Chapitre 10

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ÉTUDE X

NATURE SPIRITUELLE ET NATURE HUMAINE
SONT DIFFERENTES ET DISTINCTES
L’UNE DE L’AUTRE

Idées fausses assez communes sur toutes les deux. — Natures terrestre ou humaine et céleste ou spirituelle. — Gloire terrestre et gloire céleste. — Témoignage de la Bible touchant des êtres-esprits — Mortalité et Immortalité. — Des êtres mortels peuvent-ils avoir la vie éternelle ? — Justice dans la dispensation de la grâce. — Examen d’un principe supposé tel Variété dans la perfection — Les droits souverains de Dieu. Ce que Dieu a préparé pour l’homme : une belle part. L’élection des membres du Corps de Christ. Comment s’effectuera leur changement de nature.

Ne comprenant pas que le plan de Dieu projette un rétablissement complet de tout le genre humain dans son état antérieur — dans sa perfection perdue en Eden — et que l’Eglise chrétienne, faisant exception à ce plan général, sera changée de la nature humaine à la nature spirituelle, la chrétienté suppose généralement qu’aucun homme ne sera sauvé s’i! n’atteint la nature spirituelle. Les Ecritures, toutefois, tout en contenant des promesses de vie, de bénédiction et de rétablissement pour toutes les familles de la terre, n’offrent et ne promettent le changement à la nature spirituelle qu’à l’Eglise élue durant l’Age de l’Evangile ; pas un seul passage ne peut être trouvé qui entretienne de pareilles espérances pour qui que ce soit d’autre.

Lorsque les masses du genre humain seront délivrées de toute la dégradation, la faiblesse, la douleur, la misère et la mort que le péché leur a values, et qu’elles seront rétablies dans la condition de perfection humaine, représentée en Adam avant la chute, elles seront aussi réellement et complètement sauvées de cette chute que ceux qui, grâce à « l’appel céleste » de l’ère évangélique, deviennent « participants de la nature divine ».

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En ne comprenant pas exactement ce qui constitue un homme parfait, et en entretenant des notions confuses sur les termes mortel et immortel et des idées fausses sur la justice, on a ainsi contribué à faire naître cette erreur et à obscurcir de nombreux passages de la Bible autrement très faciles à comprendre. Une opinion assez répandue, mais qui n’est soutenue par aucun texte biblique, est celle qu’il ne se trouva jamais un homme parfait sur la terre, que tout ce que l’on voit d’un homme sur la terre n’est que l’homme développé en partie et que, pour atteindre la perfection, il doit devenir spirituel. Cette manière de voir jette la confusion dans les Ecritures, au lieu de développer cette harmonie et cette beauté qui en découlent si nous « dispensons droitement la parole de la vérité ».

Les Ecritures enseignent qu’il y a eu deux hommes parfaits, et deux seulement — Adam et Jésus. Adam fut créé à l’image de Dieu, c’est-à-dire avec des facultés mentales analogues, de raison, de mémoire, de jugement et de volonté, et les attributs moraux de justice, de bonté, d’amour, etc. « De la terre et terrestre », il était une image terrestre d’un être spirituel, possédant des attributs du même genre, quoique bien différents en degré, en quantité et en étendue. L’homme est une image de Dieu à ce point que Dieu peut même dire aux hommes déchus : « Venez, et débattons nos droits ».

De même que l’Eternel domine sur toutes choses, ainsi l’homme fut fait dominateur sur toutes les choses terrestres : « Puis Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux des cieux, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tout reptile qui rampe sur la terre » (Gen. 1 : 26). Moïse nous dit (Genèse 1 : 31) que Dieu reconnut l’homme qu’il avait fait — non pas simplement commencé de faire, mais achevé — et Dieu considéra sa créature « très bonne » c’est-à-dire parfaite ; car rien d’inférieur à la perfection n’est très bon aux yeux de Dieu dans ses créatures intelligentes.

La perfection en laquelle l’homme fut créé est exprimée dans le Ps. 8 : 5-8 : « Tu l’as fait de peu inférieur aux anges, et tu l’as couronné de gloire et d’honneur. Tu l’as fait dominer sur les œuvres de tes mains ; tu as mis toutes choses sous ses pieds : les brebis et les bœufs tous

(P175) ensemble et aussi les bêtes des champs ; l’oiseau des cieux, et les poissons de la mer, ce qui passe par les sentiers de la mer ». Certains de ceux qui aimeraient à rendre la Bible favorable à une théorie d’évolution ont émis l’idée que l’expression « un peu », en Héb. 2 : 7, pourrait signifier un peu de temps et non un petit degré, inférieur aux anges. Il n’y a cependant ni droit ni raison pour une telle interprétation. C’est là une citation du Ps. 8 : 5, et une comparaison critique des textes hébreu et grec ne peut laisser de doute quant à son vrai sens. L’idée, clairement exprimée, est la suivante : un peu inférieur, en degré, aux anges.

Dans ce psaume, David fait allusion à l’homme dans son état originel, et il donne à entendre, prophétiquement, que Dieu n’a pas abandonné son plan originel d’avoir l’homme à sa propre image et roi de la terre, qu’il veut se ressouvenir de lui, le délivrer et le rétablir dans son premier état. L’Apôtre (Hébr. 2 : 7) attire notre attention sur le même fait — que Dieu n’a point renoncé à son dessein originel ; qu’il se ressouviendra de l’homme primitivement grand et parfait, du roi de la terre, qu’il le visitera et le rétablira. Puis il ajoute : Nous ne voyons point encore ce rétablissement promis, mais nous voyons bien le premier pas que Dieu fait en vue de son accomplissement. Nous voyons Jésus, couronné de cette gloire et de cet honneur d’une humanité parfaite, afin que par la grâce de Dieu il puisse, comme une rançon ou un substitut convenable, souffrir la mort pour tous, et, ainsi, préparer à l’homme le chemin de la restitution de tout ce qui était perdu. Voici la traduction de ce passage d’après la version de Darby :

«Qu’est-ce que l’homme, que tu te souviennes de lui ?
Ou le fils de l’homme, que tu le visites ?
Tu l’as fait UN PEU MOINDRE QUE LES ANGES.
Tu l’as couronné de gloire et d’honneur.
Et tu l’as établi sur les œuvres de tes mains » .

On ne devrait pas non plus conclure qu’un peu inférieur en degré veuille dire un peu moins parfait. Une créature peut être parfaite tout en étant à un degré d’existence inférieur à celui d’une autre ; un cheval parfait,

(P176) par exemple, serait inférieur à un homme parfait, etc. Il y a diverses natures, animées et inanimées. Comme illustration, nous renvoyons à la table suivante :

 

Degrés des êtres célestes ou spirituels

Degrés des êtres animaux ou terrestres

Degrés dans le Règne végétal

Degrés dans le Règne minéral

Divins

Homme

Arbres

Or

Bête

Arbustes

Argent

Oiseau

Herbes

Cuivre

Angéliques

Poisson

Mousses

Fer

 

Chacun des minéraux mentionnés peut être pur, néanmoins l’or se classe au plus haut rang. Si chacune des variétés de l’espèce végétale était amenée à la perfection, elles différeraient encore en nature et en rang. De même avec l’espèce animale : si chaque espèce était amenée à la perfection, il y aurait toujours une grande diversité, car le perfectionnement d’une nature ne la change pas (On emploie parfois le terme NATURE par adaptation comme par exemple quand on dit : « Ce chien a une NATURE SAUVAGE » ou « ce cheval a une NATURE DOCILE » ou « il a une MAUVAISE NATURE ». Mais, employé ainsi, ce mot signifie simplement la DISPOSITION de l’être ainsi décrit comparé avec d’autres il ne se rapporte pas à la nature dans le vrai sens du terme.). Ainsi en est-il des catégories d’êtres spirituels : quoique parfaits, ces êtres ont entre eux, différents degrés de supériorité ou d’infériorité en nature et en genre. La nature divine est la plus haute et la plus élevée de toutes les natures spirituelles. Christ, à sa résurrection, est « devenu d’autant supérieur » aux anges parfaits que la nature divine est supérieure à la nature angélique.– Hébr. 1 : 3-5.

Remarquez bien que tandis que les classes dont il est fait mention dans le tableau qui précède sont distinctes et séparées, la comparaison suivante peut pourtant être établie entre elles : le rang le plus élevé du règne minéral est inférieur ou « un peu moindre» au degré le plus bas du règne végétal, parce que dans la végétation il y a de la vie. De même le degré le plus élevé du règne végétal

(P177) est « un peu moindre » au degré le ‘plus bas du règne animal, parce que la vie animale, même dans son expression la plus faible, a assez d’intelligence pour avoir conscience de son existence. Ainsi en est-il de l’homme : quoique le plus élevé du règne animal, des êtres terrestres, il est « un peu moindre » que les anges, parce que les anges sont des êtres spirituels ou célestes.

