Chapitre 3

(P61)

ÉTUDE III
LES JOURS D’ATTENTE DU ROYAUME
Daniel XII

Résumé de l’œuvre du Royaume. — La période d’attente est marquée par une grande augmentation des con-naissances et des voyages. — Sir Isaac Newton avait prévu les chemins de fer. — Les 1260 jours. — Le fleuve sortant de la bouche du Dragon. — Les 1290 jours marquent la date à laquelle on commence à comprendre la vision, partiellement vérifiée. — Le désappointement, l’épreuve et leurs conséquences. — Les 1335 jours. — La bénédiction descend alors sur les fidèles qui « attendent ». Le Seigneur fait allusion à ces jours d’attente dans la parabole des Dix Vierges.

Le chapitre onze de Daniel nous ayant amené au « Temps de la Fin », le chapitre douze porte l’attention sur le Royaume lui-même et nous parle de l’attente, etc., qui précéderait son établissement pendant le « Temps de la Fin ». Les trois premiers versets montrent en quelques mots la grande issue finale du Plan de Dieu.

« En ce temps-là se lèvera Micaël, le grand Chef qui tient pour les fils de ton peuple ; et ce sera un temps de détresse, tel qu’il n’y en a pas eu depuis qu’il existe une nation jusqu’à ce temps-là. Et en ce temps-là, ton peuple et plusieurs qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l’opprobre, pour être un objet de honte éternelle. Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur de l’étendue [du soleil — Matth. 13 : 43], et ceux qui ont enseigné la justice à la multitude, comme les étoiles, à toujours et à perpétuité ».

(P62)
Si dans le onzième chapitre, l’histoire du monde pendant 2.300 ans était brièvement mais nettement résumée, celle du Règne millénaire du Messie en trois versets l’est encore davantage, et cependant tout est là. Micaël (ce qui signifie qui est comme Dieu» ou représentant Dieu) est le nom désignant ici notre grand Rédempteur, celui qui est vraiment le grand Prince établi par Dieu pour se lever et délivrer le peuple de Daniel, le peuple de Dieu — tous ceux qui aiment Dieu en vérité et en sincérité — les véritables Israélites (Rom. 9 : 6, 25, 26 ; Gal. 6 : 16). Il les délivrera du péché, de l’ignorance, de la douleur et de la mort ainsi que de toutes les persécutions et tentations que les serviteurs aveugles de Satan leur ont fait subir, jusqu’à les anéantir presque dans le passé. Tous ceux dont les noms seront inscrits dans le livre de vie de l’Agneau seront délivrés à toujours de tous leurs ennemis, aussi bien ceux qui furent inscrits comme dignes pendant les âges patriarcal et judaïque, que ceux inscrits pondant l’Age de l’Évangile et ceux qui le seront pondant l’âge millénaire. Bien que tous les enfants de Dieu (tous ceux qui, après l’avoir connu, l’aimeront et lui obéiront) seront délivrés, il faut cependant remarquer que les honneurs accordés à quelques-uns, aux vainqueurs, sont d’un degré plus élevé. Remarquons aussi que quelques grands hommes du passé, Alexandre, Néron, Napoléon, les Césars, les papes, etc., qui employèrent très mal leurs talents, opprimant le monde en l’éblouissant, seront vus alors sous leur véritable caractère, ils porteront la honte et le déshonneur pendant cet Age millénaire. Dans ce chapitre 12, l’inauguration du règne de Christ est aussi nettement marquée par un temps de détresse comparable à nul autre de ceux qui l’ont précédé depuis qu’il y a des nations ; même la Révolution française sera petite comparée à cette détresse, mais ensuite il n’y aura jamais plus de tels événements, car ce grand Prince Micaël, conquerra le monde entier et sa domination sera éternelle. La justice est le fondement de

(P63) son trône et quand l’humanité en aura goûté les avantages, la grande majorité des humains ne voudront plus d’autre Royaume et celui-là sera bien « le désiré de tous les peuples ».

Avec le troisième verset, cette prophétie prend fin et le reste du chapitre sert à établir certaines périodes, respectivement 1260, 1290 et 1335 jours symboliques. Ces données numériques étaient destinées non pas à Daniel et à ses compagnons de service d’alors, mais aux enfants de Dieu, ses compagnons de service vivant au Temps de la Fin, afin qu’au temps marqué nous puissions avoir la pleine certitude que le temps dans lequel nous vivons, est bien celui de la moisson ou « fin » de l’Age de l’Évangile.

Après avoir entendu le long récit des guerres devant survenir entre les royaumes de ce monde et après avoir vu le triomphe final du Royaume de Dieu gouverné par Micaël le Grand Chef, Daniel désirait ardemment savoir quand le peuple de Dieu serait délivré ; mais il lui est dit au verset 4 : « Et toi, Daniel, cache les paroles et scelle le livre jusqu’au Temps de la Fin. Plusieurs courront [alors] çà et là ; et la connaissance sera augmentée ».

Non seulement l’augmentation générale de la connaissance confirme le chapitre onze de Daniel et montre bien que 1799 est le commencement du Temps de la Fin, mais les voyages fréquents et rapides des hommes qui courent çà et là confirment aussi ce qu’enseigne la prophétie. Tout cela appartient au Temps de la Fin ; le premier bateau à vapeur fonctionna en 1807 ; le premier train partit en 1831 ; le premier télégraphe fut installé en 1844. De nos jours, des milliers de trains énormes et de grands paquebots à vapeur transportent « çà et là » des multitudes de gens.

Sir Isaac Newton, le célèbre astronome du dix-septième siècle, s’intéressait beaucoup à cet exposé prophétique et était convaincu que la connaissance humaine s’accroîtrait tellement que les hommes pourraient trouver des moyens de locomotion leur permettant de voyager avec une vitesse de quatre-vingts kilomètres à l’heure.

(P64) A ce sujet, Voltaire, le grand incrédule français déclara ironiquement :

« Considérons un peu Newton, ce grand esprit, le grand philosophe, qui découvrit les lois de la gravitation ; lorsqu’il devint vieux, il retomba dans l’enfance et se mit à étudier le livre appelé la Bible. Pour nous donner de la confiance dans ses énormes stupidités, il voudrait nous faire croire à une telle augmentation de la connaissance des hommes que bientôt nous pourrons voyager en faisant quatre-vingts kilomètres à l’heure ! Pauvre radoteur ! »

Ces deux hommes moururent longtemps avant que le Temps de la Fin vînt apporter sa prodigieuse augmentation de connaissance laquelle accomplit surabondamment la prédiction du philosophe chrétien basée sur la révélation divine.

La conversation relatée dans les versets 5 à 7 n’était pas destinée à Daniel lui-même, mais aux enfants de Dieu vivant pendant le Temps de la Fin : « Et moi, Daniel, je regardai, et voici, deux autres [personnages] se tenaient debout, l’un en-deçà du bord du fleuve [impétueux] et l’autre au-delà, sur le bord du fleuve. Et il dit à l’homme vêtu de lin, qui était au-dessus des eaux du fleuve : « Jusques à quand la fin de ces merveilles ? Et j’entendis l’homme vêtu de lin, qui était au-dessus des eaux du fleuve, et il leva sa main droite et sa main gauche vers les cieux, et jura par Celui qui vit éternellement que ce serait la fin dans un temps, des temps, et la moitié d’un temps ».

L’objet spécial de la question posée était 1’« abomination de la désolation » du chapitre 11 : 31-33, et que Daniel associait justement avec le terrible personnage qu’il avait vu dans ses visions antérieures rapportées en Dan. 7 : 8-11, 21, 24-26 et 8 : 10-12, 24-26.

Le temps, des temps et la moitié d’un temps, soit trois temps et demi ou trois années et demie (360 X 3,5 = 1.260 jours, en temps symbolique soit 1.260 années littérales), mentionnées ici, sont indiquées ailleurs comme étant la durée du pouvoir de la Papauté. Comparer Dan. 7 : 25 ; 12 : 7 et Apoc.

(P65) 12 : 14 avec Apoc. 12 : 6 ; 13 : 5. Le « fleuve » dans lequel, pendant qu’il coulait, se termina la période des 1.260 années de la puissance papale — comme l’indique l’ange qui se tenait au-dessus du fleuve, déclarant la fin des temps — symbolise un état de choses qui eut lieu pendant la Révolution française et dont nous avons déjà parlé. Ce « fleuve » symbolique est le même que celui indiqué plus explicitement dans Apoc. 12 : 15, 16 où nous le voyons sortant de la bouche du serpent ou dragon, et où son véritable objet, du point de vue de Satan, était d’engloutir la « femme » (l’Eglise de Dieu qui protestait) lorsque, au terme de ses trois temps et demi (1.260 années) d’exil dans le désert, cette femme rentrait visiblement sur la scène du mande « appuyée sur [le bras de] son bien-aimé » — La Parole de Dieu — Cant. 8 : 5.

Symboliquement, l’eau représente généralement la vérité ; ce symbole conserve sa signification même si cette eau sort de la bouche du dragon ou serpent.
Dans ce dernier symbole, nous voyons que la vérité sort de canaux ou d’agents mauvais et cela dans une intention malfaisante. C’est ce qui eut lieu effectivement ; la puissance de la Révolution française provenait du fait qu’à sa base, il y avait un certain nombre de dures vérités à l’égard des procédés du clergé et de la royauté et des droits et libertés individuels de tous. « LES DROITS DE L’HOMME », telle était la devise de révolte contre l’oppression civile et ecclésiastique. Nous sommes même surpris de constater qu’à cette époque d’ignorance, de superstition et de servilité dans lesquelles les masses avaient si longtemps vécu, les vérités relatives aux droits de l’homme fussent exprimées avec une puissance et une profondeur remarquables. Nombre des vérités qui, à ce moment-là, passèrent sur la France comme un « fleuve », faisant couler des torrents de sang, sont aujourd’hui universellement acceptées parmi tous les peuples civilisés. Mais ces vérités étaient trop fortes, trop soudaines pour ce temps-là.

