Chapitre 7

ETUDE VII

LE SOUVERAIN SACRIFICATEUR
DE LA RECONCILIATION
« LE FILS DE L’HOMME »

Ce que ne signifie pas ce titre. — Sa signification. — Nul autre ne peut revendiquer les honneurs indiscutables qu’il comporte. — Le Fils de l’Homme vu par le monde. — Les opinions de Pilate, de Rousseau, de Napoléon. ­Signification des expressions : « Il n’avait ni beauté, ni éclat qui nous le fasse désirer » ; et « Tellement son visage était défait », « Il se distingue entre dix mille », « Toute sa personne est pleine de charme ».

BEAUCOUP de titres sont appliqués à Jésus et parmi eux, l’un des plus fréquemment employés par lui-même est celui de « Fils de l’Homme ». Certains ont tendance à croire qu’il s’agit de l’admission par Jésus qu’il était un fils de Joseph ; mais cela est entièrement faux,, car il ne reconnut jamais que Joseph était son père. Au contraire, on remarquera que ce titre qu’il s’applique à lui-même est relatif non seulement à sa vie terrestre, mais également à sa condition et à sa gloire présentes. De ce fait, certains autres ont sauté à l’extrême opposé pour prétendre que cette appellation indique que notre Seigneur est maintenant un homme dans le ciel, possédant toujours sa nature humaine. Ceci, comme nous allons nous efforcer de le démontrer, est une pensée absolument sans fondement, une fausse interprétation du titre « Le Fils de l’Homme ». En attendant, notons qu’une telle idée est en désaccord complet avec l’enseignement général de la Bible. Les Ecritures déclarent avec force que l’abaissement de notre Seigneur jusqu’à prendre la nature humaine ne devait pas durer éternellement, mais avait simplement pour objet d’accomplir la rédemption de

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l’homme en payant le châtiment à sa place ; ce faisant, notre Seigneur prouva accessoirement sa fidélité personnelle au Père, ce qui lui valut, immédiatement après, d’être élevé hautement, non seulement à la gloire qu’il avait auprès du Père avant que le monde fût, mais à une gloire plus excellente, bien au-dessus des anges, principautés et puissances — à la nature divine et à la droite,

à la place de faveur, de la Majesté dans les lieux très hauts.

Notez avec soin quelques-uns des emplois suivants de ce titre par notre Seigneur :

« Le Fils de l’Homme enverra ses anges », à l’époque

de la moisson de cet Age de l’Évangile. — Matth. 13 : 41. (D.)

« Ainsi sera la présence du Fils de l’Homme », à la moisson, à la fin de cet Age. — Matth. 24 : 27, 37. (D.)

« Quand le Fils de l’Homme viendra dans sa gloire, et

tous les saints anges avec lui ». Matth. 25 : 31. (D.).

« Le Fils de l’Homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père ». — Marc 8 : 38: (D.)

« Si donc vous voyez le Fils de l’Homme monter où il était auparavant ». — Jean 6 : 62. (D.)

« Celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’Homme ». — Jean 3 : 13. (D.) (Les mots « qui est dans le ciel » sont omis par les plus anciens).

Ces passages identifient « Le Fils de l’Homme » avec le Seigneur de gloire, avec l’homme Christ Jésus qui se donna lui-même, et avec le Logos pré-humain qui est descendu du ciel et fut fait chair. Et il est évident que les Juifs n’avaient pas à l’idée que le titre « Le Fils de l’Homme » signifiait le fils de Joseph ou, dans le sens ordinaire, le fils d’un homme, celui qui reçoit la vie d’un père humain : cela est montré par le fait qu’ils s’informèrent

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en ces termes : « Nous avons appris par la loi que le Christ demeure éternellement : et comment, toi, dis-tu qu’il faut que le Fils de l’Homme soit élevé ? Qui est ce Fils de l’Homme ? » (Jean 12 : 34). Les Juifs identifiaient évidemment l’expression « le Fils de l’Homme » avec leur Messie espéré, basant sans aucun doute leurs espérances, dans une grande mesure, sur la déclaration de Dan. 7 : 13 : « Je voyais dans les visions de la nuit, et voici, quelqu’un comme un fils d’homme vint avec les nuées des cieux, et il avança jusqu’à l’Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. Et on lui donna la domination, et l’honneur, et la royauté, pour que tous les peuples, les peuplades et les langues, le servissent. Sa domination est une domination éternelle; qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit ».

