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ETUDE II
« LE JUGEMENT DE BABYLONE »
« LA CHRÉTIENTÉ »
« MENE, MENE, TEKEL, UPHARSIN »
Babylone. — La Chrétienté. — La ville. — L’Empire. La mère. — Les filles. — Jugement de Babylone. Signification terrible de ce jugement.
« L’ORACLE touchant Babylone, qu’a vu Esaïe… Élevez un étendard sur la haute montagne, élevez la voix vers eux, secouez la main, et qu’ils entrent dans les portes des nobles.
« J’ai donné commandement à mes saints, j’ai appelé aussi pour ma colère mes hommes forts, ceux qui se réjouissent en ma grandeur.
« Ils viennent d’un pays lointain, du bout des Cieux, l’Éternel et les instruments de son indignation, pour détruire tout le pays.
« La voix d’une multitude sur les montagnes, semblable à un grand peuple, la voix d’un tumulte des royaumes des nations rassemblées… : l’Éternel des armées fait la revue de la milice de guerre.
« Hurlez, car le jour de l’Éternel est proche ! Il viendra comme une destruction du Tout-puissant. C’est pourquoi toutes les mains deviendront lâches, et tout cœur d’homme se fondra, et ils seront terrifiés ; les détresses et les douleurs s’empareront d’eux ; ils se tordront comme celle qui enfante ; ils se regarderont stupéfaits ; leurs visages seront de flamme.
« Voici, le jour de l’Éternel vient, cruel, avec fureur et ardent de colère, pour réduire la terre en désolation ; et il en exterminera les pécheurs.
« Car les étoiles des cieux et leurs constellations ne feront pas briller leur lumière : le soleil sera obscur à son lever, et la lune ne fera pas luire sa clarté.
« Et je punirai le monde pour sa malice, et les méchants pour leur
(P 22) iniquité ; et je ferai cesser l’orgueil des arrogants et j’abattrai la hauteur des hommes fiers. Je ferai qu’un mortel sera plus précieux que l’or fin, et un homme, plus que l’or d’Ophir. C’est pourquoi je ferai trembler les cieux, et la terre sera ébranlée de sa place, par la fureur de l’Éternel des armées et au jour de l’ardeur de sa colère. » — Esaïe 13 : 1-13. Comp. Apoc. 16 : 14 ; Héb. 12 : 26-29.
« Et j’ai mis le jugement pour cordeau, et la justice pour plomb, et la grêle balaiera l’abri de mensonge, et les eaux inonderont la retraite cachée ». Es. 28 : 17.
Les diverses prophéties d’Esaïe, de Jérémie, de Daniel et de l’Apocalypse, relatives à Babylone, concordent toutes entre elles, et visiblement, font allusion à la même grande ville. D’autre part, ces prophéties n’ont eu qu’un accomplissement très restreint sur l’ancienne ville, la ville réelle, et celles de l’Apocalypse furent écrites des siècles après la destruction de la Babylone réelle : il apparaît donc clairement que l’allusion spéciale de tous les prophètes s’applique à quelque chose dont l’ancienne Babylone réelle était une illustration. Il est clair également que si les prophéties d’Esaïe et de Jérémie touchant la chute de Babylone eurent leur accomplissement sur la ville réelle, celle-ci, dans sa chute aussi bien que dans son caractère, devint une illustration de la grande ville à laquelle fait allusion l’auteur de l’Apocalypse en langage symbolique (Chapitres 17 et 18), et à laquelle également les autres prophètes font principalement allusion.
Ainsi que nous l’avons déjà dit, ce qu’on appelle aujourd’hui « chrétienté » est l’antitype de l’ancienne Babylone ; c’est pourquoi les avertissements et prédictions solennels des prophètes contre. Babylone (la chrétienté), sont de la plus grande importance pour la génération actuelle. Oh ! si les hommes étaient assez sages pour prendre ces choses en considération ! Bien que, dans les Écritures, divers autres noms symboliques tels que Edom, Ephraïm, Ariel, etc., soient appliqués à la chrétienté, ce terme « Babylone », est celui qui est le plus fréquemment employé, et sa signification, confusion, lui convient parfaitement. L’Apôtre Paul mentionne aussi un Israël spirituel nominal en contraste
(P23) avec Israël charnel, nominal (Voyez 1 Cor. 10 : 18 ; Gal. 6 : 16 ; Rom. 9 : 8); de même, il y a une Sion spirituelle nominale et une Sion charnelle nominale (Voyez Esaïe 33 : 14 ; Amos 6 : 1). Mais ‘examinons’ quelques-uns des rapports remarquables qui existent entre la chrétienté et son type, Babylone, sans oublier le témoignage direct de la Parole de Dieu sur le sujet. Ensuite, nous observerons l’attitude actuelle de la chrétienté et les signes actuels de sa chute prédite.
L’auteur de l’Apocalypse a laissé entendre qu’il ne serait pas difficile de découvrir cette grande ville mystique, parce que son nom est écrit sur son front, c’est-à-dire qu’elle est si visiblement marquée que nous ne pouvons manquer de la reconnaître, à moins de fermer les yeux pour ne pas voir : « Et [il y avait] sur son front un nom écrit’: Mystère, Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre « (Apoc. 17 : 5). Toutefois, avant de rechercher cette Babylone mystique, observons d’abord la Babylone typique, et ensuite, ayant à l’esprit ses traits caractéristiques, nous chercherons l’antitype.
Le nom Babylone désignait non seulement la capitale de l’empire babylonien, mais aussi l’empire lui-même. Babylone, la capitale, était la plus magnifique, et probablement la plus grande ville de l’ancien monde. Bâtie en forme de carré sur les deux rives de l’Euphrate, elle était protégée contre des envahisseurs par un fossé rempli d’eau qui l’entourait, et elle était enfermée à l’intérieur d’un vaste système de double muraille, de neuf mètres soixante-quinze à vingt-cinq mètres quatre-vingt-dix d’épaisseur sur vingt-deux mètres quatre-vingt-six à quatre-vingt-onze mètres quarante-quatre de haut. Au sommet de ces murailles se dressaient des tours basses, au nombre, dit-on, de deux cent cinquante, placées l’une vis-à-vis de l’autre, et respectivement sur le bord extérieur et sur le bord intérieur de la muraille. Ces murailles étaient percées de cent portes d’airain, vingt-cinq de chaque côté, correspondant au nombre de rues qui se coupaient en angles droits. La ville était ornée de palais et de temples splendides et de trésors enlevés lors des conquêtes.
(P 24) Nébucadnetsar fut le grand monarque de l’Empire de Babylone. Son long règne dura à peu près la moitié de l’existence de cet empire dont la grandeur et la gloire militaire reviennent à Nébucadnetsar. La ville était célèbre par ses richesses et sa magnificence, lesquelles apportèrent en contrepartie une dégradation morale, sûr précurseur de son déclin et de sa chute. Elle s’adonna totalement à l’idolâtrie, et fut remplie d’iniquité. Le peuple adorait Baal à qui il offrait des sacrifices humains. On peut comprendre la profonde dégradation de leur idolâtrie d’après la réprimande que Dieu fit aux Israélites lorsque ces derniers se corrompirent au contact des idolâtres. — Voyez Jér. 7 : 9 ; 19 : 5.
