en ce pays, et je les y rebâtirai et ne les détruirai plus ; je les planterai et ne les arracherai plus. Et je leur donnerai
(P109) un cœur pour connaître que je suis l’Eternel, et ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu ; car ils reviendront à moi de tout leur cœur. » (Jér. 24 : 5-7 ; 31 : 28 ; 32 : 4042 ; 33 : 6-16). Toutes ces déclarations ne peuvent pas se rapporter simplement aux délivrances des captivités de Babylone, de Syrie, etc…; car les Israélites furent de nouveau arrachés depuis.
Plus loin l’Eternel dit encore : « En ces jours-là, on ne dira plus : Les pères ont mangé des raisins verts et les dents des enfants en sont agacées. Mais chacun [qui meurt] mourra pour son iniquité » (Jér. 31 : 29-30). Cela n’est pas le cas maintenant. Chacun ne meurt pas maintenant pour ses propres péchés, mais à cause du péché d’Adam : — « En Adam tous meurent ». C’est lui qui mangea les raisins verts du péché, et nos pères continuèrent à en manger, transmettant toujours plus de maladies et de misères à leurs enfants et hâtant par là le salaire du péché, — la mort. Le jour où « chacun [qui meurt] mourra pour sa propre iniquité » seulement, est le jour millénaire ou jour du rétablissement.
Si nombre des prophéties et des promesses de bénédictions futures semblent s’appliquer à Israël seul, il faut se rappeler qu’Israël était un peuple typique, et qu’en vertu de cela les promesses faites à lui, bien qu’elles aient parfois une application spéciale à lui-même, s’appliquent généralement au monde entier, dont Israël fut le type. Tandis qu’Israël comme nation était le type du monde entier ?, sa sacrificature (ou prêtrise) était le type du « petit troupeau » élu (la tête et le corps de Christ), la « sacrificature royale » ; et les sacrifices, les purifications et les propitiations pratiqués pour Israël, typifiaient les « sacrifices plus excellents », les purifications plus complètes et la propitiation ou l’expiation réelle « pour les péchés du monde entier », dont Israël for me une partie.
De plus Dieu parle d’autres nations qu’il nomme et dont il promet la restauration. Comme forte preuve à l’appui, nous mentionnons les Sodomites. Si nous trouvons le rétablissement des Sodomites clairement enseigné, nous pouvons nous réjouir, à coup sûr, de la vérité de cette glorieuse doctrine du rétablissement
(P110) de tout le genre humain, exprimée par la bouche de tous les saints prophètes. Et pourquoi les Sodomites n’auraient-ils pas, eux aussi, une occasion d’atteindre la perfection et la vie éternelle aussi bien qu’Israël, ou que l’un d’entre nous ? Ils n’étaient point justes, c’est vrai, mais Israël ne l’était point non plus, pas plus que nous ne l’étions, nous, qui maintenant entendons l’Evangile. « Il n’y a point de juste, non pas même un seul, » en dehors de la justice imputée de Christ lequel mourut pour tous. Les propres paroles de Jésus nous disent, que quoique Dieu fît pleuvoir des cieux du soufre et du feu et les détruisît tous à cause de leurs iniquités, les Sodomites ne furent néanmoins pas d’aussi grands pécheurs à ses yeux que les Juifs, qui avaient plus de connaissances (Gen. 19 : 24 ; Luc 17 : 29). Aux Juifs de Capernaüm, il dit : Si les miracles qui ont été faits au milieu de toi eussent été faits à Sodome, elle subsisterait encore aujourd’hui. » Matth. 11 : 23.
Ainsi notre Seigneur nous enseigne-t-il que les Sodomites n’avaient pas encore eu une pleine occasion de salut ; mais il la leur garantit lorsqu’il ajoute : « Mais je vous dis que le sort du pays de Sodome sera plus supportable au jour du jugement que le tien » (vers. 24 — Darby). Le caractère du Jour du jugement ainsi que son œuvre seront démontrés dans les pages suivantes. Ici nous attirons particulièrement l’attention sur le fait que ce sera un temps supportable pour Capernaüm et encore plus supportable pour Sodome ; parce que, quoique aucune des deux n’eût encore eu une pleine connaissance, qu’aucune n’eût goûté les bénédictions à venir par la « semence », Capernaüm toutefois pécha contre plus de lumière.
Et si Capernaüm et tout Israël ne sont pas oubliés mais doivent être bénis, sous la « Nouvelle Alliance », scellée par le sang de Jésus, pourquoi les Sodomites ne devraient-ils pas eux aussi être bénis parmi « toutes les familles de la terre » ? Assurément ils le seront. Et n’oublions pas que, puisque Dieu « fit pleuvoir du ciel du feu et du soufre, qui les fit tous périr » plusieurs siècles avant le temps de Jésus, lorsqu’il est question de leur rétablissement, cela implique en même temps leur résurrection, leur retour de la tombe.