Notre Seigneur s’identifia avec cette description en Apoc. 14 : 14, où il se représente lui-même comme étant quelqu’un « semblable au Fils de l’Homme, ayant sur sa tête une couronne d’or, et dans sa main une faucille tranchante » — le Moissonneur de la moisson de l’Age de l’Évangile.

Néanmoins, même si nous sommes assurés que ce titre ne concerne en aucun sens le Fils de Joseph, même si la preuve est faite que la nature humaine, prise dans ce dessein, fut à jamais sacrifiée, et que maintenant, il est un être-esprit vivifiant de l’ordre le plus élevé (Héb. 2 : 9, 16 ; 1 Pi. 3 : 18 ; Jean 6 : 51 ; Phil. 2 : 9), la question se, pose toujours : Pourquoi notre Seigneur choisit-il pareil nom, pareil titre ? Ne sommes-nous pas en droit de croire qu’il doit certainement y avoir quelque motif particulier à cela, sinon ce choix spécial n’aurait eu lien, étant donné que chacun des titres de notre Seigneur (lorsqu’on les comprend) a une signification particulière ?

Il y a une raison très importante à l’usage de ce titre : il est très honorable, parce qu’il rappellera à perpétuité la

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grande Victoire de Jésus : son obéissance humble et fidèle à tous les arrangements du Père Céleste, même jusqu’à la mort et même jusqu’à celle de la croix ; par son sacrifice il acquit le titre à tous les honneurs présents et futurs, à la gloire, à la dignité, à la puissance et à la nature divine. Ce titre « Le Fils de l’Homme » rappelle d’une manière directe, à la fois aux anges et aux hommes, la grande démonstration de l’humilité de l’Unique Engendré du Père, et le principe qui est à la base du gouvernement divin : celui qui s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé. Ainsi, chaque fois que ce titre est employé, il exprime tout un volume d’instructions de haute valeur pour tous ceux qui veulent être enseignés de Dieu, qui ont le désir de l’honorer, et de faire les choses qui sont agréables à ses yeux.

Si nous pouvons dire que notre Seigneur fut fait « de la postérité de David », et « de la semence d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », il fut également de la semence d’Adam, par Eve la mère ; et pourtant, comme nous l’avons vu, il fut « sans souillure et séparé des pécheurs ». « La semence de la femme » est mise en antagonisme avec la semence du serpent ; cependant il n’est nullement laissé à entendre qu’Eve aurait eu quelque semence que ce soit en dehors de son mari, Adam. Et, s’il est juste de penser et de dire que notre Seigneur est la semence de David, il est également juste de penser qu’il est la semence d’Adam, par Eve. Nous croyons que telle est l’idée cachée derrière ce titre « Le Fils de l’Homme ».

Adam, en sa qualité de chef de la race, et chargé de lui donner la vie, ne put, à cause de sa désobéissance, donner la vie éternelle à sa postérité ; néanmoins, selon la promesse divine, le temps viendrait où le Messie, s’identifiant avec la race d’Adam, rachèterait ce dernier et toute sa descendance. Adam fut l’homme par excellence parce

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qu’il fut la tête (chef) de la race humaine, et qu’en lui résidait le titre donnant droit à la possession de la terre et à sa domination. Notez l’allusion prophétique faite à Adam : « Qu’est-ce que l’homme, que tu te souviennes de lui, et le fils de l’homme que tu le visites ? tu l’as fait de peu inférieur aux anges, et tu l’as couronné de gloire et d’honneur. Tu l’as fait dominer sur les œuvres de tes mains ; tu as mis toutes choses sous ses pieds ; les brebis et les bœufs, tous ensemble, et aussi les bêtes des champs, l’oiseau des cieux, et les poissons de la mer, ce qui passe par les sentiers des mers ». — Ps. 8 : 4-8.

