Chapitre 2

ETUDE II

LA NOUVELLE-CREATION

La Nouvelle-Création séparée et distincte de toutes les autres. ­Pourquoi est-elle choisie parmi la création humaine plutôt que parmi les autres ? — Le but de son élection. — Missions pré­sente et future. — Comment ont lieu l’engendrement et la naissance à la nouvelle nature ? — L’étroite parenté de tous les membres de- la Nouvelle-Création entre eux et avec leur Capitaine, Chef et Epoux. — béveloppement et épreuves de ces membres. — Le sixième sens pu sens spirituel de la Nou­velle-Création pour le discernement des choses spirituelles. ­A quel nom la Nouvelle-Création doit-elle répondre pour être loyale à son Chef et ne se séparer d’aucun des frères ?

LES Ecritures nous parlent fréquemment de l’Eglise de l’Age de l’Evangile comme d’une Nouvelle-Création. Ses membres définitifs, les vainqueurs, sont spécifiquement désignés comme de « Nouvelles-Créatures » en Jésus-Christ (2 Cor. 5: 17). Malheureusement, il est devenu courant chez des chrétiens pleinement consacrés comme chez d’autres, de lire les paroles d’inspiration divine d’une manière confuse et embrouillée qui, faute de donner aux déclara­tions bibliques leur réelle signification, prive le lecteur d’une grande partie de la bénédiction, du réconfort et de l’instruction qu’il pourrait avoir s’il employait une méthode plus raisonnable et s’il était plus complètement rempli de l’esprit du disciple, du désir de saisir la révélation divine. La difficulté provient en grande partie de ce qu’ordinaire­ment les lecteurs de la Parole n’y cherchent pas leur propre instruction, mais la lisent plutôt d’une manière superficielle comme pour s’acquitter d’un devoir ou pour prendre du repos. Quand ils désirent une explication concernant le plan divin, ils ont recours à des commen­taires et à des catéchismes. Ces derniers, ainsi que les ecclésiastiques, instructeurs vivants, devraient être des aides pour guider les pèlerins, de Sion vers une connais­sance plus claire du caractère de Dieu et

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de son plan ; malheureusement, ils sont souvent le contraire. Très sou­vent ils obscurcissent le jugement, apportent la perplexité, interprètent mal la Parole divine en sorte que ceux qui ont confiance en eux sont conduits loin de la lumière plutôt que vers elle.

Cet égarement n’est pas intentionnel, car nous devons supposer que professeurs et auteurs enseignent à leurs lecteurs ce qu’ils ont de meilleur. Pour trouver la source de ces difficultés, il faut remonter très loin. Il y a près de 1 800 ans, lorsque les apôtres « furent endormis », l’ennemi, Satan, eut une main libre dans l’Eglise, le champ de fro­ment du Seigneur et, comme le prophétisa la parabole de notre Seigneur, il sema l’ivraie de l’erreur à profusion (Matt. 13 : 24, 36 à 43). Ces erreurs tordirent et déformèrent plus ou moins chaque vérité de la révélation divine en sorte que, avant que le quatrième siècle n’eût pointé, le champ de froment du Seigneur était pratiquement devenu un champ d’ivraie dans lequel ne se trouvait plus qu’une faible proportion de froment véritable. Les ténèbres de l’erreur s’appesantirent de plus en plus sur l’Eglise. Pen­dant dix siècles le « Mystère de l’Iniquité » prévalut et une épaisse obscurité recouvrit les peuples. La plupart des gens les plus intelligents du « monde chrétien » appellent aujourd’hui ces dix siècles « les siècles des ténèbres », et nous devons nous souvenir que ce fut au milieu de cette épaisse obscurité que le Mouvement de la Réformation prit naissance. La lumière des Réformateurs commença à briller au milieu des ténèbres et, Dieu merci, est allée en brillant de plus en plus depuis lors ! Cependant, nous ne devons pas nous étonner que les Réformateurs eux-mêmes, formés au milieu de ces ténèbres épaisses, aient été plus ou moins contaminés par elles, et qu’ils ne réussirent pas immédiatement à se purifier de toutes ces erreurs corrup­trices ; nous aurions plutôt considéré comme un vrai miracle leur brusque passage de l’obscurité épaisse à la pleine et claire lumière du caractère et du plan de Dieu.

La difficulté que rencontrèrent les disciples des Réfor­mateurs dans les trois siècles passés, réside dans le fait qu’ils ont considéré comme méritoire d’accepter les credo formulés pendant cette période de la Réformation, de s’en glorifier et de considérer comme contraire à la foi tout nouveau progrès fait vers la lumière.

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Tout en honorant les Réformateurs et en nous réjouissant de leur fidélité, il nous faut tous nous souvenir qu’ils ne furent pas les lumières de l’Eglise, qu’ils ne furent pas donnés à l’Eglise pour être ses guides, mais ne furent tout au plus que des aides. Les guides établis par Dieu furent, tout d’abord, notre Seigneur ; en second lieu ses apôtres inspirés, gardés et guidés ; en troisième lieu les saints hommes de Dieu qui, dans le passé, ont parlé et écrit pour notre instruction, poussés par le saint Esprit. C’est parce que les Réforma­teurs eurent, de la part du Seigneur, un aperçu de la vraie lumière qu’ils furent capables de discerner en partie combien étaient épaisses les ténèbres qui les entouraient et de faire l’héroïque effort qu’ils firent en effet pour s’en échapper et pour retrouver la lumière de la connaissance de Dieu. Cette lumière luit sur la face de Jésus-Christ, notre Seigneur ; par toutes ses paroles et par celles des apôtres, elle nous est donnée pour être une lampe à nos pieds et une lumière à notre sentier, illuminant d’une manière croissante le sentier des justes « jusqu’à ce que le plein jour soit établi » (D.). Quiconque veut, maintenant, être un disciple du Seigneur et marcher dans la lumière doit prendre garde (sans toutefois négliger les agents humains et leurs ministères exercés verbalement ou par des écrits) à n’accepter d’eux que l’assistance qui lui permettra d’apprécier le message inspiré rapporté dans les Ecritures : « S’ils ne parlent pas selon cette parole, c’est qu’il n’y a point de lumière en eux. »

Dans des études précédentes, nous avons vu que notre Seigneur Jésus, longtemps avant de devenir « l’homme Christ Jésus » avait été « le commencement de la création de Dieu » ; nous avons vu un développement progressif parmi les créations de Dieu accomplies par le Fils Bien-aimé : chérubins, séraphins, anges et tous les divers ordres d’êtres spirituels dont peu de chose nous a été révélé. Nous venons de terminer l’étude de la création terrestre et, à la lumière de la révélation divine, nous avons discerné combien sera grandiose son achèvement durant « les temps de rétablissement de toutes choses ». Cependant, les Ecritures nous font connaître la Nouvelle-Création, que nous considérerons maintenant,

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et qui est entièrement séparée et distincte des ordres angé­liques et de l’homme. Le Père Céleste trouva bon chaque trait de son travail, car « toute son oeuvre est parfaite », et chaque classe ou ordre est parfait en lui-même, ou le deviendra lorsque arrivera le temps du grand Jubilé dont il a été question dans un chapitre précédent. La création de ces divers ordres ne doit donc pas être comprise comme un mécontentement de la part du Créateur et un essai de créer quelque chose de mieux ou de plus satisfaisant ; nous devons plutôt y voir une illustration de « la sagesse si diverse de Dieu ». La variété que nous voyons dans la nature, dans les fleurs, les herbes, les arbres et parmi les animaux le montre assez : chacun est partait dans son propre genre et sur son propre plan. Ce n’est pas parce. que Dieu ne fut pas satisfait de la rose qu’il fit l’œillet ou la pensée, mais les variétés quant à la forme, à la beauté et au parfum nous donnent un aperçu de la longueur, de la largeur, de la hauteur et de la profondeur de l’intelli­gence divine : diversité dans l’harmonie ; beauté et per­fection exprimées dans des formes diverses, des modèles divers et des couleurs diverses. Ainsi en est-il des créations intelligentes — des fils de Dieu sur divers plans d’existence.