(P111)
Examinons maintenant la prophétie d’Ezéchiel 16: 48-63. Lisons-la attentivement : Ici Dieu parle des Israélites et les compare à leurs voisins les Samaritains et aussi aux Sodomites, desquels il dit : « Je les ai fait disparaître quand je l’ai jugé à propos » (v. 50). Ni Jésus ni le prophète ne fournissent d’explication au sujet de cette inégalité apparente des agissements de Dieu, détruisant la ville de Sodome et laissant impunies d’autres villes, plus coupables qu’elle. Tout cela viendra au jour lorsque, au « temps fixé », ses grands desseins seront manifestés. Le prophète déclare simplement que Dieu trouva bon d’agir ainsi, et Jésus ajoute que le sort sera plus supportable pour elle, au jour du jugement, que pour d’autres plus coupables. Mais dans la supposition que la mort mette fin à toute probation et, qu’après cela, plus personne ne puisse avoir une occasion favorable de parvenir à la connaissance de la vérité et de lui obéir, nous demanderons : Pourquoi Dieu trouva-t-il bon de détruire ces gens sans leur donner une possibilité d’accepter le salut par la connaissance du seul nom par lequel ils peuvent être sauvés ? La réponse est : Parce que ce n’était pas encore le temps convenable pour eux. Au « temps convenable » les Sodomites seront réveillés de la mort et amenés à la connaissance de la vérité ; ils seront bénis ensemble avec toutes les familles de la terre par la « semence » promise. Alors ils seront mis à l’épreuve pour la vie éternelle.
Par cette pensée (et par aucune autre) nous pouvons comprendre la conduite du Dieu d’amour envers les Amalécites et d’autres nations. Non seulement, il permit à Israël de les détruire, mais il l’ordonna, disant : « Va maintenant, et frappe Amalek, et vous détruirez entièrement tout ce qui est à lui, et tu n’épargneras pas, tu feras mourir les hommes et les femmes, les enfants et ceux qui tètent, les bœufs et les moutons, les chameaux et les ânes » (1 Sam. 15 : 3). Cette destruction de vie, impitoyable et sans égards, semble être inconciliable avec le caractère de charité attribué à Dieu et avec l’enseignement de Jésus, « aimez vos ennemis », etc…, jusqu’à ce que nous arrivions à reconnaître que le plan de Dieu est conçu systématiquement, qu’il y a un « temps déterminé » pour l’accomplissement
(P112) de chaque partie de ce plan et qu’en effet chaque membre de la race humaine y trouve sa place.
Nous pouvons voir maintenant que ces Amalécites, Sodomites et autres, ont été mis en avant comme exemples de la juste indignation de Dieu et de sa résolution de détruire finalement et complètement les ouvriers d’iniquité : exemples qui serviront non seulement à d’autres, mais aussi à eux-mêmes, quand viendra leur jour de jugement ou d’épreuve. Ces peuples pouvaient tout aussi bien mourir de cette manière que par la peste ou que par tout autre fléau. Cela avait bien peu d’importance pour eux, puisqu’ils apprenaient simplement à connaître le mal, afin qu’au temps déterminé ils puissent apprendre la justice (la droiture) lorsqu’ils seront mis à l’épreuve, et soient capables de distinguer et de choisir le bien pour avoir la vie.
Toutefois, continuons à examiner la prophétie. Après avoir comparé Israël à Sodome et à Samarie, et avoir déclaré Israël le plus blâmable (Ezéchiel 16: 48 à 54), l’Eternel dit : « Et je tournerai (en délivrance) leur captivité, la captivité de Sodome et de ses filles, et la captivité de Samarie et de ses filles, et la captivité de tes captifs au milieu d’elles. » La captivité dont il est question ici, ne peut être que leur captivité dans la mort ; car ces peuples mentionnés étaient déjà tous morts alors. Dans la mort tous sont captifs, et Christ vient pour ouvrir les portes de la tombe et pour mettre en liberté les captifs (Esaïe 61 : 1 ; Zach. 9 : 11). Au verset 55 cela est appelé un retour à « leur ancien état » un rétablissement.