Ce droit (royauté, domination) terrestre sombra dans la confusion, fut perdu par la chute, mais fit intégralement partie de ce qui fut racheté par la grande offrande pour le péché. C’est ainsi qu’il fut écrit de notre Seigneur : « Et toi, Tour du Troupeau… à toi arrivera et reviendra la domination première » (Michée 4 : 8) Nous voyons ainsi que l’espérance du monde, d’après l’arrangement divin, reposait sur la venue d’un fils illustre et héritier d’Adam, d’un fils illustre d’Abraham, d’un fils illustre de David, d’un fils illustre de Marie. Cela n’impliquait pas non plus que la vie de ce fils proviendrait soit d’Adam, soit d’Abraham, soit de David ou de Marie. Comme nous l’avons vu précédemment, un beau-fils ou gendre, sous l’arrangement divin, est considéré comme un membre de la famille, et a la capacité de racheter un héritage abandonné et d’en reprendre possession. Dans le cas de notre Seigneur, nous avons vu clairement que d’une parenté terrestre ne provenait pas sa vie, mais seulement son organisme physique — que la vie procédait et venait de Dieu, et qu’à l’origine il était connu comme le Logos.

Plus nous étudions ce sujet, et plus tout ce que nous venons de dire paraît clair, car celui qui étudie le grec peut, dans tous les exemples où notre Seigneur emploie cette expression « Le Fils de l’Homme », se rendre compte sans peine, qu’il le fait d’une manière emphatique, forme

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qu’on ne discerne pas dans les traductions anglaise et française et qui, pour être appréciée devrait être exprimée en appuyant, en soulignant les deux mots « le », comme ceci : « Le Fils de l’Homme ». Notre Seigneur avait un droit indiscutable à ce titre. Comme Adam seul fut parfait et- que tous ses descendants furent une race dégénérée, à l’exception de ce seul Fils qui, de lui-même, consentit à devenir un membre de la race d’Adam, pour être le Rédempteur de toutes ses possessions perdues, de même, lorsque Jésus accomplit l’acte de rédemption de la race et qu’il la libéra ainsi de la malédiction ou sentence de mort, il acquit d’une manière légale et indiscutable le titre ou droit d’être le fils de l’homme.

Ce titre n’appartint pas en toute légitimité à Jésus seulement pendant le temps où il donna sa vie en

rançon pour tous », mais il lui appartient encore légitimement pendant le présent Age de l’Évangile, alors que progresse la sélection de ceux qui travaillent avec lui à réaliser le programme grandiose du rétablissement de toutes choses. Et ce titre appartiendra légitimement bien plus encore à notre Seigneur, durant la période de son Règne millénaire, lorsque lui, le Fils (maintenant haute– ment élevé et changé) de l’homme (Adam), poursuivra l’œuvre du rétablissement, « la rédemption [délivrance] de la possession acquise ». — Eph. 1 : 14 ; Ruth 4 : 1-10.

« L’HOMME CHRIST JÉSUS » VU PAR DES -INCROYANTS

Les disciples dévoués du Seigneur Jésus Christ “ne furent pas les seuls à reconnaître sa sagesse et sa grâce, et à remarquer qu’il était « rempli de toute la plénitude de Dieu », mais même ses adversaires le reconnurent comme de beaucoup supérieur au commun de notre race. Nous lisons en effet : « Et tous lui rendaient témoignage