Il y a un contraste étonnant entre l’homme actuel, dégradé par le péché, et l’homme parfait que Dieu fit à son image. Le péché a changé graduellement ses traits ainsi que son caractère. Des centaines de générations ont, par leur ignorance, leur inconduite et leur dépravation générale, tellement terni et défiguré l’espèce humaine que l’image de Dieu s’est à peu près effacée dans la majorité de la race. Les qualités morales et intellectuelles se dégradent de plus en plus, et l’instinct animal s’est développé au point qu’il l’emporte maintenant sur les sentiments élevés. L’homme a perdu ses forces physiques à tel point que, en dépit de toute l’aide de la science médicale, la durée moyenne de la vie humaine n’est plus que de 30 ans environ, tandis qu’en premier lieu, sous le même châtiment, il atteignit l’âge de neuf cent trente ans. Mais quoique ainsi souillé, et dégradé par le péché et son châtiment, la mort, qui agit en lui, l’homme doit être rétabli dans sa perfection originelle d’esprit et de corps, et à la gloire, la dignité et la domination premières, pendant et par le règne millénaire de Christ. Ce qui doit être restauré au moyen de Christ et par lui ce sont les choses qui furent perdues par la transgression d’Adam (Rom. 5: 18, 19). L’homme n’a pas perdu un paradis céleste, mais bien un paradis terrestre. A la suite du châtiment de la mort, il ne perdit point l’existence spirituelle, mais une existence humaine ; et tout ce qui était perdu fut racheté par son Rédempteur, qui déclara être venu chercher et sauver ce qui était perdu. — Luc 19 : 10.

Voici une autre preuve que l’homme parfait n’est pas un être spirituel. L’Ecriture nous enseigne qu’avant de quitter sa gloire pour devenir homme, notre Seigneur était « en forme de

(P178) Dieu » — une forme spirituelle, un être-esprit ; mais que pour devenir une rançon pour l’humanité il lui fallut devenir un homme de la même nature que le pécheur, pour lequel il devait se substituer au châtiment et subir la mort ; de là la nécessité du changement de sa nature. Et Paul dit qu’il ne prit point la nature des anges, un ou plusieurs degrés inférieurs à sa propre nature, mais qu’il descendit de nombreux degrés, qu’il prit la nature des hommes, — il devint un homme ; il « a été fait chair ». — Hébr. 2 : 16 ; Phil. 2 : 7, 8 ; Jean 1 : 14.

Remarquez que ces passages n’enseignent pas seulement que la nature angélique n’est point l’unique ordre d’êtres-esprits, mais encore qu’elle est une nature inférieure à celle que notre Seigneur possédait avant de devenir homme. Et avant de s’être humilié ainsi, Jésus n’était point aussi élevé qu’il l’est actuellement : — Dieu l’a « haut élevé » [Darby], à cause de l’obéissance dont il fit preuve en devenant la rançon volontaire de l’homme (Phil. 2: 8, 9). Il appartient maintenant à l’ordre spirituel le plus élevé : il participe à la nature divine (celle de Dieu).

Nous voyons donc qu’il est non seulement prouvé que les natures divine, angélique et humaine sont séparées et distinctes, mais aussi, qu’être un homme parfait n’est pas être un ange, pas plus que la perfection de la nature angélique n’implique que les anges sont divins et égaux à l’Eternel ; car Jésus ne prit point la nature des anges, mais une nature différente — la nature des hommes ; non pas la nature humaine imparfaite, telle que nous la possédons maintenant, mais la nature humaine parfaite. Il devint homme ; non pas un être dépravé et presque mort comme le sont les hommes maintenant, mais un homme dans la pleine vigueur de perfection.

De plus, il faut que Jésus ait été un homme parfait, sans cela il n’aurait pu observer une loi parfaite, ce qui est la pleine mesure de la capacité d’un homme parfait. Il doit avoir été un homme parfait, autrement il n’aurait pu donner une rançon (un prix correspondant —1 Tim. 2 : 6) pour la vie totalement perdue de l’homme parfait, Adam. « Car puisque la mort est venue par un homme, la résurrection des morts est venue aussi par un homme » (I Cor. 15 : 21). S’il avait été imparfait au moindre degré, cela aurait prouvé qu’il était sujet à la condamnation, et par conséquent il n’aurait pu être

(P179) un sacrifice acceptable, pas plus qu’il n’aurait pu accomplir la loi de Dieu d’une manière parfaite. Un homme parfait fut mis à l’épreuve, il céda et fut condamné ; seul un homme parfait pouvait payer le prix correspondant, devenir le Rédempteur.

Maintenant la question se présente nettement à nous sous une autre forme, qui est celle-ci : si Jésus était un homme parfait dans la chair, tel que, les Ecritures le représentent, cela ne prouve-t-il pas qu’un homme parfait est un être humain charnel — non un ange, mais un peu moindre que les anges ? Cette conclusion logique est évidente ; et nous. avons en outre la déclaration inspirée du Psalmiste (Ps. 8 : 5-8) et l’allusion de Paul à cette déclaration en Héb. 2 : 7-9.

Jésus ne fut pas non plus une combinaison de deux natures, c’est-à-dire d’une nature humaine et d’une nature spirituelle. Le mélange de deux natures ne produit ni l’une ni l’autre, mais une chose imparfaite et hybride qui est odieuse au regard de l’arrangement divin. Lorsque Jésus était dans la chair il était un être humain parfait ; avant ce temps-là il était un être spirituel parfait ; et depuis sa résurrection il est un être spirituel parfait, de l’ordre le plus élevé ou ordre divin. Ce ne fut point avant l’époque de sa consécration même jusqu’à la mort, telle qu’elle fut typifiée dans son baptême — à l’âge de trente ans (l’âge viril selon la loi et par conséquent le temps convenable de se consacrer lui-même comme homme), — qu’il reçut le gage (ou les arrhes) de son héritage de la nature divine (Matth. 3 : 16, 17). La nature humaine dut être consacrée à la mort avant même qu’il pût recevoir le gage de la nature divine. Et ce ne fut pas avant que cette consécration se fût accomplie réellement et qu’il eût sacrifié réellement .1a nature humaine jusqu’à la mort, que notre Seigneur Jésus participa entièrement de la nature divine. Après qu’il fut devenu homme, il fut obéissant jusqu’à la mort : C’est pourquoi aussi, Dieu l’a souverainement élevé à la nature divine (Phil. 2 : 8, 9). Si ce passage est vrai, il s’ensuit qu’il ne fut élevé à la nature divine que lorsque sa nature humaine fut sacrifiée réellement — fut morte.

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Nous voyons donc qu’en Jésus il n’y avait aucun mélange de natures, mais qu’il subit deux fois un changement de sa nature : en premier lieu, de la nature spirituelle à la nature humaine ; ensuite, de la nature humaine à l’ordre le plus élevé de la nature spirituelle, l’ordre divin ; et, dans les deux cas, l’une fut abandonnée pour l’autre.

A ce grand exemple d’une parfaite nature humaine, qui se tint sans tache et sans défaut devant le monde jusqu’à ce qu’elle fût sacrifiée pour la rédemption du monde, nous concevons la perfection dont notre race fut déchue en Adam et à laquelle elle doit être restaurée. En devenant la rançon de l’homme, notre Seigneur Jésus donna l’équivalent de ce que l’homme avait perdu ; par conséquent, tout le genre humain peut recevoir de nouveau, par la foi en Christ et par l’obéissance à ses exigences, une parfaite et glorieuse nature humaine– « ce qui était perdu », mais non une nature spirituelle.

Les facultés et les forces parfaites de l’être humain parfait peuvent être exercées indéfiniment, et cela sur des objets d’intérêt toujours nouveaux et variés, et les connaissances et l’habileté peuvent s’augmenter immensément ; mais de tels accroissements de connaissances et de facultés n’effectueront pas un changement de nature, comme aussi ils ne la rendront pas plus parfaite encore. Tout cela ne sera que l’élargissement et le développement des facultés humaines parfaites. L’augmentation du savoir et de l’habileté sera sans doute le privilège béni de l’homme dans toute l’éternité ; pourtant il restera homme, et apprendra simplement de plus en plus l’usage des forces que la nature humaine possède déjà. Il ne peut espérer et ne désirera pas s’avancer au delà des vastes limites de sa nature, ses désirs correspondant exactement à ses facultés.

Autant Jésus comme homme fut une manifestation de la nature humaine parfaite, en laquelle sera restaurée la masse de l’humanité, autant il est, depuis sa résurrection, une manifestation de la glorieuse nature divine â laquelle l’Eglise triomphante participera avec lui à la résurrection.

