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ETUDE IX
RANÇON ET RETABLISSEMENT
Le rétablissement garanti par la rançon. — Il n’est point la vie éternelle, mais il en est une épreuve, garantie par la rançon. — Les conditions et les avantages de l’épreuve. — Le sacrifice de Christ était nécessaire. Comment la race humaine pouvait être rachetée et le fut par la mort d’un seul homme. — La foi et les œuvres sont toujours nécessaires. — Le châtiment du péché volontaire est certain. — Y aura-t-il assez de place sur la terre pour les millions qui ressusciteront ? — Le rétablissement par opposition à l’évolution.
D ‘APRES l’ébauche du plan divin révélé, telle qu’elle a été esquissée jusqu’ici, il est évident que le dessein de Dieu pour l’humanité est une restitution ou rétablissement à la perfection et à la gloire perdues en Eden. L’évidence la plus forte, la plus décisive à ce sujet, ressort de la pleine compréhension de l’étendue et de la nature de la rançon même. Le rétablissement prédit par des apôtres et par les prophètes doit suivre la rançon comme une conséquence juste et logique. Il faut que toute l’humanité (à moins qu’elle ne résiste obstinément à la puissance salvatrice du grand Libérateur) soit délivrée du péché originel, « de la servitude de la corruption », de la mort, conformément à la disposition de Dieu dans la préparation d’une rançon ; autrement cette dernière n’aurait pas de valeur pour tous.
Le raisonnement de Paul à ce sujet est des plus clairs et des plus expressifs. Il déclare : (Rom. 14 : 9) : « Car c’est pour cela que Christ est mort et est ressuscité afin d’être le Seigneur [le chef, le maître] des vivants et des morts. » C’est dire que le but de la mort et de la résurrection de Christ ne fut pas simplement de bénir, de gouverner et de rétablir l’humanité vivante, mais de Lui donner l’autorité et le plein pouvoir aussi bien sur les morts que sur les vivants, et d’assurer les bienfaits de sa rançon aux uns autant
(P150) qu’aux autres (Nous pouvons, avec raison, trouver dans les paroles de l’Apôtre, un sens autre et plus large encore, à savoir, que dans l’expression « les morts » toute l’espèce humaine est comprise. Du point de vue de Dieu, la race entière, qui est sous la condamnation à mort, est traitée comme si elle était déjà morte (Matth. 8 : 22) ; dans ce sens, l’expression « les vivants » s’appliquerait à des êtres qui sont au-dessus de l’homme et qui n’ont pas perdu la vie, c’est-à-dire aux anges.). Il « s’est donné lui-même en rançon [un prix correspondant] pour tous, afin de pouvoir les bénir tous et de donner à chaque homme une épreuve individuelle de vie. Il est absurde de prétendre qu’il donna « une rançon pour tous » et de soutenir en même temps qu’une poignée seulement des rachetés recevront jamais quelque avantage de cette rançon; car cela permettrait de supposer ou que Dieu accepta le prix de la rançon et puis refusa injustement de consentir à ce que les rachetés soient relâchés, ou que, après les avoir rachetés tous, le Seigneur est impuissant ou peu disposé à exécuter son bienveillant dessein originel. L’immutabilité des plans de Dieu, comme d’ailleurs la perfection de la justice et de l’amour divins, repoussent une telle pensée, la contredisent, et nous donnent l’assurance que le plan originel et bienveillant, qui eut « la rançon pour tous » à sa base, sera exécuté pleinement au « propre temps » de Dieu ; il apportera aux croyants fidèles la rémission bénie de la condamnation adamique et une occasion de retourner aux droits et aux libertés des fils de Dieu, dont Adam jouissait avant le péché et la malédiction.
Si l’on reconnaît clairement les bienfaits et les résultats réels de la rançon, il faut que toute objection contre son application universelle s’évanouisse. La « rançon pour tous » donnée par « l’homme Christ Jésus » ne procure ou ne garantit à aucun homme la vie ou bénédiction éternelle, mais elle donne et garantit à chaque homme une autre occasion ou épreuve pour obtenir la vie éternelle. La première épreuve de l’homme, qui eut pour résultat la perte des bénédictions accordées tout d’abord, est tournée réellement en une bénédiction d’expérience pour les cœurs loyaux, en raison de la RANÇON à laquelle Dieu a pourvu. Pourtant, le fait que les hommes sont rachetés du premier
(P151) châtiment, ne garantit point qu’une fois individuellement mis à l’épreuve pour la vie éternelle, ils ne puissent manquer à l’obéissance, sans laquelle il ne sera permis à personne de vivre éternellement. L’homme sera pleinement averti par l’expérience actuelle du péché et de son amer châtiment ; et lorsque, en raison de la rançon, il lui sera accordé une autre épreuve individuelle, sous les yeux et le gouvernement de celui qui l’aima tellement qu’il donna sa vie pour lui, et qui voudrait qu’aucun ne périsse, mais que tous retournent à Dieu et vivent, nous pouvons être sûrs que seuls ceux qui désobéiront volontairement encourront le châtiment de la seconde épreuve. Ce châtiment sera la seconde mort, pour laquelle il n’y aura plus, ni rançon, ni rémission, parce qu’il n’y aura plus aucun but pour une autre rançon ou pour une épreuve supplémentaire. Tous auront connu et goûté pleinement tant le bien que le mal ; tous auront témoigné de la bonté et de l’amour de Dieu, et les auront expérimentés ; tous auront eu une pleine et loyale épreuve individuelle pour la vie, dans les conditions les plus favorables. On ne pourrait demander davantage et il ne sera pas donné davantage. Cette épreuve montrera une fois pour toutes celui qui sortirait juste et saint de mille épreuves, et qui, de mille épreuves, en sortirait injuste et impie, et se souillerait encore.
Il serait inutile d’accorder une autre épreuve de vie exactement dans les mêmes circonstances ; mais, si les circonstances de ceux mis à l’épreuve sont différentes, voire plus favorables, les termes ou les conditions de leur épreuve individuelle pour la vie seront cependant les mêmes que ceux de l’épreuve adamique. La loi de Dieu restera la même, — elle ne change point. Elle dira toujours : « L’âme qui péchera, celle-là mourra » ; et les conditions de l’homme ne seront pas plus favorables, au point de vue du milieu, que les conditions et le milieu d’Eden ; par contre, la grande différence sera dans la connaissance accrue. L’expérience du mal, mise en contraste avec l’expérience du bien qui augmentera en chacun durant l’épreuve de l’Age qui vient, constituera l’avantage en raison duquel les résultats de la seconde épreuve différeront de beaucoup des résultats
(P152) de la première ; et cela, parce que la sagesse et l’amour divins ont pourvu à la « rançon pour tous » et garanti ainsi à tous la bénédiction d’une nouvelle épreuve. Nulle épreuve plus favorable, aucune loi plus favorable, aucunes conditions ou circonstances plus favorables, en quelque manière que ce soit et pour n’importe qui, ne peuvent être conçues comme motifs pour une autre rançon ou pour une épreuve future au-delà de l’Age millénaire.