De ce point de vue, nous comprenons que, quel que soit le nombre de créations que Dieu puisse appeler à l’existence, il n’y aura aucun sujet de jalousie entre elles, car chacune étant parfaite sur son propre plan et dans sa propre sphère, sera pleinement satisfaite de sa propre condition et la préférera réellement à toute autre ; de même qu’un poisson est satisfait d’être poisson plutôt que oiseau, inversement l’oiseau est satisfait de sa nature ; ainsi, le genre humain quand il sera rétabli à la perfection humaine dans des conditions édéniennes, sera-t-il absolu­ment satisfait de ces conditions, de sorte qu’il ne convoi­tera pas la position d’ange à quelque degré que ce soit, pas plus qu’il ne convoitera la plus élevée de toutes les natures d’êtres, celle qui sera attribuée à la nouvelle-création, savoir la « nature divine » (2 Pi. 1 : 4). Les anges non plus d’ailleurs ne convoiteront la nature et les conditions des chérubins et des séraphins ou de l’homme, ni encore de la nature divine. Tous en fin de compte, comprendront que la nature divine est la plus élevée de toutes, qu’elle a des qualités et des conditions qui dépassent celles de toutes les autres natures. Pourtant,

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Dieu a arrangé les choses de telle manière que chaque nature sera si entièrement d’accord avec ses propres conditions, son milieu et sa per­fection, que chacun sera satisfait de son propre état.

Lorsque Jéhovah Dieu [l’Eternel] eut en vue la Nouvelle-Création — des participants à la nature divine (2 Pi. 1 :4), des participants à sa propre « gloire, honneur et immor­talité » (Rom. 2 : 7) — il détermina que nul ne pourrait accéder à une position aussi élevée et être éprouvé ensuite, mais qu’au contraire quiconque serait appelé à faire partie de cette Nouvelle-Création devrait d’abord soutenir l’épreuve, faire la preuve de sa loyauté au Créateur et aux principes de son juste gouvernement, absolument avant d’être exalté à cette position élevée, à cette Nouvelle-Créa-‘ tion de la nature divine. Nous venons de voir que la mise à l’épreuve de l’homme, son examen pour déterminer s’il est digne de jouir de la vie éternelle, ont été préparés : la perfection dans laquelle il fut créé à l’origine, sa chute, sa rédemption, son relèvement et le rétablissement de tous les membres de sa race qui en seront trouvés dignes. Nous venons de voir également que les anges turent créés dans la sainteté et dans la perfection de leur nature et furent par la suite mis à l’épreuve et éprouvés, mais il est évident qu’un pareil arrangement à l’égard de Nouvelles-Créatures de nature divine (c’est-à-dire leur création à la perfection de cette nature, suivie de leur mise à l’épreuve) ne convien­drait pas. Pourquoi ? Parce qu’un élément des plus impor­tants de la nature divine est l’immortalité ; lorsque nous en arrivons à comprendre que ce terme signifie une condi­tion réfractaire à la mort (Voir vol. V, p. 389.), nous pouvons saisir promp­tement que d’avoir créé n’importe quels êtres Sur le plan divin, immortels, réfractaires à la mort pour les mettre à l’épreuve, les éprouver ensuite, aurait signifié que tous ceux qui n’auraient pas atteint le niveau exigé de loyauté absolue envers Dieu, auraient été des transgresseurs immor­tels, indestructibles. Leur existence perpétuelle à travers l’éternité, comme transgresseurs, pécheurs, aurait été autant de taches, d’imperfections sur la belle création de l’univers tel que Dieu a l’intention qu’il devienne finale­ment. Nous discernons alors la profonde sagesse du plan que Dieu

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a adopté touchant cette classe la plus hautement favorisée de toutes ses créatures, en la mettant à l’épreuve d’une manière stricte, cruciale, pendant qu’elle est encore mortelle, d’une autre création de nature mortelle.

Si, en esprit, nous nous plaçons près du grand Créateur, comme ses amis intimes, et que nous évoquons la philoso­phie de l’arrangement divin concernant cette Nouvelle-Création, nous pouvons imaginer l’Eternel [Jéhovah] Dieu s’interrogeant ainsi au sujet de cette Nouvelle-Création : A quelle classe des fils de Dieu vais-je offrir cet éminent privilège d’être transformé à cet ordre, à cette classe suprême de mes créatures ? Chaque ordre est déjà à mon image : — homme, anges, chérubins, séraphins et l’ar­change — tous seront suprêmement heureux chacun dans sa propre perfection et dans son état lorsque mon plan aura atteint son point culminant et que les épreuves auront toutes pris fin. Mais auxquels d’entre eux offrirai-je la plus élevée des bénédictions et des occasions favorables, celle de « participer à la nature divine » ? Naturellement, selon notre supposition, l’Unique Engendré est celui qui vint promptement à la pensée du Père, comme celui qui était déjà le plus haut placé, le chef de toutes les myriades venant immédiatement après lui ; le dieu, le puissant par qui il avait créé toutes choses et qui, dans les moindres détails, avait manifesté sa fidélité et sa loyauté à son Père et Créateur. A lui, le premier, par conséquent, serait offerte l’occasion d’atteindre à la nature divine, à sa gloire, à son honneur et à son immortalité. « En lui, toute la plénitude s’est plue à habiter » (Col. 1 : 18, 19). Il avait déjà la pré­éminence, sur tous les autres, et l’ayant employée avec fidélité, il était naturellement premier dans l’ordre d’avan­cement pour recevoir honneurs et dignités plus élevés quels qu’ils fussent et que le Père avait à donner. Il sera donné à celui qui a, et il sera dans l’abondance : la fidélité aura sa récompense même si cela signifie pour le fidèle l’assujettissement à des épreuves, des expériences et des disciplines les plus cruciales. Bien qu’étant son fils, le plus fidèle et le plus dévoué des fils, il ne pouvait lui être accordé une part à cette nature divine à moins que, tout d’abord, sa foi et sa loyauté ne fussent soumises à l’épreuve la plus cruciale.

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Cette esquisse de la Nouvelle-Création, le choix de l’Unique Engendré pour en devenir la tête et le chef — soumis aux épreuves, disciplines, humiliations et autres expériences nécessaires pour démontrer sa dignité — tout cela avait déjà été déterminé dans le conseil divin avant que l’homme fût créé. Dieu préconnaissait la chute de sa créature humaine ; il avait décidé que la sentence en serait la mort ; il avait envisagé d’imposer comme épreuve à son Unique Engendré, de devenir, de son propre consentement, le Rédempteur de l’humanité, et par un sacrifice aussi immense que cela impliquait, de manifester sa loyauté au Père et sa foi en lui. Ainsi, dans le plan divin, il était « l’Agneau immolé avant la fondation du monde ». De ce point de vue, nous discernons que loin d’être forcé à être le rédempteur de l’homme (loin pour le Père d’être injuste envers son Fils dans une telle exigence), le Père le prépa­rait à la souveraine exaltation — bien au-dessus des anges, des principautés, des puissances et de tout nom qui se puisse nommer, partageant à la fois sa propre nature et son trône. — Héb. 1 : 4 ; Eph. 1 : 21.