Parce que l’âge actuel est consacré principalement au développement de cette classe qui doit changer de nature et parce que les épîtres apostoliques sont destinées à l’instruction

(P181) de ce « petit troupeau », il ne faudrait pas en conclure que les plans de Dieu finiront, une fois que cette troupe élue sera complète. D’un autre côté, nous ne devons pas non plus tomber dans l’extrême contraire et supposer que les promesses spéciales de la nature divine, de corps spirituels, etc…, qui leur sont faites, sont destinées par Dieu à toute l’humanité. Pour ceux-là sont « les plus grandes et les plus précieuses promesses, » au-dessus et en sus des autres précieuses promesses faites à toute l’humanité. Pour dispenser droitement la parole de vérité, nous devrions remarquer que les Ecritures envisagent comme étant deux choses distinctes la perfection de la nature divine du « petit troupeau » et la perfection de la nature humaine du monde rétabli.

Recherchons maintenant plus particulièrement ce que sont des êtres-esprits, de quelles forces ils sont pourvus et par quelles lois ils sont gouvernés ? Parce qu’ils ne comprennent pas la nature d’un être-esprit, beaucoup semblent croire, non sans superstition, qu’un esprit doit être tout simplement un mythe. Mais Paul ne semble pas avoir eu une telle idée. Il est vrai qu’il donne à entendre qu’un être humain est incapable de comprendre la nature supérieure, spirituelle (1 Cor. 2 : 14) ; toutefois il expose clairement, comme pour mettre en garde contre toute notion mythique ou superstitieuse possible, qu’il y a un corps spirituel, comme il y a un corps animal ou naturel (humain), un corps céleste, comme il y a un corps terrestre, et qu’il y a une gloire terrestre aussi bien qu’une céleste. La gloire terrestre, comme nous venons de le voir, fut perdue par le péché du premier Adam, et sera restituée au genre humain, durant l’Age millénaire, par le Seigneur Jésus et Son épouse (le Christ, Tête et corps). La gloire du céleste est encore inconnue jusqu’à présent, pour autant qu’elle n’est pas révélée par l’Esprit à l’œil de la foi au moyen de la Parole. Ces gloires sont distinctes et séparées (1 Cor. 15 : 38-49). Nous savons jusqu’à un certain point ce que c’est qu’un corps naturel, humain, terrestre, car nous possédons un pareil corps maintenant et nous pouvons à peu près nous faire une idée de la gloire de sa perfection. Il est chair, sang et os ; car « ce qui est né de la chair est

(P182) chair ». Comme il y a deux genres distincts de corps, nous savons que le spirituel, quel qu’il soit, n’est point composé de chair, de sang et d’os ; il est céleste et spirituel — « Ce qui est né de l’Esprit est esprit ». Mais ce qu’est un corps spirituel, nous ne le savons pas, car « ce que nous serons n’a pas encore été manifesté… nous serons semblables à lui » — semblables à notre Seigneur Jésus. — Jean 3 : 6 ; 1 Jean 3 : 2.

Nous ne possédons aucun récit sur un être quelconque, soit spirituel, soit humain, changé d’une nature en une autre, sauf sur le Fils de Dieu ; et cela fut un cas exceptionnel pour un dessein exceptionnel. Lorsque Dieu créa des anges, ce fut sans doute dans l’intention qu’ils restent anges pour toujours ; et ainsi pour les hommes, les uns et les autres étant parfaits sur leur propre plan. Les Ecritures du moins ne nous font connaître aucune autre intention. De même qu’il se trouve dans la création inanimée une variété agréable presque infinie, ainsi la même variété de perfection est possible dans la créature animée et intelligente. Chaque créature est glorieuse dans sa perfection ; mais comme Paul le dit : « autre est l’éclat du céleste, autre celui du terrestre » — ce sont deux gloires différentes.

Un examen de ce qui fut rapporté de notre Seigneur Jésus après sa résurrection, et des anges, qui sont aussi des êtres-esprits, peut nous donner quelque information générale sur ce que sont des êtres-esprits, mais toujours « en comparant les choses spirituelles aux spirituelles » (1 Cor. 2: 13). En premier lieu donc, nous voyons que les anges peuvent être présents et le sont même, fréquemment, quoique invisibles. « L’ange de l’Eternel campe autour do ceux qui le craignent » et « Ne sont-ils pas tous des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer, un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut ? (Ps. 34 : 8 ; Hébr. 1 : 14). Ont-ils servi visiblement ou invisiblement ? Sans aucun doute d’une manière invisible. Elisée fut environné d’une armée d’Assyriens ; son serviteur en eut peur ; alors Elisée pria l’Eternel, et les yeux du jeune homme furent ouverts, et il vit les montagnes

(P183) autour d’eux pleines de chariots de feu et de cavaliers de feu (ou comme de feu). De même, tandis qu’à Balaam, l’ange fut invisible, l’ânesse à qui les yeux furent ouverts le vit.

En second lieu, les anges peuvent se donner des corps humains et apparaître sous forme humaine, ce qui eut lieu souvent. Le Seigneur et deux anges apparurent ainsi à Abraham, qui leur prépara un repas auquel ils participèrent. Tout d’abord Abraham les prit pour trois hommes, et ce ne fut qu’au moment de leur départ qu’il s’aperçut que l’un d’entre eux était le Seigneur, et les deux autres des anges, qui allèrent ensuite à Sodome et délivrèrent Lot (Gen. 18: 1, 2). Un ange apparut à Gédéon sous la forme d’un homme, mais il se fit connaître plus tard. Un ange apparut au père et à la mère de Samson, et ils le prirent pour un homme jusqu’à ce qu’il montât au ciel dans la flamme de l’autel. —Juges 6 : 11-22 ; 13 : 20.

En troisième lieu, des êtres-esprits sont glorieux dans leur condition normale, et sont souvent décrits comme glorieux et brillants. Le visage de l’ange qui roula la pierre de devant l’entrée du sépulcre « était comme un éclair ». Daniel eut un aperçu d’un corps spirituel qu’il décrivit déclarant : ses yeux étaient comme des flammes de feu, son visage brillait comme l’éclair, ses bras et ses pieds ressemblaient à de l’airain poli, et le son de sa voix était comme le bruit d’une multitude. Devant lui, Daniel tomba comme mort (Dan. 10: 6, 10, 15, 17). Saul de Tarse eut également un aperçu du glorieux corps de Christ, dont l’éclat surpassait celui du soleil en plein midi. Saul perdit la vue et tomba par terre.

Jusqu’ici nous avons trouvé des êtres-esprits vraiment glorieux, mais invisibles à l’homme si les yeux de ce dernier ne lui sont pas ouverts pour les voir, ou s’ils n’apparaissent pas sous forme humaine dans la chair. Cette conclusion se confirme encore davantage, si nous examinons les détails particuliers de ces manifestations. Le Seigneur ne fut vu que par Saul, les hommes qui faisaient le voyage avec lui entendirent bien la voix,

(P184) mais ne virent personne (Actes 9 : 7). Les hommes qui étaient avec Daniel ne virent point l’être glorieux qu’il décrit, mais une grande frayeur s’empara d’eux et ils s’enfuirent pour se cacher. D’autre part, cet être glorieux déclara : « Le chef du royaume de Perse m’a résisté vingt et un jours » (Dan. 10 : 13). Daniel, l’homme bien-aimé de l’Eternel tomba-t-il comme mort devant celui auquel le chef de Perse résista vingt et un jours ? Comment cela ? Certainement l’être glorieux n’apparut pas dans sa gloire au prince ! Non ; ou bien il était présent invisiblement avec lui, ou bien il lui apparut comme homme.

Notre Seigneur est un être-esprit depuis sa résurrection ; en conséquence, il devrait posséder les mêmes facultés qui se manifestent chez des anges (des êtres spirituels). Et tel est bien le cas, comme nous le verrons d’une manière complète dans un des chapitres suivants.

Ainsi nous trouvons que les Ecritures considèrent les natures spirituelle et humaine comme deux choses séparées et distinctes, et ne prouvent nullement que l’une puisse évoluer ou se développer en l’autre ; mais au contraire, elles montrent bien qu’un petit nombre seulement d’entre les hommes seront à jamais transformés de la nature humaine à la nature divine, à laquelle Jésus, leur chef, a déjà été élevé. Ce trait remarquable et spécial du plan de l’Eternel a pour but remarquable et spécial de pouvoir se servir de cette troupe comme agents de Dieu, pour la grande œuvre future du rétablissement de toutes choses.

Examinons maintenant les termes :

MORTALITE ET IMMORTALITE

Nous trouverons leur vraie signification en parfait accord avec ce que nous a appris notre comparaison des exposés de la Bible concernant les êtres humains et spirituels et les promesses terrestres et célestes. On donne ordinairement des définitions très vagues de ces mots, et des idées fausses sur leur sens produisent des vues erronées sur des sujets qui

(P185) sont en rapport avec eux : c’est le cas dans l’usage général comme dans celui de l’Ecriture.