Il y a des gens qui sont assez disposés à accepter la miséricorde de Dieu par Christ pour la rémission de leurs propres offenses et faiblesses commises à la suite de lumières et de connaissances plus abondantes, mais qui ne peuvent concevoir que la même grâce soit applicable aussi, à d’autres, sous la Nouvelle Alliance ; cependant, ils semblent admettre la déclaration de l’apôtre que Jésus-Christ, par la grâce de Dieu, souffrit la mort pour tous. D’aucuns ont même l’idée que l’Eternel doit avoir parlé ironiquement aux Juifs dans cette prophétie, impliquant qu’il voulait tout aussi bien ramener les Sodomites qu’eux, mais qu’il avait l’intention de ne rétablir
(P113) ni les uns ni les autres. Mais voyons si les versets suivants s’accordent avec cette idée. L’Eternel dit : « Mais toutefois JE ME SOUVIENDRAI de l’alliance que j’avais traitée avec toi dans les jours de ta jeunesse et J’ETABLIRAI avec toi une alliance éternelle. ALORS TU TE SOUVIENDRAS de ta conduite et tu en seras confuse, quand tu recevras tes sœurs ;… car j’ETABLIRAI mon alliance avec toi, et tu sauras que je suis l’Eternel ; afin que tu t’en souviennes et que tu sois honteuse, et que tu n’aies plus la hardiesse d’ouvrir la bouche, à cause de ta confusion, après que j’aurai été apaisé envers toi, pour tout ce que tu auras fait, DIT LE SEIGNEUR, L’ETERNEL. » Quand une promesse est signée ainsi par le grand Eternel, tous ceux qui ont écrit sur leur sceau que Dieu est vrai, peuvent avec pleine confiance se réjouir de la certitude de son accomplissement, spécialement ceux qui reconnaissent que ces bénédictions de la Nouvelle Alliance ont été confirmées par Dieu dans le Christ, dont le précieux sang doit sceller l’alliance.
A cela, Paul ajoute aussi son témoignage en disant : « Et ainsi tout Israël [les vivants et les morts] sera sauvé [ramené de son aveuglement], selon qu’il est écrit : Le Libérateur viendra de Sion ; il détournera de Jacob l’impiété. Et c’est là l’alliance de ma part pour eux, lorsque j’ôterai leurs péchés… Ils sont bien-aimés à cause des pères. Car les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir. » Rom. 11 : 26 à 29.
Nous ne devons pas nous étonner si les Juifs, les Sodomites, les Samaritains et tout le genre humain seront confus et honteux quand, en son propre « temps marqué », Dieu manifestera les richesses de sa grâce. Oui, plusieurs de ceux qui sont maintenant enfants de Dieu seront confondus et émerveillés, quand ils verront combien Dieu aima LE MONDE et combien ses plans et ses pensées étaient plus élevés que les leurs.
Les chrétiens croient généralement que les bénédictions de Dieu sont toutes pour l’Eglise élue et seulement pour elle, mais maintenant nous commençons à voir que le plan de Dieu est plus large que nous ne l’avions supposé ; et que s’il a donné à l’Eglise « les plus grandes et
(P114) les plus précieuses promesses », il n’a pas négligé non plus de préparer l’abondantes provisions pour le monde qu’il aima au point de le racheter. Les Juifs commirent une erreur tout à fait semblable, en supposant que toutes les promesses de Dieu n’étaient que pour eux et pour eux seuls ; mais lorsque le « temps convenable » vint et que les Gentils furent favorisés, le « reste » d’Israël, dont le cœur était assez large pour se réjouir de cette preuve plus étendue de la grâce de Dieu, partagea cette faveur accrue, tandis que les autres furent aveuglés par les préjugés et les traditions humaines. Que les membres de l’Eglise qui voient apparaître maintenant la lumière rayonnante de l’Age millénaire, avec ses faveurs et ses avantages pour tout le monde, fassent attention, de crainte d’être trouvés en opposition avec la lumière croissante et d’être, ainsi, aveuglés à l’égard de sa gloire et de ses bénédictions.
Combien ce plan glorieux de Dieu, de l’élection d’un petit nombre qui bénira plus tard tout le monde, diffère de l’altération de ces vérités, telles qu’elles sont représentées par les deux vues contradictoires du calvinisme et de l’arminianisme. D’une part, le premier nie la doctrine biblique de la grâce libre, et, d’autre part, il déforme la glorieuse doctrine de l’élection ; le dernier nie la doctrine de l’élection et se trouve dans l’impossibilité de comprendre dans sa plénitude bénie la grâce libre de Dieu.
Le calvinisme dit : Dieu est souverainement sage ; il connut la fin dès le commencement ; et comme tous ses desseins seront exécutés, il n’a jamais pu avoir l’intention de n’en sauver qu’un petit nombre, l’Eglise. Il élut et prédestina celle-ci au salut éternel ; tous les autres furent aussi prédestinés et élus, mais pour aller au tourment éternel, car « toutes les œuvres de Dieu lui sont connues de toute éternité ».