Le nom de Babylone vient de Babel (confusion), nom de la grande tour qui ne put être achevée parce que Dieu confondit le langage des humains, mais l’étymologie du pays le changea en Babil ; ce nom, au lieu d’être plein de reproches, en souvenir du mécontentement de l’Éternel, signifiait pour eux « la porte de Dieu ».
La ville de Babylone, comme capitale du grand empire babylonien, acquit une position de célébrité et d’opulence, et fut appelée « la ville d’or », « l’ornement des royaumes » et « la gloire de l’orgueil des Chaldéens ». — Esaïe 13 : 19 ; 14 : 4.
Nébucadnetsar eut pour successeur son petit-fils Belshatsar, sous le règne duquel eut lieu l’écroulement de l’empire, provoqué et hâté, comme toujours, par l’orgueil, l’opulence et l’oisiveté. Le peuple, inconscient du danger imminent, suivait l’exemple de son roi et s’adonnait à des excès de corruption ; c’est alors que l’armée perse, conduite par Cyrus, s’avança furtivement en suivant le canal de l’Euphrate (après en avoir détourné le cours) ; lés Perses massacrèrent les convives et s’emparèrent de la ville. Ainsi s’accomplit la prophétie contenue dans les mots étranges, écrits sur la muraille : « Méné, Méné, Thelcel, Upharsin» que Daniel, quelques heures seulement avant leur accomplissement, interpréta en ces termes : « Dieu a compté ton royaume, et y a mis fin.
(P 25) Tu as été pesé à la balance, et tu as été trouvé manquant de poids. Ton royaume est divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses ». La destruction de cette grande ville fut si complète que même son emplacement fut oublié, et pendant longtemps, incertain.
Telle était la ville-type ; comme une grande meule de moulin jetée dans la mer, elle sombra il y a des siècles, pour ne plus reparaître ; même le rappel de son nom est devenu un objet de reproche et de risée. Examinons maintenant son antitype, en remarquant d’abord que les Écritures le désignent clairement, et en notant ensuite combien le symbolisme est approprié.
Dans la prophétie symbolique, une « ville » signifie un gouvernement religieux soutenu par le pouvoir et l’influence. Ainsi, par exemple, la e sainte cité, la nouvelle Jérusalem » est le symbole employé pour représenter le Royaume établi de Dieu, les vainqueurs de l’Eglise de l’Évangile élevés à la royauté dans la gloire. L’Eglise est également, et à la même occasion, représentée par une femme, « l’épouse, la femme de l’Agneau », en puissance et en gloire, soutenue par la puissance et par l’autorité de Christ, son époux : « Et l’un des sept anges vint et me parla disant : Viens ici, et je te montrerai l’épouse, la femme de l’Agneau. Et il… me montra la sainte cité, Jérusalem». — Apoc. 21 : 9, 10.
La même méthode d’interprétation s’applique à la Babylone mystique, le grand royaume ecclésiastique, « la grande cité (Apoc. 17 : 1-6) qui est décrite comme une prostituée, une femme déchue (une église apostate ; — car la véritable Eglise est une vierge) ; cette église apostate a été élevée à la puissance et à la domination, soutenue à un degré considérable par les rois de la terre, les pouvoirs civils, qui sont tous plus ou moins intoxiqués par son esprit et par ses doctrines. Elle a perdu sa pureté virginale, et au lieu d’attendre comme une épouse, une vierge chaste, d’être élevée avec l’époux céleste, elle s’est associée avec les rois de la terre et s’est prostituée en abandonnant sa
(P 26) pureté virginale — tant de doctrine que de caractère — pour suivre les idées du monde ; en retour, elle a reçu, et maintenant elle exerce jusqu’à un certain point la domination grâce en grande partie à l’appui, direct et indirect, de ce monde. C’est par son infidélité au Seigneur dont elle prétend porter le nom, et par son infidélité au noble privilège qui lui était offert d’être la « vierge chaste », l’épouse de Christ, qu’elle mérite l’appellation symbolique de « prostituée » ; d’autre part, son influence comme royaume sacerdotal, plein d’inconséquence et de confusion, est symboliquement représentée sous le nom de Babylone. Ce nom, dans son sens le plus large, était symbolisé par l’empire babylonien ; et sous ce symbole, nous reconnaissons sans peine la chrétienté, tandis que dans son sens le plus restreint, sous le symbole de l’ancienne ville Babylone, nous reconnaissons l’église chrétienne nominale.
Le fait que la chrétienté n’accepte pas que le terme biblique, Babylone, et sa signification, confusion, s’appliquent à elle-même, n’est pas une preuve qu’il n’en est pas ainsi. L’ancienne Babylone non plus ne revendiquait la signification biblique de « confusion ». L’ancienne Babylone prétendait, au contraire, être même « la porte de Dieu » ; mais Dieu l’appela néanmoins « confusion » (Gen. 11 : 9), et ainsi en est-il de la Babylone-antitype aujourd’hui. Elle s’appelle elle-même la « chrétienté », la porte conduisant à Dieu et à la vie éternelle, tandis que Dieu l’appelle « Babylone », la confusion.
Dans leur très grande majorité et fort à-propos, les protestants ont prétendu que le nom « Babylone », ainsi que la description qui en est faite par là prophétie, sont applicables à la Papauté ; maintenant, le protestantisme a des dispositions plus conciliantes, moins sévères à l’égard de la Papauté. Toutes les sectes protestantes font des efforts pour se concilier l’église de Rome, pour l’imiter, s’allier et coopérer avec elle. En agissant ainsi, elles deviennent une partie intégrante du catholicisme ; elles justifient la manière d’agir de l’Eglise catholique et comblent la mesure de ses iniquités, comme les scribes et les Pharisiens « comblaient la mesure de leurs pères en tuant les prophètes » (Matt. 23 : 31, 32). Tout ceci, bien entendu, ni les protestants, ni les
(P 27) catholiques ne sont prêts à l’admettre, parce que, s’ils le faisaient, ils se condamneraient eux-mêmes. Ce fait est reconnu par l’auteur de l’Apocalypse qui montre que tous ceux qui veulent voir Babylone telle qu’elle est réellement, doivent, en esprit, prendre position avec le vrai peuple de Dieu « dans le désert », c’est-à-dire être séparés du monde, de ses idées, et n’avoir pas simplement des apparences de piété. Ils doivent être entièrement consacrés à Dieu, Lui être fidèles et dépendre de Lui seul : « Et il m’emporta en esprit dans un désert ; et je vis une femme… Babylone ». — Apoc. 17 : 1-5.