La prophétie montre, en vérité, que le serpent, Satan, n’avait pas du tout désiré et voulu les résultats effectivement obtenus, grâce à la providence divine, mais bien le contraire. En cette occasion, comme

(P66) en beaucoup d’autres, il s’était dupé lui-même. Satan n’enverra jamais les eaux de la vérité pour bénir, réconforter et libérer de l’esclavage ; au contraire, ses efforts ont toujours tendu à aveugler et à bien enchaîner l’humanité dans l’ignorance et la superstition ; c’est pourquoi ce fleuve, subitement déchaîné, des eaux de la vérité, avait pour but d’agir comme un vomitif pour amener à rejeter la nourriture de liberté déjà apportée au peuple par la Bible à la suite de la Réformation, et ainsi à forcer les gouvernements et les éducateurs à s’opposer à la vérité par crainte de l’anarchie.

En provoquant la Révolution française, Satan devait alarmer toute l’Europe, surtout les classes supérieures et dirigeantes peu sympathiques à la liberté, et démontrer par l’exemple de la France qu’en rejetant les superstitions romaines et en répandant la liberté partout, on provoquerait la fin rapide de toute loi et de tout ordre. C’était là un coup de maître, digne de son auteur, et destiné, selon la prophétie, à écraser la « femme » (l’Eglise réformée), et à pousser tous les gouvernements, tous les éléments conservateurs et amis de la paix, gouverneurs et gouvernés, à s’unir de nouveau à la Papauté. Si ce plan échoua, ce ne fut pas faute de ruses et d’artifices de la part de Satan, mais parce que la puissance de Dieu qui surveille et dirige toutes choses, fait toujours concourir toutes choses ensemble au bien.

Dans ce cas, on suit clairement le plan de Dieu pour protéger la « femme » (l’Eglise) contre les maléfices de Satan et pour faire concourir le mal projeté au bien en exact accomplissement de la prédiction faite dix-sept cents ans avant « Et la terre vint en aide à la femme et la terre ouvrit sa bouche et engloutit le fleuve que le dragon avait lancé de sa bouche » (Apoc. 12 : 16). La « terre », en symbole, comme nous l’avons déjà expliqué, représente la société — les gens amis de l’ordre — et c’est un fait de l’histoire que le courant de vérité qui se répandit sur la France fit voir aux masses les causes responsables de leur pauvreté, de leur ignorance, et de leurs superstitions ; ces causes étaient les artifices et les méfaits de la Papauté, du clergé intrigant, de la monarchie et de son aristocratie parasite. Tous ces flots de vérité furent

(P67) absorbés en général par les peuples de l’Europe (la « terre » romaine). Cela était si vrai que bien que la Papauté et l’Aristocratie royale fussent complètement alarmées, elles étaient également complètement séparées par la chute de l’influence papale et par les armées de Napoléon. Lorsque « l’homme du destin » fut définitivement écrasé et que les souverains en Europe formèrent ce qu’on appela « La Sainte-Alliance » dans le but de supprimer les libertés populaires et de perpétuer leurs propres trônes, il était trop tard pour enchaîner le peuple qui, ayant bu aux eaux du fleuve, ne voulut plus se soumettre. C’était aussi trop tard pour songer au rétablissement de la Papauté qui avait été si profondément humiliée et dont les anathèmes contre la liberté et contre les Français s’étaient retournés contre elle-même. Le pape ne fut pas même invité à faire partie de la « Sainte-Alliance » dont il eût été autrefois le chef reconnu. Ainsi la « femme », l’Église de Dieu réformée et progressante fut secourue, sauvée de l’engloutissement, et la liberté et la vérité se dressèrent davantage encore aux yeux des hommes. C’est depuis cette époque que l’esprit de liberté et la Parole de Dieu ont amené tous ceux qui étaient bien disposés à marcher dans toujours plus de lumière et de vérité.

Voilà donc ce qu’était ce « fleuve » qui marquait à la fois la fin de la puissance papale et le commencement du Jour de la Préparation » de l’Éternel ou « Temps de la Fin ». C’est sur les eaux de ce fleuve que le messager de l’Éternel se tint debout prophétiquement pour annoncer la fin du temps, des temps et de la moitié d’un temps. Cette annonce était la réponse à la question : « Jusques à quand la fin de ces merveilles ? » Les « merveilles » (ou « étranges choses ») dont il est question ici n’étaient pas les choses relatées dans les versets 1 à 3 du chapitre 12 qui parlent du Royaume de Dieu. Celles-là n’étaient pas « étranges » car on les attendait. Ces « merveilles » étaient les tribulations, les persécutions et les épreuves du saint peuple de Dieu et spécialement celles dues à la suprématie de la puissance particulière ou « corne », la Papauté au sujet de laquelle Daniel avait déjà demandé des informations (Dan.

(P68) 7 : 19-22). La question était : Pendant combien de temps Dieu permettrait-il ces prodigieuses perversions de la vérité, cette étonnante tromperie de ses enfants et des nations. La réponse donnée indique la durée de la puissance papale, fixe d’une manière précise le terme de cette période et ajoute : « Lorsqu’il aura [ainsi] achevé de briser la force du peuple saint, toutes ces choses [étranges] seront achevées ».

Au verset 5, Daniel voit une personne de chaque côté du « fleuve » ; ces deux personnes demandent quand les choses étranges prendraient fin. Cette question semble indiquer que même au terme du pouvoir papal, les gens se demanderaient encore, comme auparavant, si le pouvoir papal de persécuter et d’opprimer est vraiment disparu. Il n’y a rien d’étonnant à cela si nous nous rappelons que même après la destruction de sa puissance, après que sa « domination lui eut été enlevée ». et même pendant qu’elle était consumée, cette « corne », comme plus près de nous, en 1870, prononça des paroles arrogantes au sujet de son infaillibilité. Daniel, personnifiant les saints, dit (Dan. 7 : 11) : « Je vis alors [après que sa domination fut passée, et qu’elle était impuissante à écraser la vérité, la force du peuple saint] à cause de la voix des grandes paroles que la corne proférait — je vis [qu’elle n’avait plus aucun pouvoir contre le peuple saint et la vérité, mais qu’elle avait bien un autre effet] jusqu’à ce que la bête fut tuée ; et son corps fut détruit et elle fut livrée pour être brûlée au feu » l’anarchie générale. C’est ainsi que nous est montrée la destruction du reste des gouvernements de l’ancien Empire romain, par suite de l’influence trompeuse des paroles arrogantes de la Papauté, même après la disparition de sa domination.

Puisque le terme de la puissance papale est ainsi non seulement avec clarté fixé au temps de la Révolution française, mais aussi par les événements relatés dans le chapitre 11 : 40-44 qui marquent l’année 1799 même, nous pouvons rapidement compter en arrière 1.260 ans et nous verrons si la puissance pontificale commença à ce moment-là. Si nous pouvons constater que ce fut ainsi, la preuve est faite aussi clairement et aussi fortement que pourrait le désirer notre foi. Vérifions donc :

(P69)

Remontant 1260 années en arrière à partir de 1799, nous arrivons en l’an 539 de notre ère où nous montrerons que commença la puissance papale. Mais le système papal a été un tel mélange de politique d’état et de politique religieuse, ses débuts ont été si petits et si graduels, de même que sa fin est graduelle, que les diverses opinions quant à son commencement et à sa fin pourraient être à la fois raisonnables et possibles, jusqu’à ce que nous connaissions les dates de son élévation et de sa chute fixées par Dieu et-puissions nous rendre compte de leur exactitude. La Papauté a prétendu à la suprématie dans les affaires de l’Eglise et de l’Etat, elle s’est mêlée à la politique avant que ses adversaires s’en aperçoivent, elle a même essayé d’exercer l’autorité civile et a déclaré son chef infaillible, depuis la période dans laquelle la prophétie montre que sa puissance était brisée et sa destruction commencée. Mais la Papauté n’a pas été reconnue par le peuple italien de la province de la Romagne, depuis que la carapace d’ignorance et de vénération superstitieuse fut brisée pendant la Révolution française. Parfois, entre les révolutions, le pape a siégé comme gouverneur nominal des Etats pontificaux ; il l’a fait simplement comme un envahisseur étranger, le représentant de l’Autriche ou de la France, dont les troupes tour à tour le protégeaient dans sa charge.

Sachant maintenant que les 1.260 ans commencèrent en 539, il nous est possible de découvrir ce qui n’aurait pu être reconnu auparavant. Lès papistes eux-mêmes sont plus enclins à dater leur prise de pouvoir, soit de la conversion de Constantin, et de la christianisation nominale de l’Empire romain, en 328 ap. J.-C., ou de la confirmation des Etats pontificaux à l’Eglise par Charlemagne en l’an 800 ap. J.-C. Remarquons d’abord que Constantin ne reconnut jamais à l’Eglise la possession ou le droit d’exercer un pouvoir civil quelconque. Au contraire, bien qu’il favorisât le christianisme, ce fut plutôt l’Eglise qui fit de l’empereur au moins son chef associé, de sorte que l’empereur convoquait les conciles, se mêlait des affaires de l’Eglise qui, elle, ne pouvait nullement s’occuper d’affaires civiles. La date 539, déterminée par « la canne à mesurer » prophétique de 1.260 années, est à mi chemin entre cette

(P70) union de l’Eglise et de l’empire en 328, d’une part, et l’an 800 date à laquelle Charlemagne reconnut pleinement la papauté comme pouvoir suprême — le dispensateur de toute autorité civile et religieuse, d’autre part.