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et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche » (Luc 4 : 22). D’autres disaient : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jean 7 : 46). Pilate, répugnant de détruire la vie du plus noble Juif qu’il eût jamais vu, tenta, comme un dernier recours, d’apaiser la malveillance de la multitude ; car il se rendait compte qu’elle était excitée par les scribes et les pharisiens, envieux et jaloux de la popularité de notre Seigneur. Finalement, Pilate fit amener Jésus devant ses accusateurs, évidemment avec l’idée qu’un regard sur les nobles traits de Jésus détournerait leur haine et leur méchanceté. Pilate présenta Jésus et s’exclama : « Voici l’Homme ! », en mettant sur les mots, une insistance qui ne ressort pas de nos traductions, à moins que l’on puisse appuyer sur 1′. C’est comme s’il avait dit : « L’homme que vous me demandez de crucifier n’est pas seulement le Juif supérieur à tous les autres Juifs, mais il est l’Homme supérieur à tous les autres hommes. C’est au sujet de la condition d’homme de Jésus que Jean déclare : « Le Logos fut fait chair et… nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père, pleine de grâce et de vérité ». — Jean 1 : 14 ; 19 : 5.

A cet égard, rappelons ici l’éloge souvent cité et bien connu sur « Le Fils de l’Homme » et ses enseignements, par (Jean-Jacques) Rousseau, le célèbre écrivain français, dans son ouvrage « Emile ou de l’éducation» comme suit : Voyez les livres des philosophes avec toute leur pompe ; qu’ils sont petits près de celui-là ! Se peut-il qu’un livre à la fois si sublime et si simple soit l’ouvrage des hommes ? Se peut-il que celui dont il fait l’histoire ne soit qu’un homme lui-même ? Est-ce là le ton d’un enthousiaste ou d’un ambitieux sectaire ? Quelle douceur, quelle pureté dans ses mœurs ! Quelle grâce touchante dans ses instructions ?

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Quelle élévation dans ses maximes ! Quelle profonde sagesse dans ses discours ! Quelle présence d’esprit, quelle finesse et quelle justesse dans ses réponses ! quel empire sur ses passions ! où est l’homme, où est le sage qui sait agir, souffrir et mourir sans faiblesse et sans ostentation ? Disons-nous que l’histoire de l’Evangile est inventée à plaisir ? Mon ami, ce n’est pas ainsi qu’on invente, et les faits de Socrate, dont personne ne doute, sont moins attestés que ceux de Jésus-Christ. Jamais des auteurs juifs n’eussent trouvé ni ce ton, ni cette morale ; et l’Évangile a des caractères de vérité si grands, si frappants, si parfaitement inimitables, que l’inventeur en serait plus étonnant que le héros ».

L’éloge qui suit sur « le Fils de l’Homme » est attribué au célèbre Napoléon Bonaparte.

« Du commencement jusqu’à la fin, Jésus est le même, toujours le même : majestueux et simple, infiniment sévère et infiniment bienveillant. Dans toute sa vie entièrement connue du public, il ne fut jamais pris en faute. La prudence de sa conduite excite notre admiration, par son mélange de forcé et de douceur. Dans ses discours comme dans ses actes, il est éclairé, logique et calme. Le sublime est, dit-on, un des attributs de la divinité : quel nom donnerons-nous donc à celui dont le caractère réunissait tous les éléments du sublime ? »

« Je connais les hommes, et je puis vous dire que Jésus n’était pas un homme. Chez lui tout me confond. Il est impossible de le comparer avec tout autre être humain. Il est véritablement un être unique. Ses idées, ses sentiments, la vérité qu’il proclame, la manière dont il parle, tout cela dépasse ce qui est humain et l’ordre naturel des choses. Sa naissance, l’histoire de sa vie, la profondeur de sa doctrine qui surmonte toutes les difficultés et donne leur solution complète, son Évangile, la singularité de cet être mystérieux, et son aspect extérieur, son empire, les progrès qu’il a accomplis au cours des siècles et des

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royaumes, tout cela est pour moi un prodige, un mystère insondable. Je ne vois rien en lui d’un homme. Je puis m’approcher aussi près que possible, et le scruter aussi profondément que je puis, tout demeure au-dessus de toute comparaison, tout reste grand d’une grandeur qui m’écrase. J’ai beau réfléchir, tout demeure inconcevable ! Je vous mets au défi de citer une autre vie analogue à celle de Christ ».