Cette vue a ses bons côtés. Elle reconnaît l’omniscience de Dieu. Et ce serait notre idéal d’un grand Dieu, s’il ne lui manquait pas deux qualités essentielles de vraie grandeur : l’amour et la justice ; ni l’une ni l’autre n’apparaissent en ce qu’il fit venir au monde cent quarante deux-milliards d’êtres humains condamnés au tourment éternel avant d’être nés, et
(P115) même trompés par la déclaration solennelle de son amour. Puisque Dieu est amour et que la justice est le fondement de son trône, tel ne peut être son caractère.
L’arminianisme dit : — Certes, Dieu est amour ; et en faisant venir les humains au monde il ne leur voulait aucun mal, — seulement le bien. Mais Satan réussit à tenter le premier couple, et ainsi le péché entra dans le monde et par le péché, la mort. Et depuis, Dieu a fait tout ce qu’il a pu pour délivrer l’homme de son ennemi, il est même allé jusqu’à donner son Fils. Bien que maintenant, après six mille ans, l’Evangile n’ait atteint qu’une bien faible partie de l’humanité, nous espérons et croyons pourtant que dans d’autres six mille ans, grâce à l’énergie et à la libéralité de l’Eglise, Dieu aura tellement remédié au mal introduit par Satan, que tous ceux qui vivront alors pourront au moins connaître son amour et auront une occasion de croire pour être sauvés.
Tandis que cette conception représente Dieu comme un être plein de bienveillantes et charitables intentions pour ses créatures, elle laisse entendre aussi que pour l’accomplissement de ses bienveillantes intentions, il lui manque la capacité et la prescience nécessaires : qu’il ne possède pas suffisamment de sagesse et de puissance. Selon cette conception il semblerait que, pendant que Dieu ne s’occupait que du bien de ses enfants nouvellement créés et faisait les arrangements nécessaires, Satan s’y glissa et, par un coup de maître, renversa tous les plans de Dieu. Celui-ci aurait donc, malgré tout son pouvoir, besoin de douze mille ans pour rétablir la justice, et seul le reste de la race vivant alors aurait au moins l’occasion de choisir entre le bien et le mal. Mais les cent quarante-deux milliards d’êtres humains des six mille ans écoulés et ceux des six mille ans prochains sont, d’après cette doctrine, et, en dépit de l’amour de Dieu, perdus pour toute l’éternité, parce que Satan intervint dans ses plans. Conclusion : Satan en obtiendrait mille pour le tourment éternel contre un que Dieu sauve pour la gloire !
(P116)
Cette vue doit sûrement exalter les idées de l’homme sur la sagesse et le pouvoir de Satan et sous-estimer ces attributs en Dieu, dont pourtant le psalmiste dit : « Il dit, et la chose arrive, il ordonne, et elle existe. » Mais loin de là ! Dieu ne fut point surpris ni dupé par l’adversaire ; Satan n’a en aucune manière contrecarré ses plans. Dieu est parfaitement maître de la situation, et l’a toujours été ; et, finalement, on verra que tout a concouru à l’accomplissement de ses desseins.
Les doctrines de l’élection et de la grâce libre, telles qu’elles sont exposées par le calvinisme et l’arminianisme, n’ont jamais pu s’harmoniser l’une avec l’autre, ni avec la raison, ni avec la Bible ; elles sont cependant harmonieuses et belles, si elles sont contemplées au point de vue du plan des Ages.
Puisque nous voyons que tant de ces grands et glorieux traits du plan de Dieu pour sauver l’homme du péché et de la mort sont encore futurs, et que le second avènement de notre Seigneur Jésus est la première étape prévue dans l’accomplissement de ces bénédictions si longtemps promises et si longtemps attendues, ne devrions-nous pas, à cause de cela, désirer ce second avènement plus ardemment que le peuple juif, moins éclairé, ne désirait le premier ? En voyant que le temps du mal, de l’iniquité et de la mort doit toucher à sa fin par l’empire et le pouvoir qu’Il exercera alors, et que la droiture, la vérité et la paix deviendront universelles, qui ne pourrait se réjouir de voir son jour ? Et qui, de ceux qui souffrent maintenant avec Christ, inspiré par la précieuse promesse que « Si nous souffrons avec lui, nous régnerons aussi avec lui », ne relèvera la tête et ne se réjouira de toute preuve de l’approche du Maître, sachant par là que notre délivrance et notre glorification avec lui approchent ? Sûrement tous ceux qui sympathisent avec sa mission de bénédiction et avec son esprit d’amour salueront joyeusement chaque indice de sa venue comme l’approche de « la grande joie qui sera pour tout le peuple ».