La rançon donnée n’excuse le péché d’aucun homme : elle ne propose nullement de compter les pécheurs comme des saints, de les introduire ainsi dans l’éternelle félicité. Elle ne fait que libérer simplement le pécheur, qui l’accepte, de la première condamnation et de ses résultats directs et indirects ; elle le place de nouveau à l’épreuve pour la vie, épreuve dans laquelle sa propre obéissance ou désobéissance volontaire décidera s’il peut ou non avoir la vie éternelle.
On ne devrait pas non plus admettre, comme tant de gens y sont disposés, que tous ceux qui vivent dans un milieu civilisé et qui voient ou possèdent une Bible, ont de cette manière une pleine occasion ou épreuve pour la vie. On doit se rappeler que les enfants d’Adam n’ont pas été tous corrompus au même degré par la chute. Il y en a qui viennent au monde tellement faibles et dépravés qu’ils sont facilement aveuglés par le dieu de ce monde, Satan, et sont séduits par le péché qui nous environne et nous assaille ; tous sont plus ou moins sous cette influence, de sorte que, quand même ils voudraient faire le bien, le mal se présente, plus puissant à cause du milieu, etc., et il est presque inévitable pour eux de faire le mal, tandis qu’il leur est presque impossible de faire le bien qu’ils voudraient faire.
Petit est, en effet, le nombre de ceux qui, dans le temps présent, apprennent véritablement, et par expérience, la liberté par laquelle Christ fait tomber les chaînes de ceux qui acceptent sa rançon et qui se placent sous son régime pour leur direction future. Néanmoins ce petit nombre seul, l’Eglise appelée et éprouvée d’avance en vue du but spécial de travailler avec Dieu pour la bénédiction du monde, rendant témoignage maintenant, et plus tard gouvernant, bénissant et jugeant le monde dans son Age d’épreuve jouit déjà, jusqu’à un certain point, des bienfaits de la rançon, ou se trouve maintenant à l’épreuve pour la vie.
(P153) Ce petit nombre de croyants a considéré comme étant siennes (et il les reçoit par la foi) toutes les bénédictions du rétablissement, dont le monde jouira durant l’Age prochain. Ces croyants, sans être parfaits, ni réellement rétablis en l’état d’Adam, sont traités d’une manière propre à compenser la différence. Par la foi en Christ, ils sont considérés comme parfaits et, en conséquence, rétablis dans la perfection et la grâce divines, comme s’ils n’étaient plus des pécheurs. Leurs imperfections et leurs faiblesses inévitables, compensées par la rançon, ne leur sont point imputées, mais sont couvertes par la perfection du Rédempteur. Par là, l’épreuve de 1’Eglise, à cause de sa position considérée comme étant en Christ, est aussi favorable que celle que le monde subira dans son temps d’épreuve. Le monde sera amené entièrement à une pleine connaissance de la vérité, et quiconque en acceptera les mesures et les conditions, ne sera plus, dès lors, traité comme pécheur, mais comme fils, auquel sont destinées toutes les bénédictions du rétablissement.
L’une des différences entre les expériences du monde lors de son épreuve et celles de 1’Eglise durant la sienne consistera en ceci : ceux du monde qui obéiront, recevront tout de suite les bénédictions du rétablissement par une disparition graduelle de leurs faiblesses mentales et physiques ; tandis que l’Eglise de l’Evangile, consacrée au service du Seigneur, même jusqu’à la mort, s’en va dans la mort et reçoit instantanément sa perfection dans la première résurrection. Une autre différence entre les deux épreuves consiste dans les circonstances plus favorables de l’Age prochain, en comparaison de celui-ci, en ce que la société, le gouvernement, etc., seront propices à la droiture, en récompensant la foi et l’obéissance et en punissant le péché ; tandis qu’à présent, sous le prince de ce monde, l’épreuve de l’Eglise est aggravée par des circonstances défavorables à la droiture, à la foi, etc. Toutefois cela sera compensé, comme nous l’avons vu, par le prix de la gloire et de l’honneur de la nature divine offert à l’Eglise, en plus du don de la vie éternelle.
La mort d’Adam était certaine, encore qu’elle ne survînt qu’après neuf cent trente ans d’état mourant. Depuis le jour où il devint
(P154) mourant, tous ses descendants naissent dans la même condition sans droit à la vie, et ils meurent tous comme leurs parents, après un séjour plus ou moins prolongé ici-bas. On devrait toutefois se souvenir que ce ne sont ni les douleurs ni la souffrance de l’état mourant, qui constituent le châtiment du péché, mais que c’est la mort — l’extinction de la vie — le point extrême de l’état mourant. La souffrance n’est que fortuite, et le châtiment du péché s’abat sur beaucoup avec peu ou même point du tout de souffrance. De plus, on devrait se souvenir que, lorsqu’Adam perdit la vie, il la perdit pour toujours ; et aucun de ses descendants n’a jamais été capable d’expier sa culpabilité ni de recouvrer l’héritage perdu. Tous les hommes sont ou morts du en voie de mourir. Et s’ils n’ont pu expier leur faute avant la mort, ils ne le purent certainement pas après qu’ils furent morts, après qu’ils n’existèrent plus. Le châtiment du péché n’était point simplement de mourir, avec le privilège et le droit de retourner à la vie dans la suite. Dans le châtiment prononcé il n’y avait aucun indice d’une délivrance (Gen. 2: 17). Aussi le rétablissement est-il un acte volontaire de grâce libre ou de faveur de la part de Dieu. Sitôt que le châtiment fut formulé, au moment même où il fut prononcé, la grâce libre de Dieu fut aussi sous-entendue, et en se réalisant elle démontrera pleinement son amour.