En vérité, la réalité dépasse la fiction, et l’homme parlait Christ Jésus, oint de l’esprit du Très-Haut, fut si différent de la race imparfaite dont il s’occupa en vue de sa rédemption, que le monde est certainement excusable lorsqu’il se demande si Jésus n’était pas plus qu’un homme. Assurément, il fut plus, beaucoup plus qu’un simple homme — beaucoup plus qu’un homme pécheur : il fut séparé des pécheurs, et, comme homme parfait, il était l’image et la ressemblance mêmes du Dieu invisible.

« IL N’AVAIT NI BEAUTÉ NI ÉCLAT QUI NOUS LE FIT DÉSIRER »

« Il montera devant lui comme un rejeton et comme une racine sortant d’une terre aride. Il n’a ni forme ni éclat ; quand nous le voyons, il n’y a point d’apparence en lui pour nous le faire désirer. Il est méprisé et délaissé des hommes, homme de douleurs, et sachant ce que c’est que la langueur, et comme quelqu’un de qui on cache sa lace ». — Es. 53 : 2, 3.

D’aucuns ont insinué que ce passage biblique indique que l’apparence personnelle de Jésus était inférieure à celle des autres hommes, et ont donc vu là la preuve qu’il n’était pas séparé des pécheurs, mais était un pécheur, qu’il subissait le châtiment, la dégradation du pécheur. Nous ne sommes pourtant pas du tout de cet

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avis, car cette conception est contraire à l’orientation générale du témoignage scriptural ; nous sommes enclin, au contraire, à faire accorder cette déclaration avec le témoignage général des Écritures sur ce sujet, si cela peut être fait en respectant les principes corrects d’interprétation, et nous croyons que cela peut se faire et se démontrer.

Il y a divers types d’honorabilité, de beauté, de grâce, et les idéaux diffèrent d’une manière frappante, selon les peuples, et même ceux du même peuple selon les circonstances. L’idéal de beauté qui satisfait des barbares provoque la répulsion des gens plus civilisés. Le guerrier indien, peint de rouge et de jaune, paré de coquillages et de plumes colorées, et muni d’une ceinture de scalps sanglants, serait l’idéal désirable à l’esprit •de certains sauvages. Le boxeur sur le ring, presque nu pour le combat, est l’idéal de la forme virile pour certains dans ce que l’on appelle « l’art noble ». Pour d’autres, le matador ou le toréador, richement vêtu, est l’idéal suprême du développement viril qui provoque l’admiration et les applaudissements de la foule. Ainsi, les idéaux varient selon les époques, les circonstances et les conditions. Puisque ce passage de l’Écriture traite de notre Seigneur Jésus à son premier avènement, on doit le comprendre comme signifiant que Jésus ne réalisait pas l’idéal que se faisaient les Juifs du Messie. Ce qui le prouve bien, c’est que celui que Pilate leur présenta en s’exclamant : « Voici l’Homme ! », était celui-là même contre qui les Juifs hurlèrent : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! nous n’avons pas d’autre roi que César ! ».

Nous devons nous souvenir que lors du premier avènement, la nation juive était sous le joug des Romains, et qu’elle avait été « foulée aux pieds des Gentils » pendant plus de six cents ans. Nous devons nous souvenir aussi des espérances d’Israël, basées sur les promesses faites par Dieu à Abraham, à Isaac et à Jacob, et renouvelées

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par tous les prophètes, qu’au propre temps de Dieu, celui-ci leur enverrait son Oint, un législateur plus grand que Moïse, un général plus grand que Josué, et un Roi plus grand que David ou Salomon. Nous ne devons pas oublier qu’à cette époque même, les Israélites attendaient un Messie, mais un Messie selon l’idéal qu’ils avaient imaginé ; selon le récit, tous étaient dans l’attente du Messie. Mais lorsqu’on annonça que Jésus était le Messie, son apparence était tellement différente de tout ce qu’ils avaient attendu, que leur cœur orgueilleux en éprouva de la honte, et pour ainsi dire ils lui cachèrent leur visage — lui tournèrent le dos — en particulier les chefs et les hautes personnalités de cette nation dont le commun peuple suivait les directives. — Luc. 3 : 15.