Les royaumes du monde civilisé se sont ainsi soumis aux grands systèmes ecclésiastiques, spécialement à la Papauté, et dans une grande mesure, se sont laissé dominer par eux. Ils ont accepté d’eux le nom de « nations chrétiennes » et de « chrétienté » ainsi que la doctrine du droit divin des rois et se sont joints à la grande Babylone dont ils font partie. De même que, dans le type, le nom de Babylone s’appliquait, non seulement à la ville, mais également à l’empire tout entier, ainsi le terme symbolique e Babylone » s’applique, non seulement aux grandes organisations religieuses, papale et protestante, mais aussi dans son sens le plus large, à toute la chrétienté.
C’est pourquoi ce jour du jugement de la Babylone mystique est le jour du jugement de toutes les nations de la chrétienté ; ses malheurs frapperont toute la structure civile, sociale et religieuse ; les individus aussi en seront affectés dans la mesure des intérêts qu’ils ont en elle, et dans la mesure où ils dépendent de ses diverses organisations religieuses et de ses divers arrangements.
En raison de leurs divers intérêts commerciaux et autres qui les lient dans une certaine mesure aux nations de la chrétienté, les nations en dehors de la chrétienté sentiront également le poids de la lourde main de rétribution, et cela en toute justice ; en effet, elles non plus n’ont pas su apprécier la lumière qu’elles ont vu briller, et elles ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Ainsi, comme le déclarait le Prophète : « Toute
(P 28) la terre [société] sera dévorée par le feu de ma. jalousie » (Soph. 3 : 8), mais contre Babylone, la chrétienté, à cause de sa plus grande responsabilité et parce qu’elle a mal employé les faveurs reçues, la colère et l’indignation de Dieu s’exerceront avec violence (Jér. 51 : 49). « Au bruit de la prise de Babylone, la terre est ébranlée, et il y a un cri entendu parmi les nations ». Jér. 50 : 46.
BABYLONE – LA MÈRE ET LES FILLES
Cependant, certains chrétiens sincères n’ont pas encore, discerné le déclin du Protestantisme et ne se rendent pas compte des rapports qui existent entre les diverses sectes et la Papauté. Toutefois, ils perçoivent l’inquiétude et les soulèvements doctrinaux qui règnent dans les systèmes religieux, et ils peuvent encore se demander avec anxiété : « Si toute la chrétienté doit être englobée dans le jugement de Babylone, qu’adviendra-t-il du Protestantisme, fruit de la grande Réformation ? ». C’est là une importante question ; pourtant, que le lecteur considère que le Protestantisme, tel qu’il existe aujourd’hui, n’est pas le résultat de la grande Réformation, mais de son déclin ; il possède, dans une grande mesure, les dispositions et le caractère de l’église de Rome d’où sont issues ses diverses branches. Les diverses sectes protestantes (et nous le ‘ disons avec toute la déférence due aux âmes pieuses comparativement peu nombreuses qui s’y trouvent et que le Seigneur désigne sous le nom de « froment » par opposition à « ivraie » qui l’étouffe) sont les vraies filles de ce système dégénéré de la chrétienté nominale, la Papauté, auquel l’auteur de l’Apocalypse fait allusion en lui appliquant le nom de « Mère des prostituées » (Apoc. 17 : 5). N’oublions pas de remarquer que tant catholiques que protestants ont maintenant franchement des relations de mère à filles, la première se nommant elle-même la Sainte Mère l’Eglise, les dernières partageant avec complaisance cette idée, comme le montrent nombre de
(P 29) déclarations publiques faites par des dirigeants protestants, membres du clergé ou laïcs. Ainsi leur « gloire est dans leur honte » (Phil. 3 : 19) ; selon toute apparence, ils sont tous inconscients de la marque d’infamie qu’ils adoptent ainsi, la Parole de Dieu désignant la Papauté comme étant « la mère des prostituées ». D’ailleurs, la Papauté, dans ses prétentions à la maternité, ne semble avoir jamais mis en doute son droit à ce titre, ni avoir considéré l’incompatibilité qui existe entre ce titre et la prétention qu’elle a d’être toujours la seule vraie Eglise que les Écritures désignent comme étant une « vierge » fiancée à Christ. Ses prétentions avouées de maternité sont une honte éternelle pour elle-même et pour son rejeton, le protestantisme. La vraie Eglise que Dieu reconnaît, mais que le monde ne connaît pas, est encore une vierge ; cette Eglise-là est pure et sainte ; elle n’a donné naissance à aucun système-fille. Elle est encore une vierge chaste, fidèle à Christ et chère à son époux comme la prunelle de son œil (Zach. 2 : 8 ; Ps. 17 : 6, 8). La vraie Eglise ne peut être signalée nulle part comme un groupe duquel on a enlevé toute l’ivraie, mais elle consiste seulement du vrai « froment », et tous ses membres sont connus de Dieu, que le monde les reconnaisse ou non.
Cependant, voyons comment les systèmes protestants soutiennent ce rapport, de filles à l’égard de la Papauté. La Papauté, la mère, n’est pas un simple individu, mais un grand système religieux. Si donc, nous maintenons le symbole, nous devons nous attendre à voir d’autres systèmes religieux répondre à l’illustration des filles possédant un caractère semblable ; des systèmes moins anciens, bien entendu, et pas nécessairement aussi dépravés que la Papauté, mais néanmoins des « prostituées » dans le même sens, c’est-à-dire des systèmes religieux qui prétendent être, ou la fiancée vierge ou l’épouse de Christ, tout en briguant la faveur du monde et en recevant son soutien, au prix de l’infidélité envers Christ.
Les diverses organisations protestantes correspondent pleinement à cette description. Elles constituent les grands systèmes-filles.
Comme nous l’avons déjà montré (Vol. III p. 112), la naissance de ces divers systèmes-filles
(P 30) eut lieu en rapport avec les réformes apportées à l’église-mère corrompue. Ce fut dans des circonstances de la mère en travail que les systèmes-filles se séparèrent de la mère, et elles naquirent vierges. Cependant, ces systèmes ne contenaient pas seulement que de vrais réformateurs ; ils en renfermaient beaucoup qui avaient encore l’esprit de la mère, et ils héritèrent beaucoup de ses fausses doctrines et conceptions. Il ne leur fallut pas longtemps pour tomber dans nombre de ses pratiques mauvaises et prouver ainsi que leur caractère était bien défini par la marque prophétique — « prostituée ».