Grâce à ce rayon d’espoir, que la postérité de la femme briserait la tête du serpent, l’humanité ne s’est pas trouvée dans le désespoir le plus extrême ; car cette promesse indiqua que Dieu avait préparé un certain plan à son avantage. Lorsque Dieu jura à Abraham que toutes les familles de la terre seraient bénies en sa postérité, cela impliquait une résurrection ou rétablissement de tous ; car beaucoup étaient déjà morts alors, et d’autres sont morts depuis sans être bénis. Néanmoins, la promesse reste toujours ferme : tous seront bénis, quand les temps de rétablissement ou de rafraîchissement viendront (Actes 3 : 19). En outre, puisque la bénédiction indique la faveur, et que Dieu a retiré sa faveur à cause du péché, pour la remplacer par sa malédiction,
(P155) cette promesse d’une bénédiction future impliquait la suppression de la malédiction et, en conséquence, le retour de sa faveur. Elle impliquait même, soit que Dieu s’attendrirait, changerait son décret et acquitterait la race coupable, soit qu’il ait, un plan par lequel elle puisse être rachetée, en permettant que le châtiment de l’homme soit payé par un autre.
Dieu ne laissa point Abraham dans le doute en ce qui concernait son plan, mais il montra par divers sacrifices typiques que devaient apporter tous ceux qui s’approchaient de lui, qu’il ne pouvait ni ne voulait s’attendrir ni excuser le péché ; et que le seul moyen de l’effacer et d’en éviter le châtiment serait un sacrifice suffisant pour subir ce châtiment. Cela fut montré à Abraham, dans un type très significatif : le fils d’Abraham en qui la bénédiction promise se concentrait, devait être d’abord un sacrifice avant de pouvoir bénir, et Abraham le recouvra des morts, figurativement (Héb. 11 : 19 — Stapfer). Dans cette « figure », Isaac typifiait la vraie semence, Christ Jésus, qui mourut pour racheter les hommes, afin que les rachetés puissent tous recevoir la bénédiction promise. Si Abraham avait pensé que l’Eternel excuserait et acquitterait les coupables, il aurait trouvé que Dieu était très changeant, et, par conséquent, il n’aurait pu avoir pleine confiance dans la promesse qui lui avait été faite. Il aurait pu raisonner ainsi : Si Dieu a changé son idée une fois, pourquoi ne pourrait-il pas la changer de nouveau ? S’il s’attendrit au sujet de la malédiction de la mort, ne pourrait-il pas s’attendrir aussi au sujet de la faveur de la bénédiction promise ? Mais Dieu ne nous laisse pas dans une telle incertitude. Il nous donne une complète assurance tant de sa justice que de son invariabilité. Il ne pouvait justifier les coupables, tout en les aimant à ce point qu’il « n’épargna point son propre Fils, mais le livra [dans la mort] pour nous tous. »
De même que la race entière était dans Adam quand il fut condamné, et qu’elle perdit la vie par lui, de même quand. Jésus « se donna lui-même en rançon pour tous », sa mort impliqua la possibilité d’une race « non née » dans ses reins. Une pleine satisfaction, un prix correspondant,
(P156) pour être appliqué à tous les hommes « au temps marqué », fut ainsi déposé entre les mains de la Justice ; et Celui qui les racheta ainsi tous, a pleine autorité de rétablir tous ceux qui viennent à Dieu par lui. « Comme par l’offense d’un seul le jugement est venu sur tous les hommes en condamnation, de même aussi, par la justification d’un seul, le don est venu sur tous les hommes en justification de vie » (Laus.). « Car, comme par la désobéissance d’un seul homme plusieurs ont été rendus pécheurs, de même par l’obéissance d’un seul, plusieurs seront rendus justes » (Rom. 5 : 18, 19). Ceci est une proposition claire : Tous ceux qui ont part à la mort à cause du péché d’Adam, se verront offrir des privilèges de vie par notre Seigneur Jésus, qui mourut, pour eux, et devint par son sacrifice le substitut d’Adam devant la loi violée, et ainsi « se donna lui-même en rançon pour tous ». Il mourut, « le juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à D. jeu » (1 Pierre 3 : 18). Il ne faudrait, toutefois, jamais négliger de remarquer que toutes les dispositions de Dieu à l’égard de notre race reconnaissent la volonté de l’homme comme un facteur important pour obtenir les faveurs divines si abondamment préparées. Certains n’ont pas remarqué ce trait, lors de l’examen du texte que nous venons de citer — Rom. 5 : 18, 19. La déclaration de l’Apôtre est toutefois celle-ci : de même que la sentence de condamnation s’est étendue à toute la semence d’Adam, de même également, par l’obéissance de notre Seigneur Jésus Christ au plan du Père, par son sacrifice pour nous, un don libre s’étend à tous — un don de pardon, qui, s’il est accepté, constituera la justification (ou la base) pour la vie éternelle. Et, « Comme par la désobéissance d’un seul homme, plusieurs ONT ETE constitués pécheurs, de même par l’obéissance d’un seul, plusieurs SERONT [et non « ONT ETE » ] rendus justes ». Si la rançon seule, sans que nous l’acceptions, nous rendait justes, alors on devrait lire : par l’obéissance d’un seul, plusieurs ont été faits justes.
Cependant, quoique le prix de la rançon ait été fourni par le Rédempteur, bien peu ont été rendus justes (justifiés) « par la foi en son sang » durant l’Age de l’Evangile. Mais, puisque Christ est la propitiation (satisfaction) pour les péchés
(P157) du monde entier, tous les hommes peuvent, de ce fait, être acquittés et libérés du châtiment du péché d’Adam — sous la Nouvelle Alliance.
Du moment qu’il n’y a point d’iniquité en Dieu, il s’ensuit que « si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1 : 9). De même que Dieu aurait été injuste s’il nous avait permis d’échapper au châtiment prononcé, avant qu’une pleine satisfaction lui fût rendue, de même aussi, nous fait-il comprendre ici, qu’il serait injuste de sa part de refuser de nous accorder notre rétablissement, puisque, en vertu de son propre plan, notre châtiment a été subi pour nous. La même inaltérable justice qui, jadis, condamna l’homme à mort, est maintenant obligée à la libération de tous ceux qui confessent leurs péchés et demandent la vie par Christ. « C’est Dieu qui justifie ! Qui condamnera ? Christ est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous » Rémi. 8 : 33-34.