Depuis le règne de Constantin, les évêques de Rome avaient occupé une place éminente devant le monde et commencèrent bientôt à revendiquer une autorité sur tous les autres, dans l’Eglise aussi bien que dans le monde, exigeant qu’une seule personne fût reconnue comme autorité ou chef de l’Eglise et que l’évêque de Rome fût celle-ci. Ils prétendirent que Pierre ainsi que Paul avaient vécu à Rome et que Rome constituait donc le siège de l’autorité apostolique, et aussi qu’en raison de ce qu’elle avait été longtemps le siège des Césars et du gouvernement civil, elle conservait dans l’esprit du peuple une place d’autorité.

Ces allégations pour obtenir la suprématie ne furent cependant pas facilement admises. L’esprit de rivalité était général et d’autres évêques d’autres grandes villes prétendirent aussi à la suprématie, les uns pour une raison, les autres pour une autre. Ce ne fut pas avant l’an 533 que l’évêque de Rome fut ainsi reconnu par l’empereur Justinien tr. Ce fut à l’occasion d’une chaude discussion religieuse que l’empereur prit le parti de l’évêque de Rome reconnaissant le bien-fondé de l’adoration de la vierge Marie, et contre certains dissidents, les Eutychiens et les Nestoriens au sujet de la distinction et du mélange des natures dans la personne de notre Seigneur Jésus. L’empereur craignait que la discussion divisât l’Eglise et divisât ainsi l’empire, qu’il désirait unir l’un et l’autre plus fermement ; car même dans ces premiers jours l’Eglise nominale et l’empire formaient déjà une seule et même «!Chrétienté ». Il désirait établir une autorité suprême pour trancher la dispute et dire au peuple ce qu’il fallait croire ou ne pas croire ; estimant que l’évêque de Rome était déjà le plus populaire des prétendants à la primauté (papauté ou direction), aussi bien que le plus « orthodoxe » — celui qui était le plus en

(P71) harmonie avec l’empereur sur les questions — Justinien, par des documents, non seulement condamna les doctrines des Eutychiens et des Nestoriens, mais s’adressant à l’évêque de Rome comme au Chef de toutes les saintes églises et de tous les saints prêtres de Dieu, il le reconnut ainsi, et désira aider le pape à abattre l’hérésie et à établir l’unité de l’Eglise.

Pour confirmer la chose, l’Empereur adressa au pape Jean, patriarche de Rome, le message suivant:

« Victor Justinianus, plus, felix, inclytus, triumphator, semper Augustus, Joanni sanctissimo Archiepiscopo alma Urbis Rome et Patriarchae.
« Reddentes honorem apostolicœ sedi, et vestrœ sanctitati (quod semper nobis in voto et fuit et est), et ut decet patreni honorantes vestram beatitudinem, omnia qua ad ecclesiarum statum pertinent festinavimus ad notitiam deferre vestrae sanctitatis ; quoniarn semper nobis fuit magnum studium, unitatem vestrœ apostolicae sedis, et statum sanctarunt Dei ecclesiarum custodire, qui hactenus obtinet, et in connote nermanet, nulla intercedente contrarietate. Ideoque omnes sacerdotes universi Orientalis tractus et subjicere et unire sedi vestrae sanctitatis properavimus. In prœsenti ergo qua’ commota sunt (quamvis manifesta et indubitata sint et secundum apostolicœ vestrœ sedis doctrinam ab omnibus semper sacertotibus firme custodita et prœdicata) necessarium duximus, ut ad notitiam vestrœ sanctitatis perveniant. Nec enim patimur quicquam, quod ad ecclesiarum statum pertinet, quamvis manifestum et indubitatum sit, quod movetur, ut non etiam vestrœ innotescat sanctitati cluse caput est omnium sanctarum ecclesiarum. Per omnia enim (ut distum est) properamus honorem et auctoritatem crescere vestrœ sedis. »

« Justinien le vainqueur, le pieux, le favorisé, le célèbre, le triomphant et le très auguste, à Jean le très saint archevêque de la ville mère nourricière de Rome — et patriarche — Nous présentons nos hommages au siège apostolique et à votre Sainteté (ce qui toujours fut et est notre désir) ; nous avons la plus profonde révérence pour votre personne bénie, comme il convient à l’égard d’un père ; c’est pourquoi nous nous hâtons de porter à la connaissance de votre Sainteté toutes choses concernant la condition des Eglises, car notre ardent désir a toujours été de préserver l’unité de votre Siège Apostolique et la position des saintes églises de Dieu qui subsistent toujours par elles-mêmes et demeurent inébranlables sans que rien puisse

(P72) prévaloir contre elles. C’est ainsi que nous nous sommes hâté d’assujettir et d’unir au Siège de votre Sainteté tout le clergé de l’orient de l’empire. Maintenant, nous estimons nécessaire que votre Sainteté prenne connaissance de toutes les questions contestées, même si en réalité elles sont parfaitement évidentes et certaines, même si elles ont toujours été fermement maintenues et prêchées par tous les prêtres conformément à la doctrine de votre Siège Apostolique. Nous ne permettons pas, en effet, que la plus petite question concernant les affaires des églises soit soulevée, sans que votre Sainteté qui est la tête, le chef de toutes les saintes églises en soit informée, même si la chose est parfaitement claire et certaine ; car en toutes choses (comme nous l’avons dit) nous désirons ardemment accroître l’honneur et l’autorité de votre Siège ».

Cette lettre parle ensuite de certaines doctrines jugées hérétiques, qui avaient causé des dissensions, et montre la foi de l’Empereur en harmonie avec celle de l’Eglise de Rome. Elle se termine comme suit (« Suscipimus autem sancta quatuor concilia : id est, trecentorum decem et octo sanctorum patrum qui in Nice,na urbe congregati sunt : et centum quinquaginta sanctorum patrum qui in han regia urbe convenerunt : et sanctorum patrum qui in Epheso primo congregati sunt : et sanctorum patrum qui in Chalcedone convenerunt : sicut vestra apostolica sedis docet atque prœdicat. Omnes ergo sacerdotes sequentes doctrinam apostolicœ sedis vestrœ ita credunt et prœdicant.

« Unde properavimus hoc ad notitiam deferre vestrœ sanctitatis per Hypatium et Demetrium, beatissimos episcopos, ut nec vestram sanctitatem lateat, quœ et a quibusdam paucis monachis male et Judaice secundum Nestorii perfidiam denegata sunt. Petimus ergo vestrum paternum afectum ; ut vestris ad nos destinatis literis, et ad sanctissimum episcopum hujus almœ urbis, et patriarcham vestrum fratrem (quoniam et ipse per eosdem scripsit ad vestram sanctitatem, festinans in omnibus sedem sequi apostolicam beatitudinis vestree), manifestum nobis faciatis, quod omnes qui preedicta rente confitentur, suscipit vestra sanctitas, et eorum qui Judaice aussi sint rectam denegare fidem, condemnat perfidiam. Plus enim ita circa vos omnium amor, et vestrœ sedis crescet auctoritas ; et que, ad vos est unitas sanctarum ecclesiarum inturbata servabitur, quando per, didicerint omnes beatissimi episcopi eorum, quœ ad vos relta sunt, sinceram vestree sanctitatis doctrinam. Petimus autem vestram beatitudinern orare pro nobis, et Dei nobis adquirere providentiam. ») :

(P73)

Nous admettons [la validité de] quatre conciles sacrés, ceux des 318 saints pères qui se réunirent dans la ville de Nicée, [Concile de Nicée], des 150 saints pères qui s’assemblèrent dans cette ville royale, [Concile de Constantinople], et des saints pères qui se réunirent à Éphèse, et des saints pères qui s’assemblèrent à Chalcédoine [Concile de Chalcédoine] comme votre Siège Apotolique l’enseigne et l’affirme. Tous les prêtres, par conséquent, qui suivent la doctrine de votre Siège Apostolique, croient, confessent et affirment cela. C’est pourquoi nous nous empressons de porter à la connaissance de votre ‘Sainteté, par l’intermédiaire de Hypatius et Démétrius, les très vénérés évêques, qu’on ne peut laisser ignorer à votre Sainteté ce qui [les doctrines] a été méchamment renié par quelques moines, à la manière des Juifs, d’après l’hérésie de Nestorius. Nous faisons donc appel à votre paternelle attention [priant] que par une lettre adressée à nous et à la plupart des saints évêques de cette belle ville et au patriarche votre frère (qui, lui-même aussi, a écrit par la même occasion à votre Sainteté, dans sa hâte de suivre en tous points le Siège Apostolique de votre Sainteté) vous nous manifestiez que votre Sainteté accepte tous ceux qui confessent droitement ce qui est ordonné, et condamnent l’hérésie de ceux qui ont osé, à la manière des Juifs, renier la vraie foi. C’est ainsi que l’amour de tons pour vous-même et pour l’autorité de votre Siège deviendra très grand ; c’est ainsi que l’unité des saintes églises, un moment troublée, vous sera conservée, puisque tous les évêques les plus vénérés auront appris par vous la véritable doctrine de votre Sainteté sur toutes les questions qui ont été soumises à votre approbation. Nous demandons maintenant à votre Sainteté de prier pour nous et d’obtenir pour nous la bénédiction céleste ».