Toutefois, n’oublions pas que si les divers mouvements de réformation accomplirent une œuvre précieuse dans la « purification du sanctuaire », seule, la classe du temple, la classe du sanctuaire, a toujours constitué, seule, la vraie Eglise reconnue par Dieu comme telle: Les grands systèmes humains appelés « églises », n’ont jamais été plus que l’église nominale. Ils font tous partie d’un faux système qui contrefait la vraie Eglise, la représente faussement et la cache aux yeux du monde. L’Eglise vraie, elle, n’est composée que de fidèles croyants pleinement consacrés qui se confient au mérite du seul et unique grand sacrifice pour les péchés. Ces fidèles sont disséminés dans et en dehors de ces systèmes humains, mais n’en ayant cependant jamais l’esprit mondain. Ils forment la classe du « froment » que, dans sa parabole, notre Seigneur distingue clairement de l’ « ivraie ». Ne comprenant pas le véritable caractère de ces systèmes, ils ont, comme individus, marché humblement avec Dieu, prenant sa Parole comme conseiller et son esprit comme guide. Ils ne se sont jamais sentis à l’aise dans la Sion nominale où ils ont été souvent peinés d’observer que l’esprit du monde, agissant par le moyen de l’élément « ivraie » non identifié, mettait en danger la prospérité spirituelle. Ils sont les affligés bénis de Sion, auxquels Dieu a donné « l’ornement au lieu de la cendre, l’huile de joie au lieu du deuil » (Matt. 5 : 4 ; Es. 61 : 3). Ce n’est seulement qu’au temps actuel de la « moisson » que doit s’accomplir la séparation de la classe du « froment » de celle de l’ « ivraie », car selon ses desseins, le Seigneur
(P 31) « laissa croître ensemble l’un et l’autre jusqu’à la moisson [jusqu’au temps dans lequel nous vivons maintenant] » — Matt. 13 : 30.
C’est pourquoi cette classe de « froment » est en train de prendre conscience du véritable caractère de ces systèmes condamnés. Comme nous l’avons montré précédemment (Vol. III, chapitre IV.), les divers mouvements de réforme, ainsi que le prophète le prédit (Dan. 11 : 32-35), furent « corrompus par des flatteries » : après avoir accompli une mesure de purification, chacun de ces mouvements s’arrêta tout court, et autant qu’ils le purent, ils imitèrent l’exemple de l’église de Rome en recherchant et en recevant la faveur du monde aux dépens de leur vertu (leur fidélité envers Christ, le vrai Chef, la vraie Tête de l’Eglise). L’église et l’Etat firent de nouveau cause commune et unirent, dans une certaine mesure, leurs intérêts terrestres, aux dépens des véritables intérêts, les intérêts spirituels, de l’église ; de nouveau le progrès et la réforme dans l’église furent au point mort ; en fait, un mouvement rétrograde commença, si bien qu’aujourd’hui, nombre d’églises protestantes sont beaucoup plus loin du niveau convenable — tant au point de vue foi qu’au point de vue mise en pratique — qu’à l’époque de leurs fondateurs.
Certaines des églises réformées furent même admises à partager l’autorité et le pouvoir avec des gouvernants terrestres, comme ce fut le cas par exemple pour l’église d’Angleterre, et en Allemagne pour l’église luthérienne. Celles qui n’ont pas réussi à ce point ont fait au monde des ouvertures de compromission pour recevoir des faveurs moins grandes. Il est également vrai que, si les pouvoirs terrestres ont favorisé les ambitions terrestres de l’église infidèle, de son côté l’église a également admis le monde dans sa communion et son amitié ; elle l’a fait si généreusement que les mondains baptisés forment maintenant la grande majorité de ses membres, occupant presque toutes les positions importantes, et dominant ainsi l’église.
Telle fut la tendance qui avilit l’église au début de l’Age, amena la grande
(P 32) apostasie (2 Thess. 2 : 3, 7-10), et graduellement mais rapidement développa le système papal.
Ce caractère de relâchement, adopté dès les premiers jours par les divers mouvements de réforme, et qui développa graduellement des organisations sectaires, existe encore de nos jours ; plus ces organisations s’accroissent en richesse, en nombre et en influence, plus elles s’éloignent de la vertu chrétienne et plus elles développent l’arrogance de leur mère. Un petit nombre de chrétiens sincères, dans les diverses sectes, observent cela jusqu’à un certain point, et avec honte et chagrin le regrettent et s’en lamentent. Ils se rendent compte que dans les diverses organisations sectaires on fait des efforts pour plaire au monde, pour rechercher sa faveur et s’assurer son patronage. On a élevé de somptueux édifices religieux avec des flèches très élevées, on a voulu des carillons, de magnifiques orgues, de très beaux ameublements, des chœurs artistiques, de brillants orateurs ; on a organisé des kermesses, des fêtes, des concerts, des jeux, des loteries, des amusements et des passe-temps douteux, tout cela afin de s’assurer l’approbation et le soutien du monde. Les très satisfaisantes et saines doctrines de Christ sont rejetées à l’arrière-plan, tandis que de fausses doctrines et des sujets à sensation prennent leur place dans la chaire, la vérité est négligée et oubliée, et l’esprit de vérité est perdu. Dans ces particularités, combien les filles ressemblent à l’organisation-mère !
L’une des nombreuses preuves de la liberté et même de l’orgueil que les sectes protestantes affichent pour admettre leur parenté avec la Papauté, ressort des sentiments exprimés par un pasteur presbytérien, extraits d’un de ses sermons et publiés par les quotidiens :
« Qu’on le veuille ou non, on doit admettre que cette église (catholique) est l’église-mère. Son histoire est ininterrompue dès les temps des Apôtres jusqu’à nos jours [oui; car c’est à ce moment-là que l’apostasie pris naissance — 2 Thess. 2 : 7, 8]. Tout fragment de vérité religieuse que nous apprécions véritablement, nous a été transmis par l’église catholique romaine, qui en est le dépositaire. Si elle n’a aucun droit au titre de la vraie église, alors nous sommes des bâtards et non des fils légitimes.
(P 33) « Vous pouvez bien parler d’envoyer des missionnaires travailler parmi les catholiques romains ! Je vous dirai qu’il vaudrait tout autant envoyer des missionnaires parmi les méthodistes, les épiscopaux, les presbytériens unis et les luthériens dans le but de les convertir à l’église presbytérienne ».
Oui, presque toutes les erreurs doctrinales auxquelles les protestants tiennent tant ont été apportées avec eux de Rome ; nous savons pourtant que de très grands progrès ont été réalisés par chacun des mouvements de la Réforme : le sacrifice de la messe a été aboli ainsi que l’adoration des saints, de la vierge Marie et des statues (« images ») ; la confession auriculaire, les indulgences, etc., ont été mises de côté. Mais hélas ! les protestants d’aujourd’hui sont non seulement désireux mais anxieux de faire à peu près, n’importe quel compromis pour s’assurer les faveurs et l’assistance de la vieille « mère » ; pourtant leurs ancêtres, il y a trois siècles, ont fui l’église catholique romaine justement à cause de sa tyrannie et de ses infamies. Même les principes de vérité qui formèrent tout d’abord la base de leurs protestations, sont graduellement oubliés ou ouvertement répudiés. La doctrine fondamentale même de la « justification par la foi » dans le « sacrifice continuel » laisse rapidement place au vieux dogme papal de la justification par les œuvres et par le sacrifice sacrilège de la messe (La messe est célébrée aussi chez les épiscopaux — « la haute église » — en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.). Nombre de personnes qui parlent en chaire, aussi bien que celles qui forment l’auditoire, déclarent ouvertement qu’elles n’ont aucune foi dans l’efficacité du sang précieux de Christ comme prix de la rançon des pécheurs.