« Mortalité » désigne l’état ou la condition de ce qui est sujet à la mort ; non pas une condition de mort, mais une condition dans laquelle la mort est une possibilité.

« Immortalité » désigne l’état ou la condition de ce qui n’est pas sujet à la mort ; non seulement une condition de franchise ou d’exemption de la mort, mais une condition dans laquelle la mort est une impossibilité.

Une idée très répandue mais erronée consiste à croire que la mortalité [ou être mortel] est une condition dans laquelle la mort est inévitable, tandis que l’idée commune sur la signification d’immortalité est plus correcte en général.

Le mot immortel signifie non mortel ; la construction même des mots indique donc leurs vraies définitions. C’est à cause de la prédominance d’une idée fausse sur le mot mortel que tant de personnes sont dans la confusion quand elles essayent de déterminer si Adam était mortel ou immortel avant sa transgression. Elles pensent que s’il avait été immortel Dieu n’aurait point dit : « Au jour que tu en mangeras, tu mourras certainement », puisqu’il est impossible qu’un être immortel meure. Cela est une conclusion logique. D’un autre côté disent-elles : s’il avait été mortel, en quoi aurait consisté la menace ou le châtiment de l’expression : « Tu mourras certainement » puisque (d’après leur définition erronée) il n’aurait pu de toutes façons échapper à la mort ?

La difficulté se trouve, comme on le verra dans la fausse signification donnée au mot mortalité. Appliquez la définition correcte, et tout sera clair. Adam était mortel, c’est à-dire dans une condition où la mort était une possibilité. Il avait la vie dans une pleine et parfaite mesure, toutefois point de vie inhérente. Sa vie était entretenue par « tout arbre du jardin », à l’exception de celui qui était défendu ; et aussi longtemps qu’il restait obéissant à son Créateur et en harmonie avec lui, sa vie était assurée, — les éléments nécessaires à son entretien ne lui auraient point été retirés. Nous voyons donc qu’Adam avait la vie, et aurait pu tout à fait éviter la mort ;

(P186) néanmoins sa condition était telle que la mort était possible, — il était mortel.

Alors la question suivante se pose : Supposons Adam mortel ; fut-il mis à l’épreuve, pour savoir s’il était digne de l’immortalité ? La réponse générale serait : oui. Nous répondons : non. Son épreuve eut lieu pour voir s’il était digne ou indigne de la continuation de la vie et des bénédictions qu’il possédait déjà. Du moment qu’il n’était promis nulle part que si Adam était obéissant il deviendrait immortel, nous sommes obligés de laisser de côté toutes hypothèses de ce genre. Il avait la promesse de la continuation des bénédictions dont il jouissait alors aussi longtemps qu’il serait obéissant, et la menace de tout perdre — de mourir — s’il devenait désobéissant. C’est à cause de l’idée fausse de la signification du mot mortel que les gens, en général, sont conduits à croire que tous les êtres qui ne meurent point sont immortels. Ils comprennent dans cette catégorie : notre Père céleste, notre Seigneur Jésus, les anges et toute l’humanité. C’est toutefois une erreur : la grande multitude du genre humain sauvée de la chute, ainsi que les anges du ciel, seront toujours mortels. Quoique dans une condition de perfection et de bonheur, ils seront toujours de cette nature mortelle qui pourrait subir le châtiment du péché — la mort — s’ils commettaient le péché. La certitude de leur existence sera conditionnée, ainsi qu’elle le fut chez Adam, par l’obéissance envers le Dieu souverainement sage, dont la justice, l’amour, la sagesse et dont la puissance par laquelle il fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment et le servent, auront été pleinement démontrés à tous par sa conduite à l’égard du péché dans le temps présent.

Il n’est dit nulle part dans les Ecritures que les anges sont immortels, ni que l’humanité restaurée sera immortelle. Bien au contraire, l’immortalité n’est attribuée qu’à la nature divine, — originairement à l’Eternel seul, puis postérieurement, à notre Seigneur Jésus dans sa condition présente de souveraine élévation et finalement par promesses à l’Eglise, le corps de Christ, une fois glorifiée avec lui. —1 Tim. 6 : 16 ; Jean 5 : 26 ; 2 Pierre 1 : 4 ; 1 Cor. 15 : 53, 54.

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Non seulement nous avons la certitude que l’immortalité n’appartient qu’à la nature divine, mais nous avons aussi la preuve que les anges sont mortels, du fait que Satan, jadis un chef dans leur nombre, doit être détruit (Héb. 2 : 14). Le fait qu’il peut être détruit prouve• bien que les anges comme classe sont mortels.

Ainsi, nous voyons qu’une fois que les pécheurs incorrigibles auront été exterminés, les êtres immortels, de même que les êtres mortels, vivront pour toujours dans la joie, la félicité et l’amour : la première classe possédant une nature qui ne peut mourir, ayant la vie inhérente — la vie en eux-mêmes (Jean 5 : 26) ; et la dernière classe ayant une nature sujette à la mort, mais, à cause de leur perfection et de la connaissance qu’ils ont du mal et des graves conséquences du péché, ne provoquant pas la mort. Comme ils auront été approuvés par la loi de Dieu, ils seront pourvus éternellement des éléments nécessaires à leur entretien dans la perfection, et ne mourront jamais.

La compréhension exacte du sens des termes mortel et immortel et de leur emploi dans les Ecritures, détruit le fondement même de la doctrine du tourment éternel. Cette doctrine est basée sur la théorie non biblique que Dieu créa l’homme immortel, qu’il ne peut cesser d’exister et que Dieu ne peut le détruire. De là l’argument il faut que les incorrigibles vivent quelque part, de façon ou d’autre, et la conclusion en est que, puisqu’ils ne sont pas en harmonie avec Dieu, leur éternité ne peut être que misérable. Mais la Parole nous assure que Dieu a pris ses précautions contre une telle perpétuation du péché et des pécheurs : que l’homme est mortel et que le châtiment intégral du péché commis de propos délibéré contre la pleine lumière et contre la connaissance parfaite, ne sera point une vie dans le tourment, mais une seconde mort. « L’âme qui péchera, celle-là mourra. »

« QUI ES-TU, QUI CONTESTES CONTRE DIEU ? Rom. 9 : 20.

Certaines personnes nourrissent l’idée erronée que la justice exige que Dieu ne fasse aucune distinction parmi ses créatures dans la dispensation de ses faveurs ;

(P188) que s’il élève l’une à une haute situation, selon la justice il doit le faire à toutes à moins qu’il ne puisse être prouvé que quelques-unes sont déchues de leurs droits auquel cas il serait juste de leur assigner un rang inférieur.

Si ce principe était juste, il s’ensuivrait que Dieu n’avait aucun droit de créer Jésus supérieur aux anges et de l’élever ensuite à la nature divine, à moins qu’il n’ait la même intention à l’égard de tous les anges et de tous les hommes. Et pour pousser le principe plus loin encore, si quelques hommes doivent être élevés très haut et participer de la nature divine, il faudrait qu’éventuellement tous fussent élevés à la même position. Alors pourquoi ne pas pousser le principe à l’extrême limite, appliquer la même loi de progression à tous les êtres, à la bête, à l’insecte, etc…, et dire que, puisqu’ils sont tous des créatures de Dieu, il faut qu’éventuellement tous atteignent le plus haut degré d’existence — la nature divine ? L’absurdité en est manifeste, mais serait aussi raisonnable que toute autre déduction tirée de ce prétendu principe.

Personne sans doute ne voudrait pousser si loin une supposition aussi erronée. Pourtant si c’était là un principe fondé sur la simple justice, où pourrait-il s’arrêter net et demeurer juste ? Et si tel était vraiment le plan de Dieu, qu’adviendrait-il de la belle et agréable variété dans toutes ses œuvres ? Mais tel n’est pas le plan de Dieu. La nature entière, animée et inanimée, déploie la gloire et la diversité de la puissance et de la sagesse divines. Et si « les cieux racontent la gloire du Dieu fort, et [que] l’étendue donne à connaître l’ouvrage de ses mains » par une prodigieuse variété et magnificence, à plus forte raison sa création intelligente montrera-t-elle par sa variété la gloire supérieure de sa puissance. Telle est notre conclusion d’après l’enseignement formel de la parole de Dieu, d’après la raison et les analogies de la nature.

Il importe d’avoir une idée précise de la justice. Une faveur ne devrait jamais être regardée comme une récompense méritée justement. Un acte de pure justice ne donne lieu à aucune reconnaissance spéciale

(P189) et n’est pas davantage une preuve de charité. Mais Dieu témoigne son grand amour envers ses créatures par une suite infinie de faveurs non méritées, ce qui devrait produire en retour leur amour et leurs louanges.