Considéré sous cet angle, nous ne pouvons nous étonner que l’Apôtre parle de notre Seigneur comme se chargeant d’être notre Rédempteur « à cause de la joie qui était devant lui » (Héb. 12 : 2). Cette joie n’était pas simplement la perspective d’occuper la position la plus élevée dans la Nouvelle-Création, au-dessus de toutes les autres créations, mais nous pouvons raisonnablement supposer que cela en était une partie. Néanmoins, nous remarquons dans la prière de notre Rédempteur au Père, alors qu’il passait à travers les épreuves, qu’il ne rit pas allusion (ce qui mani­festait une modestie remarquable) à la grande dignité, à la gloire et à l’immortalité qui lui avaient été promises et qu’il espérait. Au contraire, dans une noble simplicité et avec humilité, il ne demanda qu’à retrouver la position qu’il occupait précédemment comme s’il estimait suffisam­ment honorable d’avoir été choisi par le Père pour être son agent dans l’accomplissement d’autres parties importantes du plan divin, comme il avait déjà été l’agent honoré dans la création de toutes choses qui furent faites (Jean 1 : 3). Ses simples paroles furent : « Glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi

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avant que le monde fût » (Jean 17 : 5). Mais la réponse du Père était pleine de signification quand il dit : « Je t’ai glorifié [honoré] et je te glorifierai [honorerai] encore. » ­Jean 12 : 28 [MS du Vatican].

De plus, le Père décida que la Nouvelle-Création ne serait pas formée d’un seul être mais qu’il aurait des « frères » (Héb. 2 : 17). Quels seraient ces frères ? Dans quelle classe seraient-ils choisis ? Parmi les chérubins ? Parmi les séraphins ? Parmi les anges ? ou parmi les hommes De quelque classe qu’ils seraient choisis, il leur faudrait se soumettre précisément aux mêmes épreuves exigées de l’Unique Engendré et pour la même raison qu’ils puissent participer à sa gloire, à son honneur et à son immortalité. L’épreuve à laquelle il était soumis était celle de l’obéis­sance « jusqu’à la mort » (Phil. 2 : 8) ; tous ceux qui vou­draient participer avec lui, comme Nouvelles-Créatures, à la nature divine, devraient donc partager les mêmes épreuves, les mêmes souffrances et les mêmes expériences, et prouver leur fidélité jusqu’à la mort. Si l’offre avait été faite aux membres de l’une quelconque des classes ou natures angéliques, il eût fallu un programme divin diffé­rent de celui que nous voyons maintenant en cours d’accom­plissement. Nous avons vu que les saints anges ont reçu leur expérience et leur connaissance par l’observation plutôt que par contact direct avec le péché et la mort ; supposer que, parmi les anges, il existe une condition telle que certains d’entre eux auraient pu mourir, impliquerait qu’il existe parmi les anges une condition de péché réel (persécution de l’un par l’autre, etc.) de nature à déter­miner de semblables conditions de mort. Ou bien, cela impliquerait que certains des anges devraient faire comme le fit notre Seigneur Jésus, abandonner leur nature supé­rieure et devenir des hommes « pour souffrir la mort ». Dieu n’adopta pas ce plan, mais puisque, selon son des­sein, le péché et son châtiment, la mort, devaient être expérimentés par le genre humain, il décida de choisir le reste de la Nouvelle-Création parmi les hommes. Ainsi, non seulement l’épreuve de l’Unique Engendré seul se trouve­rait liée à l’humanité, et le péché et la mort prévalant parmi les hommes, mais encore tous ceux qui devien­draient ses cohéritiers dans la Nouvelle Nature auraient de semblables occasions favorables, expériences et épreuves.

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Ainsi l’Unique Engendré, appelé Jésus, puis plus tard le Christ c’est-à-dire l’Oint, deviendrait un modèle, un exemple à suivre par les autres membres de la Nouvelle-Création, qui seraient tous invités à se conformer à la res­semblance de son caractère, à devenir des « copies de l’image de Son Fils » (Rom. 8 : 29 — Diaglott). En cela comme partout, nous discernons une manifestation d’éco­nomie dans les divers traits du plan divin : l’opération du péché et de la mort dans un seul champ d’activité serait suffisant ; elle se prouverait être non seulement une grande leçon et une épreuve pour les hommes, et une grande leçon de choses pour les anges, mais également une mise à l’épreuve cruciale pour ceux qui seraient jugés dignes d’avoir une part dans la Nouvelle-Création.

Le fait que les écrits du Nouveau Testament (les ensei­gnements de Jésus et des apôtres) s’adressent à cette classe de « Nouvelles-Créatures », ou à ceux qui étudient avec soin les degrés de foi et d’obéissance nécessaires pour les placer parmi cette classe, en a amené beaucoup à supposer, contrairement aux Ecritures, que les desseins de Dieu sont les mêmes pour tous les humains. De ce fait, ils n’ont pas vu que l’appel de ce présent Age de l’Evangile est spécia­lement annoncé comme étant un « haut-appel », un « appel céleste » (Phil. 3 : 14 ; Héb. 3 : 1). L’incapacité de recon­naître que Dieu avait, et qu’il a encore, un plan de salut pour le monde entier, et un plan quelque peu différent de salut spécial pour l’Eglise de cet Age de l’Evangile, a conduit à une confusion d’esprit parmi des commentateurs qui ne discernent pas la différence entre la classe élue et ses bénédictions, et la classe bien plus nombreuse des non-élus et des bénédictions futures qu’elle doit recevoir par l’intermédiaire des élus, au temps convenable. Ils ont supposé que le plan de Dieu finira lorsque l’élection sera achevée, au lieu de comprendre que ce sera seulement alors le commencement touchant la nature humaine et le salut du rétablissement pour le monde entier — pour ceux qui voudront le recevoir en acceptant les conditions du Seigneur.

Cette incertitude de pensée et cette incapacité de recon­naître la différence entre les deux saluts — celui de l’Eglise à une nouvelle nature (la nature divine), et celui du monde par le rétablissement

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à la pleine perfection de la nature humaine — ont amené une grande confusion, un mélange dans l’esprit de ces instructeurs à propos des passages bibliques qui concernent ces deux saluts, de sorte qu’ils Parlent des sauvés tantôt d’un point de vue, tantôt d’un autre. Certains en parlent comme d’êtres-esprits et, pour­tant, confondent ces êtres-esprits dans la gloire, l’honneur et l’immortalité avec des êtres humains, et ils les imaginent comme ayant de la chair, des os, etc. dans la condition spi­rituelle. D’autres concentrent leur pensée sur le rétablisse­ment humain et imaginent une terre – paradis retrouvée où le Seigneur et les saints demeurent dans ce qu’ils appellent des corps spirituels sans discerner le vrai sens du terme « spirituel ». Ils devraient savoir en effet que si un corps spirituel est adapté à une condition spirituelle, il serait embarrassé par des conditions charnelles ou par des éléments charnels ; ainsi le corps humain ou terrestre est un corps bien adapté aux conditions terrestres ; si, à quelque degré que ce soit, il était spiritualisé, ce serait une monstruosité incompatible avec l’intention divine et la nature humaine.