Les prétentions à la succession apostolique et l’autorité cléricale sont établies avec presque autant de présomption par certains membres du clergé protestant que par le clergé papal. Le droit de juger des choses chacun individuellement — le principe fondamental même de la protestation contre la Papauté qui a conduit à la Grande Réformation — reçoit maintenant presque autant d’énergique opposition de la part des protestants que de celle des papistes. Les protestants savent pourtant très bien que c’est en faisant usage de ce droit de jugement personnel que commença la Réformation et qu’elle continua pendant un certain temps.
(P 34) Plus tard, cependant, la domination présomptueuse de certains chefs religieux entrava les progrès et a toujours depuis enchaîné les protestants dans des croyances traditionnelles et condamné tous ceux qui, courageusement, vont au-delà de ce qui est admis généralement.
Vu sous cet angle, le protestantisme n’est plus une protestation contre l’église-mère, comme en premier lieu. Comme le remarquait récemment l’auteur d’un article dans la presse : « Le isme est toujours avec nous, mais qu’est devenue la protestation ? ». Les protestants semblent avoir oublié la chose, car ils ignorent réellement les motifs mêmes de la ‘protestation à l’origine, et, comme systèmes, ils ont même une tendance à se jeter dans les bras que leur tend la « Sainte (?) église-mère » où ils sont généreusement invités et assurés d’une cordiale réception.
« Serrons-nous affectueusement la main (dit le pape Léon aux protestants dans son encyclique célèbre (1894) adressée « Aux princes et aux peuples de la terre ») ; nous vous invitons à l’unité qui n’a jamais cessé d’exister dans l’église catholique et qui subsistera toujours. Il y a longtemps que notre mère commune vous a appelés pour vous serrer- sur son cœur ; il y a longtemps que les catholiques du monde entier vous attendent avec le désir ardent de l’amour fraternel… Notre cœur, même plus encore que notre voix, vous appelle, chers frères, vous qui depuis trois siècles êtes en désaccord avec nous dans la foi chrétienne ».
De même, dans son encyclique à l’église romaine d’Amérique (†1895), le pape Léon dit : « Nos pensées se tournent maintenant vers ceux qui diffèrent d’opinion avec nous en matière de foi chrétienne… Combien nous sommes soucieux de leur salut ! Nous désirons de toute la force de notre âme les voir rétablis dans l’église qui est la mère de tous !… Assurément, nous ne devons pas les laisser dans leurs idées, mais les en sortir, avec douceur et charité, en employant tous les moyens de persuasion pour les amener à examiner de près toutes les parties de la doctrine catholique et à se libérer d’idées préconçues ».
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Et dans sa « lettre apostolique au peuple anglais » (1895), le pape fit la prière suivante : « O bienheureuse vierge Marie, Mère de Dieu et notre douce et aimable Reine et Mère, jette un regard miséricordieux sur l’Angleterre !… O Mère affligée, intercède pour nos frères séparés, afin qu’ils fassent partie avec nous du seul véritable troupeau, uni au Berger Suprême, le Vicaire de ton fils » — c’est-à-dire lui-même, le Pape.
Pour faire progresser ce même plan, des « Missions pour les protestants » ont aussi été instituées sous la direction de ceux qu’on appelle les « Pères paulistes ». Ces réunions ont eu lieu et ont encore lieu dans les grandes villes. Elles sont dirigées dans le sens de la conciliation. Les protestants sont invités à poser des questions écrites auxquelles il est répondu publiquement. Des tracts pour protestants sont distribués gratuitement. En pratique, les protestants admettent la position romaine et en réalité ne savent que répondre ; d’ailleurs quiconque peut et veut répondre, en citant des faits, est accusé comme perturbateur à la fois par les protestants et par les catholiques.
Toute personne intelligente peut discerner comment le protestantisme se laisse facilement séduire par cette ruse consommée ; elle peut voir aisément que le courant populaire marche vers l’église de Rome qui a vraiment changé son langage et dont la puissance a aussi varié, mais dont le cœur reste inchangé. Elle justifie toujours l’Inquisition et d’autres de ses méthodes des siècles de ténèbres en proclamant son droit, comme gouverneur de la terre, de châtier les hérétiques selon son bon plaisir.
Il est donc clair que si beaucoup d’âmes fidèles, ignorant l’état réel des choses, ont avec révérence et dévotion rendu un culte à Dieu à l’intérieur de ces systèmes de Babylone, néanmoins cela ne change rien au fait que ceux-ci sont tous des systèmes de la « prostituée ». La confusion règne chez tous, et le nom de Babylone convient avec justesse à la famille entière : mère, filles et complices, les nations appelées chrétienté. — Apoc. 18 : 7 ; 17 : 2-6, 18.
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Souvenons-nous donc que dans les grands systèmes politico-ecclésiastiques que les hommes appellent chrétienté, mais que Dieu appelle Babylone, nous avons non seulement le fondement mais également la superstructure et le pinacle qui la couronne, de l’ordre social actuel. Ceci est impliqué dans le terme généralement admis de chrétienté qui, maintenant, s’applique non seulement aux nations qui soutiennent des sectes chrétiennes par la législation et par les impôts, mais aussi à toutes les nations qui témoignent de la tolérance au christianisme sans le favoriser ou le soutenir d’une manière bien établie, comme le font par exemple les Etats-Unis.
La doctrine du « droit divin des rois », enseignée ou soutenue par presque toutes les sectes, est le fondement de tout le vieux système civil, et longtemps elle a donné l’autorité, la dignité et la stabilité à tous les royaumes de l’Europe. La doctrine du choix du clergé fait par Dieu et de l’autorité divine accordée à ce clergé a empêché les enfants de Dieu de progresser dans les choses divines et les a liés par les chaînes de la superstition et de l’ignorance à la vénération et à l’adoration des êtres humains faillibles, et à leurs doctrines, traditions et interprétations de la Parole de Dieu. C’est tout cet ordre de choses qui doit tomber et disparaître dans la bataille de ce grand jour, cet ordre de choses qui, pendant des siècles, a maintenu les gens dociles sous les pouvoirs dirigeants, civils, sociaux et religieux. Tout ceci a eu lieu, non pas comme ils le prétendent, parce que Dieu l’a décrété et approuvé, mais parce qu’il l’a permis. Bien que ce fût un mal en soi, cela a servi à un bien temporaire, dans le dessein de prévenir l’anarchie qui eût été démesurément pire parce que les hommes n’étaient pas préparés à faire mieux pour eux-mêmes, et parce que le temps du règne millénaire de Christ n’était pas encore venu. C’est pourquoi Dieu a permis que ces diverses erreurs et désillusions l’emportent pour tenir l’homme en échec jusqu’au « Temps de la Fin », la fin des « Temps des Gentils ».