Dieu aurait été pleinement dans son droit, s’il avait voulu ne nous créer que pour un court espace de temps, même si nous n’avions jamais péché. Il fit ainsi pour quelques-unes de ses créatures de la classe inférieure. Il aurait pu nous laisser goûter ses bienfaits pour un moment seulement, et ensuite, sans injustice, nous retrancher la vie. En fait, même une existence de si courte durée serait une faveur. Ce n’est qu’en vertu de sa grâce qu’après tout nous existons. Quelle grâce plus grande encore est la rédemption de l’existence perdue jadis par le péché ! De plus, c’est grâce à la faveur de Dieu que nous sommes des hommes et non des bêtes ! Ce n’est que par pure faveur de Dieu que les anges sont de nature un peu plus élevée que les hommes, et ce n’est également que par pure grâce de Dieu que le Seigneur Jésus et son épouse deviennent participants de la nature divine. Il convient, par conséquent, à toutes ses créatures intelligentes de recevoir avec reconnaissance tout ce que Dieu leur accorde. Tout autre sentiment mérite une juste condamnation, et celui qui s’y abandonne entièrement sera en fin de compte abaissé et détruit. L’homme n’a aucun droit d’aspirer à devenir un ange, n’ayant jamais été appelé à cette position ; et un ange n’a pas davantage le droit d’aspirer à la nature divine, cette dernière ne lui ayant jamais été offerte.

C’est l’aspiration orgueilleuse de Satan qui causa son abaissement, et le conduira finalement à sa destruction (Esaïe 14 : 14). « Quiconque s’élève sera abaissé et quiconque s’abaisse sera élevé » (Luc 14 : 11), mais pas nécessairement au rang le plus élevé.

Le sujet de l’élection, enseigné dans les Ecritures, a été l’occasion de bien des disputes et de malentendus ; cela provient en parties d’idées fausses sur la justice et en partie d’autres causes encore. Peu de chrétiens nieront que les Ecritures enseignent une élection ; mais la question de savoir quel est le principe de cette élection ou sélection, suscite nombre d’opinions divergentes. Les uns prétendent

(P190) que cette élection est arbitraire, sans condition ; les autres qu’elle est conditionnelle. Nous croyons qu’il y a une part de vérité dans chacune de ces vues. Une élection de la part de Dieu est l’expression de son choix pour un certain but, une certaine charge ou une certaine position. Dieu détermina (choisit) que quelques-unes de ses créatures seraient des anges, d’autres des hommes, des bêtes, des oiseaux, des insectes, etc…, et que d’autres seraient de sa propre nature divine. Et quoique Dieu choisisse, d’après certaines conditions, tous ceux qui seront admis à la nature divine, néanmoins on ne peut dire de ceux-là qu’ils l’aient mérité plus que les autres ; ce n’est que par pure faveur que toute créature existe à un degré quelconque.

« Cela ne dépend donc ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde ». — qui manifeste sa bonté -ou sa faveur (Rom. 9 : 16). Ce n’est pas parce que les êtres humains élus étaient meilleurs que d’autres, que Dieu leur offrit la nature divine, car il omit les anges qui n’avaient point péché et appela quelques-uns des pécheurs rachetés à des honneurs divins. Dieu a le droit de faire avec ses créatures ce que bon lui semble ; et c’est sa sainte volonté de se servir de ce droit pour l’accomplissement de ses plans. Puis donc, que tout ce que nous avons est de pure grâce, « Toi homme, qui es-tu pour contester contre Dieu ? Le vase d’argile dira-t-il à celui qui l’a formé : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? Le potier n’a-t-il pas la puissance de faire d’une même masse de terre un vase d’honneur, et un vase d’un usage vil »— ou de moins d’honneur ? (Rom. 9 : 20-21) ? Tous furent créés par la même puissance divine — quelques-uns pour avoir une nature plus élevée et un plus grand honneur, et d’autres, pour avoir une nature inférieure et moins d’honneur.

« Ainsi, dit l’Eternel, le Saint d’Israël, et celui qui l’a formé (l’homme) : ENQUEREZ-vous de moi touchant les choses à venir ; à l’égard de mes fils et à l’égard de l’œuvre de mes mains, me COMMANDEZ-vous ? Moi, j’ai fait la terre, et j’ai créé l’homme sur elle ; c’est moi ; ce sont mes mains qui ont étendu les cieux, et j’ai ordonné toute leur armée. » « Car ainsi dit l’Eternel, le créateur des

(P191) cieux, le Dieu qui a formé la terre et qui l’a faite, celui qui l’a établie, qui ne l’a pas créée (pour être) vide, qui l’a formée pour être habitée : Moi, je suis l’Eternel, et il n’y en a point d’autre » (Esaie 45 : 11, 12, 18). Nul n’a le droit de commander à Dieu. S’il a affermi la terre, s’il l’a créée pour qu’elle ne fût pas déserte, mais pour être habitée par des hommes rétablis à la perfection, qui sommes-nous pour oser contester contre Dieu et dire que c’est injuste de ne point changer leur nature et de ne point les faire participer tous d’une nature spirituelle semblable soit à celle des anges, soit semblable à sa propre nature divine ? Combien plus convenable est-il de venir, humblement à la parole de Dieu pour « s’enquérir » des choses touchant l’avenir, au lieu de vouloir lui « commander » ou de déclarer qu’il doit exécuter nos idées ! Seigneur, préserve tes serviteurs des péchés de présomption : ne laisse pas ces péchés régner sur nous. Aucun enfant de Dieu, croyons-nous, ne voudrait commander sciemment à l’Eternel : et, cependant, combien en est-il qui tombent facilement dans cette erreur, presque inconsciemment !

Les hommes sont en vertu de leur création comme ouvrage de ses mains — les enfants de Dieu, et son plan à leur égard est clairement révélé dans sa Parole. Paul dit que le premier homme (qui fut un exemple de ce que sera la race humaine une fois parfaite) fut de la terre et terrestre, et que dans la résurrection sa postérité, à l’exception de l’Eglise de l’Evangile, continuera à être terrestre, humaine et adaptée à la terre (1 Cor. 15: 38, 44). David déclare que l’homme ne fut créé qu’un peu inférieur aux anges, qu’il fut couronné de gloire, d’honneur et de domination, etc. (Ps. 8: 4-8). Pierre, notre Seigneur, et tous les prophètes depuis le commencement du monde, déclarent que la race humaine doit être rétablie dans cette glorieuse perfection et qu’elle aura de nouveau la domination sur la terre, à l’exemple d’Adam, son représentant. — Actes 3 : 19-21.

C’est cette part que Dieu a choisie pour la donner à la race humaine. Et quelle part glorieuse ! Fermez les yeux un moment à la misère et aux maux, à la dégradation et aux douleurs qui règnent encore à cause du péché, et représentez-vous

(P192) la gloire de la terre parfaite. Plus aucune trace de péché ne trouble l’harmonie et la paix d’une communauté parfaite ; point de pensée amère, point de regard méchant ni de parole rude ; l’amour surgit de chaque cœur et un sentiment analogue lui répond en chaque autre cœur, la bienveillance caractérise chaque action. Il n’y aura plus de maladies ; ni de douleurs, ni de peines, ni aucun symptôme de décade ce ; il n’y aura plus même la crainte que de telles choses arrivent. Pensez à toutes les manifestations de santé et de beauté, aux formes bien proportionnées et aux traits ‘humains les plus admirables que vous ayez jamais contemplés, et sachez que les charmes et la beauté de l’humanité parfaite surpasseront tout cela de beaucoup. La pureté intérieure et la perfection mentale et morale caractériseront et glorifieront chaque visage rayonnant. Telle sera la société de la terre ; toutes les larmes de ceux qui sont en pleurs ou affligés s’effaceront quand l’œuvre achevée de la résurrection se présentera à leurs yeux ! — Apoc. 21 : 4.