Le Pape Jean répondit le 24 mars 534 à la lettre ci-dessus. Nous citons de sa réponse ce qui suit :
(« Gloriosissimo et clementissimo filio Justiniano Augusto,
« Johannes Episcopus Urbis. Romœ.
« Inter nieras sapientiœ ac inansuetudinis vestrœ laudes, Christianissime nrincipum, puriore lute tanguant aliquod sydus irradiai, quod amore fidei, quod charitatis studio edocti ecclesiasticis disiplinis, Roman, redis reverentiam conservatis, et ei cuncta subjicitis, et ad ejus dedu,citis u.nitatem, ad cujus auctorem, hoc est apostolorum primum, Domino loquente prœceptum est, Fasce oves meas : Quam esse omnium vere ecclesiarum caput, et patrum regulœ et principum statuta deciarant, et pietatis vestrœ reverenclissimi testantur affatus… Proinde serenitatis vestrœ apices per Hypatium atque Demetriurn, sanctissimos viros, fratres et coepisco pos meos, reverentia consueta sescepimus : quorum etiam relatione comperimus, quod fidelibus populis proposuitis edictum amore fidei pro submovenda hœreticorurn intentione, secundum apostolicam doctrinam, fratrum et coepiscoporura nostrorum interveniente con-sensu. Quod, qui a apostolicœ doctrinœ convenit, nostra auctoritate confirmamus. »).

(P74)

A cette même occasion, l’Empereur écrivit au Patriarche de Constantinople. Nous citons le premier paragraphe de sa réponse :

(« Epiphanio sanctissimo et beatissimo Archiepiscopo Regie hujus Urbis et. CEcumenico Patriarche.

« Cognoscere volen tes tuant sanctitatem ea munir’ qua, ad ecclesiasticum spectant statum : necessarium duximus, hisce ad jam moveri cœpta sunt, quaruquam et illa eandem cognoscere suinus persuasi. Casa itaque comperissemas quosdam alienos a – sancta, catholica, et apostolica ecclesia, impiorum Nestorii et Eutychetis sequutos deceptionem, divinum antehac promulgavimus edicturo (quod et tua novit sanctitas) per quod hiereticorum furores reprehendiraus, ita ut nullo quovis omnino modo immutaverimus, immutemus aut prœtergressi sinus eum, qui nunc usque, coadjuvante Deo, servatus est, ecclesiasticum statuai (quemadmodum et tua novit sanctitas) sed in omnibus servato statu unitatis sanctissimarum ecclesiarum cura ipso S. S. Papa veteris Romœ, ad quem similis hisce perscripsn-ans. Nec min patimur ut quicquam eorum, quae ad ecciesinsticam spectant statuai, non etiam ac ejusdem referatur beatitudinem a mal en ait caput omnium sanctissimortint Dei sacerdotum ; vei ro tate.:true quart, quotics in ois loris hœretici pullularunt, et sententia et recto juclicio illius venerabilis sedis coerciti sunt. »

« Epiphane, le très saint et bienheureux Archevêque de cette ville royale, et Patriarche oecuménique : Désirant faire connaître à votre Sainteté toutes les questions relatives à la condition de l’Eglise, nous avons jugé nécessaire d’utiliser ces abrégés ecclésiastiques afin que’ soit manifesté quels sont les mouvements qui sont déjà. lancés, quoique nous soyons persuadé que vous les connaissez aussi. Et comme nous avons pu établir que certains étrangers à la Sainte Eglise Catholique et Apostolique avaient suivi l’hérésie des impies Nestorius et Eutychus, nous avons promulgué un édit ecclésiastique (comme votre Sainteté le sait aussi) dans lequel nous avons censuré la folie des hérétiques. Nous n’avons changé d’aucune manière, ni ne changerons, ni (comme votre Sainteté le sait) n’avons fermé les yeux sur

(P75) cette position de l’Eglise qui, grâce à Dieu a jusqu’ici été préservée ; mais, à tous égards, l’unité des très saintes églises avec Sa SAINTETÉ SUPRÊME, LE PAPE DE L’ANCIENNE ROME (à qui nous avons écrit les mêmes choses) eu été maintenue: Nous voulons que toute question concernant l’état de l’Eglise soit soumise à SA SAINTETÉ, puisqu’il est la tête, le chef de toutes les très saintes églises de Dieu ; cela d’autant plus que des hérétiques ont surgi nombreux dans ces pays et qu’ils ont toujours pu être réprimés [littéralement retranchés comme les rameaux d’un arbre] par la sagesse et les justes jugements de ce vénérable Siège. »

Les lettres dont nous avons donné les extraits précédents sont au complet avec l’Edit de Justinien () auquel il a été fait allusion précédemment, dans le Volume de la Loi Civile (Codicis lib. I., tit. I).

Nous lisons comme suit un extrait de cet édit :
« Imp. Justinian. A. Constantinopolitis.
« Cum Salvatorern et Dominurn omnium Jesum Christum verum Deum ,nostrum colamus per omnia, studemus etiam (quatenus datum est humanro menti assequi) imitari ejus condescensionem seu demissionem. Etenim cura quosdam invenerimus morbo atque insania detentes impiorum Nestorii et Eutychetis. Dei et sanctœ catholiese et apostolicœ ecclesiœ hostium, nempe qui detrectabant sanctam gloriosam semper virginern Mariam Theotocon sive Deiparam appellare proprio et secundum veritatem : illos festinavimus quœ sit recta Christianorum fides ‘edocere. Nam hi incurabiles cum sint, celantes errorem suum passim circumeunt (sicut didicimus) et simpliciorum anirnos exturbant et scandalizant, ea astruentes quœ sunt sanctœ catholicœ ecclesiœ contraria. Necessarium igitur esse putavimus, tam hœreticorum, vaniloquia et mendacia dissipare, quam omnibus insinuare, quomodo aut sential canota Dei et catholica et apostolica ecclesia, aut prœdicent sanctissimi ejus sacerdotes ; quos et nos sequuti, manifesta constituimus ea quœ fidei nostrœ sunt ; non guidera nmovantes fidera (quod absit) sed coarguantes eorum insanmin qui eadem cum mipiis Itairitters sentiunt. Quod quidem et nos in nostri imperii Primordiis pridem satagentes cunctis fecimus manifestum. »

Dans la suite, Phocus et d’autres empereurs confirmèrent et accentuèrent encore cette première reconnaissance officielle des prétentions de la Papauté.

Mais même après avoir été reconnu comme chef d’Etat, un empereur sacerdotal, le Pape n’avait encore qu’un simple titre sans valeur ; car Justinien résidait loin de

(P76) Rome, à Constantinople, sa capitale. Rome, comme l’Italie en général, dépendait alors d’un autre royaume, celui des Ostrogoths, qui ne reconnaissait pas l’évêque de Rome tomme souverain pontife car pour la plupart, ils étaient de la foi des Ariens. C’est pourquoi la Papauté, reconnue par l’Empereur, n’avait en somme qu’une puissance et une situation honorifiques tout à fait nominales jusqu’à la chute de la monarchie des Ostrogoths où son exaltation devint une réalité. En vérité, comme à la suite d’un arrangement concerté auparavant, l’empereur envoya de suite (534 ap. J.-C.) Bélisaire et une armée en Italie, et six ans après la reconnaissance du pape par l’empereur, la puissance des Ostrogoths fut vaincue en 539 ; leur roi Vitigès et la fleur de ses soldats furent pris avec d’autres trophées et amenés aux pieds de Justinien. C’est donc de l’année 539 que nous devons faire partir l’établissement de l’« Abomination de la Désolation » ; c’est à ce moment-là que la Papauté eut son petit commencement. C’est alors que la petite « corne » caractéristique, décrite dans la prophétie de Daniel (Daniel 7 : 8, 11, 20-22, 25), commença à se développer sur la bête Romaine. Elle avait commencé à se former ou à prendre racines deux siècles auparavant, et deux siècles après sa petite apparition, son « aspect était plus grand que celui des autres » — les autres cornes ou puissances occupant le territoire du vieil empire — et ses yeux, et sa bouche qui prononçait des paroles arrogantes commencèrent à croître, et elle finit par régner sur les, autres cornes en prétendant que ce droit lui était accordé par Dieu.

Le prophète avait dit que trois cornes seraient dépouillées, ou arrachées, pour faire place à cette « corne » ou puissance particulière. Et c’est bien ce que nous trouvons : Constantin bâtit Constantinople et en fit sa capitale ; cet événement quoique favorable au développement de la Papauté dans le siège des Césars fut, par contre, funeste a l’empire et bientôt on jugea bon de diviser ce dernier en deux parties : l’Italie

(P77) forma l’empire d’Occident dont le siège ou la capitale fut Ravenne. Ce fut l’une des « cornes » ; elle fut arrachée en l’an 476 par les Hérules, une autre des cornes, sur les ruines de cet empire. Le Royaume des Ostrogoths, une autre « corne », renversa les Hérules et s’établit en l’an 489, comme maître de l’Italie. Comme nous venons de le voir, ce fut pendant le règne de cette « corne » (la troisième à extirper pour faire place à la corne papale) que Justinien reconnut la suprématie pontificale, et ce fut par ses ordres, par son général et son armée qu’elle fut déracinée. Comme nous l’avons vu, il était nécessaire que cette dernière corne fût arrachée pour permettre l’arrivée au pouvoir de la Papauté formée par un mélange particulier de puissances politique et religieuse — une « corne » spéciale différant de toutes les autres. En vérité, il ne semble pas improbable que la Papauté ait désiré la ruine de chacune de ces « cornes » ou puissances, espérant ainsi ouvrir le chemin pour sa propre élévation, exactement comme cela eut lieu à la fin.