Celui qu’ils attendaient devait être à la fois un grand général, un grand roi et un grand législateur, plein de dignité, très hautain et fort ambitieux, imbu d’orgueil, d’opiniâtreté, d’arrogance et en imposant par ses paroles et par ses actes. C’était là pour eux l’idéal des qualifications nécessaires au Roi qui conquerrait le monde, et ferait d’Israël la nation dirigeante. Ils étaient témoins de l’orgueil, de l’insolence, de l’arrogance d’Hérode, désigné par, l’Empereur romain pour être leur roi ; ils avaient appris à connaître les généraux, les gouverneurs et les centurions, etc. de Rome ; ils s’imaginaient que l’empereur romain élevé au-dessus de tous dans l’empire avait obtenu sa place parce qu’il possédait au plus haut degré les qualités qu’ils préféraient eux-mêmes : s’inspirant de ces qualités, ils s’attendaient à ce que le Messie en possédât beaucoup et à un degré plus élevé encore puisqu’il devait représenter la dignité, la gloire et l’honneur bien plus grands encore de la Cour céleste dont il devait exercer l’autorité sur la terre.

Il n’est donc pas étonnant qu’avec de telles espérances relativement au Messie, ils ne fussent pas préparés à recevoir l’humble et doux Nazaréen qui accueillait pour

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compagnons des publicains et des pécheurs, et dont la seule arme pour conquérir le monde fut « l’épée de sa bouche ». Il n’est pas étonnant que lorsqu’on proclama qu’il était l’espérance d’Israël, le Roi des Juifs, le Messie, on lui tourna le dos. On comprend aussi que les Juifs aient été douloureusement déçus dans leurs fausses espérances si longtemps chéries et qu’ils aient eu honte de reconnaître « Jésus, le Roi des Juifs », disant : « Il n’a pas l’espèce de beauté, d’honneur et de gloire que nous désirions. Il n’est pas le soldat idéal, l’homme d’état et le roi qui réponde aux besoins de notre nation, ou qui puisse réaliser ses espérances tant attendues. Eh oui ! les Juifs, semblables en cela à la classe de personnes qui, de nos jours, attend le second avènement du Messie, étaient persuadés que leurs attentes basées sur les « traditions des anciens » étaient justifiées, et ils négligèrent en conséquence de sonder honnêtement et sérieusement les Écritures qui les auraient rendus « sages à salut ».

Il semble évident que c’est bien à cette apparence de Jésus, peu désirable aux yeux des Juifs, à ce manque d’ « honneur » (de beauté) de Jésus, que le prophète fait allusion. Il serait illogique de traduire et d’interpréter la prophétie, contrairement aux faits de l’histoire admis comme étant son accomplissement, ni sans tenir logiquement compte de l’affirmation répétée de sa pureté, comme l’Agneau de Dieu (saint, innocent, sans souillure et séparé des pécheurs) qui ôte le péché du monde.

 

TELLEMENT SON VISAGE ÉTAIT DÉFAIT » — Esaïe 52 : 14, 15 —

Ici encore, une traduction défectueuse a suscité des idées erronées relativement à l’apparence de notre Seigneur, et pourtant, même les lecteurs les plus négligents qui ont vu des visages de créatures humaines sérieusement

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défigurés par la débauche, par la maladie ou déformés à la suite d’un accident, ont trouvé qu’il était impossible de se faire à l’idée que le visage ou l’aspect de notre Seigneur « était défait plus que celui d’aucun homme, et sa forme plus que celle d’aucun fils d’homme ». Evidemment, il y a quelque chose d’anormal dans cette déclaration, car Pilate n’aurait pas présenté au peuple un homme répondant à une telle description en disant :

« Voici l’homme ! Ce n’est pas quelqu’un ayant cet  aspect que la foule aurait acclamé comme Fils de David, et pensé le prendre de force pour le faire roi. En outre, n’avons-nous pas l’assurance qu’aucun de ses os ne fut rompu ? Mais combien cet exposé prophétique est mieux rendu, plus en harmonie avec les faits de l’histoire biblique et les déductions logiques de sa sainteté et de sa pureté, quand il est traduit ainsi :