(P 37)
JUGEMENT DE BABYLONE
Sur la page prophétique, nous pouvons lire clairement le jugement de Babylone, la chrétienté, et ce jugement n’est pas moins clairement exprimé dans les signes des temps. Les prophètes nous déclarent catégoriquement que sa destruction sera soudaine, violente et complète : « Un ange puissant leva une pierre, comme une grande meule, et la jeta dans la mer, disant : Ainsi sera jetée avec violence Babylone la grande ville ; et elle ne sera plus trouvée » (Apoc. 18 : 8, 21 ; Jér. 51 : 63, 64, 42, 24-26). Et cependant Daniel montre que Babylone doit subir une destruction graduelle (7 : 26) : « Et le jugement s’assiéra ; et on lui ôtera la domination, pour la détruire et la faire périr jusqu’à la fin ». La domination papale (et dans une grande mesure le respect servile des gens pour le cléricalisme en général), ainsi que nous l’avons déjà montré (Vol. III, p. 40.), a été abattue au commencement du Temps’ de la Fin, en 1799. Ensuite la marche de destruction a été lente, et il y a eu, en apparence et occasionnellement, des signes de rétablissement lesquels n’ont jamais été aussi flatteurs qu’aujourd’hui. Cependant, nous avons l’assurance positive que la Papauté sera définitivement détruite et que ses dernières convulsions seront violentes. Toutefois, elle doit, tout d’abord, recouvrer en partie le prestige qu’elle avait autrefois, et qu’elle partagera avec une association confédérée de ses filles. Ensemble, elles seront élevées en puissance pour que, ensemble, elles puissent être violemment renversées.
Il est certain que le châtiment de Babylone sera grand. Selon la prophétie, « la grande Babylone vint en mémoire devant Dieu, pour lui donner la coupe du vin de la fureur de sa colère ». « Il a vengé le sang de ses serviteurs en le redemandant de sa main » ; « car ses péchés se sont accumulés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu de ses iniquités. Donnez-lui comme elle vous a donné,
(P 38) et doublez-lui le double, selon ses œuvres ; dans la coupe qu’elle a remplie, versez-lui le double. Autant elle s’est glorifiée et a été dans les délices, autant donnez-lui de tourment et de deuil. Parce qu’elle a dit dans son cœur : Je suis assise en reine et je ne suis point veuve, et je ne verrai point de deuil » (Apoc. 16 : 19 ; 19 : 2 ; 18 : 5-7). Bien que dans son sens le plus large cette prophétie s’applique, bien entendu, à la Papauté, elle a trait également à tous ceux qui, à un degré quelconque, sont associés à elle, ou ont quelque sympathie pour elle.1 Tous ceux-là auront part à ses fléaux (Apoc. 18 : 4). Bien que tous les rois de la terre aient haï la prostituée et l’aient rejetée (Apoc. 17 : 16), elle dit encore : « Je suis assise en reine et je ne suis point veuve » ; avec orgueil, elle proclame bien haut son droit de gouverner les nations, et prétend qu’elle retrouvera bientôt le pouvoir qu’elle possédait autrefois.
Les lignes suivantes, parues récemment dans un journal catholique, nous donnent des vantardises et des menaces de Babylone un exemple suffisant : « La papauté reprendra sa souveraineté temporelle qui est utile et nécessaire à l’église. C’est ce qui donnera au chef exécutif de l’église une plus grande liberté et une plus grande autorité. Le pape ne peut être longtemps le sujet d’un roi, car cela ne convient pas à la fonction divine qu’il exerce. La situation actuelle de la papauté entrave grandement son action et son influence dans le domaine du bien. L’Europe a reconnu autrefois cette influence et sera forcée de s’incliner devant elle dans des temps beaucoup plus critiques que maintenant. Les soulèvements sociaux et la main rouge de l’anarchie couronneront encore Léon ou son successeur avec la réalité du pouvoir que le troisième cercle symbolise et qui fut universellement reconnu autrefois. »
Oui, à mesure que le jour de « trouble » approche, le cléricalisme va essayer d’user de plus en plus de sa puissance et de son influence pour conserver sa prospérité politique, en maintenant sous son contrôle les éléments turbulents de la société ; mais dans la crise qui s’approche à grands pas, les éléments sans loi repousseront avec mépris toute influence conservatrice et briseront tous liens ; la main rouge de l’anarchie fera son œuvre épouvantable, et Babylone, la chrétienté, sociale, politique et ecclésiastique, tombera.
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L’auteur inspiré de l’Apocalypse dit : « A cause de cela [à cause de ses violents efforts pour maintenir son pouvoir et pour préserver sa vie] en un même jour [soudainement], ses fléaux arriveront, la mort, le deuil et la famine, et elle sera consumée par le feu [le feu symbolique, la destruction, les calamités]. Car il est puissant, le Seigneur Dieu qui l’a jugée ». — Apoc. 18 : 8.
« Ainsi dit l’Éternel : Voici, je fais lever un vent destructeur contre Babylone, et contre les hommes qui habitent au cœur de ceux qui s’élèvent contre moi [tous ceux qui sont en sympathie avec Babylone] et j’enverrai contre Babylone des étrangers qui la vanneront et qui videront son pays ; car ils seront contre elle tout alentour… Détruisez entièrement toute son armée. » — Jér. 51 : 1-3.
« Je rendrai à Babylone [à la papauté tout particulièrement], et à tous les habitants de la Chaldée [ou Babylonie — la chrétienté — à toutes les nations du prétendu monde chrétien] tout le mal qu’ils ont fait à Sion ‘sous vos yeux, dit l’Éternel » (Jér. 51 : 24). En nous rappelant la longue suite des cruautés commises par Babylone quand elle opprimait et écrasait les saints du Très-Haut (la véritable Sion), en nous souvenant aussi qu’il est écrit que Dieu -vengera ses vrais élus et cela promptement, que selon leurs œuvres, Il rendra la pareille à ses ennemis et qu’Il exercera la vengeance contre Babylone (Luc 18 : 7, 8 ; Esaïe 59 : 18 ; Jér. 51 : 6), nous commençons à discerner’ que quelque terrible calamité l’attend. Les épouvantables décrets de la Papauté qui condamnèrent les saints à être brûlés, massacrés, bannis, emprisonnés et torturés de toute manière, qu’on exécuta avec une cruauté diabolique à l’époque de la puissance papale, soutenue par l’Etat qui lui accordait le pouvoir qu’elle demandait, tous ces actes lui valent la pleine mesure de juste rétribution ; elle recevra « au double pour tous ses péchés ». Un châtiment semblable attend également le protestantisme qui s’associe actuellement au catholicisme. Les nations dites chrétiennes qui
(P 40) ont participé aux crimes et aux forfaits de Babylone devront boire avec elle, jusqu’à la lie, la coupe amère.