On ne peut saisir clairement la beauté et la symétrie du plan divin qu’en reconnaissant la Nouvelle-Création, qu’en discernant que ses membres en perspective sont appelés par Dieu à être séparés, distincts de la nature humaine, qu’il existe un « appel céleste » ou « haut-appel », et que non seulement ils ont à affermir leur propre vocation et leur élection, mais encore ils ont à faire, à l’égard de la famille humaine de laquelle ils sont choisis, un double tra­vail: (1) Ils doivent être des agents de Dieu pour rassem­bler la classe élue tout en rendant leur témoignage au monde comme membres de la sacrificature de propitiation, souffrant de la part du monde à cause de leur fidélité et de l’aveuglement des hommes ; (2) Avec leur Seigneur et Chef, ils constitueront une sacrificature divine, royale et spirituelle, à laquelle seront confiés les intérêts et les affaires du monde en vue du redressement et du relèvement de chaque membre obéissant de leur race ; ils seront le Médiateur entre Dieu et l’homme, et établiront parmi les hommes un royaume de justice

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conformément au programme divin qui veut l’instruction et le rétablissement de l’homme.

On comprendra facilement qu’aucune autre classe d’êtres n’est plus désignée pour répondre à l’intention divine de gouverner et de bénir le monde. Faisant partie du genre humain, « enfants de colère comme les autres », ils doivent à leur origine de connaître les faiblesses, les imperfections, les tentations et les épreuves auxquelles la nature humaine est exposée à cause du péché et des faiblesses de sa cons­titution ; ceci les prépare au rôle de gouverneurs modérés et de sacrificateurs miséricordieux, de même que leur entière perfection dans la nature divine les qualifiera pour être absolument justes et bons dans toutes les décisions qu’ils prendront en tant que juges du monde, au jour du jugement du monde (Voyez vol. I, chap. VIII — Le jour du Jugement.).

Ce travail grandiose et important d’élever, de gouverner, de bénir et de juger les humains et les anges déchus sera, en tant que travail, spécialement confié à ces Nouvelles-Créatures de nature divine ; aucun des autres êtres dans tout l’univers ne sera aussi bien préparé qu’elles pour exécuter ce travail (pour lequel, sous la direction divine, elles sont spécialement instruites et préparées) ; néanmoins leur mission ou travail ne s’arrête pas là. Au contraire, les mille ans du règne millénaire ne constitueront qu’un com­mencement de l’exercice de la gloire, de l’honneur et de l’immortalité de ces Nouvelles-Créatures. A la fin de ce règne, lorsque le Royaume sera remis à « Dieu le Père » et aux hommes comme les agents glorifiés du Père pour gou­verner la terre, un champ d’action plus vaste encore s’ou­vrira devant la Nouvelle-Création. N’est-il pas écrit que le Père Céleste a non seulement donné à son Fils une parti­cipation à sa propre nature divine, mais aussi une part de son trône avec lui, et que le Fils s’est assis avec le Père sur son trône ? (Apoc. 3 : 21). Et même si, dans un sens, il quitte cette position officielle durant l’Age millénaire afin de pouvoir administrer spécialement les affaires

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du domaine terrestre qu’il a acquis, cela ne signifie nullement que lorsqu’il aura achevé complètement l’oeuvre que le Père lui a donnée à faire, il soit moins glorieux ou occupe une position moins digne que celle qui lui fut attribuée lorsque, après avoir payé par son sacrifice, le salaire du péché, il monta au ciel.

Nous ignorons quelles grandes oeuvres pour l’avenir le Créateur peut projeter pour son Unique Engendré et Fils bien-aimé qu’il « a établi héritier de toutes choses », mais nous tenons de notre Maître lui-même la promesse qui nous est faite que lorsque nous serons glorifiés, nous lui serons semblables, et le verrons tel qu’il est, que nous par­tagerons sa gloire et qu’« ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». Ainsi donc, quelles que soient les activités futures réservées à l’Unique Engendré comme « l’héritier de toutes choses », nous serons avec lui, nous aurons part à son travail, à sa gloire, comme nous aurons aussi part à sa nature. Ce qui précède repose sur les déclarations de la Parole écrite de Dieu. Cependant, il ne peut pas être sacrilège pour nous de consulter le livre de la nature à la lumière du plan divin et, en employant la Parole divine comme télescope, de discerner que ce n’est pas en vain que les diverses planètes (ou mondes) tout autour de nous, dans toutes les directions, sont en formation. Il arrivera que, dans un temps ou un autre, d’autres créations s’y opéreront. Lorsque ce temps aura lieu, celui qui a été pre­mier en toutes choses continuera à l’être, à être chef, le directeur de toutes les forces divines. Nous n’avons pas besoin de nous attendre à une répétition, sur les autres planètes, des expériences du péché faites sur notre monde, la terre ; au contraire, soyons assurés que le seul spectacle de l’excessive méchanceté du péché et de ses terribles résultats, pourra être utilisé et le sera par le Seigneur comme une leçon perpétuelle au profit même d’êtres qui sont encore à créer dans les autres mondes et qui appren­dront par observation et par instruction au lieu d’ap­prendre par expérience.

Lorsque Satan, tous ses émissaires et toute influence mauvaise et pernicieuse auront été détruits ; lorsque l’Eglise glorifiée, rendue sage par l’expérience, instruira ces créatures parfaites des autres mondes, avec peut-être le concours d’instructeurs pris sur

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cette terre, et riches d’une connaissance et d’une expérience acquises au contact personnel avec le péché et grâce à l’oeuvre de relèvement et à la bénédiction du Seigneur, comment ces êtres ne deviendraient-ils pas sages touchant le bien et le mal et leurs récompenses respectives ! Leurs instructeurs seront capables de leur apprendre les particularités de la grande rebellion de Satan, de celui qui a grandement trompé l’hu­manité, de la terrible chute de l’humanité dans le péché et la misère, de la grande rédemption, de la haute récompense attribuée au Rédempteur et à ses cohéritiers, des privilèges bénis de rétablissement accordés aux humains. Ils leur apprendront que tout cela doit servir de leçons et d’exemples pour toute la création de Dieu et pour toujours. Ces instructions devraient être toutes puissantes pour empêcher ces créatures de pécher et pour leur enseigner à toutes, la nécessité de développer un caractère en accord avec la divine loi d’amour.

Comme il a déjà été montré (Voir les « Figures du Tabernacle », pp. 20 à 23.), l’oeuvre de ces « Nou­velles-Créatures », actuellement, revêt un double aspect. Leur engendrement du saint esprit fait d’elles des sacrifica­teurs, mais ce n’est que leur entendement qui est engendré ; le corps est encore de la terre, terrestre et, comme le dit l’Apôtre : « Nous avons ce trésor [la nouvelle nature] dans des vases de terre, afin que l’excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous » (2 Cor. 4 : 7). L’esprit (ou volonté) nouvellement engendré, c’est tout ce qu’il y a à présent pour représenter la nouvelle nature et c’est tout ce qu’il y aura jusqu’à la Première Résurrection où cette nouvelle volonté, développée en caractère, sera pourvue d’un corps convenable, un corps céleste, un corps spirituel parfait, complet, en harmonie absolue avec la volonté divine. En attendant, la puissance divine, l’esprit saint, opère dans notre esprit et fait de nous des « Nouvelles-Créatures », des sacrificateurs ; elle nous conduit vers le sacrifice et nous fait comprendre que nos intérêts humains naturels, les ambitions de l’homme naturel, préférences de l’homme naturel, etc., sont les choses qu’il convient de sacrifier chaque fois qu’elles s’opposent en quelque degré, aux aspirations et conditions préparées par Dieu pour les « Nouvelles-Créatures ». C’est ainsi que la victoire de la Nouvelle-Créature s’obtient au prix du sacrifice de sa propre nature humaine et cette victoire glorifie Dieu ainsi que son pouvoir de « créer en nous le vouloir et le faire » par le moyen de ses

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promesses ; il ne pourrait être glorifie pareillement si toutes nos conditions naturelles s’accor­daient à ses exigences au point qu’aucun sacrifice ne serait nécessaire. De même que la foi, la consécration et le sacri­fice des « Nouvelles-Créatures » dans la vie présente répondent à, (ou correspondent à), et étaient typifiés par, la sacrificature Aaronique d’Israël et ses sacrifices-types, ainsi, explique l’Apôtre, la sacrificature future de ces Nou­velles-Créatures est représentée ou typifiée par la glorieuse sacrificature de Melchisédec.