Avec la chute des Ostrogoths, l’empereur romain fut reconnu pendant quelque temps comme le souverain de l’Italie ; ses représentants étaient des exarques qui résidaient non à Rome, mais à Ravenne, afin de bien marquer par ce fait, qu’ils reconnaissaient la suprématie de la Papauté de la manière montrée ; s’ensuit donc que c’est bien à partir de l’an 539 que la Papauté devint la première autorité de Rome. A partir de cette date (lorsque la Papauté fut « établie ») elle commença à se développer et à s’agrandir comme une puissance ou « corne » au milieu des autres « cornes » ou puissances, représentant le pouvoir autrefois unifié de Rome. Aux environs de cette époque l’Italie, et spécialement Rome, fut grandement bouleversée, soumise au pillage des envahisseurs venus du Nord, aussi bien qu’aux lourds tributs des maîtres de l’heure quels qu’ils fussent. Cet état de choses aida à ruiner peu à peu en Italie le pouvoir de l’empereur qui résidait à Constantinople, de sorte que les chefs da l’Eglise, qui résidaient dans le pays, qui en parlaient la langue, qui participaient à ses malheurs et à ses succès, furent aisément acceptés

(P78) par le peuple comme les conseillers, les protecteurs et les souverains de la cité de Rome et de ses environs.

Il n’est pas douteux que le but de Justinien en reconnaissant les prétentions de l’évêque de Rome à la supériorité sur les autres était aussi, en partie, de s’assurer sa coopération dans la guerre qu’il était sur le point d’engager contre les Ostrogoths, pour reconquérir l’Italie comme partie de l’Empire Romain d’Orient ; car l’influence du pape et de l’Eglise n’était, même alors, nullement à dédaigner ; et les avoir de son côté dans la guerre était, dès le point de départ, la victoire à moitié gagnée.

Bien que les Goths se fussent révoltés contre l’empire et eussent pillé Rome, lis ne purent rétablir leur pouvoir, et son seul gouvernement fut celui de l’Eglise. Quoique le royaume des Lombards s’établît bientôt en Italie et dominât sur la plus grande partie du pays, détruisant même la puissance de l’empire d’Orient fondé par Justinien, et confié aux exarques, il faut cependant noter avec soin que les Lombards reconnurent l’autorité du pape à Rome. Ce ne fut que vers la fin de ce royaume, au huitième siècle, que de sérieuses tentatives contre l’autorité papale furent faites. L’histoire de ces événements montre bien que les papes furent tour à tour les véritables maîtres de Rome, « les successeurs des Césars », comme ils le prétendaient, les « Césars spirituels », ce qui ne les empêcha pas, .d’ailleurs, de réclamer la protection du gouvernement de Constantinople, aussi longtemps qu’elle leur fut utile. Lorsque les Lombards voulurent finalement s’emparer de Rome, le pape appela le roi des Francs pour protéger l’Eglise (la Papauté), et maintenir son autorité sur ce qu’ils appelaient le « Patrimoine de Saint-Pierre », qu’ils prétendaient (Cette prétention était fausse et reposait sur des documents falsifiés, « les Fausses Décrétales ». Aujourd’hui, même des auteurs catholiques romains reconnaissent la chose. Constantin n’accorda jamais un pareil don à la Papauté qui établit graduellement son autorité et son pouvoir sur Rome comme nous venons de le décrire.) avoir été donné à l’Eglise par Constantin.

(P79)

Les rois des Francs, Pépin et Charlemagne, envoyèrent successivement leurs armées protéger la domination de la Papauté contre les Lombards qui furent vaincus. C’est Charlemagne qui en l’an 809 donna formellement à la Papauté les territoires appelés « Etats Pontificaux » dont nous avons déjà parlé, qui furent ajoutés à la ville et à la banlieue de Rome, que la Papauté possédait déjà depuis l’année 539. Nous voyons ainsi que le royaume Lombard ou « corne » ne supplanta pas la corne papale comme certains l’ont supposé ; elle n’empêcha pas son développement, bien qu’elle l’ait parfois entravé.

Au sujet de cette attaque par les Lombards, Gibbon dit :

« Un exemple mémorable de repentance et de piété fut donné par Lutiprand, roi des Lombards. En armes, à la porte du Vatican, le conquérant écouta la voix de Grégoire Ier, retira ses troupes, abandonna sa conquête, visita avec respect l’église de Saint-Pierre et, après avoir accompli ses dévotions, offrit son épée et sa dague, sa cuirasse et son manteau, sa croix d’argent et sa couronne d’or, sur la tombe de l’apôtre ». Mais « son successeur Astolphe se déclara ennemi également, de l’empereur et du pape… Rome fut sommée de reconnaître le victorieux Lombard comme son souverain légal… Les Romains hésitèrent, ils implorèrent, ils se plaignirent et les barbares menaçants furent mis en échec par les armes et les négociations jusqu’à ce que les papes se soient assuré l’amitié d’un allié et vengeur au-delà des Alpes ».

Le pape (Etienne III) visita le pays des Francs et réussit à obtenir le secours nécessaire ; Gibbon raconte qu’il retourna en conquérant à la tête d’une armée franque conduite par le roi [Pépin] en personne. Las Lombards, après une faible résistance, obtinrent une paix ignominieuse et jurèrent de restituer les possessions de l’Eglise romaine et de respecter sa sainteté.

Comme exemple des prétentions papales et de la nature du pouvoir en vertu duquel ils prétendaient avoir droit à régner temporellement, il suffit de citer à nouveau de Gibbon une lettre du Pape Etienne III

(P80) adressée à ce moment-là au roi des Francs. Peu de temps après le départ de l’armée franque, les Lombards étaient revenus attaquer Rome, et le papa demandait de nouveau du secours. Il écrivit au nom de l’apôtre Pierre, disant :

« L’Apôtre certifie à ses fils adoptifs, le roi, le clergé et les nobles de France, que, quoique mort dans la chair, il est toujours vivant en esprit ; que maintenant il leur fait entendre sa voix, à laquelle ils doivent obéir, la voix du fondateur et gardien de l’Eglise romaine ; que la Vierge, les anges, les saints, les martyrs et toutes les armées des cieux sont unanimes à appuyer cette requête et reconnaissent qu’elle est une obligation ; que les richesses, la victoire et le paradis seront la récompense de leur pieuse entreprise ; et que la damnation éternelle sera le châtiment de leur négligence, s’ils souffrent que son tombeau, son temple et son peuple tombent entre les mains des perfides Lombards ». Et Gibbon ajoute :
« La seconde expédition de Pépin fut aussi rapide et heureuse que la première : Saint-Pierre fut satisfait et Rome de nouveau sauvée ».

Il nous a paru important de marquer nettement comme nous l’avons fait ci-dessus, le début de la domination papale qui était obscur, c’est pourquoi, comme preuve dernière et corroborative, un auteur catholique romain montre que l’élévation de la puissance romaine commence à partir de Justinien, soit à partir de l’an 539, date prophétiquement indiquée. Citons-le :

« Après la chute de l’empire romain d’Occident, l’influence politique des papes s’accrût considérablement en Italie, car ils durent prendre sous leur protection ce malheureux pays, mais tout spécialement Rome et sa banlieue, qui changeaient si souvent de maîtres et étaient constamment exposés aux invasions de conquérants rudes et brutaux. Pendant que les successeurs de Saint-Pierre se dépensaient puissamment pour assurer le bien-être des populations italiennes, les empereurs romains d’Orient qui prétendaient toujours régner sur le pays, ne s’occupaient guère de leurs sujets. Même lorsque Justinien Ier eut en partie reconquis l’Italie [en 539] et qu’il en eut fait une province grecque, le sort des habitants du pays ne fut pas meilleur ; en effet, les empereurs de Byzance se bornaient à écraser de taxes leurs sujets de

(P81) l’Exarchat de Ravenne, sans pouvoir leur accorder en retour la protection nécessaire.

« Dans ces circonstances, il arriva que… les empereurs… perdirent tout pouvoir effectif, et ne furent plus que les maîtres nominaux du gouvernement ; par contre, par le fait des exigences de la situation, les papes acquirent la domination effective sur le territoire ou domaine romain… Ce résultat spontané, conséquence naturelle de la ligne de conduite généreuse des papes, fut dans la suite reconnu comme une acquisition légale [par Pépin et Charlemagne]… Selon le langage des écrivains contemporains, Pépin « restitua » le territoire conquis au Siège Apostolique. La donation ou restitution de Pépin fut confirmée et agrandie par son fils Charlemagne qui, en l’an 774, mit fin à la domination lombarde en Italie. C’est par ces moyens légitimes que la PUISSANCE TEMPORELLE ET LA SOUVERAINETÉ DES PAPES fut graduellement établie par la divine providence. »

Ce qui précède est extrait de « L’Histoire de l’Eglise Catholique » de H. Brueck, D. D., Vol. I, pages 250 et 251. Cet ouvrage fait autorité chez les catholiques romains ; il est en usage dans leurs universités et séminaires, il a reçu l’approbation des dignitaires pontificaux et son témoignage a de la valeur lorsqu’il montre la croissance graduelle du pouvoir temporel de la Papauté, et l’époque à laquelle elle commença, à la suite de circonstances favorables. Il prouve que la chute du royaume Ostrogoth en 539, est le point de départ exact, tel qu’il est indiqué par la mesure prophétique (1.260 années) où cette désolation, système abominable aux yeux de Dieu, fut « établie ».