L’intégralité de la rançon est l’argument le plus puissant possible pour le rétablissement de tout le genre humain, de tous ceux qui l’accepteront aux conditions offertes (Apoc. 22 : 17). Le caractère même de Dieu, ainsi que sa justice et son honneur, y sont engagés ; chaque promesse qu’il a faite l’implique ; et chaque sacrifice typique avait en vue ce grand et suffisant sacrifice — « l’Agneau de Dieu, qui ôte le PECHE DU MONDE » qui est « la propitiation [satisfaction] pour nos péchés [ceux de l’Eglise], et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde » (Jean 1 : 29 ; 1 Jean 2 : 2). Puisque la mort est le châtiment ou le salaire du péché, quand le péché est annulé, le châtiment doit cesser au temps déterminé. Tout autre point de vue serait à la fois déraisonnable et injuste. Le fait que près de deux mille ans se sont écoulés depuis que Jésus mourut, et qu’aucune réparation de la chute d’Adam ne s’est encore effectuée n’est pas plus une preuve contre le rétablissement que le fait que quatre mille ans se sont écoulés avant sa mort, n’est une preuve que
(P158) Dieu n’avait pas projeté la rédemption avant la fondation du monde. Les deux mille ans depuis la mort de Christ, et les quatre mille ans précédents étaient des temps arrêtés pour d’autres parties de l’œuvre, des périodes préparatoires pour « les temps du rétablissement de toutes choses ».
Que personne ne suppose à la légère qu’il y ait quelque chose, en cette manière de voir, qui soit en conflit avec l’enseignement des Ecritures : que la foi envers Dieu, la repentance du péché, et la réformation du caractère sont indispensables au salut. Cette question sera traitée plus à fond dans la suite de cet ouvrage. Qu’il nous suffise de dire maintenant que bien peu d’hommes ont eu assez de lumière pour montrer une foi entière, la repentance et l’amendement. Quelques-uns ont été aveuglés en partie, d’autres complètement, par le dieu de ce monde, et il faut qu’ils soient délivrés de leur aveuglement ainsi que de la mort, afin qu’ils puissent, chacun pour soi-même, avoir une pleine occasion de prouver par l’obéissance, s’ils méritent ou non la vie éternelle. Ceux qui se montreront indignes de la vie mourront de nouveau — la seconde mort — pour laquelle il n’y aura plus de rédemption et par conséquent plus de résurrection. La mort qui est venue à cause du péché d’Adam, ainsi que toutes les imperfections qui en sont la conséquence, seront éloignées en vertu de la rédemption qui est en Christ Jésus ; mais la mort qui vient par suite d’une apostasie individuelle, volontaire, est sans appel. Pour ce péché, il n’y a jamais de pardon, et son châtiment, la seconde mort, sera éternel — ce ne sera pas l’état de mourir éternellement, mais une mort éternelle qui dure à toujours, sans être interrompue par une résurrection.
Nous exposerons, dans un volume suivant, la philosophie du plan de la rédemption. Ici, nous établissons simplement le fait que la rédemption par Christ Jésus, avec ses résultats et occasions riches en bénédictions, s’étendra aussi loin que le péché d’Adam avec son influence néfaste et sa ruine — que tous ceux qui furent condamnés et qui durent souffrir à cause de ce dernier, seront tout aussi sûrement libérés de tous ces maux, « au temps convenable », grâce au premier. Toutefois, nul ne peut apprécier cet
(P159) argument scriptural; s’il n’admet la déclaration scripturale que la mort — l’extinction de l’existence — est le salaire du péché. Celui qui se figure la mort comme une vie dans le tourment ne se fait pas seulement une fausse idée de la signification des mots mort et vie qui sont des contraires, mais il s’engage aussi dans deux absurdités. Il est absurde de supposer que Dieu perpétuerait à toujours l’existence d’Adam dans le tourment pour un péché quelconque, et spécialement pour l’offense, en comparaison petite, d’avoir mangé du fruit défendu. Quand, mourant à notre place pour devenir notre rançon, allant à la mort afin que nous puissions en être affranchis, Jésus racheta plus tard l’humanité, n’est-il pas évident que la mort qu’il souffrit pour les injustes fut exactement de la même nature que celle à laquelle toute l’humanité avait été condamnée ? Dès lors, souffre-t-il la torture éternelle pour nos péchés ? Sinon, alors, aussi sûrement qu’il mourut pour nos péchés, le châtiment pour nos péchés fut la mort et non la vie, en quelque sens ou condition que ce soit.
Mais, chose étrange, quoique plusieurs s’aperçoivent du désaccord et de l’incompatibilité de la théorie de la torture éternelle avec les déclarations que « l’Eternel fit 4enir sur lui l’iniquité de nous tous » ; « que Christ mourut pour nos péchés », et qu’ils se voient obligés de renoncer à l’une ou à l’autre par leur inconséquence, ils sont cependant si attachés à l’idée de la torture éternelle — comme d’une délicatesse spirituelle — qu’ils y tiennent en dépit des déclarations contraires des Ecritures, et nient, de propos délibéré que Jésus paya le prix de la rançon pour le monde, bien que cette vérité soit enseignée à chaque feuillet de la Bible.
LE RETABLISSEMENT EST-IL EXECUTABLE ?
Certains ont pensé que si les milliards d’êtres morts étaient ressuscités, il n’y aurait pas assez de place pour eux sur la terre ; que s’il s’y trouvait assez de place, la terre ne serait pas en état de nourrir une si grande population. Quelques-uns prétendent même que la terre est un vaste cimetière, et que, si tous les morts ressuscitaient, ils seraient obligés de marcher les uns sur les autres, faute de place.
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Cela est un point important. Comme il serait étrange que, par un mesurage réel, — alors que la Bible annonce une résurrection pour tous les hommes —, nous trouvions qu’ils ne sauraient où poser le pied ! Voyons un peu : calculez et vous trouverez que cela est une crainte injustifiée ; vous trouverez qu’il y a de la place en abondance pour le « rétablissement de tous », que « Dieu a annoncé par la bouche de tous ses saints prophètes ».
Admettons qu’il y ait eu six mille ans depuis la création de l’homme, et qu’il y a maintenant un milliard quatre cent millions de personnes qui vivent sur la terre. Notre race commença par un seul couple, mais soyons très larges et supposons qu’il y en ait eu tout autant au commencement qu’à ce jour ; supposons aussi que ce nombre n’ait jamais été inférieur en aucun temps, quoique le déluge ait réduit réellement la population à huit personnes. Soyons larges encore et supposons trois générations par siècle, ou trente-trois ans par génération, quoique, conformément à Gen. 5, il n’y ait eu que onze générations d’Adam au déluge — période de mille six cent cinquante-six ans —, ou à peu près cent cinquante ans à chaque génération. Maintenant voyons : six mille ans font soixante siècles ; trois générations à chaque siècle nous donneraient cent quatre-vingts générations depuis Adam ; et un milliard quatre cent millions par génération ferait deux cent cinquante deux milliards (252.000.000.000) comme nombre total de notre race depuis la création jusqu’au temps présent, conformément à cette très large estimation, qui est probablement le double du nombre réel.