Melchisédec n’était pas un sacrificateur qui offrait des sacrifices en robe de lin ; c’était un sacrificateur qui était en même temps un roi, « Un sacrificateur sur son trône ». Comme tel, sa position était, dans le type, plus élevée que celle d’Aaron, car Aaron était fils (l’Abraham, et Abraham, si grand qu’il fût, paya la dîme à Melchisédec qui le bénit. Ceci typifie, comme l’explique l’Apôtre, que la sous-sacri­ficature de sacrifice représente un plan (ou condition) infé­rieur à la souveraine (« higher ») sacrificature de royauté, de gloire et d’honneur. Melchisédec typifiait donc ces Nouvelles-Créatures dans le glorieux travail du Royaume millénaire (Christ, — Tête — leur chef et eux considérés comme des membres de son corps). Pour ces Nouvelles-Créatures, la phase sacrificatoire de leur travail sera entiè­rement close, tandis qu’elles auront toutes commencé à régner, à gouverner, à bénir et à aider, l’aspect régalien, souverain, éducateur, aura commencé. Elles seront désormais tout à fait compétentes pour réaliser la promesse divine, à savoir que « toutes les familles de la terre seront bénies » par elles, comme agents de Dieu par qui tous ceux qui le voudront pourront revenir en complète harmonie> avec le Créateur et avec ses lois. — Gen. 22 : 18 ; Gal. 3 : 16, 29.

Toutes les diverses figures par lesquelles l’Eternel sym­bolise le rapport intime entre son Unique Engendré, le Sauveur, et l’Eglise élue, appelée et préparée pour être des « Nouvelles-Créatures » et ses associées dans la nature divine, montrent d’une manière des plus frappantes l’affi­nité, l’intimité, l’unité qui existera entre eux. Comme si l’Eternel se rendait compte que ses créatures humaines, humbles d’esprit, auraient du mal à croire que le Créateur puisse avoir pour elles un tel

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intérêt et un tel amour, infinis, au point de les appeler à la position la plus élevée dans toute la création, après celle de son fils et après la sienne propre, nous trouvons que le sujet est présenté à maintes reprises et sous différentes figures. Il l’est à des­sein comme pour rassurer leur esprit qui pourrait contes­ter, douter et craindre quant à la fidélité du Créateur concernant l’authenticité de ce « haut-appel ». Rafraîchis­sons-nous la mémoire par quelques-unes de ces figures. Dans l’une, notre Seigneur est représenté comme la « pierre de sommet » d’une pyramide, et l’Eglise élue comme des pierres vivantes, amenées vers lui, façonnées et préparées en harmonie avec les traits de son caractère, afin qu’elles puissent être des membres avec lui dans le grand édifice pyramidal que Dieu- érige pendant cet Age de l’Evangile, et qui, dans l’Age prochain bénira le monde, et par qui il sera glorifié durant toute l’éternité.

Cette image d’une pyramide a un rapport très étroit avec la figure du temple, et nous avons l’assurance que le temple bâti par Salomon était un type de ce plus grand temple spirituel qu’avec une sagesse plus grande encore Dieu est en train de construire (1 Pi. 2: 5). Il nous est montré que, de même que dans le type, chaque poutre et chaque pierre avaient leur place marquée d’avance et étaient façonnées en conséquence, ainsi en est-il de l’Eglise de la. Nouvelle-Création : ses membres sont spécialement adaptés et préparés en vue de la place qu’ils auront à occuper dans l’avenir. De même que cette manière de faire permit de construire le temple-type sans qu’on entendît « le bruit du marteau », sans choc ni heurt, ni bruit, ainsi, sous la direction du divin Architecte, l’Eglise complète comme la Nouvelle-Création naîtra, à la fin de cet Age de l’Evangile, d’entre les morts comme le Seigneur, le Chet de ce temple, fut le « premier-né d’entre les morts » — dans sa résurrection au début de l’Age. — 1 Rois 6: 7.

Une autre de ces figures est, nous nous en souvenons, celle du corps humain avec ses divers membres. C’est l’apôtre Paul qui nous montre d’une manière claire et pré­cise cette illustration de l’étroite parenté que les élus présentent avec le Seigneur, la Tête de l’Eglise qui est son corps (Rom. 12 : 4, 5 ; 1 Cor. 12 : 12). De même que la tête commande au corps, pense pour lui, fait des projets pour lui, surveille ses affaires et dirige ou se sert de l’un ou

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l’autre membre pour aider les autres, ainsi le Seigneur agit-il dans son Eglise. Il surveille et place les divers membres du corps comme il lui plaît ; il supervise les intérêts de tous ceux qui cherchent « à affer­mir leur vocation et leur élection », à un tel point qu’il leur assure cette garantie que tant qu’ils demeurent dans cette attitude correcte du cœur dans l’humilité et la fidélité, « toutes choses travailleront ensemble pour leur bien » parce « qu’ils aiment Dieu et sont appelés selon son dessein ».

Une autre figure montrant l’étroite parenté entre Christ et son Eglise, est celle du capitaine et de ses soldats ; une autre, celle du berger et des brebis ; quoique toutes ces figures nous apportent de précieuses indications concernant la parenté sacrée du Chef de la Nouvelle-Création avec ses frères, l’Eglise, il n’en est peut-être pas une qui fasse mieux ressortir l’intérêt et l’amour que nous porte le Maître sinon celle de l’Epoux et de l’Epouse. C’est un noble Epoux en effet que l’Unique Engendré pour tous ceux dont les yeux de l’entendement sont ouverts pour contempler la grandeur de son caractère et sa fidélité I Le sentiment que l’Eglise, qui est son corps, éprouve pour lui a été bien exprimé d’une manière prophétique : « Il se distingue entre dix mille et toute sa personne est pleine de charme. » L’Apôtre emploie cette figure et, s’adressant à l’Eglise déclare : « Je vous ai fiancés à un seul mari, pour vous présenter à Christ comme une vierge chaste » (2 Cor. 11 : 2 — D.). Il fait allu­sion ici à la coutume juive dans le mariage, tout à fait différente de celle en usage de nos jours dans toute la « chrétienté ». Aujourd’hui, les fiançailles sont simplement un engagement à l’essai que l’on peut changer si l’une ou l’autre des parties en vient à décider que l’engagement était peu sage ou peu profitable ; mais l’engagement du mariage juif fut évidemment voulu du Seigneur pour être un type de l’engagement entre Christ, l’Epoux, et l’Eglise, son Epouse. Dans la coutume juive, les fiançailles constituent le mariage réel ; elles sont accompagnées d’un contrat précis, ordinairement par écrit, dans lequel les représen­tants du fiancé et de la fiancée s’accordent sur la dot, etc. ; l’affaire devient absolument

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obligatoire sur le champ, bien que ce soit la coutume de remettre le festin de noce et l’union effective à un an plus tard environ. Ainsi en est-il des promesses (ou contrat) échangées entre le Seigneur, le céleste Fiancé, et ceux qui sont acceptés par lui dans les fiançailles. Ni de son côté ni du nôtre, il ne saurait être question de contrat plus ou moins sérieux ; il s’agit au contraire d’une union réelle du cœur, d’attrait, d’amour, d’attachement. Toute résiliation de notre contrat d’alliance serait une affaire grave, et parlant de l’Epoux, l’Apôtre nous assure que « Celui qui vous appelle est fidèle, qui, aussi le fera » (1 Thess. 5 : 24). C’est donc sur nous que repose toute la responsabilité en cette affaire.