Dans le même ordre d’idées, et pour s’efforcer de démontrer clairement que l’autorité papale commença avant l’époque de Charlemagne, voici ce que dit à ce sujet un autre ouvrage catholique, La Chaire de Saint Pierre, dans un chapitre sur « la croissance du pouvoir temporel » (page 173) : « Rome était gouvernée nominalement par un Patricien nommé par l’empereur, mais en réalité par la force des circonstances, les papes devinrent les maîtres suprêmes de la ville ». Pour prouver cette autorité et cette domination, l’auteur pouvait en citant des preuves historiques du pouvoir des papes et de l’impuissance des

(P82) dirigeants nominaux citer l’exemple du Pape Grégoire le Grand qui, en l’an 590, (cinquante années seulement après que la puissance papale fut « établie »), fait bien voir la puissance que possédaient déjà les papes. Il dit :

« Nous voyons le pape envoyer Léontius comme gouverneur à Népi, en Etrurie, ordonnant aux habitants de cette ville d’avoir à lui obéir comme à lui-même. Il nomme ensuite Constantius au poste important dB gouverneur de Naples. Puis il écrit aux évêques relativement aux mesures de défense et d’approvisionnement de leurs cités respectives ; il envoie des ordres aux chefs militaires… En un mot, il devient le véritable souverain et protecteur de l’Italie ; c’est pourquoi il a pleinement raison de dire : « Quiconque veut remplir mon poste comme pasteur a de graves soucis à l’égard des devoirs et des charges extérieures ; au point qu’il lui arrive fréquemment de se demander s’il remplit les fonctions d’un pasteur ou celles d’un prince temporel ».

C’est dans de telles proportions que s’accrût la puissance temporelle, cinquante ans seulement après ses modestes débuts de l’an 539 ap, J.-C. Nous avons bien ainsi la preuve que les 1260 années, ou trois temps, et demi, de la domination papale sont nettement et clairement marquées aux deux extrémités.

Daniel qui avait entendu la limite impartie à la puissance de l’abomination qui désola l’Eglise, étouffa la vérité et opprima la force du peuple. de Dieu, vit que ce fait n’amènerait pas encore l’inauguration du royaume de Micaël (Christ), ainsi que l’élévation des saints en puissance ; il vit simplement leur délivrance des mains de leur oppresseur ; c’est pourquoi il désirait en savoir davantage : « J’entendis, mais je ne compris [toujours] pas. Et je dis : « Mon Seigneur, quelle s:ra l’issue de ces choses [que viendra-t-il ensuite] ? Et il dit : Va, Daniel [il est inutile que tu comprennes ces choses] ; car ces paroles sont cachées et scellées jusqu’au temps de la fin ». Depuis le temps où le sacrifice continuel sera ôté et où l’abomination qui cause la désolation aura été placée [539 ap. J.C.] il y a 1.290 jours [années. Alors] plusieurs seront purifiés [séparés] et blanchis et affinés et les méchants agiront méchamment et aucun des méchants ne comprendra ;

(P83) mais les sages comprendront [alors]. Bienheureux celui qui attend et qui parvient à mille trois cent trente-cinq jours [1335]. Et toi, va jusqu’à la fin ; et tu te reposeras et tu te tiendras dans ton lot [ta récompense] [après] la fin des jours ». Dan. 12 : 8, 9, 11, 10-13.

Celui qui étudie soigneusement constatera que les 1290 et 1335 jours prophétiques, ou années littérales, ont le même point de départ que les 1260 années de la puissance persécutrice des papes, c’est-à-dire à partir du temps où l’abomination de la désolation fut « établie » en l’an 539. Lorsque deux événements se passent à des époques différentes comme c’est ici le cas — l’enlèvement du sacrifice continuel et l’établissement de l’abomination — il faut toujours prendre comme point de départ de leur chronologie commune le moment où les deux événements sont tous deux en voie de réalisation. L’enlèvement du « sacrifice continuel », comme nous le verrons au chapitre suivant, eut lieu quelques années avant l’établissement de l’abomination — en 539, et il en fut le trait le plus important qui lui valut le nom d’« abomination ». Nous devons donc compter, et nous le faisons, « l’établissement » de l’abomination, du dernier de ces deux événements.

Il est à remarquer, en outre, que ces deux mesures sont indiquées à Daniel pour répondre à sa question relative aux événements qui surviendraient après que les saints de Dieu verraient leur pouvoir (la vérité) délivré de l’oppression papale (c’est-à-dire après 1799), et avant l’établissement du royaume du Messie, Micaël. La réponse, en substance, fait comprendre à Daniel qu’il ne lui sera pas donné de connaître ce qui viendra dans la suite ; il lui est simplement dit que trente ans après le commencement du Temps de la Fin (1260 + 30 = 1290), il y aurait une œuvre de purification, de nettoyage et d’affinage qui se poursuivrait dans le peuple saint pour le préparer à comprendre la prophétie. Cette compréhension serait accordée aux sages, qui font partie de cette classe éprouvée, purifiée et séparée. Quant aux impies, à ceux qui ne sont pas purifiés, ils ne pourraient pas ajouter foi à la connaissance ainsi

(P84) apportée. Il fut montré de plus que la compréhension exacte de la vision serait loin d’être complète ; en fait, elle serait encore privée de quelques-uns de ses principaux éléments pendant 45 ans (1290 + 45 = 1335), soit 75 ans après le commencement du Temps de la Fin, en 1799 {1260 + 75 = 1335). Ce fait est nettement indiqué dans le texte hébreu qui dépeint la vision en montrant les sentinelles qui ont déjà vu quelque chose, qui continuent à attendre patiemment et qui, soudainement, (quand les « 1335 jours » sont écoulés), obtiennent une vue complète et nette dans une mesure qui dépasse toutes leurs attentes – « Bienheureux celui.., qui parvient à 1335 jours ! »

En calculant à partir de l’année 539, les 1290 jours symboliques se terminent en 1829 et les 1335 jours à la fin de 1874. Que le lecteur juge avec soin la précision avec laquelle ces dates permettent de déchiffrer la vision ainsi que toutes les prophéties qui ont trait au Temps de la Fin, à la séparation, à la purification, à l’affinage comme par le feu qui doivent amener les enfants de Dieu à une condition d’esprit et de cœur, d’humilité, de con¬fiance, semblable à celle de l’enfant, afin qu’ils puissent être prêts à recevoir et à apprécier à sa valeur l’œuvre de Dieu, selon Ses voies et au temps qu’Il a marqué.

Un mouvement religieux eut son apogée en 1844 ; ses adeptes étaient alors et sont encore connus sous le nom de « Seconds Adventistes » ou « Milleristes parce qu’ils attendaient le second avènement du Seigneur à cette date, et parce qu’un M. William Miller en était le chef et l’initiateur. Ce mouvement commença vers 1829 ; déjà avant 1844, date fixée par eux pour le retour du Seigneur, il avait attiré sur lui l’attention de toutes les classes de chrétiens et produit même une certaine agitation dans les Etats de l’Est et du Centre des Etats-Unis. Longtemps déjà avant cela, le professeur Bengel, de Tubingen, en Allemagne, avait attiré l’attention sur les prophéties et sur la venue du Royaume du Messie, tandis que de son côté le célèbre missionnaire Wolff en faisait autant en Asie. Ce fut néanmoins l’Amérique qui resta le centre de ce mouvement, car dans ce pays, les conditions sociales, politiques et

(P85) religieuses étaient plus favorables que partout ailleurs pour permettre une étude indépendante de la Bible ainsi qu’une liberté complète dans d’autres domaines. Ce fut comme au temps du premier avènement, où le mouvement était resté limité à la Judée, quoique, à ce moment-là, tous les Israélites pieux avaient, partout, plus ou moins entendu parler du message. — Actes 2 : 5.

Nous savons tous que les événements attendus par Frère Miller ne s’accomplirent pas. Le Seigneur ne vint pas en 1844 et le monde ne fut pas consumé par le feu comme il l’avait pensé et enseigné. Ce fut une profonde déception pour ce « peuple saint » qui avait attendu avec tant de confiance l’apparition de Christ (« Micaël ») qui devait venir les élever avec Lui à la gloire et la puissance. Pourtant, malgré le désappointement, le mouvement produisit les résultats voulus par Dieu : il éveilla l’attention de beaucoup de gens sur la venue du Seigneur et il discrédita cet événement aux yeux, de beaucoup de personnes par le fait des espérances non réalisées. Nous disons « résultats voulus par Dieu » car la main du Seigneur y était présente. Non seulement ce mouvement fit un travail correspondant à celui du premier mouvement adventiste lors de la naissance de Jésus, lorsque les mages vinrent d’Orient et quand tout « le peuple était dans l’attente [du Messie] » (Matth. 2 : 1, 2 ; Luc 3 : 15), mais il lui correspond également quant au temps : la naissance de Jésus eut lieu trente ans avant son onction, à l’âge de trente ans, au début de son œuvre de Messie. Ce « mouvement Miller », comme il est appelé quelquefois par dérision, apporta aussi une bénédiction individuelle au « peuple saint » qui y prit part ; on sonda plus profondément les Écritures, on reprit confiance dans la Parole de Dieu que l’on replaça au-dessus des traditions des hommes. Il se produisit l’union des cœurs chez les enfants de Dieu qui furent réchauffés et nourris dans une communion dégagée de toute forme sectaire ; en effet, ceux qui s’intéressèrent à ce mouvement appartenaient à toutes les confessions, bien qu’ils fussent surtout des Baptistes. Lorsque ce mouvement prit fin, plusieurs de ceux qui y prirent part s’organisèrent et s’enchaînèrent les uns aux autres pour former de nouvelles sectes, se privant ainsi de lumière et, par suite, des bénédictions qui allaient arriver au temps de la « moisson ».