Et ce n’est là que le changement dans la société humaine. Rappelons aussi que la terre, qui fut formée « pour qu’elle fût habitée » par une telle race d’êtres, doit être un séjour convenable et agréable à l’homme, ainsi qu’il fut figuré dans le paradis édénien, où le premier homme fut placé tout d’abord. Le paradis sera restauré. La terre ne produira plus des épines et des chardons, ne réclamera plus la sueur du visage de l’homme pour procurer le pain, mais elle « rapportera [aisément et naturellement] son revenu ». « Le désert fleurira comme la rose. » Les créatures animales inférieures seront des servantes parfaites, obéissant de leur plein gré partout la nature, avec toutes ses charmantes variétés, invitera l’homme à chercher et à connaître la gloire, la puissance et l’amour de Dieu ; l’esprit et le cœur se réjouiront en lui. Le désir incessant de quelque chose de nouveau, qui domine maintenant, n’est point une condition naturelle, mais anormale, due à nos imperfections et à notre milieu actuel peu satisfaisant. Etre sans cesse en quête du nouveau, n’est pas du tout ressembler à Dieu. Pour Dieu, la plupart des choses sont anciennes, et il se réjouit surtout

(P193) des choses anciennes et parfaites. Ainsi en sera-t-il pour l’homme quand il sera rétabli à l’image de Dieu. L’homme parfait ne connaîtra ou n’appréciera pas pleinement la gloire des êtres spirituels, il ne la préférera pas par conséquent, possédant une nature différente ; c’est pour la même raison que les poissons et les oiseaux jouissent pleinement de leur propre nature et de leur propre élément et les préfèrent à tout autre. L’homme sera si absorbé et si ravi par la gloire qui l’environne sur le plan humain qu’il n’aura pas d’autre aspiration, ni de préférence pour une autre nature ou pour d’autres conditions “que les siennes. Un coup d’œil sur l’expérience actuelle de l’Eglise rendra cela plus clair. « Qu’il sera difficile » à tous ceux qui sont riches en biens de ce monde d’entrer dans le royaume de Dieu ! Le peu de bonnes choses que nous possédons ici-bas, même sous le présent règne du mal et de la mort, captive la nature humaine à tel point que nous avons besoin d’une aide spéciale de Dieu pour tenir notre œil fixé sur les promesses spirituelles et pour y tendre.

L’Eglise chrétienne, le corps de Christ, forme une exception dans ce plan général pour l’humanité ; cela ressort avec évidence du fait que son élection fut déterminée dans le plan divin, avant la fondation du monde (Eph. 1 : 4, 5). Dieu prévit à ce moment-là non seulement la chute de l’homme dans le péché, mais aussi la justification, la sanctification et la glorification de l’Eglise : Il appela donc cette classe hors du monde durant l’Age de l’Evangile, afin qu’elle devienne « conforme à l’image de son Fils », pour qu’elle participe à la nature divine et hérite, avec Christ Jésus, du royaume millénaire pour l’établissement de la paix et de la justice universelles. — Rom. 8 : 28-31.

Cela démontre que l’élection ou choix de l’Église fut une chose prédéterminée de la part de Dieu ; mais remarquez-le bien : ce n’est point une élection sans condition des membres individuels de l’Eglise. Avant la fondation du monde Dieu détermina qu’un tel groupe de personnes serait choisi pour un

(P194) tel but, dans un temps déterminé — l’Age de l’Evangile. Quoique nous ne puissions douter que Dieu aurait pu prévoir l’action de chaque membre individuel de ce « petit troupeau » et qu’il aurait pu savoir d’avance exactement qui serait digne de faire partie de ce « petit troupeau », ce n’est pas cependant la manière dont sa Parole présente la doctrine de l’élection. Ce n’était pas la pensée d’une prédestination de personnes que les apôtres cherchaient à inculquer, mais bien celle que, dans le plan de Dieu, une classe était prédéterminée à occuper l’honorable position en question, et que l’élection en serait basée sur des conditions d’épreuves sérieuses touchant la foi, l’obéissance et le renoncement aux privilèges terrestres, etc., même jusqu’à la mort. De cette façon, par une épreuve individuelle et par une « victoire » individuelle, les membres individuels de la classe prédéterminée auront été choisis ou acceptés dans toutes les bénédictions et les dons de grâces prédéterminés de Dieu pour cette classe.

Le mot « glorifiés » en Rom. 8 : 30, du mot grec doxazô, signifie honorés. C’est à une position de grand honneur que l’Eglise est élue. Aucun homme ne pouvait aspirer à un aussi grand honneur : notre Seigneur Jésus lui-même y fut d’abord invité avant d’y aspirer comme cela est écrit : « Christ ne s’est pas glorifié [doxazô, honoré] lui-même pour être fait souverain sacrificateur, mais celui-là [l’a glorifié] qui lui a dit : Tu es mon Fils ; moi je t’ai aujourd’hui engendré » (Héb. 5 : 5). Le Père céleste honora ainsi notre Seigneur Jésus ; et tous ceux du corps élu qui doivent devenir ses cohéritiers, seront honorés ainsi par la faveur de l’Éternel. L’Eglise, comme son chef (ou Tête) expérimente déjà un commencement de cet « honneur » lorsque les membres qui y sont appelés sont engendrés de Dieu à la nature spirituelle, par la parole de la vérité (Jacq. 1: 18), et elle recevra pleinement cet honneur quand tous ses membres seront nés de l’Esprit — devenus des êtres spirituels — à l’image de leur Chef glorifié: Ceux que Dieu veut honorer ainsi doivent être parfaits et purs ; et, puisque par hérédité nous étions des pécheurs, il ne nous a pas seulement invités ou appelés à cet

(P195) honneur, mais il a aussi pourvu à notre justification du péché par la mort de son Fils, afin de nous rendre capables de recevoir l’honneur auquel il nous appelle.

En choisissant le petit troupeau, Dieu fait un appel assez général — « il y a beaucoup d’appelés ». Tous ne sont pas appelés. L’appel fut réservé d’abord à Israël selon la chair durant le ministère de notre Seigneur ; mais maintenant, tous ceux que les serviteurs trouvent (Luc 14: 23) — et autant qu’ils peuvent en trouver — sont exhortés ou persuadés (non pas forcés) de venir à ce festin, de participer à cette faveur spéciale. Mais même parmi ceux qui entendent cet appel et y répondent, il y en a qui n’en sont pas dignes. Un habit de noces (la justice de Christ imputée) est préparé pour chacun ; cependant quelques-uns ne veulent pas s’en vêtir, et il faut qu’ils soient renvoyés ou rejetés ; d’autres parmi ceux qui s’en sont revêtus, qui reçoivent l’honneur d’être engendrés à une nouvelle nature, manquent d’affermir leur vocation et leur élection par la fidélité à leur alliance. De ceux qui sont dignes d’apparaître en gloire avec l’Agneau, il est dit qu’ils sont appelés, et élus, et fidèles. — Apoc. 14 : 1 et 17: 14.

L’appel est véritable ; la détermination de Dieu de choisir et d’exalter une Eglise est immuable ; mais l’honneur d’être de cette classe choisie est conditionne]. Tous ceux qui veulent participer aux honneurs prédestinés doivent remplir les conditions de l’appel. « Craignons donc qu’une promesse ayant été laissée d’entrer en son repos, quelqu’un d’entre vous ne paraisse ne pas l’atteindre » (Hébr. 4 : 1). Si cette grande faveur ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, elle est pour celui qui veut et pour celui qui court, lorsqu’il est appelé.

Après avoir, croyons-nous, clairement démontré le droit absolu de Dieu et son dessein de faire des siens ce qu’il veut, nous appelons l’attention du lecteur sur le fait que le principe qui caractérise toutes les démonstrations des grâces de Dieu, est le bien général de tous.

Si, en nous autorisant des Ecritures, nous reconnaissons comme un fait établi que les natures humaine et spirituelle

(P196)

sont différentes et distinctes l’une de l’autre — que le mélange des deux natures n’est pas le moins du monde dans l’intention de Dieu, mais serait une imperfection, et que le changement d’une nature en une autre n’est pas la règle, mais l’exception, dans les rares cas des propres élus de Dieu — la question de savoir comment le changement doit être accompli, à quelles conditions il peut être atteint et de quelle manière il sera effectué, se trouve donc être d’un profond intérêt.

Les conditions selon lesquelles l’Eglise peut être élevée avec son Seigneur à la nature divine (2 Pierre 1: 4) sont précisément celles d’après lesquelles il reçut lui-même cette nature ; l’Eglise l’obtiendra en suivant ses traces (1 Pierre 2 : 21), en se présentant elle-même comme sacrifice vivant, comme il le fit et en exécutant fidèlement le vœu de consécration, jusqu’à ce que le sacrifice finisse par la mort. Ce changement de la nature humaine à la nature divine est donné comme récompense à ceux qui, dans les limites de l’Age de l’Evangile, sacrifient la nature humaine comme Jésus le fit, avec tous ses intérêts, ses espérances et ses buts présents et futurs — même jusqu’à la mort. A la résurrection, ceux-là se réveilleront, non pour avoir part avec le reste du genre humain à la restitution bénie de la perfection humaine et à toutes ses suites de bénédictions, mais pour avoir part à la ressemblance, à la gloire et à la joie du Seigneur, comme participants avec lui de la nature divine. — Rom. 8 : 17 ; 2 Tim. 2 : 12.