A la fin de l’Age, notre Seigneur vient comme Epoux, recevoir sa fiancée, mais il n’acceptera que les « vierges sages ». Ceux qui, après avoir conclu une alliance, sont devenus insensés dans le sens qu’ils ont vécu dans l’insouciance, ne seront pas estimés dignes d’être acceptes ; ils seront ignorés sur le chapitre du mariage ; la porte leur sera fermée comme le montre la parabole (Matt. 25 : 1-12); ils seront tenus à l’écart des grands privilèges et bénédic­tions dont ils auraient pu jouir s’ils étaient demeurés fidèles. Cependant, bien que leur infidélité puisse les enga­ger dans le grand temps de détresse et leur occasionner la perte d’une part au Royaume et à la nature divine, nous nous réjouissons que cela ne signifiera pas pour eux une éternité de torture. Dieu merci, la lumière de Sa Parole est devenue plus claire mainte­nant ! Le fait « d’affermir sa vocation et son élection » vaudra de grandes et éternelles richesses de grâce à ceux d’entre nous qui y parviendront, et la perte de telles béné­dictions ne sera pas en elle-même un mince châtiment pour ceux qui auront vécu leur alliance dans le laisser-aller et qui se seront laissés contaminer par le monde et son esprit.

Pour la plupart, ces « Nouvelles-Créatures en Jésus-Christ » sont choisies dans la couche sociale la plus humble plutôt qu’à l’échelon « supérieur » de la société, et c’est pour cette raison que le monde ne nous connaît pas comme il ne l’a pas connu. Pourtant, les Ecritures nous assurent que l’Eternel, qui regarde au cœur et non à l’apparence exté­rieure, apprécie à un

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très haut degré les fidèles de cette classe qui sont appelés maintenant et développés pour former la Nouvelle-Création. Non seulement il nous parle de la surveillance divine de leurs affaires, faisant concourir ensemble toutes choses pour leur bien final, mais il explique même, dans une certaine mesure, comment s’accomplit cette surveillance de leurs intérêts : les anges sont « des esprits envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut » et « l’ange de l’Eternel campe autour de ceux qui le craignent et les arrache au danger » ; de plus, ces anges qui gardent son petit troupeau ont toujours accès auprès du Père et même, figurativement parlant, il ne peut tomber un cheveu de la tête des élus que le Père n’en soit informé. C’est en com­plet accord avec ces assurances formelles de la sollicitude divine que la parole inspirée nous déclare : « Ils seront à moi, mon trésor particulier, au jour que je ferai. » — 2 Tim. 2 : 19 ; Mal. 3 : 17.

En rapport avec notre sujet, nous considérons que la Nouvelle-Création, à cause de son appel à une nouveauté de vie, reçoit du Seigneur l’instruction suivante : « Il faut que vous naissiez de nouveau. » Ici, la, naissance naturelle des créatures terrestres de la nature humaine suggère à notre esprit l’idée d’une nouvelle naissance pour la Nou­velle-Création. Avant la naissance naturelle, il y a d’abord un engendrement suivi d’une gestation. Ainsi en est-il en ce qui concerne la Nouvelle-Création : (1) nous devons être engendrés par la Parole et l’Esprit de Dieu ; (2) nous devons être vivifiés, activés par l’esprit de la vérité reçue ; (3) si le développement progressif se poursuit, si la Parole de Dieu demeure en nous riche et abondante, nous ne serons ni stériles [oisifs], ni infructueux, et plus tard, nous parviendrons à la naissance, — à une participation à la Première Résurrection comme membres du corps de Christ. Au sujet de cette résurrection et de ce changement complet d’êtres humains naturels, terrestres en êtres célestes, spirituels de la nature divine, nous en dirons davantage bientôt (Voir le chapitre VI.). Pour l’instant, nous considérons plus particulièrement la question de l’engendrement.

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La Parole indique clairement que l’engendrement de ces fils de Dieu provient « non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu » (Jean 1 : 13). L’Apôtre Paul également souligne la même pensée lorsque, parlant de la classe élue des « Nouvelles-Créatures , de leur Tête, Jésus-Christ et de l’honorable condition à laquelle elles ont été appelées, il dit : « Nul ne s’arroge cet honneur mais [seulement] s’il est appelé de Dieu, ainsi que le fut aussi Aaron. » — Héb. 5 : 4.

Les Ecritures font continuellement une distinction nette entre ces « Nouvelles-Créatures » élues et la famille humaine en général, mais ici, nous pouvons en donner deux exemples mais d’une manière brève : (1) En parlant de la rédemption du monde, l’Apôtre divise clairement le sacrifice de pro­pitiation en deux parties, l’une pour l’Eglise, l’autre pour le monde entier. Il déclare : « et Lui est la propitiation pour nos péchés [les péchés de l’Eglise], et non pas seu­lement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier » (1 Jean 2 : 2). (2) Le même Apôtre établit une distinction entre les épreuves et les difficultés que connaît l’Eglise dans la vie présente et celles du monde, et également entre l’espérance de l’Eglise élue et celle du monde. Il dit : « Nous-mêmes aussi qui avons les prémices de l’Esprit… nous soupirons en nous-mêmes, attendant l’adoption, la rédemption [délivrance] de notre corps » — du corps unique, l’Eglise, dont Christ est la Tête et dont la délivrance est promise lors de la Première Résurrection à son second avènement (Romains 8: 23). Nous ne gémissons pas de la même manière que le monde, car nous avons reçu du Seigneur et par notre engendrement de son esprit ce qui neutralise l’effet des déceptions, des épreuves et des difficultés du temps présent, savoir : les glorieuses espé­rances et les glorieuses promesses qui sont une ancre de nos âmes, pénétrant « jusqu’au dedans du voile ». Dans nos diverses difficultés et épreuves, nous ne sommes pas affligés comme les autres qui n’ont pas d’espérance ». Sur le même sujet, l’Apôtre parlant du monde et de son espérance, déclare : « Toute la création ensemble soupire et est en travail jusqu’à maintenant. » Les humains n’ont que peu de choses pour panser ou améliorer les blessures, les coups, les douleurs qui font partie de ce temps de l’enfantement dans lequel ils apprennent simplement combien

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le péché est coupable à l’excès et combien ses conséquences sont graves : la vie mourante et la mort. Cependant, au delà de l’espoir du monde, comme le dit l’Apôtre, la création « attend la manifestation des fils de Dieu » (Romains 8 : 19, 22). Les hommes n’attendent pas et n’espèrent pas être du nombre des fils de Dieu, mais ils attendent les bienfaits que ces fils de la Nouvelle-Création, investis de la gloire et de la puissance du Royaume millénaire, apporteront à cette terre d’après la promesse divine de bénir toutes les familles de la terre.