« Et je punirai Bel à Babylone [le dieu de Babylone — le Pape] ; et je ferai sortir de sa bouche ce qu’il a englouti [dans sa détresse extrême il devra répudier ses paroles arrogantes et les titres blasphématoires qu’il s’est appropriés depuis longtemps, savoir : qu’il est le vicaire infaillible, « le vice-gérant de Christ », « un autre Dieu sur la terre », etc.], et les nations n’afflueront plus vers lui. Oui, même la muraille de Babylone [le pouvoir civil qui, jadis, la défendait, et qui, dans une certaine mesure, le fait encore] tombera… Ainsi dit l’Éternel des armées : la large muraille de Babylone sera entièrement rasée, et ses hautes portes seront brûlées par le feu [seront détruites] ; et les peuples auront travaillé pour néant, et les peuplades pour le feu [pour soutenir et sauver les murailles de Babylone], et elles seront lasses » (Jér. 51 : 44, 58). Ceci montre l’aveuglement des gens, et l’ascendant que Babylone a sur eux, au point que, à l’encontre de leurs propres et meilleurs intérêts, ils travailleront à soutenir Babylone ; cependant, malgré la lutte désespérée qu’elle mènera pour sa vie et pour conserver son prestige et son influence, Babylone, semblable à une grande meule, sera jetée dans la mer pour être engloutie et ne plus jamais reparaître, « car il est puissant le Seigneur Dieu qui l’a jugée ». Alors seulement, les gens seront conscients de leur merveilleuse délivrance, conscients aussi que sa destruction s’est opérée par la main de Dieu. — Apoc. 19 : 1, 2.
Tel est le jugement de Babylone, la chrétienté, qu’Esaïe et d’autres prophètes virent d’avance et qu’ils prédirent. C’est pourquoi, par la bouche d’un de ses prophètes ‘ (Esaïe 13 : 1, 2), l’Éternel dit à ses enfants bien-aimés qui sont au sein de Babylone : « Sur une haute montagne [parmi ceux qui constituent
(P 41) le vrai embryon du Royaume de Dieu], élevez un étendard [l’étendard de l’évangile béni de la vérité, débarrassé des erreurs traditionnelles qui, pendant longtemps, l’ont obscurci] ; élevez la voix vers eux [proclamez cette vérité ardemment et ouvertement aux brebis égarées du troupeau du Seigneur qui se trouvent encore en Babylone], faites des signes avec la main [faites-leur voir, par votre exemple aussi bien que par vos paroles, la puissance de la vérité], et qu’ils [ici les brebis dociles et obéissantes, les vraies brebis] franchissent les portes des nobles [afin qu’elles puissent discerner les bénédictions des vrais consacrés et des héritiers du Royaume céleste] ».
Cet avertissement s’adresse à « celui qui a des oreilles pour entendre ». Nous sommes au temps de la dernière étape, ou étape de Laodicée, de la grande église évangélique nominale du froment et de l’ivraie (Apoc. 3 : 14-22). Cette église est réprimandée à cause de sa tiédeur, de son orgueil, de sa pauvreté spirituelle, de son aveuglement et de sa nudité, et elle reçoit le conseil d’abandonner au plus vite sa mauvaise voie, avant qu’il ne soit trop tard. Mais le Seigneur savait qu’un petit nombre seulement de ses membres écouteraient l’avertissement et l’appel ; et ainsi, une récompense est promise, non pas à tous ceux qui entendent l’avertissement et l’appel mais aux quelques-uns qui ont encore une oreille pour la vérité, et qui triomphent de la disposition générale, de l’esprit de Babylone — « Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j’ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône. Que celui qui a des oreilles [la disposition d’écouter, de prêter attention à la parole de l’Éternel] entende ce que l’Esprit dit aux églises ». Quant à ceux qui n’ont pas d’oreilles pour entendre, qui ne sont pas disposés à écouter, à ceux-là le Seigneur manifestera son indignation.
Cette attitude d’orgueil, de piété dont on se targue soi-même, de contentement de soi qui est, à quelques rares exceptions près, celle de toute la chrétienté, se manifeste même au plus occasionnel des observateurs. Babylone dit encore en son cœur : « Je suis assise en reine, et je ne suis point veuve, et je ne verrai point de deuil ». Elle continue à se glorifier et à vivre dans les délices. Elle dit : « Je suis riche, et je n’ai besoin de rien », et ne se rend pas compte
(P 42) qu’elle est « malheureuse et misérable, et pauvre et aveugle, et nue ». Elle ne prend pas garde au conseil du Seigneur d’acheter de lui (au prix du sacrifice de soi) de l’or passé au feu (les vraies richesses, les richesses célestes, « la nature divine »), et des vêtements blancs (la justice imputée de la robe de Christ que tant de chrétiens rejettent maintenant, pour paraître devant Dieu dans leur propre injustice), et d’oindre ses yeux de collyre (la consécration et la soumission complètes à la volonté divine indiquée dans les Écritures), afin qu’elle puisse voir et être guérie. — Apoc. 3 : 18.
L’esprit du monde a si bien pris possession des pouvoirs ecclésiastiques de la chrétienté, que toute réformation des systèmes est impossible ; seuls des individus peuvent échapper au sort qui les attend en sortant promptement et à temps de ces systèmes. L’heure du jugement est venue, et maintenant même, sur ses murailles, la main de la providence divine trace les mots mystérieux : « Méné, Méné, Tékel, Upharsin » – DIEU A COMPTE TON REGNE, ET Y A MIS FIN ! TU ES PESÉ DANS LA BALANCE, ET TROUVE LEGER ! D’autre part, le prophète (Esaïe 47) parle maintenant, disant :
« Descends, et assieds-toi dans la poussière, vierge, fille de Babylone [paroles dites en dérision, parce qu’elle prétend être pure]. Assieds-toi par terre, il n’y a pas de trône, fille des Chaldéens ; car tu ne seras plus appelée tendre et délicate… ta nudité sera découverte ; oui, ta honte sera vue. Je tirerai vengeance, et je n’épargnerai personne … Assieds-toi dans le silence, et entre dans les ténèbres, fille des Chaldéens ; car tu ne seras plus appelée maîtresse des royaumes… Tu as dit je serai maîtresse pour toujours, jusqu’à ne point prendre ces choses à cœur ; tu ne t’es point souvenue de ce qui en serait la fin.