Où trouverons-nous assez de place pour cette grande multitude ? Mesurons le pays et voyons. L’Etat du Texas (Etats-Unis) contient deux cent trente-sept mille milles carrés (anglais, — ou à peu près 613.806 km2—, le mille carré anglais valant 2,5899 km2. Un mille carré contient vingt-sept millions huit cent soixante-dix-huit mille quatre cents pieds carré (27.878.400) —un pied carré vaut 9,29 dm2. Le Texas mesure donc six trillions, six cent sept milliards, cent quatre-vingts millions, huit
(P161) cent mille (6.607.180.800.000) pieds carrés . En admettant dix pieds carrés, la surface occupée par chaque corps mort, nous trouvons que le Texas, comme cimetière, à ce taux-là, contiendrait six cent soixante milliards, sept cent dix-huit millions quatre-vingts mille (660.718.080.000) corps, ou près du triple de notre estimation exagérée du nombre d’êtres humains qui vécurent sur la terre.
Une personne debout occupe à peu près un espace de un pied carré deux tiers. A ce taux, la population actuelle de la terre (un milliard quatre cent millions de personnes) pourrait se tenir dressée sur une surface de quatre-vingt-six milles carrés, — surface bien plus petite que celle de la ville de Londres ou de Philadelphie. Et l’île d’Irlande (dont la surface est de trente-deux mille carrés) fournirait, même d’après notre estimation exagérée, assez de place pour qu’un nombre double de celui des gens qui jamais vécurent sur la terre puisse s’y tenir debout.
Il est donc assez facile d’écarter l’objection dont nous parlions ci-dessus. Et si nous nous rappelons la prophétie d’Esaïe (35 : 1-6) que la terre donnera son rapport, que le désert se réjouira et fleurira comme la rose ; que des eaux jailliront dans le désert et des rivières dans le lieu stérile, nous voyons que Dieu indique qu’il a prévu tout ce qui est nécessaire à son plan, qu’il fera d’amples provisions pour les besoins de ses créatures, et cela, d’une façon apparemment toute naturelle.
LE RETABLISSEMENT PAR OPPOSITION A L’EVOLUTION.
Quelqu’un pourrait objecter que le témoignage des Ecritures au sujet de la restitution ou du rétablissement de l’homme à son état d’autrefois n’est pas en harmonie avec les enseignements scientifiques et philosophiques, lesquels avec une apparence de raison, nous renvoient à l’intelligence supérieure de ce vingtième siècle, et font valoir comme une certitude absolue ceci : que l’homme primitif doit avoir été très arriéré sous le rapport de,l’intelligence, cette dernière étant, prétendent-ils,
(P162) le résultat d’un développement. De ce point de vue, un rétablissement à l’état précédent serait non seulement loin d’être désirable, mais serait juste le contraire d’une bénédiction.
A première vue, un tel raisonnement paraît plausible, et beaucoup de gens semblent être disposés à l’accepter comme une vérité sans autre investigation et à dire avec un célèbre prédicateur de Brooklyn : « S’il est vrai qu’Adam tomba, sa chute fut dirigée vers le haut, et plus nous tombons vite de son premier état, mieux cela vaut pour nous et pour tous ceux que cela concerne ».
Ainsi la philosophie essaie, même en chaire, de rendre sans effet la parole de Dieu et, si possible, de nous faire croire que les apôtres furent insensés lorsqu’ils déclarèrent que la mort et chaque affliction venaient de la désobéissance du premier homme ; que celles-ci ne pouvaient s’effacer et que l’homme ne pouvait être rétabli dans la vie et dans la grâce divine qu’au moyen d’une rançon (Rom. 5 : 10, 12, 17 à 19, 21 ; 8: 19 à 22 ; Actes 3: 19 à 21 ; Apoc. 21 : 3 à 5). Mais ne concluons pas trop vite que cette philosophie est inébranlable ; car, s’il nous fallait laisser tomber les doctrines des apôtres relativement à l’origine du péché et de la mort et au rétablissement de la perfection originelle, alors, nous serions obligés, en toute sincérité, de rejeter également, sur chaque sujet, leur témoignage comme non inspiré et, par conséquent, comme n’ayant ni autorité ni importance spéciales. Examinons donc brièvement, à la lumière des faits, cette manière de voir dont la popularité est croissante et voyons à quel point sa philosophie est profonde.
Un avocat et représentant de cette théorie nous dit : « Chez l’homme primitif la nature animale prédominait et les besoins presque uniquement matériels le gouvernaient entièrement. Mais il s’éleva lentement d’un état à un autre et maintenant l’homme moyen a atteint un rang assez élevé pour qu’on ose dire de lui qu’il est en voie d’arriver au règne de l’intelligence. Par conséquent cet âge-ci peut être considéré et désigné comme L’AGE DU CERVEAU. Le cerveau conduit les grandes entreprises du jour. Le cerveau saisit les rênes du gouvernement ; et les éléments de la terre, l’air et l’eau lui sont soumis.
(P163) L’homme met la main sur toutes les forces physiques, et, lentement, mais sûrement, il atteindra à un tel pouvoir sur le domaine de la nature que, finalement, — c’est évident — il pourra s’écrier ainsi le fit Alexandre Selkirk : « Je suis le roi de toute ce que mes regards peuvent embrasser ».
Le fait qu’à première vue une théorie paraît raisonnable, ne doit pas nous pousser à l’accepter précipitamment et à essayer de tordre la Bible pour l’harmoniser avec elle. Nous avons éprouvé la Bible de mille manières et nous savons sans conteste qu’elle contient une sagesse surhumaine qui fait que ses déclarations sont infaillibles. Nous devrions aussi nous souvenir que si les recherches scientifiques sont recommandables et que si leurs conjectures doivent être prises en considération, leurs conclusions ne sont pourtant aucunement infaillibles. Rien d’étonnant non plus à ce que la science ait prouvé mille fois que ses propres théories étaient fausses, car il nous faut penser que le véritable homme de science est simplement un étudiant qui cherche à apprendre du grand Livre de la Nature l’histoire et la destinée Ide l’homme, ainsi que son milieu, qu’il doit accomplir ces recherches dans bien des circonstances défavorables, et qu’il a à lutter contre des difficultés presque insurmontables.