(P86)

Comme on le voit, bien que nous ne soyons nullement d’accord avec la plupart des interprétations et des conclusions de M. Miller relatives à la venue de notre Seigneur, au but de cette venue, à la manière dont elle s’accomplit, et au temps où elle a lieu, nous reconnaissons cependant que ce mouvement figurait dans le programme de Dieu et avait pour but de séparer, de purifier, d’affiner, de préparer, et de rendre ainsi prêt un peuple dans l’attente pour le Seigneur. Outre ce but-là, ce mouvement eut pour résultat de jeter le discrédit sur l’étude de la prophétie et sur la doctrine annonçant la seconde venue de Christ ; c’est pour cela que depuis cette époque ce discrédit, cet opprobre a servi à mettre à l’épreuve les consacrés, même ceux qui ne participent en rien aux doctrines et aux espérances de M. Miller. De nos jours, le seul fait de parler des prophéties, de la venue de notre Seigneur, de l’établissement de son Royaume millénaire, provoque le mépris des sages du monde, surtout de ceux appartenant à l’église nominale. Tous ces faits étaient évidemment voulus du Seigneur, et cela dans un dessein analogue à celui qui fit envoyer l’enfant Jésus pendant quelques années à Nazareth, afin qu’Il fût « appelé Nazaréen », quoique né dans l’honorable ville de Bethléem. Ceci avait évidemment pour but de séparer par la vérité les « véritables Israélites » d’avec la paille de la nation choisie par Dieu. Cette paille fut éliminée par le simple fait que notre Seigneur était considéré comme un Nazaréen ; ces gens disaient en effet : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » De nos jours, beaucoup dé personnes disent aussi avec mépris : « Peut-il venir quelque chose de bon de l’Adventisme ? », et mettent de côté à la légère le témoignage du Seigneur, des apôtres et des prophètes. Mais les humbles, les saints, les sages aux yeux de Dieu bien que fous aux yeux du monde, n’ont pas une telle attitude.

Mais le « mouvement de Miller » avait une signification plus profonde : il était la première étape de la compréhension véritable des visions de Daniel, et il arrivait au temps marqué pour l’accomplissement de la prophétie. M. Miller fit pratiquement la même application que nous de la période des trois temps et demi (1260 années) ; par contre, il fit

(P87) l’erreur de ne pas faire partir du même point les 1290 et les 1335 jours (années), ce qui lui aurait permis d’arriver juste. Il prit, au contraire, le point de départ de ces deux périodes trente ans trop tôt, en l’an 509 au lieu de 539, ce qui amena le terme des 1335 jours en 1844 au lieu de 1874 (Nous n’avons pu nous procurer les ouvrages de M. Miller pour comparer ses interprétations. Nous avons seulement eu connaissance des dates auxquelles il appliquait les nombres prophétiques). Ce fut néanmoins le commencement de la compréhension exacte de la prophétie, car en définitive, la période de 1260 jours qu’il discerna clairement était la clef. La prédication de cette vérité (malgré les erreurs qui y étaient mêlées, malgré de fausses applications et déductions) eut pour effet d’en purifier et d’en mettre à part « plusieurs » au temps même prédit par le Seigneur.

Miller ne comprit pas le but du retour du Seigneur, ni la manière dont il aurait lieu ; il attendait une venue apparente soudaine, il pensait que tout serait terminé en un jour et il supposa, dès lors, que toutes les prophéties de temps devaient aboutir à ce point-là ; c’est pourquoi il s’efforça de les faire converger toutes vers ce point unique, ce qui amena son insuccès, Dieu n’ayant fourni qu’une certaine mesure de lumière, car le temps fixé pour la pleine lumière n’était pas encore arrivé.

M. Miller était un membre de l’Eglise baptiste sincère et estimé. Il étudia les Écritures avec un zèle sincère, c’est pourquoi les prophéties commencèrent à lui être dévoilées. Ayant acquis la conviction absolue de l’exactitude de ses recherches, il répandit ses vues d’abord parmi les ministres, principalement les baptistes et ensuite parmi toutes les assemblées et dénominations. Son œuvre s’agrandit ; lui-même, en compagnie de nombreux collaborateurs, voyagea et prêcha beaucoup. C’est en 1829 environ, d’après ses mémoires, que son œuvre commença chez les ministres baptistes, Fuller, l’ancien de l’Eglise baptiste de Poultney (Vermont) étant le premier converti qui prêchât ses doctrines. Voici ce que disait M. Miller, dans une lettre, trois ans plus tard :

(P88)

« Le Seigneur répand la semence. Je peux compter maintenant huit ministres qui prêchent cette doctrine, plus ou moins, outre moi-même. Je connais plus de cent frères laïques qui •ont adopté ma manière de voir. Advienne que pourra, la vérité est puissante et triomphera. »

On voit ainsi que l’œuvre séparatrice du « mouvement Miller » commença au temps prédit, à la fin des 1290 jours, soit en 1829.

Que dirons-nous maintenant de ceux qui ont attendu avec patience que les 1335 jours eussent été écoulés. Quels sont-ils ?

Quelques enfants de Dieu, • le « peuple saint » du nombre desquels l’auteur, quoique non-associés au mouvement Miller ni à la dénomination organisée subséquemment qui s’appela elle-même l’« Eglise du Second Avènement » ont cherché et « attendu patiemment » le Royaume de Micaël. Comme nous sommes heureux de rendre témoignage d’avoir été bénis par les clairs et merveilleux développements du plan de notre Père en 1874 et depuis, cette date étant le terme des 1335 jours.

Des mots nous font défaut pour exprimer cette bénédiction ! Seuls ceux qui, spirituellement, ont été rafraîchis par ce vin nouveau du Royaume pourraient le comprendre, si nous avions le pouvoir de l’exprimer par des paroles. C’est donc quelque chose qui se sent plutôt qu’on l’exprime. Ce fut à partir du terme des 1335 jours prophétiques, symboliques que l’on commença à discerner les précieuses indications de la présence du Seigneur et que nous vivons maintenant même au temps de la moisson de cet Age de l’Evangile et au temps de l’établissement du Royaume de Micaël (Christ).

Oh ! la félicité de ce temps de faveur ! Combien le plan de Dieu apparut harmonieux, splendide lorsqu’il se révéla graduellement quand » furent « atteints » les 1335 jours ! Nous avons écrit les ÉTUDES DANS LES ÉCRITURES, dans le dessein d’exprimer, autant qu’un humain peut le faire, cette félicité et le développement plus complet du plan de Dieu car nous sommes au temps marqué pour être compris par tout le « peuple saint » de Dieu. Seuls ceux qui forment ce

(P89) « peuple saint », le comprendront ; cela leur est accordé comme une faveur. « Aucun des méchants ne comprendra ». Les membres du « peuple saint » qui restent en communion avec le monde, fréquentant inconsidérément les assemblées des méchants, s’asseyant au siège des moqueurs ne comprendront pas et ne pourront pas expérimenter ces bénédictions; qui maintenant sont destinées aux seuls « saints », seulement aux véritables « sages » qui « prennent plaisir dans la Loi de l’Éternel et la méditent [l’étudient] jour et nuit » — Ps. 1 : 1, 2.

Dans l’Apocalypse (chap. 10 : 2, 8-10), il est parlé du message du Royaume de Micaël qui se dévoila graduellement à partir de 1829, représenté symboliquement par un « petit livre » que les « sages » du « peuple saint », figurés par Jean, sont invites à manger. L’expérience de Jean, rapportée au verset 10, est celle de tous ceux qui reçoivent ces vérités. Elles sont merveilleusement douces : Oh ! la félicité ! Mais dans la suite, elles sont un mélange de l’amertume de la persécution avec de la suavité. Ces épreuves purifient, épurent et affinent ceux qui les supportent patiemment jusqu’au bout et préparent ainsi l’épouse de Christ pour le mariage et l’élévation qui aura lieu vers la fin du Jour de la Préparation.

Le prophète Habakuk parlant de ce désappointement qui, nous l’avons vu, fut cependant une bénédiction et un commencement de l’interprétation correcte de la vision, dit une parole encourageante disant (Chap. 2 : v. 2) : « Écris la vision et grave-la sur des tablettes [fais un plan graphique, une carte], de manière qu’on [celui qui le désire] la lise couramment… Si elle diffère, attends-ta [« Bienheureux celui qui attend et qui parvient à 1335 jours ! »], car elle arrivera certainement, elle ne tardera pas ». Ce retard ou ce délai apparent n’en était pas un ; il y avait là simplement une erreur partielle de la part de Miller, erreur connue d’avarice et permise par le Seigneur pour éprouver son « peuple saint ».

Ce mouvement engendra néanmoins l’étude de la Bible, la consécration et la foi, nous en avons la preuve par l’extrait suivant d’une lettre que

(P90) Miller adressait après 1844 à ceux qui avaient été déçus avec lui :

« Nous remercions toujours Dieu à votre sujet, car nous avons appris que votre dernière déception, qui fut aussi la nôtre, a produit dans vos cœurs, comme dans le nôtre aussi nous l’espérons, une profonde humiliation et nous a amenés à examiner sérieusement nos cœurs. Nous sommes, il est vrai, humiliés et jusqu’à un certain point nous souffrons des railleries d’une génération perverse et méchante, cependant nous ne sommes pas épouvantés ni abattus. Si l’on vous d’amande les raisons de votre espérance, vous pouvez tous ouvrir votre Bible et montrer avec douceur et respect pourquoi vous espérez dans la glorieuse apparition du grand Dieu et notre Sauveur, Jésus-Christ. Vous n’avez nullement besoin de renvoyer votre interlocuteur à votre pasteur pour indiquer la raison de votre foi. Les Écritures sont votre credo ; …votre philosophie est la sagesse qui vient de Dieu ; le lien de votre union est l’amour et la communion des saints ; votre instructeur est le Saint-Esprit et votre professeur le Seigneur Jésus-Christ… Nous vous exhortons, par tout rameur et la communion des saints, de vous attacher fermement à cette ‘espérance ; elle est garantie par toutes les promesses de la Parole de Dieu ; elle vous est assurée par deux choses immuables : le conseil et le serment de Dieu, dans lesquels il est impossible qu’Il mente. Elle est ratifiée et scellée par la mort, par le sang, par la résurrection et la vie de Jésus-Christ… Ne craignez rien, frères, Dieu vous a dit ce qu’il faut dire. Faites ce qu’Il vous a commandé et il se chargera Lui-même des résultats. Dieu a dit : Dis-leur : les jours approchent ainsi que l’accomplissement de toute vision ». [Ez. 12 : 22, 23]… Quant :à moi, je vois la démonstration que la main de Dieu est dans cette affaire. Des milliers de personnes ont été amenées à étudier les Ecritures, par la prédication du temps… La sagesse de Dieu a, dans une large mesure, tracé notre voie qu’il avait lui-même disposée en vue du bien qu’il accomplira en son propre temps et de sa manière. »