« Et maintenant, écoute ceci voluptueuse, qui habites en sécurité, qui dis en ton cœur :
(P 43) c’est moi, et il n’y en a pas d’autre ; je ne serai pas assise en veuve, et je ne saurai pas ce que c’est que d’être privée d’enfants. Ces deux choses t’arriveront en un instant, en un seul jour, la privation d’enfants et le veuvage [comparer Apoc. 18 : 8] ; elles viendront sur toi en plein, malgré la multitude de tes sorcelleries, malgré le grand nombre de tes sortilèges. Et tu as eu confiance en ton iniquité ; tu as dit : Personne ne me voit. Ta sagesse [mondaine] et ta connaissance, c’est ce qui t’a fait errer ; et tu as dit en ton cœur : C’est moi, et il n’y en a pas d’autre ! Mais un mal viendra sur toi, dont tu ne connaîtras pas l’aube ; et un malheur tombera sur toi, que tu ne pourras pas éviter, et une désolation que tu n’as pas soupçonnée viendra sur toi subitement ». — Comparez verset 9 et Apoc. 18 : 7.
Ce sont là les déclarations solennelles prononcées contre Babylone et contre tous ceux qui entendent la voix d’avertissement et les instructions adressées par l’Éternel à son peuple qui se trouve encore au sein de Babylone, car « ainsi dit l’Éternel : … Fuyez du milieu de Babylone, et sauvez chacun sa vie ! Ne soyez pas détruits dans son iniquité, car c’est le temps de la vengeance de l’Éternel : il lui rend sa récompense… Subitement Babylone est tombée, et elle a été brisée… Nous avons traité Babylone, mais elle n’est pas guérie ; abandonnez-la ; … car son jugement atteint aux cieux et s’est élevé jusqu’aux nues… Sortez du milieu d’elle, mon peuple ! et sauvez chacun son âme de l’ardeur de la colère de l’Éternel ». — Jér. 51 : 1, 6, 8, 9, 45. Comparez avec Apoc. 17 : 3-6 ; 18 : 1-5.
Pour ceux qui veulent obéir au commandement de sortir de Babylone, il n’y a qu’un seul lieu de refuge ; il ne se trouve pas dans une nouvelle secte, dans un nouvel esclavage, mais dans « la demeure secrète du Tout-Puissant — le lieu ou la condition de l’entière consécration, typifié par le Très-Saint du Tabernacle et du
(P 44) Temple (Ps. 91). « Celui qui habite dans la [demeure] secrète du Très-Haut logera à l’ombre du Tout-Puissant. » Et celui-là peut dire au milieu de toutes les calamités de ce mauvais jour : « L’Éternel est mon refuge et ma forteresse, mon Dieu : en lui je me confie ».
Sortir de Babylone ne peut pas signifier émigrer physiquement du milieu des nations de la chrétienté, car non seulement la chrétienté mais aussi toute la terre, doit être consumée par le feu [la détresse ardente] de la colère de l’Éternel ; il est vrai que le plus fort de sa colère se manifestera contre les nations éclairées de la chrétienté qui ont connu la volonté de l’Éternel, ou du moins ont eu la facilité et la possibilité de la connaître. L’idée de ce commandement est une séparation du joug et des liens de la chrétienté ; c’est n’avoir ni part, ni lot à ses organisations civiles, sociales ou religieuses, et cela par principe et conformément à une méthode sage et dirigée par Dieu.
En principe, aussitôt que la lumière croissante de la vérité de la moisson éclaire notre esprit et rend manifestes les difformités de l’erreur, nous devons être fidèles à la lumière et rejeter l’erreur en lui retirant toute notre influence et tout notre appui. Cela implique que nous nous retirions des diverses organisations religieuses dont les doctrines dénaturent et violent la Parole de Dieu ; en outre, cela nous place dans l’attitude d’étrangers vis-à-vis de tous les pouvoirs civils existants ; non pas d’étrangers hostiles, mais de ceux qui sont pacifiques et soumis aux lois, qui rendent à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ; des étrangers dont la bourgeoisie est dans le ciel, et non sur la terre, et dont l’influence est toujours en faveur de la droiture, de la justice, de la miséricorde et de la paix.
Le principe dans certains cas, la pratique dans d’autres, nous sépareront des divers arrangements sociaux parmi les hommes. Par principe, quiconque est empêtré dans des serments et des obligations des diverses
(P 45) sociétés secrètes devrait se trouver libéré, car autrefois, vous étiez ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur, vous devriez marcher comme des enfants de lumière, n’ayant rien de commun avec les œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt les reprenant. — Eph. 5 : 6-17.
Cependant, alors que nous nous approchons de plus en plus du grand dénouement de ce « mauvais jour », il apparaîtra sans nul doute évident à ceux qui considèrent la situation du point de vue de « la ferme parole prophétique », que même où il ne s’agit pas de principes, il est sage de se libérer des divers liens sociaux et financiers qui doivent inévitablement céder aux ravages de la révolution et de l’anarchie universelles. A ce moment-là (et n’oublions pas que ce sera probablement dans les quelques prochaines années), les organisations financières, y compris les compagnies d’assurances et les Société de secours mutuel (« beneficial societies ») s’écrouleront et les « trésors » qui y sont déposés seront absolument sans valeur. Ces cavernes et ces rochers des montagnes ne fourniront pas la protection désirée contre la colère de ce « mauvais jour » lorsque les grandes vagues du mécontentement populaire écumeront et s’abattront contre les montagnes (royaumes — Apoc. 6 : 15-17 ; Ps. 46 : 3). Le temps viendra où les hommes « jetteront leur argent dans les rues, et leur or sera [rejeté] comme une impureté ; leur argent ni leur or ne pourra les délivrer au jour de la fureur de l’Éternel ; ils ne rassasieront pas leurs âmes [avec leur richesse], et ne rempliront pas leurs entrailles, car c’est ce qui a été la pierre d’achoppement de leur iniquité » (Ezéch. 7 : 19. Comparez également les versets 12-18, 21, 25-27). Ainsi l’Éternel rendra-t-il la vie d’un homme plus précieuse que l’or fin, plus précieuse même que l’or d’Ophir. — Es. 13 : 12.
Cependant, ceux qui ont fait du Très-Haut leur refuge n’ont pas à craindre l’approche de pareils moments. Il les couvrira de ses plumes et sous ses ailes ils trouveront un refuge ; oui, il leur montrera son salut. Lorsque la confusion la plus insensée s’approchera, ils pourront réconforter leur cœur par
(P 46) l’assurance bénie que « Dieu est notre refuge et notre force, un secours dans la détresse », et dire « c’est pourquoi nous ne craindrons point, quand la terre serait transportée [quand l’ordre social actuel serait entièrement renversé] de sa place, et que les montagnes [royaumes] seraient remuées et jetées au cœur des mers [engloutis par l’anarchie], quand ses eaux mugiraient, qu’elles écumeraient, et que les montagnes seraient ébranlées à cause de son comportement ». Dieu sera au milieu de ses saints fidèles qui cherchent en lui leur refuge, et ils ne seront point ébranlés. Dieu secourra Sion au lever du matin ; elle sera « trouvée digne d’échapper à toutes ces choses qui doivent arriver » sur le monde. — Ps. 46 ; Luc 21 : 36.2