Nous ne voulons donc nullement nous opposer aux investigations scientifiques, ni les empêcher ; mais en écoutant les suggestions de ceux qui étudient le Livre de la Nature, comparons soigneusement, avec le Livre de la Révélation divine, leurs déductions qui, en totalité ou en partie, se sont montrées tant de fois erronées, et éprouvons ou réfutons les doctrines des savants par « la loi et le témoignage. S’ils ne parlent pas selon cette parole c’est qu’il n’y a point de lumière en eux » (Esaïe 8 : 20). Une connaissance exacte des deux Livres prouvera qu’ils sont en parfaite harmonie ; et, jusqu’à ce que nous ayons une telle connaissance, la révélation de Dieu doit avoir la prééminence et doit être, parmi les enfants de Dieu, la balance dans laquelle ils pèseront les trouvailles supposées de nos semblables faillibles.
Cependant, bien que nous tenions à ce principe, cela ne nous empêche pas d’examiner en même temps s’il ne se trouve pas quelque autre solution raisonnable
(P164) que celle de la théorie de l’évolution, au sujet de l’augmentation des connaissances, de l’habileté et du pouvoir de l’homme, — de voir notamment, d’où vient que, bien que parti originairement d’un ordre d’existence très bas, l’homme ait atteint maintenant l’ordre supérieur ou « l’Age du cerveau ». Après tout, peut-être trouverons-nous qu’au fond les inventions, les facilités, l’éducation générale, la connaissance plus répandue et sa diffusion plus large, ne doivent point être attribuées à une plus grande capacité intellectuelle, mais à des circonstances plus favorables à l’usage des cerveaux. Que la capacité cérébrale soit plus grande aujourd’hui que dans les âges, écoulés, nous le nions ; cependant nous admettons franchement que, par suite de circonstances heureuses, l’emploi de la capacité cérébrale de l’homme est, aujourd’hui, plus général qu’en aucune période précédente, et est, par conséquent, beaucoup plus frappant. Les étudiants de cet « Age du cerveau » ne s’adressent-ils pas aux grands maîtres du passé pour leur étude de la peinture et de la sculpture ? Ce faisant, ne concèdent-ils pas ainsi aux anciens une faculté cérébrale et une originalité de vues, de même qu’un talent élevé, dignes d’imitation ? En architecture, le présent « Age du cerveau » ne se nourrit-il pas, pour ainsi dire, dans une large mesure; des styles des âges passés ? Les orateurs et les logiciens de cet « Age du cerveau » n’étudient-ils et n’imitent-ils pas les méthodes et les syllogismes d’un Platon, d’un Aristote, d’un Démosthène et d’autres du passé ? De nombreux orateurs du jour ne pourraient-ils pas convoiter la langue d’un Démosthène ou d’un Apollos, et bien plus encore la faculté du clair raisonnement de l’apôtre Paul ?
Allons plus en arrière encore ; tandis que nous pourrions fort bien renvoyer les philosophes de « cet Age du cerveau » aux facultés de rhétorique de plus d’un prophète, et aux sublimes peintures poétiques parsemées dans les Psaumes, il nous .suffira de faire allusion à la sagesse et à la logique, non moins qu’à la sensibilité morale délicate de Job et de ses consolateurs. Et que dirons-nous de Moïse « instruit dans toute la science des Egyptiens ? » Les lois données par son intermédiaire ont été le fondement de celles de toutes les nations civilisées, et sont encore reconnues aujourd’hui comme la matérialisation d’une sagesse merveilleuse.
(P165)
L’exhumation d’anciennes villes ensevelies révèle, dans les âges passés, une connaissance des arts et des sciences qui est surprenante pour maints philosophes de ce prétendu « Age du cerveau ». Les anciennes méthodes d’embaumement des morts, de la trempe du cuivre, de la fabrication du verre élastique et de l’acier de Damas, sont parmi les conquêtes d’un passé très reculé ; le cerveau de l’Age présent, avec tous ses avantages, est incapable, soit de les comprendre, soit de les imiter.
Reculant de quatre mille ans, à peu près vers le temps d’Abraham, nous trouvons dans la grande Pyramide d’Egypte un objet d’étonnement et de stupéfaction pour les savants les plus érudits de nos jours. Sa construction est en parfait accord avec les investigations les plus avancées de cet « Age du cerveau », dans les sciences des mathématiques et de l’astronomie. Elle enseigne’ positivement ce qui ne peut être reconnu aujourd’hui qu’approximativement avec l’aide d’instruments modernes. Ses enseignements sont si frappants et si clairs que quelques astronomes des plus instruits l’ont déclarée, sans hésiter, d’origine divine. Et même si les évolutionnistes de notre « Age du cerveau » admettaient qu’elle est le fruit d’un arrangement divin et que sa sagesse est surhumaine, il leur faudrait, cependant, admettre encore qu’elle est de construction humaine. Et le fait que dans cette époque reculée une classe de gens quelconques avait la capacité mentale d’exécuter un tel ordre divin (ce qu’aujourd’hui très peu de gens seraient capables de faire, même en ayant le modèle devant eux et tous les moyens scientifiques modernes à leur disposition), prouve que notre « Age du cerveau » développe plus d’amour-propre que les faits et les circonstances n’en justifient !
Si donc nous avons prouvé que la capacité mentale de notre temps n’est pas plus grande que celle des âges passés, mais probablement moindre, comment devons-nous expliquer l’accroissement de connaissances générales, les inventions modernes, etc… ? Nous croyons être à même de démontrer cela par la raison et par l’harmonie avec les Ecritures. Les inventions et les découvertes qui se prouvent maintenant être précieuses et qui sont considérées comme étant une preuve que ce temps-ci est « l’Age du cerveau »,
(P166) sont en réalité très modernes : presque toutes appartiennent au dix-neuvième siècle ; les plus importantes d’entre elles sont celles des soixante dernières années ; par exemple : l’application de la vapeur et de l’électricité, — dans le télégraphe, les chemins de fer et les bateaux à vapeur, et dans la machinerie des diverses industries mécaniques. Si donc cela fournit la preuve d’une augmentation de la faculté intellectuelle, « l’Age du cerveau » ne doit être qu’à son début et la déduction logique doit être que le siècle prochain sera journellement témoin de tous les miracles imaginables : et si cela allait toujours dans la même proportion, où cela finirait-il ?