Le début et le développement de la nouvelle nature est semblable au début et au développement de la vie humaine. Comme, en ce dernier cas, il y a un engendrement et puis une naissance, ainsi en est-il de la nouvelle nature. Il est dit des saints qu’ils sont engendrés de Dieu par la parole de vérité (1 Pi. 1 : 23 ; 1 Jean : 5 : 18 ; Jacq. 1 : 18). C’est dire qu’ils reçoivent de Dieu la première impulsion de la vie divine au moyen de sa Parole. Quand, après avoir été justifiés gratuitement par la foi en la rançon, ils entendent l’appel : « Offrez vos corps en sacrifice vivant, saint [racheté, justifié, et partant], agréable à Dieu, ce qui est votre service raisonnable » (Rom. 12 : 1) ; si, obéissant à

(P197) cet appel, ils consacrent entièrement leur humanité justifiée à Dieu, en vivant sacrifice, côte à côte avec celui de Jésus, Dieu l’accepte ; et, dans cet acte même, la vie spirituelle a commencé. Celui qui éprouve cela trouvera que, dès ce moment, il pense et agit selon l’esprit nouveau [transformé], au point qu’il crucifie les désirs humains. Dès le moment de la consécration ceux-là sont comptés par Dieu comme étant de « nouvelles-créatures ».

De cette manière, les choses vieilles [les désirs, passions et plans humains, etc.] cessent dans ces « nouvelles-créatures » à l’état d’embryon, et toutes choses deviennent nouvelles. Cette « nouvelle-créature » embryonnaire continue de croître et de se développer au fur et à mesure que la vieille nature humaine est crucifiée .avec ses espérances, ses buts, ses désirs, etc. Ces deux processus progressent simultanément, depuis le début de la consécration jusqu’à ce que la mort de l’humain et la naissance du spirituel en résultent. Au fur et à mesure que l’Esprit de Dieu continue à déployer de plus en plus ses plans par sa Parole, il vivifie ainsi nos corps mortels mêmes (Rom. 8 : 11), afin qu’ils soient capables de le servir, mais, au temps fixé, nous recevrons de nouveaux corps — spirituels, célestes, adaptés sous tous les rapports, à l’esprit nouveau et divin.

La naissance de la « nouvelle-créature » a lieu dans la résurrection (Col. 1 : 18) ; et la résurrection de cette classe est appelée la première résurrection [la résurrection de choix] (Apoc. 20: 6). Il faut se rappeler que ce n’est qu’à la résurrection que nous serons en réalité des êtres-esprits, bien que dès le moment où nous recevons l’esprit d’adoption nous soyons considérés comme tels (Rom. 8 : 23-25 ; Eph. 1 : 13, 14 ; Rom. 6 : 10, 11). Quand nous serons réellement devenus des êtres-esprits, c’est-à-dire quand nous serons nés de l’Esprit, nous ne serons plus des êtres charnels ; « car ce qui est né de l’Esprit est esprit. »

Cette naissance à la nature spirituelle dans la résurrection doit être précédée d’un engendrement de l’Esprit lors de la consécration, aussi sûrement que la naissance de la chair est précédée d’un engendrement de la chair. Tous ceux qui sont nés de la chair à l’image

(P198) de l’homme terrestre, le premier Adam, ont été d’abord engendrés de la chair ; et quelques-uns d’entre eux ont été engendrés de nouveau par l’Esprit de Dieu par la parole de vérité, afin qu’au temps déterminé ils puissent naître de l’Esprit à la ressemblance céleste, dans la première résurrection. « De même que nous avons porté l’image du terrestre, nous [l’Eglise] porterons aussi l’image du céleste, » — à moins que nous ne retombions. — 1 Cor. 15 : 49 ; Hébr. 6 : 6.

Quoique l’acceptation de l’appel céleste et notre consécration qui s’ensuit soient l’affaire d’un seul moment particulier, l’action de mettre chaque pensée en harmonie avec l’esprit de Dieu, est une œuvre graduelle : c’est une progression graduelle d’une préférence des choses célestes aux choses terrestres. L’Apôtre appelle cette action une œuvre de transformation : « Ne vous conformez pas à ce siècle, mais soyez transformés [à la nature céleste] par le RENOUVELLEMENT DE VOTRE ENTENDEMENT, pour que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, bonne et agréable et parfaite ». Romains 12 : 2.

On devrait remarquer que l’Apôtre n’adresse pas- ces paroles au monde incrédule, mais à ceux qu’il reconnaît comme des frères, ainsi que le montre le verset précédent : « Je vous exhorte donc, frères… à offrir vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu ».

On croit communément que lorsqu’un homme se convertit ou se détourne du péché vers la justice, et de l’incrédulité et de l’opposition à Dieu vers la confiance en ce dernier, il s’opère en lui la transformation dont parle Paul. Cela est en vérité un grand changement, — un renouvellement, mais non le renouvellement auquel Paul fait allusion. C’est là une transformation de caractère, mais Paul parle d’une transformation de nature, promise aux croyants de l’Age évangélique à certaines conditions, et ce sont des croyants qu’il presse de remplir ces conditions. Si une telle transformation de caractère n’avait point encore eu lieu chez

(P199) ceux à qui il s’adressait, il n’aurait pu les nommer frères — et encore des frères qui avaient déjà quelque chose de « saint et d’agréable à Dieu » à offrir en sacrifice, car ceux-là seuls qui sont justifiés par la foi en la rançon sont considérés par Dieu comme saints et agréables. La transformation de nature échoit à ceux qui, durant l’Age de l’Evangile, présentent leur nature humaine justifiée en sacrifice vivant, comme Jésus présenta sa nature humaine parfaite en sacrifice, renonçant à tout droit et à toute prétention à l’existence humaine future, et ignorant toute satisfaction, tous privilèges et tous droits humains, etc., actuels. La première chose à sacrifier est la volonté humaine ; dès lors, nous ne pouvons plus être guidés par notre propre volonté humaine, ni par celle d’un autre, mais uniquement par la volonté divine. La volonté de Dieu devient la nôtre, et nous reconnaissons notre volonté, qui doit être ignorée et sacrifiée, comme n’étant plus la nôtre, mais comme celle d’un autre. Une fois que la volonté de Dieu est devenue notre volonté, nous commençons à penser, à raisonner et à juger du point de vue divin : le plan de Dieu devient notre plan et les voies de Dieu deviennent nos voies. Celui qui ne s’est pas présenté en sacrifice dans la vraie foi et qui, par conséquent, n’a pas éprouvé, par expérience, cette, transformation, n’est pas capable dé la bien comprendre. Antérieurement nous pouvions nous réjouir de tout ce qui n’était point réellement un péché ; car la terre avec toutes ses bonnes choses fut créée pour le plaisir et la jouissance de l’homme ; la seule difficulté, alors, était de vaincre nos inclinations au péché. Mais ceux qui sont consacrés et transformés ont encore, à côté de leurs efforts pour vaincre le péché, la tâche de sacrifier toutes les bonnes choses présentes et de vouer toute leur énergie au service de Dieu. Ceux qui sont fidèles dans leur service et dans leur sacrifice apprécieront vraiment et journellement que leur repos n’est point ici-bas, et qu’ils n’y ont aucune cité permanente. Mais leur cœur et leurs espérances seront tournés vers « le repos qui reste encore pour le peuple de Dieu ». Et c’est cet espoir béni qui, à son tour, vivifiera et poussera au sacrifice continu.

Ainsi, par cette consécration, l’entendement est renouvelé ou transformé, et les désirs, les espérances et les buts commencent à s’élever

(P200) vers les choses spirituelles et invisibles promises, tandis que les espérances humaines, etc., meurent. Ceux qui sont ainsi transformés, ou qui se, trouvent dans cette voie de transformation, sont considérés comme de « nouvelles-créatures », comme engendrés de Dieu, et sont dans cette mesure rendus participants de la nature divine. Remarquez bien la différence entre ces « nouvelles-créatures » et ces croyants et « frères » qui ne sont que justifiés. Ces derniers sont encore de la terre et terrestres, et, abstraction faite de désirs coupables, leurs espérances, leurs ambitions et leurs buts sont de ceux qui seront satisfaits pleinement dans le rétablissement promis de toutes choses. Les premiers au contraire ne sont pas de ce monde, de même que Christ n’est pas de ce monde, et leurs espérances se concentrent dans les choses invisibles où Christ est assis à la droite de Dieu. La perspective de la gloire terrestre, si enchanteresse pour l’homme naturel, n’a plus désormais d’attrait pour ceux qui sont engendrés à cette espérance céleste, pour ceux qui discernent la gloire des promesses célestes et qui apprécient la part qui leur est assignée dans le plan divin. Cet entendement nouveau et divin « est le gage de notre héritage » de la nature divine complète, — entendement et corps. Un corps divin ! pourrait s’écrier quelqu’un tout étonné. Mais il nous est dit de Jésus qu’il est maintenant l’image, empreinte de la personne de son Père, et que les vainqueurs « lui seront semblables et le verront tel qu’il est » (1 Jean 3 : 2). « Il y a un corps animal [humain], et il y a un corps spirituel » (1 Cor. 15: 44). Nous ne pourrions nous imaginer notre Père divin ou notre Seigneur Jésus comme étant simplement de grands esprits (« minds ») sans corps. Les leurs sont des corps spirituels glorieux, quoiqu’il ne soit pas encore manifesté combien cette gloire est grande, et elle ne le sera pas avant que nous aussi participions à la nature divine.