Le critérium de l’appartenance à la Nouvelle-Création ne sera pas d’être membre d’une organisation terrestre quelconque, mais d’être uni au Seigneur en tant que membre de son corps mystique. Comme le dit l’Apôtre : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle-créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Cor. 5 : 17 — Seg.). Pour être consi­déré de toute manière comme membre du Corps de Christ, il est nécessaire que les choses anciennes, les choses de la terre (ambitions, espérances, vanités, folies) soient dis­parues de notre volonté, même si, dans une certaine mesure, elles peuvent nous harceler par une certaine attraction qu’elles exercent sur notre chair. C’est le nouvel esprit que le Seigneur consi­dère comme « Nouvelle-Créature » ; c’est le progrès, le développement de la nouvelle mentalité qui l’intéresse et qu’il promet de récompenser.

Les Ecritures nous montrent clairement que, pour demeu­rer en Christ, il faut plus que le simple fait de se consacrer. La consécration ouvre la porte et nous donne la position, nous donne la parenté, nous donne l’appui et l’encourage­ment des promesses divines, et nous met donc en mesure de cultiver les divers fruits de l’esprit et d’atteindre fina­lement à la gloire céleste avec notre Seigneur. Toutefois, pour conserver cette position dans le corps de Christ, il faut désormais produire des fruits, donner des preuves d’amour et de dévouement, ainsi que le Maître l’a exprimé lui-même dans la parabole de la vigne, disant : « Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l’ôte ; et tout sarment qui porte du fruit, il le nettoie [l’émonde], afin qu’il porte plus de fruit » (Jean 15 : 2). Il semblerait donc que le fait d’avoir été accepté par

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l’Eternel comme Nou­velle-Créature en Christ Jésus, depuis un certain nombre d’années, impliquerait une croissance plus ou moins régu­lière en grâce, en connaissance et en fruits de l’esprit. S’il en était autrement, nous perdrions notre position devant lui et un autre prendrait notre place parmi les élus, et la couronne qui, à l’origine, nous était destinée et mise à part serait attribuée à un autre qui apprécierait davantage les privilèges qui lui sont offerts, qui manifesterait plus de zèle à obtenir les choses glorieuses que Dieu a promises à ceux qui l’aiment, et qui serait par conséquent plus dis­posé à compter les choses de cette terre comme une perte et un rebut afin de pouvoir gagner Christ — obtenir une place dans l’assemblée ointe. Non seulement cette position en Christ est illustrée par un tel développement des fruits de l’Esprit, mais comme le déclare l’apôtre Pierre : « Car en faisant ces choses vous ne faillirez jamais ; car ainsi l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sau­veur Jésus Christ vous sera richement donnée » (2 Pi. 1 : 10, 11). Cependant, comme l’exprime l’apôtre Paul, ceci veut dire que le nouvel esprit (« mind »), la « Nouvelle-Créature » doit se conformer si entièrement à la volonté de Dieu, qu’elle cherchera jour après jour à « dépouiller le vieil homme, ses affections et ses désirs ». Car la Nouvelle-Créa­tion est, au figuré, représentée comme un homme nouveau — Christ la Tête, l’Eglise, les membres du corps — qui doit croître et parvenir — au figuré — à la parfaite stature d’un homme en Christ Jésus, chaque membre étant achevé et complètement développé, non pas en notre propre force dans la chair, mais achevé en celui qui est notre Tête vivante dont la justice compense nos fautes involontaires.

La nature humaine juge de ses affaires au moyen de ses cinq sens (la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût) que les Nouvelles-Créatures pe9vent employer librement aussi longtemps qu’elles ont la nouvelle mentalité dans le vase de terre. Néanmoins, ces sens ne suffisent pas à la Nouvelle-Création qui a besoin d’autres sens pour discerner des choses spirituelles qui ne peuvent être ni vues, ni touchées, ni goûtées, ni entendues, ni senties par l’organisme humain. A cette lacune le Seigneur a remédié par son Esprit comme l’explique l’Apôtre : « L’homme animal ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu… et il ne peut les connaître parce qu’elles

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se discernent spirituellement. » « Ce que   n’a pas vu, et que l’oreille n’a pas entendu, et qui n’est pas monté au cœur de l’homme [par quelque autre sens ou faculté de percep­tion], ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment, mais Dieu nous l’a révélé [à la « Nouvelle-Création »] par son Esprit, car l’Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu ». — 1 Cor. 2 : 9, 10, 14.

Ce sens spirituel peut être appelé le sixième sens de ces engendrés à la Nouvelle-Création ; ces derniers peuvent être considérés aussi comme ayant une série complète de sens spirituels — cinq sens supplémentaires correspondant à leurs sens terrestres. Graduellement, « les yeux de leur entendement » s’ouvrent, et de plus en plus, aux choses

que naturel ne peut voir. Par degrés, l’ouïe de la foi augmente jusqu’à ce que chacune des promesses de la Parole divine devienne puissante et significative. Avec le temps, ils en viennent comme à toucher l’Eternel et ses puissances invisibles ; petit à petit ils goûtent combien l’Eternel est très bon ; après un temps, ils en viennent à apprécier ces sacrifices et ces prières-encens qui sont d’agréable odeur à l’Eternel. Mais de même que les sens naturels peuvent être cultivés, ainsi en est-il des sens spiri­tuels ; leur culture (ou tout au moins les efforts faits pour y parvenir) fait apparaître des signes marquant notre élévation en grâce (notre croissance comme Nouvelles-Créatures embryonnaires jusqu’à la naissance dans la résurrection) jusqu’à la perfection de nouveaux nous-mêmes dans la gloire, l’honneur et l’immortalité de la nature divine.

QUEL NOM DONNERA LA NOUVELLE-CREATION ?

A un certain point de vue, voici une question bizarre, une étrange question. Quand nous considérons que l’Eglise est l’épouse du Seigneur, fiancée à lui comme Epouse, il semble étrange de demander quel nom elle portera. Il est certain qu’aucun nom ne peut mieux convenir à l’Epouse que celui de son Epoux. Le fait même de proposer tout autre nom que celui-là implique qu’on se fait une fausse idée de la parenté qui unit le Seigneur à ses consacrés, aux « membres de son corps », à « l’Epouse, la Femme de l’Agneau ». Le nom que donne l’Ecriture semble tout à fait suffisant, savoir : l’Ecclésia, c’est-à-dire,

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le Corps, l’Eglise de Christ. Si l’on désire une autre appellation, les Ecritures la fournissent par l’expression : « L’Ecclesia de Christ » ou Eglise de Christ, « L’Ecclesia de Dieu » ou Eglise de Dieu (Rom. 16 : 16 ; Actes 20 : 28). Les deux noms sont syno­nymes, parce que notre Seigneur et le Père ont un seul et même intérêt en nous. De même que l’Eglise est le corps de Christ dont il est la Tête, ainsi l’Eglise tout entière, Tête et Corps, est l’assemblée, ou le groupe ou les oints du Père, par qui il lui plaît d’accomplir toutes les parties impor­tantes, grandioses et merveilleuses de son oeuvre rédemp­trice déjà esquissée dans les très grandes et précieuses promesses de sa Parole. En outre, l’Apôtre précise l’appel­lation en désignant les fidèles comme étant « l’Eglise du Dieu vivant » comme s’il voulait ainsi opposer cette Eglise, corps ou groupement dont Christ est le chef à d’autres corps, groupements ou systèmes religieux qui ne recon­naissent pas convenablement le vrai Dieu et que le vrai Dieu ne reconnaît pas davantage comme son Ecclesia ou Eglise.