Pourtant voyons encore : Tous les hommes sont-ils des inventeurs ? Comme le nombre est petit de ceux dont les inventions sont réellement utiles et praticables, en comparaison du nombre immense de ceux qui apprécient et utilisent une invention mise entre leurs mains ! Nous sommes loin de parler dédaigneusement de cette classe de serviteurs publics, hautement estimée et très utile, lorsque nous disons qu’un petit nombre seulement d’entre eux sont des hommes de grandes facultés intellectuelles. Certains des hommes les plus intelligents du monde et des plus profonds dialecticiens ne sont pas des inventeurs en mécanique. Et quelques inventeurs sont, du point de vue intellectuel, si lents, que tous se demandent par quel hasard, ils ont bien pu tomber sur leurs découvertes. Les grands principes {électricité, force de la vapeur, etc…), auxquels travaillèrent durant bien des années, tant et tant d’hommes, qui s’y appliquèrent et essayèrent de les perfectionner toujours et encore, furent le plus souvent découverts apparemment par les plus simples accidents ; ils furent relativement inattendus et on ne les doit pas à l’exercice de grandes facultés intellectuelles.
Voici comment nous pouvons expliquer les inventions modernes du point de vue humain : L’invention de l’imprimerie, en 1440 peut en être considérée comme le point de départ. De l’impression des livres découlèrent les archives des pensées et des découvertes de penseurs et d’observateurs, lesquelles sans cela n’auraient jamais été connues des siècles suivants. Avec les livres, naquirent une éducation plus générale et, finalement, les écoles publiques. Les écoles et les universités n’augmentent point la faculté de compréhension de l’homme,
(P167) mais elles généralisent l’exercice mental et aident par cela même à développer les capacités qui existent déjà. La connaissance devenant plus générale et les livres plus communs, les générations qui les possèdent, ont un avantage décisif sur les générations précédentes ; non seulement il y a maintenant un millier de penseurs, contre un autrefois, qui s’animent et se stimulent l’un l’autre en spéculations et en conjectures, mais aussi à côté de ses propres expériences, la génération actuelle possède, par les livres, les expériences combinées du passé. L’éducation et la louable ambition qui l’accompagne, l’initiative et le désir de se distinguer et d’arriver à l’aisance, enflammés par le récit et les descriptions des inventions dont parle la presse journalière, ont stimulé et aiguisé les facultés perceptives de l’homme et fait que chacun est en quête de découvrir ou d’inventer, si c’est possible, quelque chose pour le bien et l’agrément de la société. Par conséquent, nous suggérons que l’invention moderne, envisagée au point de vue purement humain, n’est point une preuve de l’augmentation de la capacité du cerveau, mais d’une perception plus vive des causes naturelles.
Et, maintenant, venons-en aux Ecritures pour voir ce qu’elles enseignent à ce sujet ; car, tout en croyant, comme nous le suggérions plus haut, que les inventions et l’augmentation des connaissances, etc… parmi les hommes sont les résultats de causes naturelles, cependant nous croyons que ces causes naturelles ont été prévues et réglées, longtemps d’avance, par l’Eternel Dieu et se sont effectuées, au temps convenable, par sa providence qui conduit tout, et au moyen de laquelle il « opère toutes choses selon le conseil de sa volonté » (Eph. 1 : 11). Conformément au plan révélé dans sa Parole, Dieu résolut de permettre que le péché et la misère tyrannisent et oppriment le monde pendant six mille ans, et que dans le septième millénaire toutes choses soient rétablies, et que le mal et toutes ses conséquences soient extirpés par Jésus-Christ, qu’Il avait désigné auparavant pour cette œuvre. Lors donc que les six mille ans du règne du mal commencèrent à toucher à leur fin, Dieu permit
(P168) aux circonstances de favoriser les découvertes, aussi bien par l’étude de ses deux Livres, celui de la Révélation et celui de la Nature, que par la préparation d’instruments mécaniques et d’applications chimiques utiles en vue de la bénédiction et de l’élévation de l’humanité durant l’Age millénaire qui est sur le point de commencer. Que ce soit là le plan de Dieu, cela est clairement indiqué par la déclaration prophétique : « Et toi, Daniel, cache les paroles et scelle le livre jusqu’au temps de la fin. Plusieurs courront [alors] çà et là ; et la CONNAISSANCE [non pas la capacité intellectuelle] sera augmentée » « et aucun des méchants ne comprendra [le plan et les voies de Dieu] ; mais les sages comprendront », « et ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y en a pas eu depuis qu’il existe une nation jusqu’à ce temps-là. » — Dan. 12 : 1, 4, 10.
Il peut paraître étrange à quelques-uns que Dieu n’ait point ordonné le cours des choses de façon à ce que les inventions et les bénédictions présentes vinssent plus tôt pour adoucir la malédiction qui pèse sur l’humanité. Mais ceux-là devraient se souvenir que le plan de Dieu a été de porter le genre humain à apprécier pleinement la malédiction, afin que lorsque la bénédiction viendra sur tous, tous puissent être à toujours profondément convaincus en eux-mêmes de l’inutilité du péché. En outre, Dieu prévit et prédit ce que le monde n’apprécie pas encore, ,savoir : que ses bénédictions les plus précieuses ne conduiraient qu’à de plus grands maux et produiraient des souffrances plus douloureuses, si elles étaient accordées à ceux dont le cœur ne se trouve pas en harmonie avec les justes lois de l’univers, Finalement on verra que la permission actuelle accordée par Dieu de l’augmentation des bénédictions a été une leçon pratique sur cette question, qui servira d’exemple de la vérité de ce principe dans toute l’éternité, — aux anges aussi bien qu’à l’humanité restaurée. Comment cela se peut-il ? Nous suggérons simplement ceci :
En premier lieu : Aussi longtemps que l’humanité est dans sa condition déchue et dépravée, sans lois ni punitions sévères, et sans un gouvernement assez fort pour les appliquer, les penchants à l’égoïsme conserveront plus ou moins de pouvoir sur tous les hommes. Et si nous prenons en considération les capacités inégales des individus, il
(P169) est impossible que le résultat de l’invention de machines économiques ait une autre tendance, après le trouble et la stimulation occasionnés par la fabrication de machines, que celle de rendre les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. La tendance manifeste du temps est celle du monopole et de la prospérité personnelle, ce qui place le profit directement dans les mains de ceux dont la capacité et les avantages naturels sont déjà des plus favorables.