« Comme beaucoup ont été stupéfaits (tellement son apparence a été défigurée par l’homme et sa forme par les fils des hommes), ainsi il fera tressaillir d’étonnement beaucoup de nations ». De même que les gens de son temps furent surpris de ce qu’il put se soumettre aux injures de ceux qui le couronnaient d’épines, le frappaient, lui crachaient au visage, le crucifiaient et le perçaient, ainsi les autres, dans toutes les nations, maintenant et dans l’avenir, en entendant parler d’une « telle contradiction des pécheurs contre lui-même » (Héb. 12 : 3) ont été et seront étonnés d’une telle patience et d’une telle humilité.

« Les rois fermeront leur bouche en le voyant, car ils verront [illustré en lui par l’exemple] ce qui ne leur a pas été raconté [par les autres] ; ils comprendront ce qu’ils n’avaient jamais entendu dire par eux ». Jamais les grands de la terre n’ont entendu parler d’un roi se soumettant à de semblables insultes de la part de ses sujets, et dans le dessein de leur faire du bien. En vérité, « son

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amour surpasse celui d’un frère ». Il n’est pas surprenant que tous soient étonnés « au propre temps ».

Il n’y a pas de doute non plus que le visage de notre cher Rédempteur portait les traces de la douleur, car ainsi que nous l’avons vu, son cœur profondément sympathique fut « ému » de compassion par nos infirmités ; nul doute que la douleur creusa des sillons de plus en plus profonds jusqu’à la fin de son ministère, au Calvaire. Nous devons nous souvenir que plus l’organisme est fin, et délicate sa sensibilité, et plus il est susceptible de souffrir. Nous pouvons aisément discerner que les spectacles de désordres, de maladies, de douleurs et de dépravation, auxquels nous nous habituons plus ou moins parce que nous subissons aussi nous-mêmes les conséquences de la chute et parce que nous sommes en contact permanent avec les maux humains, tout cela doit avoir été beaucoup plus pénible à supporter par celui qui est parfait — saint, innocent, sans souillure et séparé des pécheurs.

Nous voyons la même chose illustrée à un certain degré dans notre propre expérience. Si des personnes de sensibilité plutôt délicate, qui ont été habituées au luxe, à la distinction, à la beauté, à un entourage bienveillant, visitent les quartiers déshérités d’une ville, et remarquent la déchéance, les conditions défavorables, les mauvaises odeurs, les bruits désagréables, les spectacles lamentables de saleté repoussante, elles sont sûres d’avoir le cœur profondément remué ; involontairement leur visage se tire, et elles pensent : Qu’il serait terrible de vivre dans de pareilles conditions ; mieux vaudrait mourir ! Et cependant, tout en faisant ces réflexions, peut-être ces personnes aperçoivent-elles des enfants qui s’amusent gaiement, et peut-être la lavandière qui reprend un air de chanson tout en travaillant, ou un homme lisant son journal d’un air satisfait, ou encore un gamin essayant de tirer des sons d’un vieil instrument. Ces choses montrent que ceux qui sont accoutumés à vivre dans de semblables

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conditions, à voir de tels spectacles, à entendre ces bruits, à respirer ces odeurs, en souffrent beaucoup moins que ceux qui, depuis leur enfance, sont habitués à vivre dans un milieu distingué.