Alors que cette transformation de l’entendement humain en entendement spirituel est une œuvre graduelle, le changement d’un corps humain en un corps spirituel sera, lui, instantané (1 Cor. 15: 52). Nous avons maintenant, à ce que dit Paul, ce trésor (l’entendement divin) dans des vases de terre ; mais, au temps convenable, nous aurons ce trésor

(P201) dans un vase glorieux approprié — le corps spirituel.

Nous avons vu que la nature humaine est une ressemblance de la nature spirituelle (Gen. 5: 1). Par exemple, Dieu a une volonté, les anges et les hommes en ont une aussi ; Dieu possède la raison et la mémoire ; de même aussi, ses créatures intelligentes — les anges et les hommes. Le caractère des opérations mentales de chacun est le même. Partant des mêmes données et dans des conditions semblables, ces natures différentes sont capables d’arriver aux mêmes conclusions. Bien que les facultés mentales des natures divine, angélique et humaine soient similaires, nous savons toutefois que les natures spirituelles ont des moyens qui dépassent et surpassent les moyens humains, — moyens qui, pensons-nous, résultent non de facultés différentes, mais de la sphère d’activité plus vaste des mêmes facultés et de circonstances différentes sous lesquelles elles opèrent. La nature humaine est une parfaite image terrestre de la nature spirituelle, ayant les mêmes facultés, à cette exception près qu’elle est restreinte à la sphère terrestre et qu’elle n’a de capacités et de dispositions pour discerner au-delà de ses limites que dans la mesure où Dieu juge convenable de le lui révéler pour son bien et son bonheur.

L’ordre le plus élevé de la nature spirituelle est l’ordre divin ; et quelle distance entre Dieu et ses créatures ! Elle est incommensurable. Nous ne pouvons saisir que des lueurs de la gloire, de la sagesse, de la puissance et de la bonté divines, alors que Dieu déroule devant nos yeux, comme par une vue panoramique, certaines de ses œuvres grandioses. Mais il nous est permis de mesurer et de comprendre la gloire de l’humanité parfaite.

Ayant clairement ces pensées à l’esprit, nous sommes capables d’apprécier de quelle manière s’effectue le changement de la nature humaine en la nature spirituelle, c’est-à-dire par la transmission des mêmes facultés à des conditions plus élevées. Lorsque nous serons revêtus du corps céleste, nous posséderons aussi les Moyens célestes qui lui appartiennent, et nous aurons la sphère d’activité de la pensée et le rayon de puissance qui sont propres à ce corps glorieux.

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Le changement ou la transformation de l’entendement, du terrestre au céleste, tel que le consacré l’éprouve ici-bas, est le commencement de ce changement de nature. Ce n’est pas un changement de cerveau, ni une opération miraculeuse, mais c’est la volonté et la tendance de l’entendement qui sont changées. Notre volonté et nos sentiments représentent notre individualité ; en conséquence, nous sommes transformés, et considérés comme appartenant réellement à la nature céleste lorsque notre volonté et nos sentiments sont ainsi changés. Cela n’est qu’un très petit commencement, il est vrai, mais un engendrement — c’est le terme employé — n’est jamais qu’un petit commencement ; c’est, cependant, le gage ou l’assurance de l’œuvre achevée. — Eph. 1 : 13, 14.

Il est des gens qui ont demandé : Comment pourrons-nous nous reconnaître lorsque nous serons changés ? Comment saurons-nous alors que nous sommes les mêmes êtres qui ont vécu autrefois, qui ont souffert et qui se sont sacrifiés afin de participer à cette gloire ? Serons-nous les mêmes êtres conscients ? Bien sûr que oui. Si nous sommes morts avec Christ, nous vivrons aussi avec lui (Rom. 6 : 8). Les changements que subit chaque jour notre corps humain, n’ont pas pour conséquence que nous oubliions le passé, ou que nous perdions notre identité (Notre corps humain change constamment. La science déclare que tous les sept ans, un changement complet a eu lieu dans les atomes qui composent notre corps. Ainsi la transformation promise de corps humains en corps spirituels ne détruira ni la mémoire ni l’identité, mais elle augmentera plutôt leurs facultés et leur champ d’action. Le même entendement divin qui nous est propre maintenant, avec la même mémoire et les mêmes facultés de raisonnement, etc, verra alors ses moyen s’étendre à des hauteurs et à des profondeurs incommensurables, conformément à son nouveau corps spirituel ; la mémoire pourra suivre toute noire carrière depuis notre plus tendre enfance ; et par contraste, nous serons capables d’apprécier pleinement la glorieuse récompense de notre sacrifice. Mais cela ne serait point possible si ce qui est humain n’était pas une IMAGE de ce qui est spirituel).

Ces réflexions peuvent aussi nous aider à comprendre comment le Fils put être homme, lorsqu’il passa des conditions spirituelles à des conditions humaines, — à la nature humaine et soumise aux limitations terrestres ; et comment il put être un être spirituel dans les premières conditions et un être humain dans les secondes bien qu’il fût le même être dans les deux cas. Les deux natures étant séparées et

(P203) distinctes, et, néanmoins, l’une étant l’image de l’autre, les mêmes facultés intellectuelles (la mémoire, etc.) étant donc communes aux deux, Jésus put se souvenir de sa gloire première qu’il possédait avant de devenir homme, mais qu’il ne possédait plus une fois devenu homme, comme le prouvent ses paroles : « Et maintenant, glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût » (Jean 17 : 5), la gloire de la nature spirituelle. Et cette prière est plus qu’exaucée dans son exaltation présente ; car il est devenu un être spirituel par excellence, dans sa forme la plus élevée, la nature divine.

En nous reportant de nouveau aux paroles de Paul, nous remarquons qu’il ne dit pas : Ne vous conformez pas à ce siècle, mais transformez-vous à la ressemblance divine mais il dit « Ne soyez [ne devenez] pas conformes [selon version Oltramare : « Ne vous modelez pas sur le siècle présent, mais qu’il se fasse en vous une métamorphose par le renouvellement de l’esprit » ; Saci : « qu’il se fasse en vous une transformation » ; et Stapfer : « que votre esprit se transforme »] à ce siècle ; mais soyez [Laus, Darby.] transformés… » C’est là le vrai sens du texte ; car nous ne nous conformons point et nous ne nous transformons pas davantage ; mais nous nous soumettons, soit au monde, afin de lui devenir conformes par les influences et l’esprit mondains qui règnent autour de nous, soit à la volonté de Dieu, à la sainte volonté ou à l’Esprit de Dieu, afin d’être transformés par des influences célestes, qui s’exercent au moyen de la parole de Dieu. Vous qui êtes consacré, à quelles influences vous soumettez-vous ? Les influences transformantes conduisent au sacrifice et aux souffrances actuels ; mais glorieuse est la fin. Si vous vous développez à l’aide de ces influences transformantes, vous éprouvez jour après jour ce qu’est cette bonne, agréable et parfaite volonté de Dieu.

Que ceux qui ont déposé leur tout sur l’autel du sacrifice se souviennent sans cesse que si la parole de Dieu contient bien des promesses tant terrestres que célestes, ce ne sont que ces dernières qui nous appartiennent. Notre trésor est dans le ciel : puisse notre cœur y être continuellement ! L’appel qui nous est adressé n’a pas pour but de nous faire parvenir simplement à la nature spirituelle, mais bien à l’ordre le plus élevé de celle-ci, à la nature divine, « d’autant plus excellente que [celle] des anges » (2 Pierre 1 : 4 ; Héb. 1 : 4). Cet appel céleste est limité à l’Age de l’Evangile : il n’y en eut jamais de semblable avant cet Age, et il cessera avec la fin de cet Age. Un

(P204) appel terrestre eut lieu avant l’appel céleste, quoiqu’il ne fût compris qu’imparfaitement, et nous sommes informés qu’il continuera après l’Age de l’Evangile. La vie [pour tous ceux qui seront rétablis comme êtres humains] et l’immortalité [le prix vers lequel le corps de Christ court] ont été toutes deux mises en évidence durant cet Age (2 Tirn. 1 : 10). Tant la nature humaine que la nature spirituelle seront glorieuses dans leur perfection, et cependant distinctes et séparées. Un trait saillant et caractéristique de la gloire de l’œuvre achevée de Dieu, sera l’admirable variété, tout en étant une merveilleuse harmonie de toutes choses, animées et inanimées — harmonie entre elles et harmonie avec Dieu.