La tendance à employer d’autres appellations que celles que nous ont données le Seigneur et les apôtres, s’est mani­festée dès la période de l’Eglise primitive. Tout comme de nos jours certains sont disposés à dire : «Je suis de Luther», « Je suis de Calvin », « Je suis de Wesley », ou « Je suis de Knox » tout en prétendant tous être de Christ, ainsi nous voyons que la même disposition se manifestait dans l’Eglise primitive ainsi qu’en témoigne l’Apôtre dans sa lettre aux Corinthiens (1 Cor. 3: 4 à 6). L’esprit de parti ou sectaire s’était déclaré parmi les frères de Corinthe, qui non satisfaits des noms de Christ et de Dieu étaient en train de chercher à y ajouter quelque chose, se disant chré­tiens de Paul, chrétiens de Pierre et chrétiens d’Apollos. L’Apôtre, sous l’inspiration, réprouve cet esprit et signale que ce n’est pas l’Esprit saint mais un esprit charnel qui pousse à diviser le corps et à faire suivre tel ou tel autre serviteur du Seigneur. L’argumentation de l’Apôtre se rap­porte aussi bien à notre époque. Sa question : « Christ est-il divisé ? » revient à dire : Y a-t-il plusieurs corps de Christ ? Y a-t-il plusieurs églises de Christ ou une seule ? Et s’il n’y en a qu’une, pourquoi devrait-elle être divisée ? « Qui donc est Paul ? Qui est Apollos ? Qui est Pierre ? » Ils étaient simplement des serviteurs de la Tête de l’Eglise

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qu’il a employés pour bénir son corps — son Ecclésia. S’ils avaient refusé de servir, il en aurait trouvé d’autres qui auraient accompli le travail. Ainsi la louange, l’honneur pour toutes les bénédictions dispensées par le ministère des apôtres, reviennent principalement, spécialement à la Tête de l’Eglise qui a pourvu de cette manière aux nécessités de son corps. Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas reconnaître et honorer d’une manière conve­nable tous ceux que le Seigneur reconnaît et honore, mais cela signifie qu’en aucun sens du mot nous ne devons les admettre comme dés chefs (ou têtes) de l’Eglise, ni diviser l’Eglise en sectes ou partis (en faire des partisans de dif­férents hommes). Dans la mesure où les apôtres ou n’im­porte lesquels des serviteurs du Seigneur ont été employés par lui, ce ne fut pas pour diviser l’Eglise mais au contraire pour en rassembler les membres, pour unir les divers croyants consacrés le plus fermement à la seule Tête, au seul Seigneur, par la seule foi et le seul baptême.

Selon nous, que dirait l’Apôtre s’il vivait de nos jours devant la division actuelle en tant de dénominations di­verses ? Assurément, il nous dirait que cela indique une grande mesure d’esprit charnel, une grande mesure de l’esprit du monde. Cela ne veut pas dire que tous ceux qui se trouvent dans ces systèmes soient charnels et tout à fait dépourvus de l’Esprit du Seigneur. Mais, dans la pro­portion où nous avons l’Esprit du Seigneur, dans la pro­portion où nous sommes libérés de cet esprit charnel et de ses tendances et de son influence, dans la même proportion nous nous sentirons en désaccord avec les divisions qui nous entourent, sous des noms sectaires divers. Selon que le saint Esprit du Seigneur augmente et abonde en nous de plus en plus, il nous conduira à accepter de moins en moins tout autre nom que celui de notre Seigneur, jus­qu’à ce que, sous la direction de l’Esprit, nous arrivions enfin à pouvoir reconnaître l’unique Eglise, l’unique com­munauté, « l’Eglise des premiers-nés dont les noms sont écrits dans les cieux » ; et l’unique moyen d’être introduit dans cette Eglise, savoir, par le baptême, dans le corps du Maître, son Ecclésia, par le baptême dans

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sa mort qui nous unit ainsi à lui et à tous les autres membres par le seul Esprit.

Il ne nous appartient pas de modifier le sentiment de toute la chrétienté sur ce sujet ; c’est une entreprise trop difficile pour n’importe quel être humain. Mais il nous appartient d’être personnellement fidèles à l’Epoux. Chacun de ceux qui prononcent le nom de Christ doit s’éloigner de toute iniquité, de tout ce qui est mauvais quant à sa foi personnelle, à sa conduite et à ses habitudes. Celui-là ne voudra pas être connu sous un autre nom que celui de l’Epoux, et si on l’interroge à ce propos, il prendra plaisir à revendiquer son nom et son nom seul — le seul nom qui soit donné sous le ciel et parmi les hommes par lequel nous devions être sauvés. En obéissant à l’esprit de cette vérité, nous serons séparés de tout nom sectaire aussi bien que de toute institution sectaire, afin que nous puis­sions demeurer libres dans le Seigneur. Cela ne veut pas dire que nous devons rejeter ceux qui ont l’Esprit du Sei­gneur mais demeurent rattachés à des systèmes sectaires. Au contraire, si le Seigneur dit : « Sortez du milieu d’elle mon peuple, de peur que, ne participant à ses péchés vous ne participiez aussi à ses fléaux », nous devons reconnaître que ces paroles impliquent que certains de ses enfants se trouvent dans Babylone, victimes de conceptions erronées quant aux institutions et aux appellations sectaires. C’est à nous de faire briller notre lumière, laissant tout au Sei­gneur quant aux résultats.

Non seulement nous désavouons l’emprunt de toute appellation d’homme, mais nous désavouons aussi tout‘ nom qui soit ou qui puisse devenir un nom de secte ou de parti dont l’effet serait de séparer certains enfants de Dieu d’autres qui sont également siens. Nous voulons éviter d’employer dans un sens spécial les appellations « Eglise chrétienne » ou « Eglise de Dieu », comme on les emploie pour identifier des confessions et des communions parti­culières parmi le peuple de Dieu. Nous voulons employer plutôt tous les divers noms scripturaux et répondre à ces noms tels que : Disciples, Eglise de Dieu, Eglise de Christ, Eglise du Dieu vivant, Eglise de Corinthe, Eglise d’Allegheny, etc… Nous ne pou­vons éviter que beaucoup nous comprennent mal sur ce sujet, et nous ne devons pas nous offenser si, dans une certaine mesure, ils nous appliquent des désignations par­ticulières suivant les coutumes en usage parmi les chré­tiens.

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Ils peuvent par exemple nous appeler des « Restitu­tionnistes », ou des « Autoristes », ou « des gens de la Tour de Garde », etc. Nous ne devons reconnaître aucun de ces noms dans le , sens de nous les appliquer à nous-mêmes ; toutefois, l’esprit de douceur, de patience, de paix et d’amour nous empêchera de prendre ombrage si l’on nous applique de tels noms, mais nous fera supposer en toute charité que c’est sans mauvaise intention, ou du moins, sans méchanceté ; nous devrons donc répondre à ces appellations avec bienveillance et non d’une manière combative ; nous laisserons entendre que nous compre­nons que nous sommes visés et, aussi brièvement et aussi aimablement que possible, nous indiquerons que nous pré­férons ne reconnaître aucun nom de secte ou de parti, mais nous en tenir au nom de chrétien, dans son sens le plus large et le plus complet, celui de n’avoir pas d’autre Chef [ou Tête — Trad.] que notre Seigneur Jésus Christ, et de ne reconnaître aucune autre organisation que celle qu’il a établie, la seule Eglise du Dieu vivant, l’Ecclésia ou Corps de Christ, dont les noms des membres sont écrits dans les cieux. _