Cette leçon illustre, cependant, dans une bien faible mesure, la différence entre l’opinion de notre Seigneur sur la condition de péché et d’affliction de la terre, et la nôtre. Etant un être parfait qui avait quitté les parvis de la gloire céleste et s’était humilié pour partager les maux de l’homme, pour lui montrer sa sympathie et pour le racheter, il ressentit certainement beaucoup plus que nous, les misères de « la création gémissante ». Quoi de surprenant, alors, à ce que le poids de nos afflictions ait jeté une ombre sur la magnifique beauté de son visage parfait ! Quoi d’étonnant à ce que le contact avec les détresses de la terre, et sa participation volontaire aux faiblesses et aux maladies humaines (au prix de sa vie, de sa vitalité, comme nous l’avons vu) aient marqué profondément le visage et le corps du Fils de l’homme ! Et pourtant, nous ne pouvons douter un seul instant que le visage de notre Rédempteur n’ait eu une expression calme, dans laquelle on remarquait un mélange de joie et de douleur, d’affliction et de paix ; son intimité avec le Père Céleste, la communion du saint Esprit et l’approbation de sa propre conscience, le sentiment d’avoir accompli toutes choses dans le but d’être agréable à Dieu, tout cela était la cause de la sérénité qui se lisait sur le front de notre Sauveur. La connaissance qu’il avait du plan du Père Céleste l’avait certainement rendu capable de se réjouir dans les choses dont il souffrait, complètement persuadé que dans un court laps de temps elles produiraient non seulement une bénédiction pour lui-même, mais aussi « le salut jusqu’aux extrémités de la terre ». Si donc les souffrances des hommes avaient assombri son visage, nous pouvons avoir l’assurance que Jésus n’en conservait pas moins une expression de foi et

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d’espérance ; la paix de Dieu qui surpasse toute, intelligence gardait son cœur et lui permettait de se réjouir sans cesse au milieu des plus grandes contradictions qu’il endurait de la part des pécheurs.

 

IL SE DISTINGUE ENTRE DIX MILLE »

Tout ce qui s’apparente à la beauté, à la bonté, à la vérité et à l’amour, déplaît au cœur corrompu, envieux, haineux, de la nature déchue ; il n’y découvre rien de beau, rien de désirable — tout est pour lui comme un reproche, un blâme. Notre Seigneur exprima cela avec force lorsqu’il déclara : « Les ténèbres haïssent la lumière et ceux qui sont des ténèbres ne viennent pas à la lumière, parce que la lumière manifeste leurs ténèbres » (Jean 3 : 19, 20 — V.A.). Ainsi, un cœur mauvais peut-il parfois haïr et mépriser un visage splendide, un visage aimable ; nous en avons un exemple supplémentaire, non seulement parce que notre Rédempteur fut ainsi méprisé par ceux qui criaient : « Crucifie-le ! » mais aussi dans d’autres cas. Considérez les divers récits de martyre pour la cause de la Vérité et remarquez combien les persécuteurs furent peu touchés par la douceur, la tendresse que reflétait le visage de ceux qui pouvaient dominer leurs souffrances personnelles et prier pour la bénédiction de leurs persécuteurs. Le témoignage se rapportant au premier martyr chrétien, Etienne, déclare que son visage était rayonnant et beau, au point d’être comparable même à celui d’un ange : « Tous ceux qui étaient assis dans le sanhédrin ayant les yeux arrêtés sur lui, virent son visage comme le visage d’un ange » (Actes 6 : 15). Et pourtant, leur cœur était si dur que loin d’aimer son visage angélique (lequel devait être beaucoup moins angélique que celui du Maître), et au lieu de prêter attention à ses merveilleuses paroles (qui devaient être moins merveilleuse

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que celles du Grand Instructeur), « d’un commun accord, ils se précipitèrent sur lui… et ils lapidèrent Etienne », de même qu’ils avaient crié à Pilate de crucifier le Seigneur de gloire.

« Oui, toute sa personne est désirable ».

 

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La gloire de Dieu

« Les cieux content ta gloire, ô Dieu,

A travers l’insondable espace ;

Si l’esprit l’explore en tout lieu,

Partout, il peut trouver ta trace. »

 

« Auteur des lois de l’Univers,

Et Préservateur de sa grâce,

A toi, nos saluts sont offerts,

Cause première, Esprit sagace ! »

 

« Quand tout en Christ sera parfait,

Choses des cieux et de la terre,

La terre et les cieux à souhait,

Chanteront ta louange altière. »

 

« Voyant ta gloire par la foi,

Dieu de sagesse, amour et grâce,

Nous nous inclinons devant Toi

Et languissons de voir Ta face. »

( Hymne 283 )