En second lieu : S’il était possible de faire une loi de manière à répartir les richesses présentes et leur accroissement journalier également entre toutes les classes, ce qui n’est pas possible sans la perfection humaine et sans un régime surnaturel pour régler les affaires humaines, les résultats seraient même plus préjudiciables que ne l’est la condition actuelle. Si le profit des machines qui économisent la main-d’œuvre, et celui de tous les moyens modernes étaient répartis également, le résultat serait, avant peu, une grande diminution d’heures de travail et une grande augmentation d’heures de loisir. L’oisiveté est une des choses les plus pernicieuses pour des êtres déchus. S’il n’y avait pas eu la nécessité de travailler à la sueur de son front, la décadence de notre race aurait été plus rapide qu’elle ne l’a été. L’oisiveté est la mère de tous les vices ; et la dégradation mentale, morale et physique en sont les conséquences. On voit par là, la sagesse et la bonté de Dieu qui a retenu ces bénédictions jusqu’à ce que le temps fixé pour leur introduction fût venu, comme une préparation pour le règne millénaire de bénédiction. Sous la direction du gouvernement surnaturel du Royaume de Dieu, non seulement toutes les bénédictions seront réparties équitablement entre tous les hommes, mais aussi le temps de loisir sera réglé et dirigé par le même gouvernement surnaturel de telle sorte que ses résultats produiront la vertu et conduiront vers la perfection mentale, morale et physique. Il est permis que l’accroissement présent d’inventions et d’autres bénédictions par l’augmentation de connaissances vienne si insensiblement et d’une manière si naturelle en ce « jour de préparation » que les hommes s’en flattent comme de conquêtes de cet « Age du cerveau » ; mais il sera permis,
(P170) dans une large mesure, que cet Age se termine d’une façon qui décevra très fortement, il n’y a pas de doute, ces sages philosophes. C’est l’augmentation même de ces bénédictions qui est déjà en train d’introduire dans le monde le temps de détresse, tel qu’il n’y en a point eu depuis qu’il existe des nations.
Le prophète Daniel, cité ci-dessus, rattache l’augmentation des connaissances au temps de détresse. La connaissance cause la détresse par suite de la dépravation de la race. L’augmentation de la connaissance n’a pas seulement apporté au monde des avantages et de merveilleuses machines qui économisent la main-d’œuvre, mais elle a aussi conduit à l’accroissement de l’habileté médicale, par laquelle des milliers de vies sont prolongées ; elle a tant éclairé le genre humain que la boucherie humaine, la guerre, est devenue moins populaire, et, que de cette manière aussi, d’autres milliers de vies s’épargnent ; tout cela contribue à multiplier la race qui augmente plus rapidement peut-être aujourd’hui qu’en aucune autre période de l’histoire. Ainsi, tandis que l’humanité se multiplie rapidement, le besoin de main-d’œuvre se trouve en décroissance d’une manière correspondante. Comment pourvoir à l’emploi et à la subsistance de cette vaste classe ouvrière qui augmente toujours davantage et dont les services sont pour la plupart supplantés par des machines, tandis que les besoins et les exigences ne connaissent aucune borne ? Que la solution de ce problème soit au-dessus de la capacité de leur cerveau, c’est un fait que les philosophes de « l’Age du cerveau » sont finalement forcés d’admettre.
L’égoïsme continuera à gouverner les riches qui ont pouvoir et profit en mains et à les aveugler aussi bien au point de vue du bon sens qu’à celui de la justice, tandis qu’un égoïsme semblable, joint à l’instinct de la conservation de soi-même et en relation avec la connaissance toujours plus étendue de leurs droits, donnera du courage à quelques-uns et en enflammera d’autres des classes les plus pauvres ; le résultat sera que pour un temps ces bénédictions se manifesteront comme effroyables ; elles provoqueront un temps de détresse, en vérité « tel qu’il n’y en a point eu depuis que les nations existent, » et cela
(P171) parce que l’homme, dans une condition déchue, ne peut utiliser ces bénédictions convenablement sans guide et sans surveillance. Ce n’est que lorsque le règne millénaire aura écrit à nouveau la loi de Dieu dans le cœur humain restauré, que les hommes seront capables de jouir de la pleine liberté, sans préjudice et sans danger.
Le « jour de détresse » finira au temps fixé, quand celui qui parla à la mer de Galilée en fureur, commandera pareillement à la mer furieuse des passions humaines, en disant : « Paix ! Sois tranquille ! » Quand le Prince de la paix « se lèvera » avec autorité, un grand calme se fera. Alors les éléments furieux et opposés reconnaîtront l’autorité de « l’Oint de l’Eternel », « la gloire de l’Eternel se manifestera, et toute chair la verra en même temps » ; et dans le règne du Christ, ainsi commencé, « toutes les familles de la terre seront bénies ».
Alors les hommes verront que ce qu’ils attribuèrent à l’évolution, au développement naturel et à l’habileté de « l’Age du cerveau » ne fut rien d’autre que les « éclairs » de l’Eternel (Ps. 77 : 18) qui illuminèrent le monde au « jour de sa préparation » pour bénir l’humanité. Mais, pour le présent, il n’y a que les saints qui puissent le voir, et seul le sage en sagesse céleste peut le comprendre ; car « le secret de l’Eternel est pour ceux qui le craignent, pour leur faire connaître son alliance » (Ps. 25 : 14). Dieu soit loué : tandis que la connaissance générale s’est augmentée, il a aussi pourvu à ce que ses enfants ne soient pas laissés stériles dans la connaissance de l’Eternel et dans la compréhension de ses plans ! Et, par cette compréhension de sa Parole et de ses plans, nous sommes mis à même de discerner les vaines philosophies et les folles traditions des hommes qui contredisent la parole de Dieu, et de leur résister.
Le récit de la Bible sur la création de l’homme, dit que Dieu l’a créé droit et parfait, à sa propre image terrestre ; que l’homme « a cherché beaucoup de raisonnements » (ou « de détours » — Gen. 1 : 27 ; Rom. 5 : 12 ; Eccl. 7 : 29) et s’est corrompu ; que tous étant pécheurs,
(P172) ils furent incapables de s’aider eux-mêmes « et qu’aucun ne pourrait racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon » (Ps. 49 : 7, 15) ; il déclare que Dieu y pourvut dans son amour et dans sa compassion ; qu’en conséquence, le Fils de Dieu devint homme et paya le prix de la rançon de l’homme ; qu’en récompense pour ce sacrifice et en vue de l’achèvement du grand travail de réconciliation, il fut souverainement élevé, à la nature divine même ; et qu’au temps fixé, il rétablira la race humaine dans la perfection originelle et dans toutes les bénédictions qu’elle possédait autrefois. Ces choses sont clairement enseignées dans les Ecritures, du commencement à la fin, et sont en opposition directe avec la théorie évolutionniste ; ou plutôt, que de tels « vains discours de la science, ainsi faussement dénommée » sont en opposition violente et incompatible avec la parole de Dieu.