Une des paraboles de Jésus fut destinée formellement à dépeindre la période d’attente depuis la déception de 1844 jusqu’aux réalisations qui suivirent après les 1335 jours. Nous voulons parler de :

(P91)

LA PARABOLE DES DIX VIERGES
Matth. 25 : 1-12

Cette parabole commence par « alors », indiquant ainsi qu’elle n’était pas applicable de suite, au jour du Seigneur, mais que son accomplissement était futur : « Alors le Royaume des cieux [dans sa période embryonnaire, où il est représenté par quelques-uns ou par tous les saints qui sont candidats à l’héritage dans ce Royaume] sera fait semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, sortirent à la rencontre de l’Epoux. Cinq d’entre elles étaient sages, et cinq folles (« étourdies » (version catholique cardinal Liénart).).

Les nombres ne signifient rien, les proportions non plus. La parabole montre un mouvement qui se mani¬feste parmi les héritiers du Royaume dans l’attente de rencontrer l’Epoux. Au sein de ce mouvement, deux classes se seraient manifestés, les unes appelées ici « sages » et les autres « folles ». Le terme « vierge » qui leur est appliqué à toutes indique qu’elles sont pures et forment ensemble le « peuple saint ». Il est certain que ceux qui aiment l’Epoux, qui aspirent à le rencontrer ne peuvent aimer le péché, même si nombre d’entre eux sont des « insensés » ((« étourdies » (version catholique cardinal Liénart).

Le mouvement, dépeint par notre Seigneur dans la Parabole, correspond exactement à celui qui commença avec le mouvement Miller et se continue maintenant encore. Ce mouvement, bien que commencé par un Baptiste, fut un mouvement non sectaire, car les chrétiens les plus pieux et les plus fidèles de toutes les confessions s’y rattachèrent. Les récits de l’époque, de leur zèle fervent, etc., nous poussent à une profonde admiration pour ces hommes et ces femmes qui furent assez honnêtes pour agir selon leurs convictions, même si nous ne partageons pas celles-ci. Ils versèrent libéralement leur fortune pour faire imprimer des traités et des journaux en diverses langues, et pour répandre le message dans le monde entier. Il y eut, dit-on, dans les églises de toutes confessions un réveil religieux ; dans certaines assemblées qui avaient accepté les enseignements de Miller, des fidèles apportaient leur argent et le

(P92) plaçaient devant la chaire, et tous ceux qui en avaient besoin pouvaient en prendre ; il y avait une telle sincérité, un tel zèle chez ces croyants qu’il n’y avait pas besoin, dit-on, de garder cet argent ; ceux qui n’en avaient pas besoin n’y touchaient pas.

Les vierges de la parabole sont montrées comme ayant toutes des lampes préparées et leur donnant de la lumière. Ces lampes symbolisent les Ecritures (« Ta parole est une lampe à mon pied »). Il n’y eut probablement jamais d’études dans les Ecritures poussées plus à fond qu’à ce moment-là chez tous les chrétiens ; ce fut un apprêt général des lampes. L’huile représente l’esprit de la vérité. Il y en avait alors dans les lampes de tous ; tous cependant ne possédaient pas l’esprit de- la vérité en eux-mêmes, les « vases ».

Le désappointement de 1844 est brièvement rapporté dans la parabole par l’expression « l’époux tardait » ; c’est-à-dire paraissait en effet tarder à ceux qui étaient dans l’attente. La confusion et les ténèbres qui les environnèrent, ainsi que les nombreuses théories fausses et imaginaires propagées bar certains qui étaient déçus, figurent aussi dans la parabole qui dit : « Comme l’époux tardait, toutes s’assoupirent et s’endormirent ». Dans leurs ténèbres et leur assoupissement beaucoup rêvèrent des choses étranges et déraisonnables.

Mais, la parabole indique, parmi ces mêmes vierges, un second mouvement quelque peu analogue au premier mais cependant différent. C’est de la même classe générale de personnes qu’il est parlé, mais pas nécessairement des mêmes individus. Le premier mouvement fut le résultat de la lumière jetée sur la prophétie concernant le moment du second avènement du Messie en qualité d’Epoux de l’Eglise ; ‘en cela, le second mouvement fut semblable au premier, dont il différait cependant sur plusieurs points. Dans le premier, les lampes de toutes les vierges brûlaient également, et ceux qui attendaient l’Epoux formaient un mélange de diverses classes ; lors du second mouvement, par contre, tous sont bien réveillés, mais, seuls, ceux qui possèdent l’esprit de la vérité dans leur cœur ainsi que la connaissance de la Bible, une lampe préparée, sortent pour aller à la rencontre de l’époux.

(P93) Pour le premier mouvement, une déception fut prédite, car il était nécessaire d’attendre jusqu’aux 1335 jours ; mais au second mouvement, il n’y eut pas de déception, l’attente n’était plus nécessaire, car l’accomplissement de la prophétie eut lieu exactement à la fin des 1335 jours prophétiques en octobre 1874. Ce fut, en effet, au ter¬me des 1335 années de la période d’attente, que l’on commença à reconnaître le fait de la présence de notre Seigneur, selon les indications des prophéties antérieures. Ce moment-là était le tout premier début du matin du nouvel âge ; mais c’était le « milieu de la nuit » pour les vierges profondément assoupies. Lorsqu’on entendit le cri (qui retentit encore): « Voici l’Epoux ! » — non pas Voici, l’Epoux vient ! mais il est venu et nous vivons maintenant dans la présence [parousia] du Fils de l’homme ». Depuis cette date, ce qui caractérise le second mouvement (qui est actuel), c’est la proclamation de la présence du Seigneur et de l’œuvre du Royaume oui se poursuit maintenant, L’auteur du présent volume, et ses collaborateurs, proclamèrent la présence du Seigneur, ils la démontrèrent par la prophétie, au moyen de plans ou -graphiques comme ceux contenus dans le présent volume, jusqu’à l’automne de 1878 où les dispositions nécessaires furent prises pour publier la « TOUR DE GARDE DE SION et Messager de la Présence de Christ ». Grâce à la bénédiction du Seigneur, des millions d’exemplaires de cette publication ont répandu au loin la nouvelle de l’accomplissement des temps et de l’établissement actuel du Royaume de Christ qui se poursuit pendant l’écroulement graduel des royaumes et organisations des hommes, voués à une destruction complète.

La parabole nous prévient que toute la classe des vierges prépare ses lampes, mais que toutes ne peuvent pas voir. Seules, ceux qui ont de l’huile dans leur vase (eu eux-mêmes — les pleinement consacrés), peuvent recevoir la lumière de leur lampe et se rendre compte de ces choses. Les autres (tous les purs, les vierges), obtiendront de l’huile et de la lumière à un certain moment et en retireront de grandes bénédictions. Seuls cependant,

(P94) ceux qui sont remplis de l’huile, de l’esprit de la vérité, auront la lumière au temps voulu et obtiendront la grande bénédiction. •Seuls, ces derniers entreront avec l’Epoux aux noces. L’huile, ou l’esprit de consécration, et la lumière qui en dépend ne peuvent pas se communiquer d’une vierge à l’autre. Chacun doit être rempli lui-même de l’esprit ; chacun doit avoir sa propre provision d’huile (la Vérité, avec l’esprit de consécration et de sainteté). Le coût en ‘est considérable ; il faut beaucoup de renoncement à soi-même, il faut endurer de rudes épreuves, la calomnie. L’expérience dans le grand Temps de détresse sera le marché où les vierges « folles » achèteront leur huile. A ce moment-là, il sera trop tard pour entrer aux noces en qualité de membre de l’épouse, la femme de l’Agneau. Les Ecritures montrent, cependant, que ces vierges repentantes de leur « folie » ne seront pas détruites, mais que, étant des vases pour « un honneur moindre », elles seront rendues aptes à servir le Maître dans son temple.

Revenons aux paroles adressées par l’ange à Daniel dans le verset 13 du chapitre 12 : « Et toi, va jusqu’à la fin, et tu te reposeras et tu te tiendras dans ton lot [ta récompense], à [après] la fin des jours [des 1335 jours] » pendant la moisson qui commençait alors.
Dans l’expression « Toi, va jusqu’à la fin », la fin dont il est question n’est pas le « Temps de la Fin », « la moisson est la fin de l’âge » et comme nous l’avons déjà vu, la moisson est la période de 40 années allant de l’automne 1874, qui est le terme des « 1335 jours », jusqu’à l’automne de 1914. Daniel doit recevoir son héritage ou sa récompense ou son lot dans le royaume de Micaël (Christ), avec tous les saints prophètes et avec les saints de l’Age de l’Evangile, à la fin de cette période de la moisson, les saints, étant les premiers récompensés et les plus honorés dans ce Royaume (Héb. 11 : 40. Voir aussi ÉTUDES DANS LES ÉCRITURES, Vol. I, page 288.